16/11/2019 tlaxcala-int.org  5 min #164501

Hamas: Abul-Ata's assassination will not go unpunished

Tuer le dirigeant du Jihad islamique n'a rien apporté à Israël. Alors pourquoi le faire ?

 Gideon Levy جدعون ليفي גדעון לוי

Baha Abu al-Ata et sa femme Asma, tous deux nés en 1977, ont été tués dans un assassinat ciblé par les forces israéliennes le 12 novembre à Gaza, tandis que quatre de leurs enfants et une voisine ont été blessés. Ci-dessous le commentaire de Gideon Levy

Une fois de plus, la sacro-sainte unité est arrivée. Une fois de plus, nous sommes un seul peuple, sans opposition ni débat public, un défilé de béni-oui-oui et de pom-pom girls dans les médias, une effusion de sang sans regrets, comme toujours dans ces situations écœurantes de "silence, on tire".

Israël simule une division entre le peuple, qui se ressoude toujours comme par magie à chaque tuerie. Nous nous disputons au sujet de la vie, mais nous sommes d'accord sur la mort, tant que les morts sont des Arabes. Si nous nous entendons automatiquement de cette façon sur chaque action militaire, il n'y a pas vraiment de polarisation ou de débat, et c'est vraiment dommage.

Une opposition juive n'a pas encore vu le jour qui condamnera une action violente des Forces de défense israéliennes dès son déclenchement. La résistance n'arrive que quand ça tourne mal pour « nous ». Alors, les gens ont le courage de protester, mais il est toujours trop tard. Au début, seule est posée la question marginale du timing, ce refuge des lâches. On aurait dû le faire avant, on aurait dû le faire plus tard, mais pas maintenant ; l'opération actuelle, par exemple, est ostensiblement entachée par des considérations électorales, comme si cela pouvait être prouvé.

Si l'effusion de sang est inévitable, le timing n'est pas important. Et si c'est criminel et nuisible, aucun timing ne changera ça. Décidez-vous, c'est tout. Même la haine pour le Premier ministre Benjamin Netanyahou a été oubliée : Yair Lapid se félicite de l'attaque, Benny Gantz la salue comme "la bonne décision" et Amir Peretz dit : « Le plus important est d'apporter un soutien total aux FDI ». Pourquoi ? Parce que. Toujours ? Oui.

Lian (centre), fille de Baha Abu Al-Ata, haut dirigeant du Jihad islamique palestinien, pleure les funérailles de ses parents à Gaza, le 12 novembre 2019. Photo Said Khatib/AFP

On peut accepter l'argument selon lequel Baha Abou al-Ata était responsable des tirs incessants de roquettes sur Israël, mais il faut savoir que le siège de la bande de Gaza est responsable de plus de roquettes que tous les commandants du Jihad islamique et du Hamas réunis, et bien sûr personne ne parle de cela. Abou al-Ata a grandi dans la bande de Gaza dans des conditions qu'aucun Israélien ne peut imaginer, et a choisi la voie de la résistance militaire, qui est brutale. Il y a aussi des Israéliens qui ont choisi de servir leur peuple dans l'armée.

L'assassinat d'Abou al-Ata ne sert à rien. Qu'en avons-nous retiré ? Comment son assassinat et celui d'autres personnes ont-ils servi les intérêts d'Israël ? Si même cette question n'est jamais débattue, alors nous sommes victimes d'une grave paralysie cérébrale. La situation d'Israël est-elle plus sûre au lendemain de l'assassinat ? Les collectivités du Sud sont-elles en meilleure forme ? Le Jihad islamique est-il plus faible ? Les FDI sont-elles devenues plus fortes ? Les réponses sont non et non. Aucun des généraux ou analystes n'a réussi à expliquer ce qu'Israël a gagné de tout cela.

Il méritait la peine de mort. D'accord, on vous a entendu, mais qu'est-ce qu'on en a retiré ? Voici un bilan intermédiaire : plus de haine à Gaza, s'il y a même place pour plus de haine envers ceux qui ont détruit la vie de cinq générations de personnes et qui ne se sont pas arrêtés. Beaucoup de sang a été versé et continue d'être versé - 22 Palestiniens tués dans la bande de Gaza à partir de mercredi soir, destruction et peur semées des deux côtés qui ne sert à rien. Et bien sûr, on sait pertinemment que surgira un héritier d'Abou al-Ata qui sera beaucoup plus extrême et dangereux, tout comme ceux qui ont remplacé les centaines de dirigeants et de commandants qu'Israël a tués au fil des ans, tout cela en vain.

Un jeune Palestinien se tient devant les vestiges d'une maison détruite lors d'une frappe aérienne israélienne dans le sud de la bande de Gaza, le 13 novembre 2019. Photo Ibraheem Abu Mustafa/REUTERS

Courtesy of  Tlaxcala
Source:  haaretz.com
Publication date of original article: 14/11/2019

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