Son interview censée apaiser les doutes concernant son implication dans l'affaire Epstein a mis le feu aux poudres. Pressé par le scandale provoqué par la légèreté de ses propos, le prince Andrew a annoncé mettre fin à ses engagements publics.
Après une interview, jugée très légère, accordée à la BBC le 16 novembre, le prince Andrew, second fils de la reine Elizabeth II, empêtré dans le scandale sexuel en lien avec l'affaire du milliardaire américain Jeffrey Epstein, a annoncé le 20 novembre mettre fin à ses fonctions publiques, en accord avec sa mère, la reine.
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«Il est devenu clair pour moi ces derniers jours que les circonstances de mes liens passés avec Jeffrey Epstein sont devenues une perturbation majeure du travail de ma famille et du [mien]». «J'ai demandé à Sa Majesté si je pouvais me retirer de mes engagements publics dans un avenir proche», a expliqué le prince dans un communiqué, précisant que la reine lui avait «donné sa permission».
Dans ce texte, le duc de York a exprimé pour la première fois des regrets concernant la relation qu'il a entretenue avec le milliardaire, retrouvé «suicidé» en prison, et exprimé, également pour la première fois, de la compassion envers les victimes de ce délinquant sexuel. «Je regrette sans équivoque mon association malavisée avec Jeffrey Epstein. Son suicide a laissé de nombreuses questions sans réponses, spécialement pour les victimes, et je compatis profondément avec toutes les personnes qui ont été affectées [par sa conduite]». Il s'est dit «bien sûr» prêt à coopérer à l'enquête.
Le prince Andrew, 59 ans, fait la une des journaux depuis la longue et catastrophique interview télévisée qu'il a accordée au sujet de ses relations avec Jeffrey Epstein. Ce dernier était accusé d'avoir exploité sexuellement des jeunes filles mineures des années durant, et était soupçonné d'avoir fait profiter de cet esclavage de nombreuses célébrités internationales. Le procès de Jeffrey Epstein n'a pu avoir lieu suite à son décès.
Lors de cette interview à la BBC, le duc de York s'était contenté de contester les accusations d'une femme recrutée par Epstein, qui affirme avoir été forcée d'avoir des relations sexuelles avec lui alors qu'elle était mineure.
Crise au royaume
L'implication du duc dans cette affaire provoque une des pires crises secouant la famille royale britannique depuis des décennies. Ces trois derniers jours, plusieurs institutions, dont les banques Barclays et Standard Chartered, le cabinet de conseil et d'audit KPMG, le géant britannique des télécoms BT, trois universités australiennes et le géant pharmaceutique AstraZeneca ont par exemple annoncé couper les ponts - ou envisager de le faire - avec le prince et toutes les fondations qu'il incarne. L'université métropolitaine de Londres a dit qu'elle pourrait lui retirer son titre de parrain et des étudiants de celle de Huddersfield, dans le nord de l'Angleterre, ont voté une motion contre lui, estimant qu'il est «tout à fait impropre à les représenter» en tant que parrain.
Le scandale a même fait irruption dans le premier débat télévisé des élections législatives du 12 décembre, opposant le Premier ministre Boris Johnson au leader de l'opposition travailliste, Jeremy Corbyn : tous deux ont exprimé leur «compassion» et leurs «pensées» pour les victimes.
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