Source : The Washington Post, Taylor Telford, 26-09-2019
Alors que le pays connaît sa plus longue période d'expansion économique, le fossé entre les riches et les pauvres est à son maximum depuis cinq décennies.
L'écart entre les nantis et les démunis aux États-Unis s'est creusé l'an dernier, selon les dernières données du recensement. En particulier dans neuf États : l'Alabama, l'Arkansas, la Californie, le Kansas, le Nebraska, le New Hampshire, le Nouveau Mexique, le Texas et la Virginie. (Jeff Roberson/AP)
Selon des données publiées jeudi, les inégalités de revenus aux États-Unis ont atteint leur plus haut niveau depuis que le Bureau du recensement les étudie, soit depuis plus de cinq décennies, alors même que les taux de pauvreté et de chômage du pays sont à des niveaux historiquement bas.
Ces inégalités sont particulièrement criantes dans les régions prospères des côtes Est et Ouest, comme les États de New York, du Connecticut, de Californie et de Washington, D.C., mais aussi dans des zones de pauvreté généralisée, comme Porto Rico et la Louisiane. A l'opposé, les États les moins inégaux sont l'Utah, l'Alaska et l'Iowa.
Alors que le pays connaît sa plus longue période d'expansion économique, neuf États ont connu des pics d'inégalité entre 2017 et 2018: l'Alabama, l'Arkansas, la Californie, le Kansas, le Nebraska, le New Hampshire, le Nouveau Mexique, le Texas et la Virginie.
L'indice de Gini mesure la répartition de la richesse au sein d'une population. Quand il est égal à 0, c'est l'égalité totale et quand il est égal à 1, l'inégalité totale, où toute la richesse est concentrée dans un seul ménage. Cet indicateur est en hausse constante depuis plusieurs décennies. Lorsque le Bureau du recensement a commencé à étudier les inégalités de revenus en 1967, l'indice de Gini était de 0,397. En 2018, il était monté à 0,485.
En comparaison, aucune nation européenne n'avait d'indice supérieur à 0,38 l'an dernier.
Le salaire horaire minimum fédéral s'élève à 7,25 $ depuis plus d'une décennie. C'est l'une des principales raisons pour lesquelles l'écart entre les riches et les pauvres se creuse, a déclaré Brielle Bryan, maître de conférence en sociologie à Rice University.
« L'inégalité augmentera tant que les gens qui sont au sommet de la pyramide continueront de voir leur patrimoine croître », a-t-elle déclaré. « Une économie en plein essor signifie que les gens qui ont les revenus les plus élevés et qui détiennent un patrimoine peuvent continuer à en tirer les meilleurs rendements. »
Les récentes augmentations de pouvoir d'achat des travailleurs à faible revenu qui ont trouvé un emploi et qui ont bénéficié de revalorisations du salaire minimum dans de nombreux États n'ont pas compensé la tendance de long terme des riches à capter l'essentiel des fruits de la croissance aux dépens des travailleurs à revenu moyen ou faible. Selon les dernières données du recensement, le nombre de familles gagnant moins de 15 000 $ a diminué depuis 2007, alors que dans le même temps le nombre de ménages gagnant plus de 250 000 $ par an a augmenté de plus de 15 %.
[Il ne devrait pas y avoir de milliardaires. Nous allons imposer leurs patrimoines indécents pour investir dans ceux qui travaillent. Lire le plan: berniesanders.com]....
Bien que l'écart entre les plus riches et les plus pauvres se soit creusé, le revenu médian des ménages du pays a dépassé 63 000 $ pour la première fois. Toutefois, après correction de l'inflation, il est à peu près le même qu'il y a 20 ans.
La montée continue des inégalités est devenue un thème central de la course à la présidentielle de 2020, avec des candidats comme Bernie Sanders et Elizabeth Warren qui réclament un impôt sur la fortune. Cette semaine, Sanders a dévoilé une proposition d'impôt sur la fortune pouvant atteindre le taux de 8% pour les ultra-riches. Selon une analyse d'économistes qui ont consulté les équipes de campagne de Warren et de Sanders, cet impôt permettrait de recueillir 4 350 milliards de dollars sur une décennie.
« Il ne devrait pas y avoir de milliardaires », a tweeté Sanders quand il a annoncé son plan. « Nous allons imposer leurs patrimoines indécents pour investir dans les gens qui travaillent. »
L'inégalité systémique est encore plus flagrante tout en haut de l'échelle des revenus, peuplée avant tout d'hommes blancs, a fait remarquer Mme Bryan. Les femmes du 95ème percentile des salariés gagnent environ 68 cents pour un dollar perçu par leurs homologues masculins.
Elle poursuit : « Les PDG ne nous inspirent pas autant de compassion, mais ce qui se passe tout en haut de l'échelle est vraiment emblématique des problèmes de l'ensemble du système «.
Taylor Telford est journaliste. Il couvre l'information nationale et l'actualité brûlante.
Source : The Washington Post, Taylor Telford, 26-09-2019
Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.