26/11/2019 lilianeheldkhawam.com  7 min #165088

Liban : importantes manifestations après l'annonce d'une taxe visant les applications de messagerie

Liban: 2251%, c'est la performance de la croissance de la dette publique grâce à la politique monétaire des taux élevés!

Après 20 ans de banque chez Merrill Lynch, Riad Salamé prend possession du poste de « gouverneur de la Banque du Liban »

M Riad Salamé, gouverneur de la Banque du Liban, hautement apprécié des organismes supranationaux de la finance globale, n'hésite pas à cumuler des fonctions à l'intérieur et à l'extérieur du pays sans craindre les conflits d'intérêts. Exemple tout bête, il cumule:

  • la fonction à la banque centrale|
  • la présidence de l'Autorité de Régulation et de Supervision des Marchés de Capitaux (CMA)|
  • La Commission Bancaire Supérieure|
  • La commission pour la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme,...|

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Par conséquent, ses fonctions lui offrent une toute-puissance financière, monétaire et donc politique. M Salamé sait tout sur tout le monde. Par conséquent, si des capitaux ont quitté le Liban, il a dû au minimum en avoir été informé, voire a dû donner son accord.

Mais ce n'est pas tout.

M Salamé est arrivé à la Banque du Liban en août 1993. Et si l'on en croit ces données de Trading Economics qui démarre en 1993, la politique monétaire axée principalement sur l'émission d'une dette publique à taux très élevés, M Salamé a, sous son règne de près de 30 ans, réussi l'exploit d'exploser le montant de la dette nationale de 2251%!

Les chiffres disponibles ne nous disent pas où en était la dette avant l'arrivée de M Salamé au pouvoir  bdl.gov.lb

Or, ce qui est catastrophique pour le pays est une manne exceptionnelle pour la finance supranationale, qui a reçu la contrepartie de la dette et a vampirisé l'abondante épargne de la riche place financière libanaise. Il a tout naturellement été élu meilleur banquier central par le magazine Euromoney en 2006!

Note: Cet épisode renvoie à notre banquier central suisse P Hildebrand qui fut nommé The Central Banker of the Year, Europe, Award from The Banker. Ceci a eu lieu en... 2011, quelques mois après avoir arrimé le franc suisse à l'euro. La haute finance internationale sait reconnaître les siens. Il faut dire que ce jour-là M Hildebrand avait enclenché la croissance XXXL du bilan de la BNS,... comme M Salamé. A la différence près que M Salamé rachète la dette publique libanaise, là où les Suisses rachètent les obligations gouvernementales américaines et européennes.

M Salamé a fait gagner énormément d'argent à des résidents libanais, mais aussi à des « investisseurs » étrangers. C'est une forme d'anesthésiant qui a endormi la vigilance de tout le monde.

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Déjà dans les années 2005-6, la dette flirtait avec les 200%, pourtant l'élite financière estimait alors que la dette était encore acceptable. Et aujourd'hui alors qu'elle est à environ 150%, le robinet du dollar est coupé. Pourquoi? La réponse serait à étudier en analysant l'avenir de l'exploitation des gisements de pétrole et de gaz du Liban.

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Alors, direz-vous le gouvernement libanais a fait des efforts budgétaires puisque le ration s'est amélioré! Pourquoi la dette a-t-elle continué d'exploser? Il y a en 1 er lieu la politique de M Salamé bien sûr, mais aussi l'héritage de 1,5 millions de réfugiés syriens, soit 50% de la population qui n'est financée essentiellement que par les libanais. De plus, cette population qui favorise la croissance de la dépense, donc du PIB, tout en ayant pour vertu de casser l'économie locale.

 Liban: les réfugiés ne doivent pas rentrer chez eux... croissance économique oblige. Enfin, peut-être...

Nous voyons que le PIB a connu une croissance énorme depuis les accords de Taëf censés consigner une entente nationale. Cette croissance, basée sur la croissance de la dette, -de ses taux incroyables, et de la haute spéculation qui va avec (La Banque du Liban pratique le REPO. Il ne faut dès lors pas s'étonner que le mécanisme se grippe au lendemain du crash du 17 septembre du marché REPO américain...)- améliore la présentation du ratio dette/PIB.

Alors que les réfugiés syriens plombaient les résultats du pays, la croissance qu'ils généraient sur le PIB donnait l'illusion d'une amélioration.

Qui va payer pour la politique monétaire du banquier central Salamé?

Nous pouvons supposer que les investisseurs étrangers qui ont pu venir s'endetter en Suisse et en Europe et profiter des taux d'intérêts négatifs, avant d'effectuer des conversions de devises, en dollar d'abord, puis en livre libanaise ont d'ores et déjà tiré tous les profits possibles de l'épargne du peuple libanais. Il est à parier qu'ils se sont déjà désinvestis exerçant ainsi une pression dantesque sur la classe gouvernante qui voit le rendement sur la dette flamber.

Concernant l'épargnant libanais, il apparaît que celui-ci aurait bien du mal à récupérer tout ou partie de son épargne. Celle-ci, ami lecteur, est piégée dans les passifs (dettes) de la Banque du Liban. Elle a été gagée de manière irréversible par le banquier central. On peut même se demander à l'heure où le touriste libanais voit sa carte bancaire fortement restreinte à l'étranger, si les capitaux déposés à l'étranger par des résidents libanais sont à risque d'être saisis... Pas impossible.

Pour l'heure, la pénurie de dollars engendre de graves pénuries de toutes sortes de produits de base. Il est à craindre que le peuple connaisse les mésaventures du peuple vénézuélien...

Liliane Held-Khawam

Egalement:

 Dépossession: la Banque du Liban a mené le pays au fond du gouffre!  Le Liban découvre la politique monétaire non conventionnelle.  Les banques centrales peuvent-elles contrôler encore les mouvements des gros capitaux? LHK

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