29/11/2019 reporterre.net  20 min #165240

Block Friday : les militants d'Attac manifestent devant le siège d'Amazon

En Direct - Des actions se déroulent partout en France contre Amazon et le Black Friday

Ce vendredi 29 novembre, dans toute la France, des activistes ont organisé des actions de blocage de grandes enseignes et d'entrepôts du géant de la distribution Amazon. Ils luttent ainsi contre le Black Friday, opération commerciale dévastatrice pour l'environnement.

Paris La Défense, 16 h 30 Après avoir perturbé l'activité du centre commercial Les 4 Temps, sans parvenir à à bloquer et fermer durablement les boutiques, les 200 militants se sont dirigés vers l'Apple Store, déjà bloqué par une vingtaine d'activistes. Les esprits s'échauffent quand ils décident de bloquer les clients du magasin, qui forcent le passage. Les CRS arrivent en nombre.

Et dans le monde ? Le vendredi 29 novembre est aussi le jour de la quatrième grève mondiale pour le climat, à laquelle des dizaines de milliers de jeunes ont participé autour du monde. C'est l'Australie marquée par d'importants  incendies depuis plusieurs mois qui a donné le coup d'envoi des grèves. Des centaines de jeunes se sont notamment rassemblés, à Sydney,  devant le siège du parti conservateur.

Le compte Twitter de Greenpeace, géré ce vendredi  par les élèves à la tête de la journée mondiale d'action climatique, donne un aperçu de la forte mobilisation des jeunes. Ils étaient nombreux en Asie du Sud-Est par exemple, comme  en Thaïlande,  en Inde ou  aux Philippines.

À Madrid, en amont de la COP 25 débutant le lundi 2 décembre, un groupe de sept militants de Greenpeace a escaladé l'échafaudage du bâtiment de la Gran Vía, l'une des artères principales de la capitale espagnole, et déroulé une  pancarte géante dans la matinée. D'autres groupes se sont installés dans les vitrines  des magasins Mango ou  de la Fnac.

En Belgique,  sept villes participent à l'initiative mondiale dont Bruxelles.

Enfin, comme en France, des militants  ceux d'Attac, en Autriche ont bloqué des locaux d'Amazon.

Paris La Défense, 15 h 50 Près de 200 militants se déplacent, ensemble, dans les allées du centre commercial, en chantant. En passant, ils forcent les boutiques à baisser leur rideau.

Bordeaux, 15 h 20 Contre le Black Friday, les actions sont nombreuses, partout en France. À Bordeaux, des militants de Youth For Climate  bloquent un magasin Apple. Ce matin, à Strasbourg, 25 boutiques n'ont pas pu ouvrir leurs portes. Leurs serrures ont été collées ou coincées avec des clés cassées à l'intérieur. La police scientifique fait actuellement  le tour de la ville. À Clermont-Ferrand, un sit-in a été organisé dans un hall commercial,  au centre Jaude.

Paris La Défense, 15 h Une centaine de jeunes militants enthousiastes, dont beaucoup de mineurs, défilent encore dans le supermarché. « Ne nous regardez pas, rejoignez-nous ! », chantent-ils. Les gens continuent leurs achats.

Reprise du slogan des #GiletsJaunes #BlockFriday
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Brétigny-sur-Orge (Essonne), 14 h 40 Pour exiger la libération de leurs camarades interpellés lors du blocage de l'entrepôt Amazon,  ce jeudi 28 novembre, des militants se sont donnés rendez-vous devant le commissariat d'Arpajon.

Un rassemblement est prévu toute la journée. Dans un  communiqué, EELV demande la libération des militants en garde à vue depuis plus de 20 heures.

Lille L'action de blocage se fait en lien avec des syndicalistes d'Amazon. La CGT, Sud et FO ont appelé à faire grève ce vendredi 29 novembre pour « dénoncer le climat ultra-répressif instauré par la direction. En effet, en à peine, un mois, Amazon à Lauwin-Planque a sanctionné à tour de bras », écrivent-ils dans un communiqué. Le bilan : sept mises à pied dont deux licenciements. « Nous ne sommes pas du bétail », concluent les syndicalistes.

Paris La Défense, 14 h Les activistes ont apporté des vêtements, des peluches, qu'ils ont étendu sur le sol du centre commercial et sont offerts aux passants. Des cordons de policiers empêchent l'accès à cette « gratuiterie », comme l'appelle Eska, d'Extinction Rebellion : « On dit au gens d'arrêter de consommer et on leur apporte une alternative, mais personne ne peut se servir, déplore-t-il. La police préfère défendre les grandes enseignes. »

Les activistes, pas assez nombreux pour tenir des positions, s'attellent à bloquer plusieurs boutiques sur leur passage. Actuellement, Sephora, C&A ou encore Promod ont baissé le rideau. Des clients sont à l'intérieur et continuent leurs emplettes. « Et un et deux et trois degrés, et un de plus, pour Black Friday », chantent les activistes.

Un activiste, qui débranchait des guirlandes, est appréhendé par la Bac. Ses affaires sont fouillées et un policier le raille sur ses vêtements « fabriqués avec des matières toxiques ». « Que de la recup' ! Vous voulez que je me mette à poil ? », répond l'activiste. La Bac le laisse s'en aller. À l'étage du centre commercial, des policiers filment les activistes restants dans le centre commercial.

Le coût écologique du Black Friday Comme le détaille  Reporterre, rien qu'à Paris, 2,5 millions de colis sont distribués par jour lors de cet événement commercial soit dix fois plus que d'ordinaire ce qui entraîne embouteillages et pics de pollution.

Plus globalement, la fabrication et le transport des produits textiles et électroniques représentent près du quart des émissions totales de gaz à effet de serre en France. Pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C à la fin du siècle, il faudrait réduire par dix les mises en marché
de produits textiles et environ par trois celles des produits électroniques d'ici 2030. En France, 39 vêtements et 12,5 produits électroniques sont mis sur le marché par an et par habitant.

Paris La Défense, 13 h 15 La police entre sans heurts dans le centre commercial et se positionne au niveau des portes de l'entrée principale pour s'assurer qu'elles restent dégagées. Pendant ce temps, le père Noël prend des photos avec les clients du magasin.

Les activistes se meuvent en chantant, dans le magasin, au milieu des nombreux consommateurs. Le centre commercial est noir de monde.

Angers (Maine-et-Loire), 13 h Dans le centre-ville, des activistes d'Extinction Rebellion et de Youth For Climate bloquent des grands enseignes comme Zara et la Fnac.

Les militants d'@xrFrance #Angers bloquent l'entrée aux grandes enseignes qui polluent le plus ! Si vous achetez vous êtes responsables de la grande braderie de la planète ! #BlackFriday Vendredi noire pour la planète.

Paris La Défense, 12 h 50 Une trentaine d'activistes se sont postés devant le fast food Burger King en scandant « Fermez ! ». Le restaurant ferme sa grille. À l'intérieur, les clients continent de manger leur sandwich tranquillement en regardant l'action.
« Arrêtez de crier, il y a des enfants », dit un employé. « C'est pour leur futur », répondent les activistes au mégaphone. Une mère pose ses mains sur les oreilles de son bébé.

Paris La Défense, 12 h 40 Les rangs des activistes de Youth for Climate et d'Extinction Rebellion se sont un peu garnis. Ils sont une centaine dans toute la zone commerciale mais les clients continuent d'aller et venir. Les boutiques ne désemplissent pas, sauf à proximité immédiate des points de blocage où elles sont partiellement fermées. « Cette action là permet de rappeler qu'il est urgent de repenser nos modes de vie, de consommer », dit Marcus, d'Extinction Rebellion.

« Aujourd'hui, je vais perdre 6.000 euros, ça fait un an que j'ai un Smic et maintenant je suis patron d'une boutique, dit Alexandre. Faites un truc qui change les choses, créez des sociétés pour recycler les bio-déchets, bossez. Il y a des manières intéressantes de produire. Regardez vos vêtements neufs, de marque, moi ça fait un an et demi que je n'en ai pas acheté. Changez déjà vos manières de consommer vous mêmes. Vous vivez dans quel monde, vous vivez dans quel rêve ? La liberté des uns commence là où s'arrête celle des autres. »

Il tance une manifestante : « Ta décoloration, elle ne pollue pas peut-être ? » « C'est vegan ! », rétorque-t-elle.

« Je vais perdre 6.000 euros », assure Alexandre, patron d'une boutique.

Toutes les boutiques ferment leurs grilles, la brigade anti-criminalité (Bac) est sur les lieux. L'intervention policière est imminente. Au moins une dizaine de cars de CRS sont postés devant l'entrée principale du centre commercial.

Assemblée nationale Ironie du calendrier, les premières discussions sur la loi économie circulaire, texte phare du gouvernement en matière de consommation, se tiennent aujourd'hui en plein Black Friday au sein de la Commission de l'aménagement du territoire et du développement durable. « Malgré l'ambition affichée, les premières discussions de ce texte sont particulièrement décevantes », notent les Amis de la Terre  dans un communiqué

« Les députés ont rejeté ce matin l'amendement qui proposait de réduire le niveau de production de produits neufs proposés à la vente. Ils ont refusé le moratoire sur l'extension des entrepôts de l'e-commerce et les zones commerciales. Ils n'ont pas voulu interdire le renvoi des invendus au recyclage... », écrivent-ils.

Pour Alma Dufour, chargée de campagne aux Amis de la Terre : « Si les discussions en plénière, prévues pour les jours à venir, confirment cette tendance, la mandature d'Emmanuel Macron sera définitivement marquée par le sceau du double discours. »

Saint-Priest, 12 h 25 Des militants présents au blocage tirent le bilan de cette action de blocage. Éric, d'ANV-Cop 21, assure que « le mouvement est dans une stratégie de massification avec l'objectif de ramener le plus de personnes vers les crises sociales et environnementales. Bien sûr, l'impact est surtout médiatique. Bloquer Amazon pendant quatre heures, c'est une goutte d'eau. Mais cela permet de montrer aux travailleurs d'Amazon que d'autres personnes s'intéressent à leur condition de travail, qu'il y a une solidarité. Surtout que ce sont des gens précaires, racisés, alors que les gens présents ce matin étaient principalement de la classe moyenne blanche. » Pour Céline, la trentaine, « ce qui est important c'est que l'action s'inscrive dans un cadre national pour faire pression sur le gouvernement ».

Brétigny-sur-Orge (Essonne) Pour rappel, les huit activistes d'ANV-Cop 21,  arrêtés hier lors de l'action à l'entrepôt Amazon de Brétigny sont toujours en garde à vue pour entrave à la circulation et organisation de manifestation non-déclarée.

Paris La Défense, 12 h 20 Les tensions sont toujours très vives, les clients en viennent au main pour passer les lignes de blocage et poursuivre leurs achats. « Non violents ! », crient les activistes. « Ils sont pénibles, trente minutes qu'on attends », dit une cliente, qui ne comprend pas pourquoi « ces quelques bobos » la « privent de se déplacer comme [elle] l'entend ». Un mur d'incompréhension se dresse entre les « Black Friday » et les « Block Friday ». « Écologie libérale, enfant du capital », chantent les militants. « Mais qu'est-ce qu'ils racontent ceux là ? » rigole un couple, qui filme la scène. « Et un et deux et trois degrés », embrayent les activistes, dont une bonne partie sont mineurs. Fatigués d'être bousculés, ils laissent désormais passer les consommateurs.

À l'intérieur des magasins c'est calme plat. Les gens font leurs achats normalement.

Rennes, 12h Les dernières évacuations des militants d'Extinction Rebellion ont été effectuées devant les Galeries Lafayette. Au moins deux personnes ont été arrêtées. Les Galeries n'ouvriront pas aujourd'hui.

Les derniers bloqueurs toujours sous pression policière #BlockFriday #Rennes

Toulouse, 12 h  Des militants d'Attac ont bloqué les consignes Amazon : « Un locker qui disparaît, c'est une librairie qui renaît ! », avec comme slogan.

À Nantes, quatre casiers destinés à stocker les colis d'Amazon ont été mis hors service, ainsi qu'à Montpellier.

À Nantes. Crédit : Attac.

Paris La Défense, 11 h 50 Au cœur du centre commercial, une trentaine d'autres activistes bloquent le passage des clients. Un livreur, avec un chariot, perd patience : « Je suis payé au rendement, mon temps c'est de l'argent, ce que vous faites me mets en danger. » Il s'emporte et lance son charriot sur la ligne d'activiste avant de faire demi-tour. Les boutiques du cœur du centre commercial (Adidas, Flying Tiger, Orange...) sont fermées.

Paris La Défense, 11 h 40 Les tensions entre clients et activistes sont de plus en plus vives. Jimmy a forcé le barrage militant pour entrer. Les activistes l'applaudissent, moqueurs :
« Bravo, vous allez pouvoir consommer. »
« Je ne sais même pas pourquoi ils me bloquent, et ils me méprisent comme ça... Je fais ma vie, le Black Friday pour des étudiants c'est l'occasion de s'acheter des vêtements à moitié prix, ce n'est pas négligeable ».
Une activiste s'approche et lui donne un tract expliquant l'action. « On se bat contre l'orgie de consommation », dit-elle. « Pourquoi vous ne bloquez pas l'Élysée ? Visez le cœur, pas le pied », rétorque Jimmy, sacs à la main, avant d'aller faire les boutiques.

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