03/12/2019 francais.rt.com  7 min #165417

Loi Maillard sur la définition de l'antisémitisme : il va falloir condamner beaucoup de Juifs !

Antisionisme et antisémitisme : 127 intellectuels juifs s'opposent à la résolution Maillard

Dans une tribune, 127 intellectuels et universitaires juifs du monde entier demandent aux députés français de s'opposer à la nouvelle définition de l'antisémitisme, qu'ils accusent de vouloir faire taire toute critique d'Israël et du sionisme.

«Ne soutenez pas la proposition de résolution assimilant l'antisionisme à l'antisémitisme», peut-on lire en titre d'une tribune publiée dans  Le Mond e le 2 décembre et cosignée par 127 universitaires et intellectuels juifs du monde entier. Dans leur ligne de mire, la résolution  controversée visant à adapter la définition de l'antisémitisme de l'Alliance internationale pour la mémoire de l'Holocauste (IHRA) dans le droit français et que les députés doivent voter le 3 décembre. Le texte affirme notamment que la critique de l'Etat d'Israël en tant que «collectivité composée de citoyens juifs» équivaut à de l'antisémitisme.

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Le texte, proposé par le député de Paris Sylvain Maillard, est censé concrétiser les  déclarations du président Emmanuel Macron au dîner annuel du Crif. «La France, qui l'a endossée en décembre avec ses partenaires européens, mettra en œuvre la définition de l'antisémitisme adoptée par l'Alliance internationale pour la mémoire de la Shoah», avait-il alors déclaré. «Il ne s'agit pas de modifier le Code Pénal. Il s'agit de préciser et raffermir les pratiques de nos magistrats ou de nos enseignants», avait-il précisé.

«Nous, universitaires et intellectuels juifs, d'Israël et d'ailleurs, dont beaucoup de spécialistes de l'antisémitisme et de l'histoire du judaïsme et de l'Holocauste, élevons notre voix contre cette proposition de résolution», protestent les signataires de la tribune de leur texte qui voient dans cette définition un danger pour la liberté d'expression pouvant être utilisé contre toute critique de l'Etat d'Israël et du sionisme.

«Depuis des années, le gouvernement israélien du premier ministre Benjamin Netanyahou dénonce comme antisémite toute opposition à sa politique. Netanyahou lui-même a défendu avec force l'assimilation de l'antisionisme à l'antisémitisme, ainsi que la définition de l'IHRA. Cela illustre la manière dont la lutte contre l'antisémitisme a été instrumentalisée pour protéger le gouvernement israélien», lit-on plus loin.

«Critiquer l'existence même d'Israël en ce qu'elle constitue une collectivité composée de citoyens juifs revient à exprimer une haine à l'égard de la communauté́ juive dans son ensemble», peut-on notamment lire dans un passage de la proposition de résolution présentée aux députés français. Cette phrase est pointée du doigt par les signataires qui y voient la négation de l'existence d'environ «20 % de la population d'Israël» qui n'est pas composée de juifs mais de «citoyens palestiniens, dont la plupart sont musulmans ou chrétiens».

«Pour les Palestiniens, le sionisme représente la dépossession, le déplacement, l'occupation et les inégalités structurelles []... Ils s'opposent au sionisme non par haine des juifs, mais parce qu'ils vivent le sionisme comme un mouvement politique oppressif», lis-t-on par ailleurs dans la tribune du Monde.

Des désaccords au sein même de la majorité

Sans valeur contraignante, la résolution ne fait pas non plus consensus au sein de la majorité : deux «marcheurs», Gwendal Rouillard et Fadila Khattabi, ainsi qu'une poignée de députés PCF et MoDem, ont demandé, également dans  Le Monde, le retrait du texte, qui «répond de manière très contestable à de vraies questions» de lutte contre l'antisémitisme.

Notre tribune dans @lemondefr avec le président @BJoncour et plusieurs collègues du groupe d’amitiés France-Palestine... @AssembleeNat 🇫🇷

«Sauf à envoyer un message politique désastreux, il ne peut être question de renoncer à ce projet, approuvé de longue date par le bureau de notre groupe», a répondu de son côté le chef des députés LREM de l'Assemblée Gilles Le Gendre, qui fait par ailleurs partie des députés ayant présenté la proposition de résolution dans un courrier interne dont l'AFP a eu connaissance.

Le président de groupe parlementaire a cependant dit «prendre en compte» les préoccupations de certains en acceptant la création d'une mission d'information «sur l'évolution des différentes formes de racisme et de discrimination».

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