Écologistes politiques et partis de gauche affichent leur unité en soutien à la mobilisation lancée le 5 décembre. Ils esquissent une contre-réforme écologiste, et prennent leurs marques pour la suite. L'enjeu de fond : élaborer une alternative écologiste et sociale au duopole Macron-Le Pen.
Les partis de gauche - sauf le Parti socialiste - et EELV affichent leur unité pour soutenir la mobilisation lancée jeudi 5 décembre contre la réforme des retraites projetée par le gouvernement d'Edouard Philippe. Après avoir publié une tribune commune, leurs représentants ont présenté leur analyse lors d'une conférence de presse à Paris lundi 2 décembre. EELV, le Parti de gauche, le PCF, Génération.s, le NPA, Ensemble, Nouvelle Donne, et Clémentine Autain pour La France insoumise ont expliqué le sens de l'opposition commune aux projets gouvernementaux.
Sur le fond, a rappelé Gérard Filoche (Gauche démocratique et sociale), « l'objectif du gouvernement est la suppression des cotisations sociales, pour qu'il y ait un seul budget dirigé par l'Etat. » En ce qui concerne la retraite, « on a une vie heureuse, en bonne santé, entre 60 et 65 ans. Ils veulent nous enlever les meilleures années de la vie ». De son côté, Clémentine Autain (députée France insoumise, membre d'Ensemble) a souligné que la réforme allait toucher durement les femmes : « Le système qu'ils veulent va frapper les gens qui ont des carrière incomplètes, donc d'abord les femmes ».
Plusieurs formations présentes ont donné une lecture écologiste de la question des retraites. Pour Claire Monod, de Génération.s, « le principe de la réforme est productiviste. Le projet se fixe une enveloppe maximale de 14 % du PIB. Ce qui signifie que pour éviter la baisse des pensions, dans une situation où le nombre de retraités va augmenter, la seule solution serait d'augmenter le PIB, et de tout faire reposer sur la croissance. C'est antinomique avec une politique pour le climat, pour l'écologie ». Anne Hessel, de Nouvelle Donne, a renchéri : « Il faut un système écologique et solidaire : réorganiser le travail, travailler moins pour travailler tous, ce qui permettra de cotiser tous ». Quant à Olivier Besancenot, du NPA, il a rappelé que « c'est une fausse idée qu'il n'y aurait plus d'argent. La question de la répartition des richesses est au coeur du problème ».
Les partis présents ont aussi mis l'accent sur leur rôle. Pour Clémentine Autain, « il y a de nombreuses mobilisations dans le monde, mais la perspective politique fait défaut. Nous avons la responsabilité de faire perdre le gouvernement, mais en ouvrant une perspective écologique et de justice sociale, afin de sortir du duopole Macron-Le Pen qu'on veut nous imposer ».
Pour cela, l'union est essentielle : « Il s'agit de construire une force de gauche capable de prendre le pouvoir », a dit Anne Hessel, « et aucun de nous ne peut prétendre y arriver seul, il faut le faire ensemble ». Nouveau porte-parole d'EELV, Alain Coulombel a annoncé que les écologistes ne comptaient pas faire cavalier seul : « On n'est aujourd'hui qu'au début d'une démarche collective. EELV s'engage dans cette démarche ».
Il reste que la bataille ne fait que commencer. Pour Olivier Besancenot, du NPA (Nouveau parti anticapitaliste), « le 5 décembre ne sera pas un jeudi noir, mais un jeudi haut en couleurs. C'est le début d'un mouvement, et il faudra le temps qu'il faut jusqu'au retrait. »