23/11/2019 44 articles legrandsoir.info  7min #164908

 Un an des Gilets jaunes : malgré l'épuisement, les forces de l'ordre mobilisées en nombre

« La grève du 5 décembre est l'opportunité pour les Gilets Jaunes, et au-delà, d'inverser le rapport de force »


Pierre LAGNEL

Le 17 novembre 2019 marque l'anniversaire de l'apparition des Gilets Jaunes sur la scène politique et sociale. Un mouvement qui pose des questions éminemment politique : quelle est la légitimité des politiques qui accroissent les inégalités ? Quelle est la légitimité d'un système et de dirigeants qui ne prennent pas en compte la volonté populaire ? Quelle est la légitimité d'un système qui mutile des citoyens quand ils expriment des revendications sociales ? François Boulo est avocat à Rouen. Dès le début, il est l'une des voix les plus articulée de ce mouvement. Il revient sur l'apport des Gilets Jaunes et, surtout, sur leurs perspectives.

Après douze mois de mobilisation et de fluctuations dans le nombre de participants aux manifestations et sur les ronds-points quelle analyse faites-vous du mouvement des Gilets Jaunes ?

Nous sommes là parce que les raisons de notre contestation, de notre présence, sont toujours présentes : les inégalités n'ont pas été résorbées et aucune mesure n'a été prise en ce sens. La fiscalité est toujours aussi déséquilibrée en faveur des plus riches. L'impôt sur la fortune n'a pas été recréé et le Référendum d'initiative populaire n'a pas été voté. La colère est plus grande au bout d'un an, à cause du mépris dont fait preuve le pouvoir exécutif, les brutalités policières sans nom et l'instrumentalisation de la justice avec des magistrats qui se sont regroupés sous la bannière de la défense de leur classe sociale. La colère est aussi alimentée par les médias dominants qui jouent à plein leur rôle de protecteurs des pouvoir en place ; ça tout le monde d'un tant soit peu attentif peut le constater.

Les effectifs des manifestations ont quand même diminué par rapport au tout début. L'explication en est simple : les gens se fatiguent au bout de plusieurs mois et une partie d'entre-eux reste à la maison car le gouvernement reste sourd et aveugle. Ils ont subi une répression sans précédent. Une partie a peur de sortir revendiquer des droits pourtant fondamentaux pour cette seule raison.

Le gouvernement aurait néanmoins tort de croire que tout est fini. J'utilise une métaphore : une partie des Gilets Jaunes restent chez elle, mais c'est comme si le mouvement conservait toujours des milliers et des milliers ''d'agents dormants'' partout sur le territoire.

Expliquez-nous ça...

Pour que les gens se mobilisent, il faut qu'ils aient un espoir rationnel de gagner. C'est ce qui a fait, pour une part, la très grande force de traction du mouvement dans les premiers mois. La forme d'action des samedis doit être réinventée. Même quand nous faisons tout bien, que nous déclarons les trajets et tout, nous nous faisons gazer, nasser, matraquer, tirer dessus... Certains Gilets Jaunes répondent par de la violence. Et la fois d'après nous sommes moins à battre le pavé. C'est un cercle vicieux dont il faut sortir.

Le 21 septembre dernier, nous étions beaucoup parce que les gens se disaient qu'il fallait marquer le coup, montrer que la rentrée allait se passer avec eux, que le mouvement continuait. Et, en effet, il continue. C'est aussi très probable que le 17 novembre, pour l'anniversaire du mouvement, nous serons très nombreux dans les rues.

Mais qu'elle est la perspective d'action en dehors des rassemblements le samedi ?

Il faut bloquer l'économie. Je le dis depuis le début, sur les ronds-points de Rouen : il faut organiser la grève, une grande grève qui opère un changement du rapport de force. Pour cela, il faut un relais entre le mouvement des Gilets Jaunes et la base des syndicats.

Je dis la base parce que je suis excessivement circonspect au regard des choix fait par les dirigeants des grandes centrales. Il semble néanmoins que cette perspective soit à portée de main car les salariés et les agents membres des syndicats poussent fortement pour que la grève, qui commence le 5 décembre, soit importante. Des secteurs stratégiques de l'économie vont être à l'arrêt : les transports en commun, surtout en Île-de-France, les routiers, le pétrole. Il manque encore les dockers pour renforcer le mouvement. Mais cela s'annonce très fort avec un soutien massif dans l'opinion publique en raison de l'opposition à la réforme injuste des retraites que le gouvernement tente d'imposer.

Cet enjeu sert de catalyseur. Si nous sommes gagnants, les retombées seront énormes : Emmanuel Macron devra abandonner son mécano à points et du même coup sera totalement brisé pour le reste de son quinquennat. Il ne pourra plus continuer la casse de la Sécurité sociale qu'il a entreprise et devra arrêter les privatisations qu'il a engagées.

C'est un bras de fer très important que vous relevez. L'Assemblée des assemblée, qui regroupe beaucoup de structures Gilets Jaunes, a appelé à rejoindre la grève. Mais avez-vous d'autres perspectives ?

Oui, nous travaillons à la constitution d'une force populaire pour 2022, appelé La ligne jaune. Dans son manifeste, nous exposons le moyen de regagner les 75 % d'opinion favorables que le mouvement obtenait dans le public, et ce malgré l'accent donné par les médias dominants sur « les violences ». Nous regroupons 30 000 personnes et nous cherchons à rassembler le plus possible de citoyens. Nous voulons mener une action de politisation et d'éveil des consciences, à travers la mise en réseau de nos débats qui pourrait fonctionner comme un référendum numérique. Nous y apprenons à développer nos arguments, à sélectionner la qualité de nos sources, à nous former à l'élaboration de problématiques et aux débats.

Nous voulons peser de cette manière sur la politique française. Durant les campagnes électorales, nous sommes partants pour débattre de sujets, de causes qui nous tiennent à cœur, comme la lutte contre les inégalités, l'organisation de la société, la manière de faire émerger et entendre les revendications populaires, etc. En revanche, nous ne prévoyons pas d'entrer sur le terrain du suffrage ni d'alliances électorales avec des forces politiques existantes.

Comment réagissez-vous alors qu'en douze mois de violences policières aucun membre des forces de l'ordre ni les donneurs d'ordres n'ait été condamné ?

Mal, très mal. L'enquête récente de Médiapart montrant la manière dont l'IGPN a tout fait pour éviter qu'à Marseille l'auteur d'un tir de Flash-ball ayant blessé une étudiante ne soit retrouvé et sanctionné m'a révolté. Pour ne prendre que c'est exemple, mais je trouve que dans ce domaine tout est sidérant.

La violence qui s'est abattue de manière institutionnelle sur les Gilets Jaunes traduit la bascule de notre système démocratique vers un régime illibéral dans lequel les formes démocratiques ne fonctionnent plus qu'à vide et de manière de plus en plus restreinte. Nous en sommes arrivés là parce que le mode d'accumulation des richesses est devenu néolibéral depuis une quarantaine d'années et que celui-ci a fait exploser les inégalités partout sur la planète. Désormais, nous sommes sur un tel mécanisme de concentration des richesses que de plus en plus de secteurs de la société sont victimes d'un déclassement social. Cela a commencé par la classe ouvrière, puis les employés, et maintenant cela touche aussi des franges de plus en plus importante de la classe moyenne comme les pharmaciens, les avocats, les enseignants, etc.

L'importance du rôle de la police reflète donc la perte de soutien dans la population à ce mode d'organisation de la société. En 2012, le Parti socialiste et Les Républicains réunissaient encore la moitié des suffrages, en cumul. La rupture de 2017 a été marquée par le fait que ces partis qui ont mis en place ce système sont devenus minoritaires. C'est parce que des grands patrons avaient pressentis cela qu'ils ont mis en orbite Emmanuel Macron, les enquêtes journalistiques sérieuses sont assez nombreuses sur ce point. Sa mission a été d'agréger au-delà des affiliations partisanes un électorat ancré sur le centre, sur le « en même temps », pour continuer sur cette voie. Il n'empêche que sa politique est minoritaire et qu'il le sait.

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17/12/2019 reseauinternational.net  3min #166142

 « La grève du 5 décembre est l'opportunité pour les Gilets Jaunes, et au-delà, d'inverser le rapport de force »

De la prise d'otages en France dite républicaine

par Gérard Luçon.

Dans les années 60 ce concept de « prise d'otages » n'avait pas encore été inventé comme moyen de faire culpabiliser ceux qui luttaient pour défendre leurs intérêts et leurs acquis sociaux...

Il est vrai qu'à l'époque les journalistes, bien que réactionnaires, n'étaient pas devenus les obligés du pouvoir en place, désormais plus prompts à lécher les pompes des dirigeants pour garder leur statut fiscal privilégié (dérogation fiscale individuelle annuelle de 7650 euros pour cause de nombreux déplacement terrain !!! SIC).

11/12/2019 reporterre.net  15min #165860

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Manifestation des cheminots : « La grève ne prend pas en otage, elle nous libère ! »

Mardi 10 décembre, les cheminots et agents de la RATP ont manifesté à Paris. Au-delà de la réforme des retraites, ils dénoncent la baisse constante de leurs effectifs, le mauvais entretien des voies et des problèmes croissants de sécurité

Paris, reportage

Hier, mardi 10 décembre, c'était le sixième jour de grève contre la réforme des retraites. Une fois encore les cheminots, l'un des secteurs pivots de la contestation aux côtés des agents de la RATP, étaient fortement mobilisés.

11/12/2019 wsws.org  6min #165825

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Grèves et manifestations déferlent contre la réforme des retraites par Macron

Par Alexandre Lantier
11 décembre 2019

Plus de 800.000 personnes ont manifesté en France contre la réforme des retraites hier, alors que des jeunes, les cheminots et de larges couches du secteur public continuaient la grève lancée le 5.

Cette grève se déroule sur found d'une puissance résurgence internationale de la lutte des classes et d'opposition politique parmi les travailleurs.

10/12/2019 investigaction.net  7min #165813

 « La grève du 5 décembre est l'opportunité pour les Gilets Jaunes, et au-delà, d'inverser le rapport de force »

« grogne sociale » : la révolte des classes laborieuses vue par la bourgeoisie parisienne

10 Déc 2019

Article de : Jean Lévy

Dans la série le vocabulaire n'est pas innocent, Jean Lévy se penche sur l'usage du mot « grogne » ressassé en boucle pour désigner manifestants et autres grévistes. Il explique les images auxquelles renvoie, consciemment ou pas, le substantif tellement prisé. Mais aussi son implication politique, pas du tout innocente. (IGA)

Au son de "grogne", c'est de manière quasi instinctive l'image d'un moustachu pas content du tout du tout qui nous vient, a priori, en tête.

10/12/2019 bastamag.net  6min #165804

 « La grève du 5 décembre est l'opportunité pour les Gilets Jaunes, et au-delà, d'inverser le rapport de force »

Insultes, violences, velléités de censure : quand certains policiers et élus s'en prennent à la presse

Les intimidations se multiplient contre les journalistes qui filment, photographient ou documentent les violences policières lors des manifestations. Déjà, après Mai 68, des syndicats policiers demandaient de « museler certaines radios insidieuses ».

Une petite musique anti-journalistes se répand de la part de certains élus et organisations syndicales de policiers. Le 7 décembre, Le Syndicat indépendant des commissaires de police (SICP), affilié à la CFE-CGC, a nommément ciblé cinq journalistes comme étant « les principaux acteurs » d'un « combat anti police nationale », les qualifiant d' « imposteur », de « menteur » ou de « haineux ».

10/12/2019 dedefensa.org  10min #165775

 « La grève du 5 décembre est l'opportunité pour les Gilets Jaunes, et au-delà, d'inverser le rapport de force »

Sapir et l' » Acte 2 » de l'insurrection sociale

Samedi dernier, l'on vit lors d'un de ces débats permanents de du réseau télévisé LCI une de ces tables rondes (ou carrées) avec une journaliste du Figaro Magazineet un représentant au plus haut niveau de Force Ouvrière (les nommeront qui le voudra). Les deux, droite et gauche mêlées comme si rien ne s'était passé, se félicitèrent avec une jubilation paradoxalement discrète, pincée et même angoissée, - selon qu'il s'agit de l'un ou de l'autre, - ce qu'ils jugeaient être la fin de des Gilets-Jaunes (faible mobilisation, etc., ce jour-là) et de leur intolérable anormalité ; et d'autre part, et au contraire, le retour de la normalité redevenue irrésistible des syndicats illustrée par le puissant mouvement depuis le 5-décembre (avec une manifestation de la CGT ce même jour du 7 décembre où avait lieu l'émission).

09/12/2019 wsws.org  6min #165757

 « La grève du 5 décembre est l'opportunité pour les Gilets Jaunes, et au-delà, d'inverser le rapport de force »

Les appareils syndicaux continuent la grève tout en manoeuvrant avec Macron

Par Alexandre Lantier
9 décembre 2019

La grève des travailleurs du secteur public continue aujourd'hui, en lutte contre les réformes des retraites et la politique d'austérité menée par Emmanuel Macron. Une nouvelle journée d'action est organisée demain à l'appel de plusieurs confédérations syndicales.

«La journée de lundi va encore être extrêmement compliquée pour tous nos passagers, le réseau sera encore extrêmement perturbé», a annoncé la porte-parole de la SNCF, Agnès Ogier.

4 articles 09/12/2019 histoireetsociete.wordpress.com  4min #165720

 « La grève du 5 décembre est l'opportunité pour les Gilets Jaunes, et au-delà, d'inverser le rapport de force »

Politis : pour André Chassaigne, Macron déclare la « guerre sociale »

Pour le président du groupe des députés communistes, la réforme des retraites est un séisme qui anéantit les fondements de notre Contrat social hérité de la Libération.

Le président Macron déclare la « guerre sociale » aux Français. Derrière la propagande officielle et les discours entortillés de l'exécutif, les grands axes de la réforme des retraites sont d'ores et déjà fixés.

09/12/2019 histoireetsociete.wordpress.com  6min 🇪🇸 #165719

 « La grève du 5 décembre est l'opportunité pour les Gilets Jaunes, et au-delà, d'inverser le rapport de force »

Allez les Français, la Révolution est source de droits et pas l'inverse... comme en 1793

(...) Actuellement les médias dominants en France sont assez désespérés parce qu'ils ne trouvent pas la façon efficace de détourner et de neutraliser les mobilisations. Savez-vous que les Français ont fait un apprentissage : la révolution est source de droit (et pas le contraire) et, par conséquent, ils ne sont pas des exemples en rendant allégeance au respect de la loi « par soi ». Parmi la population précarisée s'est répandu comme la poudre le droit à la rébellion consacrée par la Constitution républicaine de 1793, quatre ans après la prise de la Bastille.

08/12/2019 mondialisation.ca  8min #165664

 « La grève du 5 décembre est l'opportunité pour les Gilets Jaunes, et au-delà, d'inverser le rapport de force »

Gilets jaunes en France - Révolte généralisée

Quelque soit le pays actuellement en révolte dans le monde, et ils sont nombreux, nous pouvons constater que la ploutocratie oligarchique, ne peut plus rien contrôler. Le mensonge a été tellement utilisé et resservi à tous les repas de la gabegie sociale, que les peuples en ont été gavés « ad nauseam ».

Les populations du monde se sont enfin soulevées et les prédateurs dominants n'ont pas trouvé mieux que de taxer péjorativement de « populistes », tous les sympathisants de ces révoltes populaires! Comme si la révolte des peuples était quelque chose de saugrenu, d'illégitime, de coupable, de condamnable, voire de punissable...

08/12/2019 wsws.org  7min #165660

 « La grève du 5 décembre est l'opportunité pour les Gilets Jaunes, et au-delà, d'inverser le rapport de force »

Où va le mouvement de grève en France

Par Alexandre Lantier
7 décembre 2019

Jeudi, plus d'un million de travailleurs et de jeunes ont fait grève et manifesté contre la réforme des retraites d'Emmanuel Macron. Des grèves de cheminots, d'enseignants et d'autres travailleurs ont continué hier, bloquant les transports et les écoles et provoquant des pénuries d'essence.

Ces évènements marquent une nouvelle étape dans la résurgence internationale de la lutte des classes.

07/12/2019 legrandsoir.info  2min #165655

 « La grève du 5 décembre est l'opportunité pour les Gilets Jaunes, et au-delà, d'inverser le rapport de force »

Première vague !

Jose ESPINOSA

La France est secouée. Les gilets jaunes avaient prévenu. Si le gouvernement restait sourd aux revendications, le mouvement social s'élargirait et la tempête serait en vue. Le 5 décembre confirme la prédiction. Première grande vague de colère, plus d'un million de personnes dans les rues du pays. Préparation de la deuxième vague le 10 décembre. Dans les villages et les villes, on se rassemble, on discute, on s'organise, gilets jaunes ou sans gilets, salariés ou chômeurs, jeunes ou retraités, chacune et chacun redresse fièrement la tête.