19/01/2020 tlaxcala-int.org  4 min #167683

Sionisme religieux ? C'est la gauche sioniste laïque qui est la mère de l'occupation

 Gideon Levy جدعون ليفي גדעון לוי

Mon collègue du Haaretz,  Uri Misgav, a corrigé le romancier Haim Be'er, qui a qualifié le sionisme religieux d' « excroissance cancéreuse ». Misgav a dit qu'il n'était pas juste d'appeler le sionisme religieux une excroissance cancéreuse, mais qu'il ne fallait pas non plus l'appeler sionisme. On devrait plutôt l'appeler « antisionisme religieux ». L'essence du sionisme était noble, si morale jusqu'à ce que les colons religieux viennent et ruinent tout. Nous, « l'Israël sain «, comme l'a dit Misgav, sommes à l'opposé d'eux, les fous. Comme nous sommes beaux.


Des jeunes membres de kibboutz défilent en 1951 en brandissant des drapeaux sionistes et rouges

La gauche sioniste est de nouveau à l'œuvre. Elle se lave les mains, comme à son habitude, et blâme l'autre. Autrefois c'étaient les Arabes, maintenant ce sont les Juifs religieux. S'il n'y avait pas eu cet « antisionisme religieux », nous serions dans un endroit différent maintenant. Si seulement nous avions pu nous débarrasser des antisionistes religieux, nous aurions un Israël juste, moral et égalitaire qui n'occuperait pas les territoires et qui ne serait pas colonialiste. C'est si facile, et c'est un tel mensonge.

La gauche sioniste laïque a établi le sionisme, ainsi que l'occupation et les colonies. Elle est le père fondateur du pays et la mère fondatrice de l'occupation. Le sionisme religieux s'est déchaîné sur l'endroit que la gauche sioniste lui a ouvert. Il s'est emparé de ce qu'il pouvait. Les gouvernements de gauche n'ont rien fait pour empêcher cela. La faute incombe à ceux qui l'ont permis, parfois en fermant les yeux, parfois en se dérobant, et dans la plupart des cas avec enthousiasme et admiration.

Oui, l'entreprise des colons a des traits cancéreux ; Be'er avait raison à ce sujet, mais ce n'est pas sa faute. Elle a représenté une malédiction pour Israël, mais la plus grande partie de la responsabilité incombe à ceux qui ont laissé l'entreprise se produire.

Des Juifs orthodoxes du groupe Neturei Karta protestent contre l'Israel Parade à New York, le 2 juin 2019. Photo Danielle Ziri

Le sionisme « sain » n'était pas un mouvement innocent bien avant l'occupation de 1967. « La conquête du travail », le remplacement des travailleurs palestiniens, a commencé dès les années 1920. Ce n'était pas l'idée des sionistes religieux. Ce n'est pas le mouvement de jeunesse Bnei Akiva qui a ouvert la voie à la "rédemption de la terre".

Ce qui a commencé à l'époque se poursuit aujourd'hui sans relâche. C'est la même politique, les mêmes valeurs, les mêmes principes opérationnels avec la même vision du monde, qui est principalement que cette terre a été destinée au seul peuple juif. La gauche sioniste a toujours su emballer ce chauvinisme de manière attrayante dans des discours de coexistence et de fraternité, sans faire grand-chose pour les réaliser. Les sionistes nationalistes méprisaient ces termes.

La différence était dans le style. Mais rien de pratique découlant de 1967 n'a commencé en 1967. L'année 1967 est la continuation directe de 1948, lorsque le sionisme religieux a joué un rôle marginal, voire nul. L'année 2020 est la continuation de 1948 et 1967. La gauche n'a pas dirigé le pays depuis des années, mais elle opère toujours à l'intérieur des frontières physiques et éthiques dont elle a hérité. La droite était de fait le seul côté qui a corrigé quoi que ce soit, en opérant le retrait du Sinaï et de Gaza.

Les colons et leurs aides sont devenus le lobby le plus puissant, celui qui sait comment extorquer le gouvernement. Vous pouvez comprendre le recul de la gauche sioniste face au modus operandi des colons et à leur succès stupéfiant.

Alors que la majeure partie d'Israël ne s'intéresse pas à l'occupation, les colons ont atteint leur principal objectif, le retrait permanent de la solution à deux États de l'ordre du jour. Les partisans de l'occupation ont en effet détruit l'idée sioniste d'un État juif, mais la gauche sioniste ne s'est jamais vraiment opposée à l'occupation au-delà d'un simple discours. Ses gouvernements n'ont jamais non plus accordé des droits égaux à tous les citoyens, comme l'affirme Misgav sur un ton moralisateur.

Secouer les péchés originels du sionisme et dépeindre une forme de sionisme comme belle et l'autre comme folle est hypocrite et pharisaïque. Le groupe de colons Gush Emunim n'a rien inventé, pas plus que Bezalel Smotrich ou Israel Harel. Ils ont étudié au collège d'aliénation et d'expulsion établi par le parti Mapaï, Hashomer Hatzair, le parti Ahdut Ha'avodah, le Palmach et David Ben-Gourion.

Il n'y a pas de bon sionisme et de mauvais sionisme. Il y a UN sionisme qui a établi l'État juif en expulsant de force les Palestiniens. Il l'a fait en 1948 et en 1967, et il le fait encore aujourd'hui. Cela fait tellement de bien de rejeter toute la faute sur les colons, et c'est tellement typique de la gauche sioniste.

Courtesy of  Tlaxcala
Source:  haaretz.com
Publication date of original article: 18/01/2020

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