Lors d'une conférence à Saint-Pétersbourg, Vladimir Poutine a indiqué vouloir créer un centre de documents d'archives sur la Seconde Guerre mondiale, afin de lutter contre la minimisation du rôle de l'Union soviétique dans la victoire sur le nazisme.
Souhaitant faire taire plusieurs hauts responsables politiques de différents pays à propos de la Seconde Guerre mondiale, Vladimir Poutine a annoncé, à l'occasion d'une rencontre à Saint-Pétersbourg avec des vétérans et des représentants d'organisations patriotiques le 18 janvier, la création d'un centre de documents d'archives qui sera entièrement dédié à ce conflit. Selon le président russe, cette fondation retraçant le plus meurtrier des conflits armés européens devrait permettre de répondre à ceux «qui tentent de réécrire l'Histoire».
«On va fermer l'ignoble bouche qu'ouvrent certains responsables à l'étranger pour atteindre leurs buts politiques à court terme, nous la fermerons avec des informations exactes et fondamentales», a déclaré Vladimir Poutine.
Ainsi, Moscou souhaite créer l'une des collections les plus complètes de documents sur la Seconde Guerre mondiale, qui serait ouverte à toutes et tous partout dans le monde.
Vladimir Poutine a en outre promis de faire «taire ceux qui tentent de réécrire l'Histoire, de la présenter sous un faux jour et de réduire le rôle de nos pères et nos grands-pères, de nos héros, qui ont perdu la vie en défendant leur patrie et presque le monde entier contre la peste brune».
Le chef d'Etat russe a en outre estimé que les «principaux médias», de manière «délibérée» ne révélaient «pas d'informations fiables» sur ces événements historiques.
Le pacte Molotov-Ribbentrop en ligne de mire ?
Le Parlement européen avait adopté, le 19 septembre dernier, une résolution précisant «que la Seconde Guerre mondiale, conflit le plus dévastateur de l'Histoire de l'Europe, a été déclenchée comme conséquence immédiate du tristement célèbre pacte de non-agression germano-soviétique du 23 août 1939», également connu sous le nom de pacte Molotov-Ribbentrop, «dont les protocoles secrets divisaient l'Europe et les territoires d'Etats indépendants en sphères d'influence des deux régimes totalitaires, ouvrant la voie au déclenchement de la Seconde guerre mondiale». Le texte a été adopté avec une très large majorité : 535 parlementaires ont voté en sa faveur, 66 contre.
Mais si certains historiens analysent le pacte germano-soviétique comme une alliance de circonstance entre deux régimes totalitaires et expansionnistes, d'autres voix, notamment en Russie, insistent sur le contexte ayant mené au traité Ribbentrop-Molotov. Selon cette conception, l'URSS ne parvenait pas à conclure d'alliance militaire avec la France et le Royaume-Uni, ni à obtenir des régimes autoritaires anticommunistes au pouvoir en Pologne et en Roumanie de droit de passage pour l'Armée rouge en cas d'attaque coordonnée sur l'Allemagne. Face à l'échec des négociations et devant l'expansion du IIIe Reich, le Kremlin n'aurait eu d'autre choix que de céder aux sollicitations de Berlin pour s'octroyer un sursis et une zone tampon lui permettant de rester en position de force avant l'affrontement inévitable, qui finira par arriver en 1941 à l'initiative d'Hitler.
En 2009, alors invité pour les commémorations des 70 ans de l'invasion de la Pologne (pays ayant également signé un pacte de non-agression avec l'Allemagne nazie en 1934), Vladimir Poutine, à l'époque Premier ministre russe, avait évoqué la question sensible des pactes conclus avec les nazis. «Nous devons admettre ces erreurs. Notre pays l'a fait. Le Parlement russe a condamné le Pacte Molotov-Ribbentrop. Nous sommes en droit d'attendre la même chose des autres pays qui ont également conclu des accords avec les nazis», avait-il déclaré.
Lire aussi : Le pacte germano-soviétique, fruit amer des accords de Munich