23/01/2020 reseauinternational.net  6min #167873

 Les 75 ans de la libération du camp nazi d'Auschwitz-Birkenau par l'armée soviétique : un problème majeur dans ce monde atlantiste

Wahrheit Macht Frei La vérité rend libre

par Finian Cunningham.

Cette semaine marque le 75ème anniversaire de la libération du camp de la mort nazi d'Auschwitz par l'Armée Rouge Soviétique. Mais cet événement capital est éclipsé par les nouvelles tentatives des autorités polonaises - aidées par des responsables américains et allemands - de rejeter la responsabilité de la Seconde Guerre Mondiale sur l'Union Soviétique.

La sinistre maxime allemande « Arbeit Macht Frei » (« Le Travail Rend Libre ») qui orne le portail en fer de l'entrée d'Auschwitz par laquelle des millions de prisonniers sont passés pour mourir, pourrait être sous-titrée aujourd'hui avec la phrase plus honnête « Wahrheit Macht Frei » (« La Vérité Rend Libre »).

Parce que ce qui se passe dans la commémoration polonaise d'Auschwitz et les revendications sur les origines de la Seconde Guerre Mondiale plus généralement est une épouvantable distorsion de l'histoire pour répondre aux intérêts géopolitiques actuels de l'Occident de miner la Russie. Le fait de dissimuler ou de nier les causes de la guerre ne fait que piéger le monde dans la répétition de la guerre.

Plutôt que de se voir accorder une place d'honneur à part entière pour la libération du camp d'extermination du sud de la Pologne le 27 janvier 1945 par l'Armée Soviétique, Moscou est aujourd'hui mise sur la touche malgré son rôle crucial dans l'écrasement du régime nazi et de toutes ses horreurs.

Le Président russe Vladimir Poutine aurait refusé d'assister au 75e anniversaire en Pologne. La Russie sera représentée par son ambassadeur dans le pays. Poutine assiste à un événement équivalent en Israël, et à cette occasion, la commémoration alternative de la libération du prédécesseur russe, l'Union Soviétique, sera dûment mise en évidence. On peut comprendre pourquoi le Président russe a décidé de ne pas assister à l'événement en Pologne en raison des allégations toxiques faites récemment par Varsovie et d'autres États occidentaux concernant la collusion entre l'Union Soviétique et l'Allemagne nazie dans le déclenchement de la guerre.

Cette distorsion de l'histoire a même acquis un statut officiel lorsque le Parlement européen - suite à la pression de la Pologne et des États baltes - a adopté en septembre dernier une résolution dans laquelle l'Union Soviétique est considérée comme tout aussi coupable que le Troisième Reich nazi d'avoir déclenché la Seconde Guerre Mondiale.

Lorsque le Président Poutine a qualifié cette résolution « d'absurde » et a ensuite souligné la collaboration documentée de la Pologne avec l'Allemagne nazie, le gouvernement polonais actuel, ainsi que les diplomates allemands et américains, ont doublé les accusations accusant Moscou d'être partiellement responsable de la pire conflagration de l'histoire.

Ces accusations polonaises et occidentales découlent du pacte historique de non-agression nazi-soviétique qui a été signé le 23 août 1939, une semaine avant l'invasion de la Pologne par les Nazis. Ainsi, on prétend que la détente de Staline avec Hitler a enhardi ce dernier à lancer la guerre.

Comme l'a rapporté Radio Free Europe : « L'envoyé allemand Rolf Nikel et l'Ambassadrice des États-Unis en Pologne Georgette Mosbacher ont tous deux déclaré le 30 décembre que l'Allemagne et l'Union Soviétique se sont entendus pour déclencher la guerre de 1939 qui a entraîné la mort de dizaines de millions de personnes en Europe continentale ».

Le Premier Ministre polonais Mateusz Moraweicka a dénoncé la version de l'histoire de Poutine comme « mensonge... piétinant la mémoire de ces événements. La Pologne doit défendre la vérité, non pas pour ses propres intérêts mais pour le bien de ce qui définit l'Europe ».

Le Premier Ministre polonais Mateusz Moraweicka

C'est un exploit audacieux de distorsion historique.

Les raisons d'une telle réécriture de l'histoire sont évidentes. L'Allemagne peut se décharger d'une partie de sa culpabilité de guerre pour avoir terrorisé l'Europe avec son génocide fasciste.

En impliquant les Soviétiques dans l'horreur nazie, les Américains et leurs substituts de droite en Pologne et dans les États baltes peuvent insuffler un peu d'air dans les revendications rassis et essoufflées de « l'agression russe » envers l'Europe moderne. Ce revirement est d'autant plus odieux que l'Union Soviétique est la nation qui a le plus souffert de la barbarie nazie, avec jusqu'à 25 millions de morts et des dizaines de millions de blessés.

La Pologne est peut-être le pays qui a le plus à gagner à falsifier l'histoire. Son propre passé honteux de collusion avec le régime nazi avant et pendant la guerre est, comme prévu, blanchi et jeté dans le trou de la mémoire.

Les personnes qui s'alignent pour dénigrer la Russie en raison de sa supposée complicité avec l'Allemagne nazie prétendent, ironiquement, que Poutine « réécrit l'histoire » en se référant aux archives et à la propagande soviétiques.

L'un des meilleurs comptes rendus scientifiques de la période allant de la Première Guerre Mondiale à la fin des années 1930 et au déclenchement de la guerre est l'ouvrage de l'historien britannique AJP Taylor, intitulé « Les Origines de la Seconde Guerre Mondiale » (publié en 1961). Taylor n'est pas un « compagnon de route » de l'Union Soviétique. Son étude est un exercice consommé d'érudition objective.

La perspective russe est largement corroborée par Taylor (et d'autres historiens occidentaux, voir par exemple ce récent essai de Michael Jabara Carley). Le pacte de non-agression nazi-soviétique à la veille du déclenchement de la guerre était une tentative désespérée de Moscou pour tenir le Troisième Reich à distance. Car, comme le souligne Taylor, les puissances occidentales, en particulier la Grande-Bretagne, la France et la Pologne, avaient constamment repoussé les appels soviétiques à former un pacte de sécurité collective européen contre l'Allemagne nazie.

La Grande-Bretagne, la France et la Pologne ont détourné le regard lorsque Hitler a annexé l'Autriche en 1936 et a envahi la Tchécoslovaquie en 1938. Le manifeste du Führer dans « Mein Kampf » et ses divers discours véhéments des années 1930 visaient explicitement l'Union Soviétique et les Juifs d'Europe pour une annihilation dans une Solution Finale.

Les ministres polonais de cette période partageaient le mépris des nazis pour les peuples soviétique et juif. Le cas de l'Ambassadeur polonais à Berlin Josef Lipski proposant à Hitler en 1938 un plan de déportation des Juifs européens vers l'Afrique est indiscutable.

Ce que les autorités polonaises sont aujourd'hui obligées de nier, c'est le dossier historique objectif qui attribue à leurs prédécesseurs la complicité dans le déclenchement du monstre nazi. Le fait qu'Auschwitz et d'autres camps d'extermination nazis se trouvent sur le territoire polonais ne semble pas donner à réfléchir à ces virulents russophobes. Le fait que l'Armée Rouge Soviétique ait sauvé des millions de Polonais de la barbarie nazie - une barbarie que leurs inutiles et illusoires dirigeants politiques ont enhardie - est peut-être l'exemple le plus clair de la façon dont « Les Mensonges Ne Vous Libèrent Pas ».

source :  Wahrheit Macht Frei... Truth Sets You Free

traduit par  Réseau International

 reseauinternational.net