07/02/2020 reseauinternational.net  5 min #168652

Destitution : Donald Trump acquitté par le Sénat américain

Fin de l'impeachment, Trump en route vers un nouveau mandat

par Karine Bechet-Golovko.

Trump dépasse l'impeachment et ouvre la voie à un second mandat. Ses chances viennent tout autant de résultats intérieurs particulièrement positifs, mais aussi de l'effondrement des Démocrates dans toute la longueur. Incapables de surmonter leur défaite, ils n'ont pas su rester dans le débat politique et se sont acharnés contre Trump, sous tous les angles, se discréditant et discréditant en même temps le bipartisme américain, qui a ainsi démontré les limites de la démocratie américaine (comme toute autre démocratie, par ailleurs) à assumer une véritable alternance. Si les visages doivent changer, les système démocratiques ne prévoient pas la possibilité d'un changement réel de positions idéologiques. L'alternance politique doit se faire à l'intérieure d'une même idéologie.

L'impeachment de Trump est définitivement derrière lui après le vote sans surprise du Sénat américain sur les deux questions transmises par la Chambre des représentants, à savoir l'abus de pouvoir et l'obstruction faite au Congrès. Le Sénat a soutenu le Président sur ces deux accusations.

Voir la vidéo intégrale ici :


Pour déclarer le Président coupable, un vote des deux tiers des sénateurs, soit 67 sur 100, est nécessaire. Les républicains ont 53 sénateurs, donc il était quasiment évidemment, sauf grande défection dans leurs rangs, que l'impeachment de Trump ne passerait pas. La règle de la majorité qualifiée est importante, car elle doit permettre une stabilité du pouvoir. L'impeachment est une procédure d'exception, qui ne peut être utilisée que dans les cas graves, sinon elle paralyserait le fonctionnement des institutions - ce que d'ailleurs les Démocrates tentent ici de faire. Si un Président se comporte de telle manière qu'il encourt l'impeachment, cela doit convaincre non seulement les sénateurs de l'autre parti, qui y ont un intérêt politique direct quel que soit le comportement présidentiel en cause, mais aussi les membres de son propre parti. Autrement dit, il ne doit plus représenter le système politique et c'était l'intérêt de l'État qui est en jeu.

Or, tel n'est pas le cas de Trump. Son parti a fait corps auprès de lui, malgré des pressions politico-médiatiques sans précédent. Les Démocrates ont suivi la ligne du parti, les Républicains aussi, à l'exception du sénateur républicain  Mitt Romney, qui a voté avec les Démocrates contre Trump en ce qui concerne le premier article sur l'abus de pouvoir, considérant que Trump se comporte comme un autocrate. Mais si cet exemple est aussi marquant, et repris dans la presse anglo-saxonne, c'est parce qu'il est unique. En ce sens, il est impossible de soutenir la perte de statut par Trump.

En allant jusqu'au bout, sans illusion, les Démocrates ont commis une erreur politique, stratégique, qui n'est pas la première, et s'inscrit dans la longue succession des réactions émotives, agressives et passablement mesquines, qui s'enchaînent depuis la perte des élections. Car, ce qui est reproché à Trump par l'establishment n'est pas de suivre un cours politique différent, mais de provoquer une rupture idéologique, en remettant en cause les dogmes néolibéraux avec un scepticisme climatique marqué, la relance de l'industrie nationale américaine, l'absence de fanatisme néofeministe, la reconsidération de l'importance des frontières, etc. Ce fossé infranchissable qui sépare ces deux clans a été parfaitement illustré la veille du vote de l'impeachment lors du  discours de Trump sur l'état de l'union, avec d'une part Trump refusant de serrer la main de Nancy Pelosi, speaker de la Chambre des représentants, et elle finalement déchirant démonstrativement le discours de Trump. Le symbolisme devant remplacer l'action politique réelle : ne pouvant détruire Trump, elle se rattrape sur ce qui est à sa portée, les feuilles de son discours.

Voir ici la vidéo :


Cette femme incarne parfaitement l'impasse des Démocrates. Leur bilan est assez mitigé, ils n'ont plus grand-chose à proposer, alors restent dans la posture et les grandes déclarations, voulant poser l'alternative est termes plus que simplistes : soit nous et la démocratie (a priori et ça ne se discute pas, même si nous avons perdu dans les urnes), soit lui et la fin de la démocratie (ça ne se discute pas non plus). Bref, elle tente de faire passer avec elle les gens sur le plan émotif, et non rationnel. Illustration dans son  discours suite à l'échec objectivement attendu de la procédure d'impeachment - les sénateurs républicains ont violé la Constitution et Trump est un danger pour la démocratie américaine :

« Malheureusement, en raison de la trahison de la Constitution par le Sénat républicain, le président reste une menace permanente pour la démocratie américaine ».

Certes, aucun système politique ne peut se permettre une alternance idéologique. En général, cette alternance se produit suite à une guerre ou à une révolution, autrement dit à une crise qui rompt le fonctionnement normal des institutions. Ici, Trump est arrivé légalement au pouvoir suite aux élections et vue la faiblesse du paysage politique américain aujourd'hui, il a toutes les chances d'y rester encore pour un mandat.

PS : Rappelez-vous, l'origine de tout ce piètre spectacle. Trump était accusé d'avoir lancé toute cette affaire au sujet des malversations de la famille Biden (Démocrate) en Ukraine, pour se débarrasser d'un candidat sérieux et dangereux aux prochaines présidentielles. Biden, aux primaires Démocrates dans l'Iowa, vient d'arriver en... 4e position. Un candidat, effectivement, très dangereux, enfin s'il arrive à être candidat.

 Karine Bechet-Golovko

source :  russiepolitics.blogspot.com

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