10/02/2020 reseauinternational.net  7 min #168800

Un troisième mort en Chine dû à l'apparition d'un nouveau virus, l'épidémie gagne la Corée du Sud

Conséquences économiques du virus de Wuhan

Le coronavirus de Wuhan a eu une conséquence positive très visible pour les marchés de spéculation financière.

Certains économistes de terrain se demandent pourquoi, alors que les marchés boursiers étaient déjà extrêmement surévalués, ils ont commencé à littéralement s'envoler vers la fin janvier puis à exploser début février, avec une asymptote qui cherchait la verticale la semaine dernière (à Wall Street notamment), non plus en dépit mais à l'encontre de toute réalité économique. La fièvre a commencé sur le marché d'actions Star Market, nouveau Chi-Next, où sont cotées les entreprises chinoises du secteur numérique déconnectées de toute contingence trivialement matérielle comme usines, matières premières, flux logistiques d'approvisionnement voire même regroupement d'employés dans des bureaux physiques. Certaines de ces entreprises travaillent, d'autres copient simplement le « modèle économique » des pointcom grâce auxquelles les carambouilleurs bancaires ont dépouillé des foules de Français en 2000.

Puis, se répandant comme une trainée de germes génétiquement modifiés, la fièvre a pris les bourses européennes à la surprise des candides observateurs de la déconfiture économique du continent, et s'est transformée en frénésie spéculative à New York, à peine modérée par les ventes de liquidation (réalisation des profits) de vendredi 7. Pour sa part le dollar a bien progressé pendant la semaine aux dépens des pays à économie excédentaire, alors qu'aucun indicateur économique ne laisse imaginer un retour des États-Unis à la solvabilité à l'horizon du siècle, et les fausses monnaies virtuelles comme l'Ethereum et le Bitcoin sont en franche progression également. Les seuls cours qui ont baissé sont ceux des matières premières, des énergies fossiles transportables comme le gaz et le pétrole, des métaux, et même de certaines denrées alimentaires que la Chine importait, en bref que des biens tangibles soudain en manque d'acheteurs. Mais qui s'en soucie, puisque comme en témoignent les touitements satisfaits du président Trump, quand les marchés financiers vont l'économie va. En effet dans un monde où l'économie financière dépasse désormais le centuple de l'économie physique, les toussements de celle-ci sont sans effet sur la marche des marchés. Le monde capitaliste pourrait bien mourir de faim extrêmement riche, comme un Picsou squelettique sur sa montagne de pièces d'or, ou plutôt de zéros électroniques sur une ligne comptable de l'ordinateur de sa banque. Ce serait d'ailleurs imminent si les exportations chinoises étaient agricoles ou alimentaires.

La raison de cette envolée incongrue des marchés financiers, c'est que la banque centrale du gouvernement chinois désespéré s'est lancée dans une impression monétaire compulsive. Depuis la mi-janvier elle a déversé sur le système financier chinois l'équivalent de trois cents milliards de dollars, qui ont propulsé le marché des actions (surtout d'entreprises virtuelles ou de services) vers les étoiles, au moment même où le rendement des obligations chinoises s'effondrait. Évidemment si l'on confond masse monétaire et richesse, l'économie chinoise débordante de liquidités est florissante, comme l'économie étatsunienne d'ailleurs, qui accumulait déjà les bulles avant même que ces capitaux chinois excédentaires viennent y doper encore plus la bourse.

C'est d'ailleurs ce qu'assurent tous les conseillers et experts en économie, tentant de justifier l'euphorie spéculative financière coûte que coûte pour entretenir l'illusion un mois ou une semaine de plus. Ainsi par exemple l'agence de surnotation des dettes étatsuniennes et de dénigrement des actifs étrangers Standard and Poors assure très sérieusement que le coronavirus pourrait réduire la croissance chinoise de 0,8 points de pourcentage sur l'année 2020 par rapport à 2019, c'est-à-dire que l'économie chinoise pourrait non seulement ne pas souffrir mais même croître de plus de 5% cette année !

C'est un mensonge aussi flagrant que celui du ministre Agnès Buzyn tentant de sauver la saison de ski aux Contamines en déclarant qu'il faut plusieurs heures de contact étroit et soutenu voire « charnel » pour être contaminé, et condamnant ainsi des milliers de Savoyards à une contamination évitable.

La vérité c'est que l'économie chinoise est à l'arrêt, et ne reprendra ni la semaine prochaine ni le mois prochain. Plus de quatre cents millions (400000000) de Chinois sont cloîtrés à domicile, soit la moitié de la population urbaine du pays, celle qui travaillait ailleurs que dans les champs. Si d'après les statistiques seulement quatre entreprises sur cinq ont déjà fermé, on peut supposer que la cinquième a été maintenue ouverte par obligation stratégique ou humaine, qu'il s'agisse de production d'électricité ou de distribution alimentaire.

Ainsi les 20% d'entreprises encore en service (réduit) travaillent évidemment pour les besoins incompressibles du pays, pas pour l'exportation. Les exportations, de leur côté, ont été divisées par dix, c'est-à-dire que 90% de ce que la Chine exportait jusqu'à présent n'est aujourd'hui plus exporté. Les importations ont aussi cessé, les premiers cargos arrivés après l'arrêt du pays trouvant des quais vides et des ports inactifs, et informant leurs armateurs qu'ils devaient faire demi-tour. Par exemple, le groupement étatique chinois des importeurs de gaz naturel s'apprête à annuler ses commandes en invoquant le cas de force majeure, comme viennent de le faire les importateurs chinois de cuivre.

Le Baltic Dry Index, principal indice mondial du trafic maritime mondial de fret, s'effondre même si les sirènes incantatrices du « tout va bien, consommez il n'y a rien à voir » de la presse grand public, mais aussi de la presse économique, occulte soigneusement cette donnée qui, il est vrai, ne concerne que le 1% d'économie physique largement éclipsé par les 99% d'économie financière exubérante. Cet indice, dont la chute depuis son récent pic avait certes commencé avant les événements virulents, passera d'ici la fin du mois sous son minimum historique, et l'un de ses composants (transporteurs de minerais) vient de devenir négatif, un fait historique et une incongruité économique aussi absurde que les taux d'intérêt négatifs. Les réservations de transport international de fret étant faites plusieurs mois à l'avance et ne pouvant être annulées facilement, c'est en milieu d'année qu'il montrera la chute drastique du commerce intercontinental. Un peu partout dans le monde, les ports commencent à refuser l'accostage des cargos venant de Chine ou y ayant fait escale, or sept des dix plus grands ports de fret au monde sont situés en Chine. Les zones de quarantaine de porte-conteneurs se multiplient et s'étendent.

Que la première ou deuxième (selon les critères) économie au monde se soit arrêtée, c'est un événement macro-économique dont beaucoup de quidams ne saisissent pas la portée concrète. Mais que le pays qui fabriquait plus d'un quart des produits manufacturés du monde (la moitié si l'on compte l'ensemble de la chaîne logistique asiatique en cours de fermeture faute de composants chinois), et en particulier des produits qui ne sont plus fabriqués ailleurs, cesse de les expédier, cela aura des conséquences concrètes que chaque Européen, chaque Américain et chaque Africain constatera dans son hypermarché, dans son petit bazar du coin ou sur son marché. Il faudra faire durer les chaussures synthétiques de la marque à la mode plus longtemps, et la dernière clef USB du rayon pourrait bien se vendre quatre fois plus cher que l'avant-dernière s'il y a surenchère entre plusieurs preneurs. C'est ainsi que la baisse des prix des matières premières et des hydrocarbures, par défaut du premier importateur mondial, n'évitera pas une poussée d'inflation pour les produits finis dans le monde.

Après l'effondrement des marchés financiers en lévitation, l'hyperinflation généralisée n'est pas invraisemblable, débouchant sur la fin du pouvoir d'achat des monnaies.

Il ne s'agit là que des conséquences économiques mondiales de l'arrêt actuel de l'activité économique chinoise. Le coronavirus a aussi d'autres effets.

source :  stratediplo.blogspot.com

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