15/02/2020 lesakerfrancophone.fr  8 min #169038

Un troisième mort en Chine dû à l'apparition d'un nouveau virus, l'épidémie gagne la Corée du Sud

Coronavirus

Un changement dans l'élaboration des statistiques crée de la confusion alors que le nouveau nombre de cas continue de baisser

Par  Moon of Alabama − Le 13 février 2020

La bataille contre les infections par le nouveau coronavirus en se poursuit en Chine. Le pays fait de son mieux pour la gagner.

La tendance à la baisse du nombre de nouveaux cas suspects, et nouvellement confirmés, par jour est désormais évidente pour tous.

 Agrandir

Il y a eu un changement dans la nomenclature de la maladie. Le nom pas encore officiel du nouveau coronavirus est 2019-nCoV ou nCoV19. La maladie causée par le virus est maintenant officiellement nommée COVID-19. C'est la même différence qu'entre le VIH, nom du virus et le SIDA, nom de la maladie que le virus provoque.

Le gouvernement chinois a ajouté une nouvelle catégorie d'infections au nombre total de cas de COVID-19. Jusqu'à présent, il y avait deux catégories publiées. Les «cas suspects», qui étaient des personnes susceptibles d'avoir été en contact avec le virus et présentant des symptômes de grippe, et les «cas confirmés» de patients tombés malades et chez qui le virus a été détecté lors des tests.

Désormais, les personnes présentant des signes de pneumonie s'ajouteront aux cas confirmés de COVID-19 même lorsque les tests ne détectent pas le virus nCov19 dans leur corps. Les mêmes critères s'appliqueront rétroactivement au nombre de morts. Les personnes décédées alors qu'elles présentaient des signes de pneumonie sont désormais comptabilisées comme des victimes du COVID-19, même lorsque leurs tests viraux étaient négatifs.

La nouvelle méthode ne s'applique qu'à la province du Hubei qui est, de loin, la plus affectée au niveau mondial. Cette décision a ajouté 13 332 cas au nombre total. Pour garder comparables les chiffres de la tendance, le nouvel ajout n'est pas incorporé dans le graphique ci-dessus.

Le changement n'a pas été bien communiqué et a provoqué une sérieuse confusion. Certaines sources semblent croire que cela augmente le nombre total de cas tandis que d'autres sources disent que cela déplace simplement les gens de la catégorie des «cas suspects» vers une nouvelle sous-catégorie qui se trouve sous «cas confirmés».

Le motif pour ce faire n'est pas clair. Le nombre de cas inclura désormais tous ceux qui présentent des signes de pneumonie mais dont le test de dépistage du virus nCoV19 n'est pas positif. Le nouveau dénombrement comprendra ainsi un grand nombre de personnes qui ont simplement une grippe ordinaire. Cela semble peu logique.

Il est possible que cela ait été fait parce que les autorités ne font pas confiance aux tests antivirus pour identifier tous les cas de COVID-19. Une autre raison de ce changement pourrait être que certains qui sont tombés malades ont voulu éviter d'aller à l'hôpital parce qu'ils n'avaient pas d'argent. Le changement supprime ce motif.

La Chine n'a pas de système de santé universel. Alors que 95% de tous les Chinois ont une assurance maladie, cela nécessite souvent un ticket modérateur pouvant aller jusqu'à 50% du coût des soins hospitaliers ainsi que des produits pharmaceutiques. À la mi-janvier, le gouvernement chinois a annoncé qu'il paierait 100% des coûts pour tous les nouveaux cas de coronavirus, mais a appliqué des critères quelque peu stricts pour la reconnaissance de ces cas.

Ces critères ont maintenant été modifiés avec un «diagnostic clinique» ajouté aux «cas confirmés». Le critère de «diagnostic clinique» est une tomodensitométrie (TDM) informatisée qui montre des signes de pneumonie dans les poumons d'un patient. Ce critère s'appliquera même lorsque le patient ne montre aucun autre signe de maladie et même lorsque les tests viraux appliqués ne détectent pas d'infection au nCoV19.

Cela permettra désormais à de nombreuses personnes atteintes de grippe commune dans le Hubei de tomber sous le coup de l'absorption à 100% des coûts par le gouvernement.

Comme le  rapporte XINHUA :

WUHAN, 13 février (Xinhua) - La province chinoise de Hubei, centre de la nouvelle flambée de coronavirus (COVID-19), a signalé mercredi 14 840 nouveaux cas confirmés et 242 nouveaux décès, la plus forte augmentation quotidienne jusqu'à présent, ont annoncé jeudi les autorités sanitaires locales. La Commission provinciale de la santé du Hubei a déclaré que le nombre de nouveaux cas comprenait 13 332 cas diagnostiqués cliniquement, qui ont été considérés comme des cas confirmés à partir de jeudi. Il a porté le nombre total de cas confirmés dans la province durement touchée à 48 206. Mercredi, la province comptait 1 310 décès. Les cas diagnostiqués cliniquement sont dans les statistiques uniquement au Hubei. L'inclusion de ces cas entraîne une augmentation du nombre de nouveaux cas confirmés. Tous les cas suspects après des résultats de tomodensitométrie informatisée (CT) sont considérés comme des cas diagnostiqués cliniquement, selon la dernière version du schéma de diagnostic et de traitement publié par la Commission nationale de la santé. La commission provinciale de la santé a déclaré que la révision des critères de diagnostic a été faite pour donner, aux cas confirmés qui ont été diagnostiqués cliniquement, le traitement standard en temps opportun afin d'améliorer encore le taux de réussite du traitement. Mercredi, la province a également vu 3 441 patients sortir de l'hôpital après leur convalescence. Parmi les 33 693 patients hospitalisés, 5 647 étaient toujours dans un état grave et 1 437 autres dans un état critique.

Le journaliste du Financial Times, Yuan Yank,  explique :

Voici un décodage des statistiques chinoises sur les coronavirus : la méthodologie est détaillée dans les directives de la commission nationale de la santé. Au 7 février, il existe 4 catégories de cas: suspects, confirmés, diagnostiqués cliniquement (uniquement au Hubei) et tests positifs (c'est-à-dire asymptomatiques). 1.... 2. Ce sont des lignes directrices sur ce que les provinces doivent signaler au centre. Quant à ce qui est dit au public, c'est une autre affaire. Ce n'est qu'aujourd'hui que le Hubei a commencé à publier ses cas diagnostiqués cliniquement. Nous n'avons pas encore vu le nombre de cas asymptomatiques. 3. Il existe également une dernière catégorie de personnes qui ont été en contact étroit avec des porteurs de coronavirus, qui est signalée séparément. Le décompte du Hubei se réfère aux "cas", ce qui signifie "confirmé" + "diagnostiqué cliniquement". Jusqu'à présent, les chiffres nationaux ne se réfèrent qu'aux cas "confirmés".

Le changement de méthode pour compter les cas  augmentera à nouveau l'épidémie d'infos et la panique à propos de la maladie. Mais nous devons garder à l'esprit que cette épidémie est en fait relativement bénigne. La plupart des personnes plus jeunes qui entrent en contact avec le virus ne développeront jamais de symptômes et pour celles qui développent la maladie COVID-19, les symptômes ne sont pas  graves du tout :

[Le] potentiel destructeur du virus a éclipsé un aspect encourageant de cette épidémie : jusqu'à présent, environ 82% des cas - dont les 14 aux États-Unis - ont été bénins, avec des symptômes qui nécessitent peu ou pas d'intervention médicale. Et cette proportion peut être sous-estimée.... "Le fait qu'il y ait tant de cas bénins est une véritable caractéristique de cette maladie et la rend si différente du SRAS", a déclaré Jennifer Nuzzo, épidémiologiste au Center for Health Security de la Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health. «C'est aussi vraiment difficile. La plupart de notre surveillance est orientée vers la recherche de personnes nécessitant une intervention médicale.»... «Cela semble être un rhume grave et accru - je pense que c'est une façon rationnelle d'y penser», a déclaré Matthew Frieman, virologue à l'école de médecine de l'Université du Maryland.

Pour garder les chiffres de la Chine en perspective, on peut pointer les statistiques actuelles fournies par le Center for Disease Control and Prevention (CDC) pour les États-Unis :

Le CDC estime que jusqu'à présent dans cette saison, il y a eu au moins 22 millions de cas de grippe, 210 000 hospitalisations et 12 000 décès dus à la grippe.

COVID-19 est encore loin de produire des chiffres aussi élevés. Il ne les approchera probablement jamais, car les ressources que la Chine y injecte sont écrasantes.

Vingt mille travailleurs supplémentaires de la santé  travaillent maintenant dans la province du Hubei et d'autres sont en route. Le gouvernement de la province du Hubei a expédié 180 000 kits de test d'acide nucléique pour le diagnostic d'une infection à coronavirus aux laboratoires concernés. La ville de Wuhan compte à elle seule 40 laboratoires qui peuvent effectuer 8 000 à 10 000 tests par jour. Mais certains hôpitaux signalent toujours des pénuries d'équipement et le taux de mortalité de 4% au Hubei est toujours plus élevé que le taux national.

Je suis d'accord avec la conclusion de  l'aperçu de CAIXIN d'aujourd'hui :

Dans l'ensemble, le nombre de nouveaux cas diagnostiqués dans la province du Hubei a diminué et les nouveaux indicateurs de «diagnostic clinique» ont aidé les patients à recevoir un traitement standardisé plus tôt et à améliorer encore le taux de traitement. Le 12, le nombre de villes avec des cas confirmés n'a pas augmenté et le nombre de gens nouvellement sortis des hôpitaux a atteint 1 171, ce qui a dépassé le nombre de nouveaux décès pendant 14 jours consécutifs, et la situation épidémique a changé positivement.

Moon of Alabama

Traduit par jj, relu par Wayan pour le Saker Francophone

 lesakerfrancophone.fr

 Commenter