15/02/2020 entelekheia.fr  9 min #169056

Un troisième mort en Chine dû à l'apparition d'un nouveau virus, l'épidémie gagne la Corée du Sud

Coronavirus : un changement dans les statistiques jette la confusion, mais le nombre des cas continue de baisser

Par B
Paru sur  Moon of Alabama sous le titre Coronavirus - Statistical Change Causes Confusion - New Case Count Continues To Decline

La guerre contre les infections par le nouveau coronavirus en Chine  continue. La Chine fait de son mieux pour la gagner.

La tendance à la baisse du nombre de nouveaux cas suspectés et confirmés par jour est désormais évidente pour tout le monde.

Il y a eu un changement dans la nomenclature de la maladie. Le nom non encore officiel du nouveau coronavirus est 2019-nCoV ou nCoV19. La maladie provoquée par le virus est maintenant officiellement appelée COVID-19. C'est la même différence qu'entre le VIH, le virus, et le SIDA, la maladie.

Le gouvernement chinois a ajouté une nouvelle catégorie d'infections au nombre total de cas de COVID-19. Jusqu'à présent, deux catégories ont été publiées. Les « cas suspects » : des personnes qui ont pu entrer en contact avec le virus et présentent des symptômes de grippe, et les « cas confirmés » : des patients qui sont tombés malades et chez qui le virus a été trouvé lors de tests.

Désormais, les personnes qui présentent des signes de pneumonie seront ajoutées aux cas confirmés de COVID-19, même si les tests ne trouvent pas le virus nCov19 dans leur organisme. Les mêmes critères s'appliqueront rétroactivement au nombre de décès. Les personnes décédées alors qu'elles présentaient des signes de pneumonie sont désormais comptabilisées comme des victimes de la COVID-19, même si leurs tests de dépistage du virus étaient négatifs.

La nouvelle méthode ne s'applique qu'à la province de Hubei, qui compte de loin le plus grand nombre de cas au niveau mondial. La démarche a ajouté 13 332 cas à leur nombre total. (Pour que les chiffres des tendances restent comparables, le nouvel ajout n'est pas incorporé dans le graphique ci-dessus).

Le changement n'a pas été bien expliqué et a provoqué une sérieuse confusion. Certaines sources semblent croire que cela augmente le nombre total de cas, tandis que selon d'autres sources, cela déplace simplement les personnes de la catégorie « cas suspects » vers une nouvelle sous-catégorie de « cas confirmés ».

Le motif de cette décision n'est pas clair. Le nombre de cas inclura désormais toutes les personnes qui présentent des signes de pneumonie, mais ne sont pas testées positives au virus nCoV19. Le nouveau décompte inclura donc un grand nombre de personnes qui ont simplement une banale grippe. Cela ne semble pas avoir beaucoup de sens.

Il est possible que cela ait été fait parce que les autorités ne font pas confiance aux tests de dépistage du virus pour repérer tous les cas de COVID-19. Une autre raison de ce changement pourrait être que certaines personnes tombées malades ont évité de se rendre à l'hôpital parce qu'elles n'en avaient pas les moyens. Le changement supprime cette possibilité.

La Chine ne dispose pas d'un système de santé universel. Si 95 % des Chinois ont une assurance maladie, celle-ci exige souvent des tickets modérateurs pouvant atteindre 50 % du coût des soins hospitaliers et des produits pharmaceutiques. À la mi-janvier, le gouvernement chinois a annoncé qu'il prendrait en charge 100 % des coûts pour tous les nouveaux cas de coronavirus, mais il a appliqué des critères assez stricts pour la reconnaissance de ces cas.

Ces critères ont maintenant été modifiés et un « diagnostic clinique » a été ajouté aux « cas confirmés ». Le critère de « diagnostic clinique » est une tomographie informatisée qui montre des signes de pneumonie dans les poumons d'un patient. Ce critère s'applique même lorsque le patient ne présente aucun autre signe de maladie et même lorsque les tests de dépistage de virus ne détectent pas d'infection par le nCoV19.

Cela permettra désormais à de nombreuses personnes du Hubei atteintes d'une grippe banale de bénéficier de la clause de prise en charge à 100 % des coûts par le gouvernement.

Comme  le rapporte XINHUA :

WUHAN, 13 février (Xinhua) - La province chinoise du Hubei, épicentre de l'épidémie du nouveau coronavirus (COVID-19), a signalé 14 840 nouveaux cas confirmés et 242 nouveaux décès mercredi, les plus fortes augmentations quotidiennes jusqu'à présent, ont déclaré jeudi les autorités sanitaires locales.

La commission sanitaire de la province de Hubei a indiqué que le nombre de nouveaux cas comprenait 13.332 cas diagnostiqués cliniquement, qui ont été considérés comme des cas confirmés à partir de jeudi.
Cela porte à 48 206 le nombre total de cas confirmés dans cette province durement touchée. La province a enregistré un total de 1 310 décès à partir de mercredi.

Les cas décelés par diagnostics cliniques se limitent au Hubei, statistiquement. L'inclusion de ces cas entraîne une augmentation du nombre de nouveaux cas confirmés.

Tous les cas suspects dont les résultats de tomographie par ordinateur (CT) montrent une pneumonie sont comptés comme des cas cliniquement diagnostiqués, selon la dernière version du schéma de diagnostic et de traitement publié par la Commission nationale de la santé.

La commission provinciale de la santé a déclaré que les critères de diagnostic ont été révisés afin de permettre aux personnes ayant fait l'objet d'un diagnostic clinique de bénéficier en temps utile du traitement standard des cas confirmés, afin d'améliorer encore le taux de réussite du traitement.

La province a également vu 3 441 patients sortir de l'hôpital après leur rétablissement, à la date de mercredi. Parmi les 33 693 patients hospitalisés, 5 647 étaient encore dans un état grave et 1 437 autres dans un état critique.

La journaliste du Financial Times Yuan Yank  explique :

Voici un décodage des statistiques sur les coronavirus en Chine : la méthodologie est détaillée dans les directives de la commission nationale de la santé. Au 7 février, il existe 4 catégories de cas : suspects, confirmés, diagnostiqués cliniquement (uniquement dans le Hubei) et testés positifs (c'est-à-dire asymptomatiques). 1/

2/ Il s'agit de lignes directrices concernant ce que les provinces doivent signaler au centre. Quant à ce qui est dit au public, c'est une autre affaire. Ce n'est qu'aujourd'hui que le Hubei a commencé à publier ses cas diagnostiqués cliniquement. Nous n'avons pas encore vu le nombre de cas asymptomatiques.

3/ Il existe également une dernière catégorie de personnes qui ont été en contact étroit avec des porteurs de coronavirus, qui fait l'objet d'un rapport distinct. Le décompte du Hubei fait référence aux « cas », c'est-à-dire « confirmés » + « diagnostiqués cliniquement ». Jusqu'à présent, les chiffres nationaux ne concernent que les cas « confirmés ».

Le changement de méthode de comptage des cas va à nouveau faire grimper « l'infodémie » et la psychose autour de la maladie. Mais nous devons garder à l'esprit que cette épidémie est en fait relativement légère. La plupart des personnes jeunes qui entrent en contact avec le virus ne développent aucun symptôme et chez ceux, parmi ces personnes [les jeunes, NdT] qui développent la maladie COVID-19, les symptômes ne sont  pas graves du tout :

Le potentiel destructeur du virus a éclipsé un aspect encourageant de cette épidémie : Jusqu'à présent, environ 82 % des cas - dont les 14 aux États-Unis - ont été bénins, avec des symptômes qui ne nécessitent que peu ou pas d'intervention médicale. Et cette proportion est peut-être sous-estimée.

« Le fait qu'il y ait autant de cas bénins est une véritable marque de fabrique de cette maladie et la rend très différente du SRAS », a déclaré Jennifer Nuzzo, épidémiologiste au Centre de sécurité sanitaire de l'École de santé publique Johns Hopkins Bloomberg. « C'est aussi un véritable défi. La plupart de nos activités de surveillance visent à trouver les personnes qui ont besoin d'une intervention médicale ».

« Il semble que ce soit comme un mauvais rhume avec des symptômes plus accentués - je pense que c'est une façon rationnelle d'y penser », a déclaré [au Washington Post] Matthew Frieman, virologue à la faculté de médecine de l'Université du Maryland.

Pour mettre les chiffres de la Chine en perspective, on peut se référer aux statistiques actuelles que le Center for Disease Control and Prevention (CDC)  fournit pour les États-Unis :

Le CDC estime que jusqu'à présent cette saison, il y a eu au moins 22 millions de cas de grippe, 210 000 hospitalisations et 12 000 décès dus à la grippe [dans les seuls USA].

COVID-19 est encore loin d'atteindre des chiffres aussi élevés. Il est probable qu'il ne s'en approchera jamais, car les ressources que la Chine lui consacre sont écrasantes.

Vingt mille travailleurs de la santé supplémentaires  travaillent actuellement dans la province du Hubei, et d'autres sont en route. Le gouvernement de la province du Hubei a expédié 180 000 kits de test d'acide nucléique destinés au diagnostic de l'infection à coronavirus aux laboratoires de la région. La ville de Wuhan compte à elle seule 40 laboratoires qui peuvent effectuer un total de 8 000 à 10 000 tests par jour. Mais certains hôpitaux font encore état de pénuries d'équipements, et le taux de mortalité de 4 % dans le Hubei est toujours plus élevé que le taux national.

Je suis d'accord avec la conclusion de la synthèse de CAIXIN du 12 février dernier :

Dans l'ensemble, le nombre de cas nouvellement diagnostiqués dans la province du Hubei a diminué, et les indicateurs de « diagnostic clinique » nouvellement ajoutés aident les patients à recevoir un traitement standardisé à un stade précoce et à améliorer encore le taux de traitement. Le 12, le nombre de villes où des cas ont été confirmés n'a pas augmenté, et le nombre de patients nouvellement sortis d'hospitalisation a atteint 1171 personne, ce qui dépasse le nombre de nouveaux décès quotidiens depuis 14 jours consécutifs. La situation épidémique a évolué positivement.

Traduction Entelekheia
Photo Gerd Altmann/Pixabay

 entelekheia.fr

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