16/02/2020 tlaxcala-int.org  16min #169080

Analyse de la configuration et de la possible évolution de la crise actuelle au Moyen-Orient Interview de Daniele Perra

 Enrico Sanna

L'aggravation de la situation au Moyen-Orient après le meurtre du général iranien Soleimani et à la suite de la présentation à Washington du « Deal du Siècle » par Trump et Netanyahou oblige à parler encore de tout ce qui se passe dans la région. Loin de vouloir quitter la scène, les USA veulent toujours être protagonistes dans un scénario compliqué par la présence de plusieurs acteurs importants, dont Ankara qui, à mon avis, semble de plus en plus jouer le rôle de fléau de la balance, surtout en Syrie. C'est pourquoi Mysterion vous offre aujourd'hui une intéressante analyse du contexte et de l'éventuelle évolution de l'échiquier moyen-oriental, que nous a aimablement fournie Daniele Perra, expert en géopolitique et relations internationales, qui écrit pour d'importants titres en ligne, dont Eurasia. Je remercie Daniele Perra pour sa collaboration. Bonne lecture.-ES

L'année 2020 s'est ouverte sur deux événements extrêmement importants qui ont secoué la scène mondiale : le meurtre du général Soleimani, et l'annonce par Tel Aviv et Washington du « Deal du Siècle » ou « Plan du Siècle », qui est présenté par les administrations des USA et d'Israël comme la solution définitive du conflit israélo-palestinien. Qu'est-ce qui se passe au Moyen-Orient ? Se dirige-t-on vers la guerre contre l'Iran ? Existe-t-il un lien entre les deux événements ?

Il existe sans aucun doute un lien entre les deux événements. Et je remarque que Qassem Soleimani

Daniele Perra collabore activement, depuis 2017, avec Eurasia, revue d'études géopolitiques italienne et avec son site ouèbe. Ses analyses sont centrées principalement sur le rapport entre géopolitique, philosophie et histoire des religions. Diplômé en Sciences Politiques et Relations Internationales, il a obtenu en 2015 un mastère en Etudes du Moyen-Orient auprès d'ASERI - Grande Ecole d'Economie et de Relations Internationales de l'Université Catholique du Sacré-Cœur de Milan. En 2018, son essai « Sulla necessità dell' Impero come entità geopolitica unitaria per l'Eurasia » [Sur la nécessité de l'Empire comme entité géopolitique unitaire pour l'Eurasie] a été inséré dans le vol. VI des « Quaderni della Sapienza » publié par les Editions Irfan. Il collabore assidûment avec de nombreux sites ouèbe italiens et étrangers et a accordé plusieurs interviews à l'émetteur iranien Radio Irib. Il est l'auteur du livre « Essere e Rivoluzione. Ontologia heideggeriana e politica di liberazione » [Être et Révolution. Ontologie heideggerienne et politique de libération], préface de C. Mutti (Novaeuropa 2019).

travaillait en sous-main à établir une médiation entre l'Iran et les monarchies du Golfe, tout au moins pour arriver à un « pacte de non-agression » entre les pays de la région. Cette solution avait aussi été suggérée, en son temps, par le ministre des Affaires étrangères russe, Lavrov. En éliminant Soleimani, les USA ont éliminé le seul personnage réellement capable de mener à bien une telle mission.

Le Premier ministre irakien a confirmé, à ce propos, que Soleimani se trouvait à Bagdad en qualité de diplomate. Cette solution était naturellement mal vue par les USA dans la mesure où elle aurait réduit la pression sur Téhéran et ruiné ce qui était l'objectif fondamental de ce qu'on appelle « le Deal du siècle » : ouvrir à une reconnaissance « officielle » (étant donné que la collaboration à travers d'autres canaux est déjà avancée) d'Israël par l'Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis en particulier. Cela assurerait l'aggravation ultérieure de la pression sur l'Iran et la mise en place d'un contrepoids très important face à la possibilité du renforcement d'un axe Iran-Irak-Syrie-Liban.

Personnellement, je n'estime pas praticable une « voie militaire » face à l'Iran. Les USA ne cherchent pas l'affrontement direct. En premier lieu parce qu'ils ne peuvent pas se le permettre (en 19 ans, ils n'ont rien pu obtenir en Afghanistan, je n'ose imaginer quelle pourrait être l'issue d'une « invasion » de l'Iran). Cela impliquerait en effet le déploiement d'un énorme contingent militaire dans la région, des pertes importantes et une crise globale potentielle provoquée par la possibilité de la fermeture du Détroit d'Ormuz et par l'éventuelle destruction de nombreuses infrastructures pétrolières.

En second lieu parce qu'avec l'assassinat de Soleimani, ils ont déjà obtenu tout ce qu'ils voulaient : l'interruption des négociations mentionnées plus haut. Le fait que l'administration Trump ait menti à plusieurs reprises sur la présence de blessés parmi les militaires usaméricains à la suite des attaques de missiles iraniennes contre la base aérienne d'Ayn el-Assad en Irak en est la plus évidente démonstration. Reconnaître (immédiatement) la présence de blessés (ou de morts, car il y en a probablement eu) aurait inévitablement impliqué la nécessité d'une nouvelle action militaire

Le régime des sanctions contre l'Iran est-il vraiment en train d'isoler le pays, en particulier par rapport à des partenaires comme la Chine (qui investit au pays des ayatollahs du fait de sa position stratégique dans le projet de Nouvelless Route de la Soie) ou non ? Si oui, jusqu'à quel point ? Y a-t-il le risque d'un changement de régime ?

Le régime des sanctions a certainement causé de graves dommages à l'économie iranienne. Il convient de rappeler à ce propos que les blocus commerciaux et les « sanctions » sont à tous égards considérés depuis les Guerres du Péloponnèse comme des conflits. Nous pourrions donc affirmer sans problème qu'une guerre contre l'Iran est déjà en cours. Pour le moment, le principal résultat obtenu par Washington a été de miner les relations commerciales (bien engagées) entre l'Union Européenne et l'Iran et entre l'Iran et l'Inde (un des principaux importateurs de brut iranien). La position de l'Inde est intéressante, étant donné qu'il existe des affinités idéologiques particulières (peu analysées) entre la « droite » sioniste, actuellement au pouvoir en Israël, et le Bharatiya Janata Party de Narendra Modi. Celui-ci mène à l'abandon progressif par l'Inde du projet North South Transport Corridor (qui devrait relier l'Inde à la Russie à travers l'Iran et l'Azerbaïdjan et offrir une alternative plus rapide au Canal de Suez) en faveur du projet infrastructurel israélien connu comme Trans-Arabian Corridor qui devait ouvrir toutes grandes les portes de l'océan Indien à Tel Aviv à travers la Péninsule Arabique (autre motivation cachée derrière le fantomatique « Deal du siècle »).

En même temps, l'Iran peut encore jouir de l'appui de la Russie et de la Chine (même si une certaine propagande cherche à miner ces relations), bien conscientes que, bien souvent, les sanctions usaméricaines, indirectement, sont aussi dirigées contre elles. En effet, l'agression contre l'Iran est une attaque contre le cœur battant de l'Eurasie. En attaquant l'Iran (placé au carrefour des axes Nord-Sud et Est-Ouest de l'espace eurasiatique), Washington attaque le projet tout entier d'intégration de ce vaste continent, perçu comme une menace existentielle par les stratèges du Pentagone (selon la théorie de Nicholas Spykman). Le risque de changement de régime demeure. C'est un projet que Washington abandonnera difficilement, et qu'il relancera périodiquement à travers l'utilisation de la considérable « cinquième colonne » interne à l'Iran. Toutefois, au cours de ses plus de 40 ans d'existence, la République Islamique a développé des anticorps efficaces contre ce que Jalal Al-e-Ahmad appelait « gharbzadegi » (intoxication par l'Occident).

Quel est le rôle joué par Erdogan au Moyen-Orient, et de quel côté est-il, étant donné qu'il semble jouer sur des fronts opposés ? (fermeture de la Mer Noire à des navires de l'OTAN, soutien politique et économique à l'Ukraine, appui à El Sarraj en Libye etc.). Est-il possible que le double jeu soit feint et voulu par les USA ?

Le rôle d'Erdogan est extrêmement ambigu. Le président syrien Bachar El Assad l'a défini comme « celui qui a le mieux réussi à être un pion entre les mains de son maître américain ». En effet, si on fait abstraction de la rhétorique officielle qui se concentre exclusivement sur la question kurde (et sur la trahison présumée de la cause kurde par Washington), l'action turque en Syrie, prolongeant à outrance la guerre et la déstabilisation du pays levantin, a été tout de suite perçue on ne peut plus favorablement par le Pentagone. Il suffit de penser qu'en Syrie la Turquie continue à agir sous le parapluie de l'OTAN qui garantit la défense de son espace aérien à travers le déploiement de diverses batteries de missiles Patriot le long de ses frontières. Et, bien qu'Ankara et Tel Aviv soient perçues comme étant en opposition ouverte, il est assez étonnant qu'à chaque avancée syrienne sur le front d'Idlib, fasse contrepoids une nouvelle attaque israélienne en Syrie. Nous ne découvrons certes pas aujourd'hui le soutien que l'Occident et la Turquie ont fourni aux groupes terroristes qui s'opposent au gouvernement légitime de Damas.

Moins claires sont les relations qu'Ankara entretient avec la Russie. Dans ce cas, l'union commerciale de plus en plus évidente et avancée (par exemple, le développement du projet TurkStream né en remplacement du SouthStream ouvertement boycotté par les USA) est équilibrée par l'opposition des deux pays sur divers théâtres de conflits : de la Syrie à l'Ukraine, jusqu'à la Libye (même si le cas libyen mériterait d'être précisé). Et il n'est pas à exclure que, outre les prétentions subimpérialistes d'Erdogan, des acteurs tiers « jouent » à exacerber les esprits sur ces divers « théâtres » pour faire en sorte que même l'union mentionnée plus haut se brise rapidement. Quant aux accords conclus à Sotchi entre Erdogan et Poutine, qui prévoyaient le désarmement des groupes terroristes actifs dans la région d'Idlib, non seulement la Turquie n'a pas respecté les obligations prévues, mais elle a continué à ravitailler les milices djihadistes (qui, en ce moment même, prennent pour cible, de façon répétée, les militaires russes en Syrie), et continue à considérer cette zone comme partie intégrante du territoire turc. A Idlib, on voit flotter les drapeaux turcs et les rues sont « décorées » de portraits d'Erdogan. En fait, Erdogan demande aux Syriens de se retirer de Syrie.

Le scénario libyen est bien plus complexe. L'accord entre la Turquie et le GAN (Gouvernement d'Accord National de Tripoli) sur la délimitation des frontières maritimes, coupant en deux la Méditerranée orientale, rend en fait indirectement service, à court terme, à la Russie, en mettant en quarantaine le projet israélo-gréco-chypriote (avec soutien usaméricain) du gazoduc EastMed, conçu pour détacher l'Europe de sa dépendance énergétique à la Russie. Toutefois, en même temps, la nouvelle infiltration djihadiste en Libye, soutenue par Ankara, fait entrer en crise le projet de construction d'un « triangle russe » dans la Méditerranée orientale (comprenant théoriquement Libye, Égypte et Syrie), ayant pour but de faire entrer en crise l'hégémonie de l'axe Washington- Ryad-Tel Aviv, et, tout particulièrement, l'hyperpouvoir du duopole Washington-Ryad sur le marché pétrolier.

Donc, s'il est vrai qu'Ankara recherche une certaine autonomie à l'intérieur de l'Alliance atlantique, il est tout aussi vrai que, la plupart du temps, ses actions finissent par favoriser la stratégie de l'OTAN. Le transfert même de miliciens et mercenaires de la Syrie à la Libye comporte un potentiel énorme de déstabilisation pour les pays frontaliers et, surtout, pour la zone du Sahel : autre région géographique dans laquelle France et USA cherchent à limiter la pénétration sino-russe.


Hassan Bleibel, Liban

La guerre en Syrie est-elle vraiment finie ?

La guerre en Syrie n'est pas du tout finie. Comme j'ai eu l'occasion de le souligner dans quelques articles publiés par la revue d'études géopolitiques Eurasia, l'opération « Source de Paix » (la troisième opération militaire turque à l'intérieur des frontières syriennes depuis le début du conflit) a même plus ou moins indirectement produit une nouvelle insurrection de l'État Islamique dans les régions frontalières entre Irak et Syrie et dans la province de Deir Ez-Zor. De plus, c'est là un autre résultat de l'assassinat de Qassem Soleimani qui faisait de la lutte contre ce groupe terroriste sa raison de vivre dans ces dernières années. Et il n'est pas étonnant que cette insurrection soit survenue au moment où le Parlement irakien a demandé aux troupes d'occupation usaméricaines de quitter son territoire.

Nous ne devons pas non plus oublier le fait que les USA, malgré des déclarations de retrait de pure propagande, continuent à occuper illégalement le Nord-Est de la Syrie, perpétrant un pur et simple pillage des ressources pétrolières du pays levantin. Cette occupation, outre le lourd régime de sanctions imposé à Damas, garantit qu'il ne puisse y avoir aucune reprise économique qui apporterait à la Syrie un nouveau renforcement trop important. A partir de 2023, la Syrie devrait, entre autres, commencer (avec une large participation russe) à extraire du gaz des gisements qui se trouvent le long de ses côtes. Et je n'exclus nullement qu'il puisse y avoir une nouvelle intervention turque pour empêcher que cela se fasse.

Il semble y avoir un foyer stratégique, à la façon d'un mur séparant l'Europe et la Russie, formant une bande géographique qui part des républiques baltes, traverse l'Ukraine, les Balkans, et arrive jusqu'au Caucase, la Turquie et le Moyen-Orient. En outre, dans ces régions, se trouvent d'importantes bases militaires contrôlées par les USA qui encerclent la Russie. Qu'est-ce qui cause l'agitation croissante dans ces régions ?

Le géopoliticien allemand Karl Haushofer était convaincu que des intérêts et des frontières communs entre l'Allemagne et la Russie (puissances étroitement « tellurocratiques ») produirait inévitablement la crise du système « thalassocratique » imposé, en son temps, par la Grande-Bretagne. Avec la fin de la Deuxième Guerre Mondiale, les USA ont rapidement remplacé le Royaume-Uni dans son rôle de puissance maritime. Et, tout comme les Britanniques, même après l'effondrement de l'URSS, ils ont continué à considérer cette possibilité comme une menace pour leur hégémonie sur le continent européen. C'est dans ce sens qu'il faut lire la rapide expansion de l'OTAN en Europe orientale à la suite de l'implosion du bloc socialiste et la transition violente du socialisme au capitalisme dans des pays comme la Roumanie et la Yougoslavie. La Roumanie, par exemple, située le long de la diagonale de navigation intérieure la plus importante d'Europe, le Danube, en même temps que la Bulgarie, devait nécessairement jouer le rôle, dans les plans de l'OTAN, de garant du corridor terrestre entre les nouvelles recrues septentrionales et mitteleuropéennes de l'Alliance atlantique (Pays Baltes, Pologne, Slovaquie, Hongrie) et son membre le plus oriental : la Turquie.

Bref, on a cherché à créer autour de la Russie un véritable cordon sanitaire, récemment renforcé par l'initiative des « Trois Mers ». Celle-ci, conçue par l'administration Obama mais menée à bien sous Trump, unit douze pays (Estonie, Lituanie, Lettonie, Pologne, Slovaquie, République Tchèque, Hongrie, Autriche, Slovénie, Croatie, Roumanie et Bulgarie) le long de l'axe vertical qui va de la mer Baltique à la mer Noire et à la mer Adriatique. L'objectif de cette initiative, est-il besoin de le dire, est la réduction des exportations de gaz de la Russie vers l'Europe et la construction de terminaux pour le stockage et la distribution du gaz liquéfié provenant des USA. Nous pourrions donc affirmer sans crainte que l'agitation dans ces régions est causée par la volonté d'empêcher un lien commercial de plus en plus étroit entre la Russie et l'Europe et, par conséquent, tout développement potentiel d'une Europe unie jusqu'à Vladivostok. Le même discours peut valoir pour le Moyen-Orient. La seule stratégie qui puisse permettre aux USA de conserver intacte leur « hyperextension impériale » et une certaine hégémonie globale (même dans un contexte multipolaire), c'est le toujours valide : « Divide et Impera » (Diviser pour régner).

Il me semble que, pour comprendre le scénario géopolitique, on ne peut faire abstraction d'Israël, qui, à mon avis, est au sommet parmi les puissances de l'Occident. Il semble que les relations entre Israël et la Russie soient excellentes, et pourtant Washington combat Moscou. Comment s'explique cette contradiction ? Israël et USA : qui commande qui ?

Sans la pleine souveraineté sur sa mer intérieure (la Méditerranée), l'Europe ne pourra jamais aspirer à une quelconque forme de souveraineté réelle et complète. Dans ce sens, Israël, avant-poste de l'Occident au Proche Orient, est la raison « géopolitique » de la présence de façon stable en Méditerranée de la VIe Flotte usaméricaine. Israël est donc le principal obstacle à une réelle souveraineté du continent européen sur son espace maritime intérieur. En ce qui concerne les relations russo-israéliennes, le chercheur Youssef Hindi fait remarquer que, d'un côté, Tel Aviv cherche à maintenir d'excellents rapports diplomatiques avec Moscou et, de l'autre, fait constamment la guerre à tous ses alliés régionaux.

Dans ce cas aussi, on peut parler d'une ambiguïté fondamentale entre les parties. Il convient de partir de l'idée que Moscou, depuis l'ère soviétique, après les erreurs de calcul de Staline qui le conduisirent à commettre la faute d'aider la cause sioniste à des fins antibritanniques, ne s'est jamais engagé quant à la possibilité d'une libération de la Palestine.

Aujourd'hui, la position officielle de la Russie reste celle de l'URSS : c'est-à-dire la création de deux États sur les frontières antérieures au conflit de 1967. Il y a toutefois une différence substantielle par rapport au passé. Avec l'effondrement de l'Union Soviétique, l'immigration des Juifs russes vers « l'État hébreu » (encore une fois largement financée par les USA et aujourd'hui encore en cours) en a radicalement modifié la composition ethnique. Actuellement, Israël est un pays en grande partie russophone. Cela permet au Kremlin de penser qu'il pourra, sur le long terme, grâce à une habile action de pénétration diplomatico-commerciale, réussir à éroder le lien entre Washington et Tel Aviv, amenant Israël de son côté. Cela représenterait pour la Russie de nouvelles possibilités d'action dans un espace méditerranéen où la présence usaméricaine serait perçue comme n'étant plus nécessaire. Inutile de dire qu'un tel projet ne serait réalisable que sur des temps extrêmement longs, et que le lobby sioniste puissant dans les institutions usaméricaines permettra difficilement un tel changement de registre.

Comment réagissent Pékin et Moscou face aux tensions croissantes ?

Ce que la Russie et la Chine peuvent faire (et qu'elles sont de fait en train de faire), c'est de poursuivre le processus d'intégration dans l'espace eurasiatique. Ce processus doit toutefois s'accomplir à deux niveaux : un niveau économico-commercial fondé sur la dédollarisation dans les échanges bilatéraux et sur la coopération énergétique ; et un autre, plus politique, fondé aussi sur la coopération militaire et sur les thèmes de la sécurité pour éviter, par exemple, les risques d'une nouvelle déstabilisation et « balkanisation » des zones de passage des Nouvelles Routes de la Soie. En d'autres termes, encore une fois, elles doivent chercher à grignoter progressivement les espaces d'action pour les puissances étrangères au continent eurasiatique, en termes aussi de guerre asymétrique ou de risque de nouvelles « révolutions colorées ». Je peux conclure en prenant position par une prévision : la trêve commerciale entre USA et Chine ne durera qu'un instant.

"Infrastructure énergétique sélectionnée en Méditerranée orientale", une carte du Bureau US des ressources énergétiques. Cliquer sur la carte pour voir les détails

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Courtesy of  Tlaxcala
Source:  mysterionweb.wordpress.com
Publication date of original article: 09/02/2020

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