22/02/2020 tlaxcala-int.org  4 min #169364

Halte au terrorisme de l'extrême droite en Allemagne!

Face à la menace fasciste, l'Allemagne officielle réagit tièdement

 Michael Merz

Après le massacre de Hanau : plus de présence policière, mais pas de durcissement de la législation sur les armes, et des défaillances dans le démasquage d'une cellule terroriste néo-nazie

Deuil et colère à Hanau lors de l'hommage aux victimes (20 février)

Des milliers de personnes ont commémoré les victimes des attentats de Hanau jeudi soir et vendredi par des manifestations et des veillées dans tout le pays et ont exprimé leur horreur de l'abomination fasciste. D'autres rassemblements commémoratifs doivent avoir lieu ce week-end.

Mercredi soir, Tobias Rathjen, 43 ans, a tiré sur quatre personnes de manière ciblée dans un bar à chicha au centre de Hanau. Peu de temps après, il a attaqué un kiosque dans le quartier de Kesselstadt et deux automobilistes qui s'y rendaient. Il a assassiné cinq autres personnes - toutes issues de l'immigration - avant de tuer sa mère de 72 ans et lui-même dans un appartement. Selon les enquêteurs, Rathjen était membre d'un club de tir sportif et possédait un permis de port d'arme. On ne sait pas quelles armes il a utilisé pour le massacre. Depuis au moins un mois déjà, un « manifeste » raciste avait été publié sur la page d'accueil de Rathjen, dans lequel il exposait sa vision du monde sur 24 pages. Le document a été édité pour la dernière fois le 22 janvier, a déclaré le directeur de la police fédérale, Holger Münch, vendredi à Berlin. On ne sait pas encore exactement quand il avait été mis en ligne. Münch a appelé Rathjen, qui aurait souffert d'une « grave maladie psychotique » [sic,NdT], un « blinder Fleck » [angle mort ou tache aveugle, resic, NdT]. Le chef du BKA n'a pas donné plus de détails sur le moment où le crime a été commis. On ignore également quand la police a reçu le premier appel d'urgence.

Le ministre fédéral de l'Intérieur, Horst Seehofer (CSU), a déclaré vendredi à Berlin que l' « arrière-plan raciste » était « absolument incontesté ». Il s'agissait de la « troisième attaque terroriste de droite » en quelques mois. M. Seehofer veut contrer la « plus grande menace pour la sécurité du pays » en renforçant la présence policière. Selon l'AFP, Thorsten Frei, vice-président du groupe parlementaire CDU-CSU, a également demandé un élargissement des compétences de l'Office de la protection de la constitution [service de renseignements intérieur]. L'association allemande des tontons-flingueurs a rejeté un durcissement de la législation sur les armes. Son porte-parole Thilo von Hagen a déclaré vendredi à la radio SWR qu'il ne trouvait pas bonne la suggestion selon laquelle les tireurs sportifs devraient stocker leurs armes uniquement dans les salles de club. À la fin de l'année dernière, le registre national des armes à feu recensait 5 444 029 armes à feu appartenant à des particuliers.

M. Seehofer a également salué les mesures prises par les autorités. « Ces derniers jours, nous avons mené des perquisitions sur des personnes soupçonnées d'être des extrémistes de droite dans plusieurs endroits en Allemagne, où nous avons saisi de grandes quantités d'explosifs et de grenades à main ainsi que des armes automatique ». Cela a permis selon lui d'éviter de nouveaux attentats. Il faisait référence au démasquage du « groupe S ». Cependant, dans le cas de cette cellule terroriste présumée qui a été démantelée il y a une semaine, la police de Hamm a admis ses erreurs. Le chef de la police Erich Sievert a reconnu vendredi le manque de réaction au fait que l' l'officier administratif du quartier général de la police de Hamm, qui est l'un des douze suspects, avait hissé sur son balcon deux drapeaux de guerre du Reich. Selon un reportage du magazine Der Spiegel, le suspect était auparavant responsable de la délivrance des permis de port d'armes.

Deux autres cas illustrent à quel point le danger venant de la droite est réel : des inconnus ont barbouillé de croix gammées et de slogans de droite la façade d'une mosquée à Emmendingen, près de Fribourg. Et, comme on ne l'a appris que jeudi soir, un engin explosif dont la police dit qu'il « était prêt à détoner » avait été trouvé devant le mémorial du camp de concentration de Mittelbau-Dora le 19 janvier dernier.

Courtesy of  Tlaxcala
Source:  jungewelt.de
Publication date of original article: 22/02/2020

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