Après un sénateur le 1er mars, deux autres parlementaires quittent le groupe majoritaire. Les deux députés en question critiquent notamment le recours à l'article 49.3 par le Premier ministre dans le cadre de la réforme des retraites.
Les députés Hubert Julien-Laferrière (Rhône) et Delphine Bagarry (Alpes-de-Haute-Provence) ont annoncé le 2 mars qu'ils quittaient le groupe La République en Marche (LREM) à l'Assemblée nationale après la décision du gouvernement de recourir au 49.3 pour faire adopter son projet de réforme des retraites.
«Alors que depuis 15 mois le pays est, avec la crise des Gilets jaunes puis la réforme des retraites, secoué par des mouvements sociaux d'une intensité rarement atteinte, je ne me résigne pas à laisser jeter à nouveau le discrédit sur le Parlement», a ainsi écrit le député du Rhône dans un communiqué intitulé «Pourquoi je quitte le groupe». «L'usage de l'article 49-3 de la Constitution par le Premier ministre va attiser les tensions et aboutir à l'adoption d'une loi capitale sans vote et sans que les représentants de la Nation aient pu débattre jusqu'au bout», a-t-il prévenu.
Hubert Julien-Laferrière, élu depuis juin 2017, reste toutefois dans un premier temps «apparenté LREM» à l'Assemblée, selon son entourage. Il a fait savoir qu'il ne voterait «pas les motions de censure car chacune des oppositions aura également fortement contribué à ce discrédit». Quant à son départ du mouvement LREM, son entourage a fait savoir à l'AFP que le député «se laissait le temps de la réflexion».
L'usage du 49.3 va attiser les tensions et aboutir à l'adoption d'une loi capitale sans vote
Dans un communiqué transmis à l'AFP, Delphine Bagarry, a elle aussi annoncé son départ du groupe majoritaire, expliquant notamment qu'elle ne se retrouvait pas «dans la méthode du gouvernement et l'utilisation inappropriée du 49.3». Elle siégera dans un premier temps parmi les non-inscrits.
Cette élue de l'aile gauche, membre du collectif social démocrate, déplore notamment que «l'enchaînement et la multiplicité des réformes précipitées ne laissent pas le temps de la concertation et obligent le recours aux ordonnances ou au 49.3 qui confèrent à l'exécutif une mainmise écartant de fait les parlementaires et les citoyen∙ne∙s de toute discussion ou amélioration».
Médecin de profession et membre de la commission des Affaires sociales, cette élue avait co-signé récemment une tribune pour s'opposer par avance au recours au 49.3.
Depuis l'annonce par le gouvernement du recours au 49.3 pour faire adopter son projet de réforme des retraites, le sénateur des Bouches-du-Rhône Michel Amiel a annoncé son départ du parti de la majorité, tandis que les permanences de campagne d'Edouard Philippe au Havre et du ministre Gérald Darmanin à Tourcoing ont été dégradées.
Le groupe macroniste a prononcé trois exclusions depuis le début de la législature et enregistré désormais une douzaine de départs volontaires, sur fond de conflits sur la ligne de LREM ou de désaccord pour les municipales. S'y ajoutent plusieurs passages de membres à part entière à apparentés.
Avec le départ plein et entier de Delphine Bagarry du groupe LREM, les effectifs tombent à 298, alors que la majorité absolue est à 289 sièges. Mais en comptant l'allié du MoDem et ses 46 députés, la majorité peut s'appuyer sur 344 élus sur 577.
Le 1er mars, c'était le sénateur marcheur Michel Amiel qui avait quitté les rangs du parti présidentiel à la chambre haute. Il évoquait notamment «une profonde déception d'un certain nombre de choses», et particulièrement l'emploi du 49.3 par le gouvernement.
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