15/03/2020 dedefensa.org  8 min #170370

Un an après le deuxième crash du 737 Max, Boeing au bord de la ruine

La référence-Boeing de l'effondrement

 Ouverture libre

La grande société aérospatiale Boeing, la première du monde par sa puissance, par sa surface financière, par ses activités tant civiles que militaires, par sa puissance à l'exportation (la première des USA), se trouve, comme l'écrit "The Moon of Alabama"(Texte ci-dessous, traduit par  Le Sakerfrancophone), « au bord de la faillite ». L'impensable ("unthinkable") peut désormais être écrit en toutes lettres. La chute de ce conglomérat qui est une des plus grandes réussites de l'industrie américaniste, et dont la production est toujours à la pointe des nécessités du marché, n'est donc pas une question de conjoncture, de circonstances de marchés. Elle doit tout à son comportement intérieur, à la perte complète de toutes les vertus qui ont justifié sa réussite :

• une gestion catastrophique, passée de l'ingénieurerie et de la conception des machines volantes à l'"art"-bidon de la finance, la pratique des magouilles et escroqueries, l'invasion de la société et de tout le domaine de transport aérien par l'esprit de Wall Street dans une perspective d'effondrement ;
• une corruption complète, tant de ses fournisseurs et de ses juges des capacités de ses produits, que de la société elle-même par elle-même ;
• une arrogance sans limites ni bornes raisonnables, un véritable hybris transformé en une certaine façon de se voir au-dessus de tous (tous ses concurrents, toutes les autorités, toute sa clientèle, toute sa production).
• En un mot, Boeing, de ce qu'il fut principalement jusqu'aux années 1980 au moment où commença sa dégradation du fait de l'arrivée d'Airbus comme prétendant à la concurrence au plus haut niveau, qui n'a cessé de chuter ensuite dans sa structure psychologique et morale, en est arrivé à une parfaite représentation de l'Amérique en cours d'effondrement pour l'industrie aérospatiale ; Boeing représentant sans aucun doute le principal des "bijoux de la famille", fabriquant de produits finis d'une superbe puissance technologique, diamant éblouissant de la couronne d'hyperpuissance dont les USA avaient pris l'habitude de se ceindre.

C'est donc tout cela qui est parti sur le chemin de l'effondrement. Le texte de MoA nous donne l'occasion d'aborder la crise-Boeing en fournissant les dernières trouvailles catastrophiques des investigations sur la situation de Boeing, et notamment ses catastrophiques manœuvres financières. On, pourrait dire que Boeing est frappé d'une pandémie, puisque l'on parle tant de cela et que Boeing, par son inimaginable ampleur d'une puissance autant extérieure qu'intérieure, est véritablement globalisé. Sa pandémie est caractérisée par une véritable addiction à des pratiques catastrophiques, sans aucune capacité de mise en cause, d'autocritique. Depuis exactement un an où s'est produit le deuxième crash du 737Max, et où la crise a commencé, non seulement rien n'a changé dans l'esprit de la direction mais tout s'est aggravé et les méthodes corrompues et faussaires n'ont fait qu'être poursuivies sans la moindre correction, mais bien au contraire en les accentuant, - surpuissance-autodestruction, comme on s'en doute...

Il s'ensuit par conséquent que tout semble se mettre en place pour l'effondrement définitif de Boeing, ce qui constituerait un événement économique, technologique, commercial, financier, - et surtout un événement symbolique terrible et catastrophique.

Ce qui est remarquable avec le cas-Boeing, c'est,
d'une part sa similitude d'évolution presque à l'identique avec les Etats-Unis américanistes, dans les activités de la corruption, du simulacre, de l'hybris d'une sorte de certitude d'hyperpuissance renvoyant aux  caractères psychologiques spécifiques de l'américanisme, de l'inculpabilité et de l'indéfectibilité, du technologisme poussé jusqu'à sa décadence catastrophique, de la financiarisation poussée à l'extrême catastrophique du pourrissement, etc. ;
d'autre part, le fait que la venue à maturité de cette crise, après avoir éclaté il y a un ans, avoir subi diverses tentatives d'obstruction, de dissimulation, se réalise au moment où la crise Covid-19 arrive à maturité dans les pays du  bloc-BAO et déclenche d'autres crises considérables, dont particulièrement celle des transports aériens qui concerne par conséquent, particulièrement Boeing, et rend encore plus aléatoire un très improbable rétablissement en faisant là aussi de Boeing la référence d'une autre crise du type sectoriel.

De cette façon, la crise de Boeing, sa possible disparition désormais envisageable, se place dans un contexte catastrophique extraordinaire et peut désormais être considérée à la fois comme un symbole et comme une référence dans le cadre de ce que nous jugeons être la Grande Crise d'Effondrement du Système (GCES), donc symbole et référence de la CGES elle-même.

(Il faut ajouter pour disposer d'un dossier plus complet mais sanbs réelle surprise, que les performances de Boeing en matière militaire sont également très problématiques. Les aventures du nouveau ravitailleur en vol Boeing KC-46A Pegasus [quatre ans de retard depuis sa sélection en 2011] sont  tout simplement surréalistes en raison du laisser-aller et de l'amateurisme dans la fabrication de l'avion qu'elles impliquent, comme ont pu le constater les équipes de l'USAF à la réception récente des deux premiers exemplaires.)

La question qui se pose aujourd'hui, désormais d'une façon très rationnelle, est donc bien celle de la survie de Boeing, dont il est de plus en plus probable qu'elle ne pourrait se faire qu'au travers de l'intervention du gouvernement fédéral, dans des conditions très complexes pour les USA où l'idée même de nationalisation est absolument inenvisageable. C'est dire si nous pouvons reprendre ce que nous écrivions le  23 janvier 2020 en aggravant encore la conclusion en fonction de l'extrême gravité, non seulement de la situation de Boeing, mais de la situation des USA et de la situation du Système :

« Cette "solitude de Boeing", qui répond à sa responsabilité dans la situation où ses pratiques irresponsables l'ont mise, se mesure essentiellement au risque que la crise fait courir à l'économie de l'américanisme. Comme nous l'avons déjà rappelé, le facteur psychologique est essentiel, dans ce cas par un effet d'entraînement catastrophique ; non seulement la masse brute en crise du géant industriel qu'est Boeing interfère sur cette situation économique et bien entendu sur les exportations, mais également la dynamique et l'effet catastrophique d'entraînement en cas d'aggravation de la situation. Dans notre citation de ce rappel que nous faisions en  mars 2019, il y avait l'évocation d'un précédent que l'histoire officielle ignore généralement :
» "Or, il ne s'agit pas que de Boeing, il s'agit de bien plus que de Boeing...
» "Un rappel d'abord, selon cet axiome qui nous gouverne, selon lequel il faut tenir compte de tous les facteurs, y compris et même d'abord, avant tous les autres, du facteur psychologique. Dans un des textes de la rubrique 'Glossaire.dde' sur le moment historique fondamental selon nous du '  Trou noir du XXème siècle' (1945-1948), nous avons rapporté comment en 1946-1948, l'industrie aéronautique US avait failli s'effondrer, comment elle avait été sauvée de justesse par le gouvernement US et ses commandes militaires après l'interprétation-simulacre par l'américanisme, par Forrestal (Pentagone) et par Marshall (département d'Etat) du "coup de Prague" du 27 février 1948. L'intervention gouvernementale, bien entendu complètement en opposition aux pratiques capitalistes, - What else ? -fut accomplie pour la raison essentielle que cet effondrement imminent de l'industrie aéronautique risquait d'entraîner les USA dans une nouvelle Grande Dépression essentiellement par l'effet psychologique. L'enjeu est considérable et de cet ordre, aujourd'hui avec Boeing, - beaucoup plus psychologique, presque magique si l'on évoque la puissance et l'écho du nom de Boeing, que par les simples calculettes et graphiques des comptables-économistes."
» Aujourd'hui, la situation est bien entendu complètement différente (l'industrie aérospatiale s'est intégrée en un très petit nombre d'entités, dont les deux géants Boeing et Lockheed-Martin). Il n'est pas dit que la puissance publique pourrait intervenir de la même façon, ni qu'elle le pourrait par ses moyens propres, ni qu'elle y parviendrait dans l'imbroglio ainsi créé : si le programme 737 Max est réellement pourri, rien ne pourra le sauver au stade de développement où il en est, et si le programme 737 Max s'effondre il sera très difficile de sauver Boeing... Au reste et d'ici là, selon ce scénario-catastrophe, la situation catastrophique sera passée de Boeing seul à l'ensemble de l'industrie, c'est-à-dire de l'économie du système de l'américanisme. »

Ci-dessous, le constat fait par  The Moon of Alabama (traduction du  Sakerfrancophone) de la situation actuelle de Boeing...

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