24/03/2020 telex.ovh  27min #170911

L'inattendu nous guette

On a pu voir que la vraie nature de la dictature est l'incompétence. J'ai longtemps cherché à la définir avec le maximum de justesse, et nous y voilà.

Assaillie par un désir de dissimuler son incompétence, le totalitarisme consiste à faire tout son possible pour faire prévaloir son opinion médiocre et son inhumanité comme étant des opinions brillantes emplies d'humanisme.

Il se produit à l'origine qu'une véritable culture du pouvoir s'est établie "depuis les époques obscures" qui a la caractéristique de croire qu'elle va tout perdre si on détecte la moindre faille dans son raisonnement. La menace sous-jacente à ce comportement est un système social basé sur la loi du plus fort, dans lequel, si on perd tout, on se retrouve à la rue, notre femme nous quitte avec les gosses, et les amis d'hier se mettent tous en même temps à nous cracher au visage. Toute cette logique circulaire est auto-entretenue, puisque pour éviter ce drame il faut sans cesse en faire toujours plus, sans cesse innover, et affilier cette idée avec celle du progrès. C'est "marche ou crève".

Jamais par exemple un politicien ne prononce la phrase "oups, je me suis trompé", ou encore "si quelqu'un a une meilleure idée, qu'il le dise". Non, il faut toujours être le premier, le meilleur, le plus fort, et construire la préconception selon laquelle on peut se fier aveuglément à tout ce qui est dit, sans réfléchir, et sans avoir l'outrecuidance de le contredire. Il n'existe aucune méthode au monde pour faire plus d'erreurs.

*

La disempathie au pouvoir

La gestion de la crise du covirus OGM (bientôt je ne serai plus le seul à l'appeler par son vrai nom) a mis en exergue cette indubitable incompétence. Cette incompétence n'est rendue possible que par le très grave caractère psychopathologique qui accompagne automatiquement le comportement qui consiste à avoir une crainte irrationnelle de la défaillance (ce qui, comme je l'ai dit, provoque une rétroaction sur les causes de cette crainte en contribuant à rendre le monde encore plus sévère envers les défaillances), et que je nomme la disempathie.

Cette disempathie est un puissant bloquant pour l'intelligence. À aucun moment, les pouvoirs publics n'ont fait l'exercice mental de se mettre en situation de sous-peser leurs propres décisions, ni même de se demander si elles étaient suffisantes, raisonnables, ou encore exhaustives. On parle de catastrophe scientifique (1). Il faut dire que toute la politique n'est pas du tout basée sur la science : les lois sont inventées de têtes, jugées mentalement, et leur impact n'est aucunement mesuré.

En réalité, plusieurs analystes en sont arrivés à la même conclusion selon laquelle les mesures prises étaient dignes du moyen-âge : "face à un problème du vingt et unième siècle, on propose des solutions du seizième". C'est limite s'ils n'ont pas recommandé des saignées publiques pour chasser le diable. Ceci on peut le constater par le fait que la seule et unique mesure prise a été "le confinement", puis le confinement encore plus strict", puis "encore plus de confinement". Comme au moyen-âge, on a l'impression qu'ils cherchent juste à se débarrasser du problème vite fait. Pourtant, le confinement sans le dépistage et sans les moyens pour les hôpitaux, ne conduit qu'à retarder la pandémie.

Dans le même temps, les médecins - dont un de renommée mondiale, directement conseiller présidentiel - qui proposaient des solutions simples et peu onéreuses ont été traités comme des dissidents qui osaient s'en prendre à l'autorité de l'état. À un moment où Greta Thunberg expliquait qu'il ne fallait pas l'écouter elle, mais ce que disent les scientifiques, on s'aperçoit qu'elle avait fait une fine analyse de la situation (même s'il m'en coûte de l'admettre, car il restait encore la question de savoir si ces scientifiques n'étaient pas eux-mêmes corrompus).

La réaction de l'état a été d'interdire le médicament en prônant un paternalisme protecteur qui évite aux abrutis qui veulent s'auto-médicamenter de faire n'importe quoi. Et ceci alors que la législation est déjà très suffisante pour empêcher justement de faire "n'importe quoi". À ce stade on s'est demandés si le plan n'allait pas consister à imposer la fameuse vaccination obligatoire qui les démange tant depuis tant d'années, malgré l'opposition des hommes de raison, qui savent à quel point il est aberrant d'imposer le même médicament à tout le monde sans distinction, et encore plus quand on n'en na pas besoin. Surtout que ce n'est même pas un médicament mais l'inverse, une surdose de pathologies diverses sensées "vivifier" les défenses immunitaires ! N'est-ce pas de la barbarie ? Et quant au fait de l'imposer par la force, n'est-ce pas de la folie ? Ou alors si cela n'en est pas, ne se peut-il pas que cela soit dans un but encore plus sombre ? (2)

Pendant ce temps les médias subventionnés diffusaient en boucle les recommandations gouvernementales, qui se résument par le dégoûtant comportement : "éternuez dans votre coude" ! Je suis choqué !! Il ne faut surtout pas faire cela ! En tant que Monk de maniaquerie, je dis que le mieux est d'éternuer dans un mouchoir, toujours prêt à être dégainé ; il est même possible de se retenir d'éternuer. Le conseil serait alors "emportez toujours des mouchoirs avec vous" ! Si on met sa morve sur sa veste, elle va contaminer tout ce qu'elle touchera.

Outre ces conseils, des dizaines d'autres n'ont pas été donnés, que la répétition des premiers occulte allègrement. Même là ils arrivent à être mauvais. Heureusement que les gens ont un cerveau, et qu'ils pensent par eux-mêmes à éviter les contacts physiques, ne pas jeter les mouchoirs par terre, faire bouillir l'eau du robinet, se couper les cheveux, éviter de se toucher le visage (car le virus ne rentre que par là), ouvrir les portes avec les pieds, appuyer sur les boutons avec un stylo, arrêter de fumer pour augmenter ses défenses immunitaires, prendre des tisanes détoxifiantes de thym, vigne rouge, tilleul, verveine (etc.), bien dormir, éviter la fatigue et de prendre froid, bien s'alimenter avec des produits frais, bio et locaux, ne plus manger de viande, bien faire le ménage chez soi (car le virus abime les défenses immunitaires et c'est de ça qu'on est atteint ensuite), se laver plus régulièrement, mains que ses animaux de compagnie, etc etc...

Mais il ne sert à rien de tout énumérer, ce qui compte est que l'intelligence collective ajoute à chaque fois de nouvelles astuces, qui doivent être à leur tour partagées collectivement. Un tel site web ne coûterait qu'une journée de travail à mettre en place par le gouvernement. De même il permettrait de recenser les malades, comme cela a été fait au Venezuela. Mais pas en France est un pays arriéré.

Par-dessus cela, aucun dépistage n'a été mis en place, aucun moyen matériel n'a été activé (3), et après la destruction de millions de masques de protection jugés inutiles (en France comme en Belgique), il a fallu que des associations fabriquent bénévolement des masques en tissu. (4)

*

Bon, bref.

Et dans ce cafouillage de portée historique, faisant dire aux derniers qui rechignaient encore que le capitalisme et son idéologie prédatrice avait assez duré, il s'est passé quelque chose d'extraordinaire.

Il s'est arrêté de faire un temps de chiottes !

L'air est devenu aussi léger qu'à la montagne. On peutt voir les étoiles la nuit. Dans les parcs, la vie reprend son souffle, et les oiseaux, les lapins, s'extasient du silence des rues abandonnées. Cette année, après des années à le pleurer, personne n'est (encore) venu tondre les jolies fleurs blanches de la pelouse verte et humide, laissant place à un green de golf qui, chaque années, se dégrade ensuite en terrain vague et boueux, et cela sans que personne n'établisse le lien entre les deux !

Le silence de la grande avenue à côté de chez moi est comme une saison enchantée du mois d'août. C'est un prémisse du jour prochain où les moteurs électriques finiront pas remplacer ce vacarme quotidien qu'on doit subir chaque jour.

Mais ce qu'il y a de plus probant est à quel point la nature, la météo, et l'air qu'on respire (5) sont impactés par l'activité capitaliste quotidienne. Jusqu'ici on n'avait aucun point de comparaison, si ce n'est le souvenir lointain que quand j'étais petit, au printemps, il faisait beau et il n'y avait aucun nuage dans le ciel. Aujourd'hui ce temps est révolu, et si un matin promet du beau temps, très vite ça tourne à la grisaille traditionnelle. Mais depuis que tout le monde a tout arrêté, il fait beau toute la journée, jusqu'au soir, et jusqu'à la nuit.

Ce qui se passe de plus probant, est surtout que sans l'homme, la nature se porte mieux !

C'est comme si un invité désagréable, bruyant, insistant, puant, à qui vous n'osiez pas demander de partir, était enfin parti de lui-même. Le moment de paix qui en résulte n'a d'égal que la promesse que cette paix puisse continuer. On ressent un grand soulagement à ce moment-là. Il ne reste plus qu'à faire un grand ménage pour se réapproprier les lieux, et on peut enfin reprendre possession de son propre cerveau.

Ceci, est ce que la nature pense de l'humain.
Un ami dont on peut se passer facilement.

Ce silence, cette paix, ces oiseaux qui chantent, ne font que de dire à l'humanité le poids qu'elle pèse sur la nature, et à quel point elle mérite ce qui lui arrive. C'est la nature de la logique. Tout se tient.

*
La barbarie de ces hommes fous et excités, délirants et irréfléchis, pressés et inconsistants, dangereusement et aveuglément ignorants, est rendu visible par leur absence.

On peut craindre, à raison, que les barbares ne profitent de la situation pour habituer les gens à encore plus de barbarie. (6) Mais dans le même temps... comment dire... il fait beau !!

Ils ont beau promouvoir une solidarité factice qui a pour effet de complimenter les esclaves, cette solidarité, l'implication dans la vie politique, et l'opinion des gens ils n'en ont rien à faire. Par contre la nature elle, réagit immédiatement, et de façon palpable, mesurable. C'est à dire que nos actes sont récompensés, pour la première fois de vie d'humain, par des effets immédiats et constatables de façon unanime ! Il n'en faut pas moins pour "conditionner" les comportements de sorte qu'ils apprennent, par l'expérience, ce qu'il est bon de faire. Ce que la dictature s'efforce de faire depuis des décades, à coup de millions et milliards investis dans la publicité mensongère, la nature le fait en deux jours !

À ce stade on est surpris par l'envie de voir l'isolement général continuer, pour enfin pouvoir profiter du soleil, respirer un air pur, boire de l'eau claire (on pensait qu'en cas d'effondrement elle ne serait plus potable, mais au contraire elle l'est encore plus !), et de voir la nature reprendre vie, avec une force renouvelée.

On se dit, et si enfin on arrêtait de raser les forêts, d'exterminer les biotopes, et si enfin on laissait les poissons revenir dans les rivières et les océans ?

Même les plus acharnés des capitalistes n'ont jamais pensé à "capitaliser" avec une telle efficacité.
(note : ou peut-être que si, mais c'est une autre question)

Et pourtant que s'est-il passé ? Ce n'est pas comme si tout le monde était mort. C'est plutôt comme si, soudainement et simultanément, tout le monde avait prit conscience que la chose la plus intelligente à faire était celle préconisée par une toute petite poignée de personnes à peine audibles dans la foule et le brouillard informatif : le fait de vivre sobrement. L'importance d'une telle recommandation, qui elle-même est sobre, est pourtant d'ampleur paradigmatique. Il n'est pas besoin d'être bien instruit pour le comprendre.

Au lieu de manger à midi dans des restaurants, le travailleur, qui n'avaient jamais osé le demander à leur employeur de peur de passer pour un idiot, travaille chez lui, et se contente d'une boite de sardine avec quelques biscottes, pour à peine un euro ! Au lieu de se taper le métro tous les jours pour aller à l'autre bout de la ville, croisant des travailleurs qui font le même métier mais le chemin inverse, il a le temps de bien se réveiller et se préparer le matin, sobrement et tranquillement. Je suis certain qu'on pourra noter une vraie croissance dans la qualité du travail qui donnera envie à certains de ne plus revenir en arrière. Les habitations doivent être repensées ! Ce seront aussi des lieux de travail.

Quelle économie !!

Et au lieu de vivre de façon effrénée, éreintante, de subir la crispation des relations non désirées, et de bouillir au milieu de toute cette violence, les gens réapprennent à prendre le temps de respirer. Même si ce n'est pas vraiment mon cas, beaucoup se retrouve à s'ennuyer. Ils peuvent, après avoir épluché les dernières séries débiles, ouvrir des livres, s'instruire, acquérir de nouvelles compétences. Ils peuvent s'adonner à des passions, du bricolage, et mettre en ordre tout ce qui attendait qu'on s'en occupe. Ils peuvent progresser, et cela est nouveau, découvrir et savourer le temps de vivre. Qu'y a-t-il de plus profitable ?

*

Mais je veux revenir encore un peu sur ce thème de la barbarie, tel qu'il m'a été inspiré par cet article de Slavoj Zizek dont j'ai parlé (6).

Il se passe que le recul prit sur les politiciens n'a jamais été aussi flagrant. C'est comme s'ils s'étaient envolés dans leur bulle de marécage mental très loin dans le ciel jusqu'au moment où leurs voix se sont éteintes à tout jamais ; emportant avec eux leurs crispations ridicules et leur frénésie psychotique.

Nous nous retrouvons du côté de la nature, qui souffle et dit "Ouf !, ça y est, enfin un peu de calme !".

De même que pour définir la dictature, par l'incompétence dissimulée par l'art de la persuasion (à coups de bottes s'il le faut), la barbarie n'est pas non plus une chose du passé. Je l'ai personnellement constatée en subissant les certitudes irrationnelles qui ont accompagnées la naissance de l'informatique, qui aujourd'hui encore est "naissante". Cette nouvelle discipline, qui est entre les mathématiques et l'ingénierie, qui demande du calme et du recul, a été meurtrie par des pratiques du siècle dernier de "division des tâches", de recherche du rendement au point de tout perdre en "agilité" - mais on a quand même appelé cela comme ça - conduisant, pour ce qui concerne la France, à devenir un des pays les plus attardés en terme d'innovation. Simplement parce que rien de bon n'est sensé venir d'en bas, dans l'esprit des dirigeants, qui se veulent sérieux.

Les hommes d'aujourd'hui ne sont pas moins barbares qu'à l'époque moyenâgeuse ou préhistorique, même s'il y a plus de choses qui vont sans dire, comme de ne pas cracher dans la maison ou d'éternuer à la figure des autres, il en reste pas mal pour lesquelles l'incertitude conduit à des comportements qui sont parfaitement assimilables à de la violence.

"Ainsi vont ensemble l'ignorance et la persuasion, l'imprécision et la détermination, l'évidence et la croyance, et à chaque fois on est confrontés au même et unique problème, le fait que les gens parlent sans savoir, sans vérifier, en supposant que ce qui fonde leur pensée est rigide et acquit, alors qu'il est totalement évasif, indescriptible, et incertain", (disai-je).

L'illustre Slavoj Zizek ajoute :

Plus qu'une barbarie ouverte, je crains une barbarie à visage humain - des mesures de survie impitoyables appliquées avec regret et même avec sympathie, mais légitimées par des opinions d'experts.

Cela, on a pu le constater depuis longtemps avec les arguments policiers, véhiculés par les politiciens, qui viennent comme en renfort à la bêtise humaine, de sorte à la rendre indomptable. Il y a des choses qui sont tellement simples à expliquer, mais tellement redoutées à entendre. Et "le visage humain" dont il parle est celui de ce qui est factice dans l'art de la persuasion. Il ne s'agit jamais que de reprendre les arguments qui rêvent d'être entendus, et de les tourner à une sauce autoritaire, mais avec une autorité douce et suave, comme le ferait un grand-maître d'arts martiaux empli de sagesse. Il faut beaucoup souffrir et subir de douleur pour finir par se rendre compte que parfois, à une virgule près, on peut vouloir dire deux choses complètement opposées. Les gens ignorent cela, et les hommes de pouvoir profitent de cette faille autant qu'ils le peuvent.

Tout ce que j'écris ici est tourné vers cette idée qui consiste à recevoir des leçons. Il y a les leçons qu'on reçoit par la force médiatique, qui veulent nous contaminer moralement, nous "instruire", et nous conditionner lentement à déléguer notre sens du discernement à une autorité compétente, et il y a les vraies leçons, qui sont celles qui accompagnent inéluctablement ces actes de barbarie. C'est à dire qu'ils ne peuvent pas, même en étant les plus malins du monde, aller contre la logique des choses. La barbarie ne peut avoir lieu qu'une fois, avant d'être dénoncée comme telle.

Et précisément ce qui se joue actuellement sur Terre, est le moment où les humains font face à leur destinée, qui jusqu'ici était seulement une vague impression d'être sur des rails bien tracés allant tout droit vers la félicité éternelle, alors que soudain on se rend compte qu'il y a des choix, et des issues complètement différentes selon ces choix. Et qu'on peut en mesurer la différence. Les mauvais choix conduiront aux bon, inéluctablement, mais à un moment il vaut mieux faire directement les bons ; surtout quand l'horloge de l'apocalypse tourne aussi vite.

Il y a un moment où les humains, collectivement, doivent commettre un acte libre, délibéré et simultané. C'est ce que veut la nature des choses, c'est ce qui est inéluctable. C'est ce qui fait l'histoire, et c'est ce qui fait la différence entre avancer, ou replonger dans encore quelques centaines d'années de leçons de souffrance, histoire de voir si vous avez bien compris.

*

Il existe des normes morales qui sont universelles, parce qu'elles sont valables en tous points de l'univers, et correspondent au fonctionnement des choses elles-mêmes, aussi bien au niveau de la biologie, que de l'écologie ou la neurologie et la psychologie. Ces normes régissent, en tant que loi de l'univers aussi inéluctables que la gravitation ou l'oxydation, aussi bien les groupes sociaux humains. Du moins, dès que ceux-ci s'en éloignent, la nature des choses ne tarde jamais à le leur faire savoir.

Cela devrait être la première et principale occupation des humains, que de comprendre ces lois de l'univers moral.

À l'âge primitif de la barbarie, elles ne sont expérimentées que par tâtonnements dans le noir, en faisant à peu près tout et n'importe quoi jusqu'à ce qu'on se cogne dessus. Il en découle des disputes entre les gens, des guerres, mais la cause réelle ce sont ces lois, qui sont insurpassables. Elles sont en nous, il suffit de les interroger pour les découvrir.

Tout dans la nature, dans le monde, dans l'esprit et dans la pensée, n'est que relations. La matière n'est que relations. On peut s'échiner à calculer les atomes et les particules, mais c'est leur configuration géométrique qui fait leur chimie. On peut mettre différents ingrédients sur la table et les promouvoir, mais c'est le cuisiner qui saura en faire un bon plat ou un dégueulis.

On croit tout savoir, mais l'inattendu ne tarde jamais à surgir pour nous enrichir encore plus. La seule vraie connaissance qui vaille, est la conscience de l'inconnaissance. La seule vanité qui vaille, est la modestie.

Dans tout échange, se crée d'autres liens en plus de celui qu'on crée. C'est normal qu'il en soit ainsi, car tout fait partie d'un tout plus vaste, puis d'en autre encore plus vaste et ainsi de suite. On ne peut pas en venir à bout. On ne peut que chercher à agir de manière juste, et prier pour que cela tienne.

Confrontée à un événement d'ampleur historique et pourtant inopiné, l'humanité découvre certaines de ces lois. Ce n'étaient que des dires jusque là, mais ce sont devenus des faits. Chacun peut avoir un impact décisif sur l'ensemble de l'humanité. Par réplication, un virus montre le chemin parcouru par une idée. Dans ce monde il ne faut pas moins de trois semaines pour que cette idée fasse le tour du monde. Et par contamination, elle peut embraser, à la manière d'une [de ces fameuses] réactions en chaîne, toute la planète.

La tableau dégagé par des rues désertes et un silence mental fraîchement retrouvé, montre un monde dans lequel toutes les voies pour la circulation des idées étaient densément enchevêtrées, au point de constituer une sorte d'éponge où elles se noyaient et disparaissaient.

Une telle focalisation sur la responsabilité individuelle, aussi nécessaire soit-elle, fonctionne comme une idéologie lorsqu'elle sert à obscurcir la grande question de savoir comment changer l'ensemble de notre système économique et social.

Toutes les tractations, les échanges, les communications, ont besoin d'un environnement sain pour pouvoir aboutir pleinement. Dans un monde où les canaux sont libérés de ces freins forgés par la confusion, le bruit, les interférences et les perturbations, n'obtienne que les leçons produits par leurs actes, c'est à dire aucune, s'ils sont sans cesse empêchés. Comment savoir si on a raison ? Comment mesurer les conséquences de ses actes et de ses dires, s'ils ne cessent de se heurter au bruit ? Comment acquérir un sens des responsabilités s'il n'y a aucune différence entre une grave erreur, de la stupidité ou une infinie sagesse ?

La responsabilité individuelle dont l'auteur parle ici est celle du fait que ce brouillard-tampon est produit par nous-mêmes, les humains, qui dans le brouhaha quotidien ne cessent de hausser la voix, faisant s'éteindre les idées salvatrices qui pourtant auraient pu nous sauver. C'est de notre faute collectivement si notre voix ne porte pas.

Là encore, il s'agit de faire un appel à la sobriété.

Car ainsi, si le champ est laissé libre, celui qui s'avancera prendra l'entière responsabilité de ses actes, et pourra en mesurer les conséquences de façon à ce que cela lui serve à progresser. Dans le même temps, il ne devra rencontrer que des personnes qui lui offrent cette possibilité. Il ne pourra qu'être conscient de cela, et devra à son tour faire de même avec les autres.

Et là encore une grande leçon tombe du ciel, la norme morale universelle de la réciprocité. On s'aperçoit alors que la liberté, cette fameuse liberté que les guerriers sont si prompts à brandir comme une arme, dans sa vraie nature, consiste en ce qu'on concède aux autres. La liberté est la concession de la liberté offerte par le corps social. La liberté n'est que ce que chacun de nous permet aux autres d'avoir. La liberté est une question de responsabilité. S'il faut en faire un bon usage, c'est parce qu'elle coûte cher à obtenir.

*

Quand on parle de la nature, et de ce qui est "naturel", on parle finalement de ce qui est logique en considération des lois de la nature, et des lois universelles, et cela même si on les ignore ou si on a du mal à les isoler en tant que qu'entités strictes. On peut en revanche en connaître, par expérience ou par affinité, certaines mixtures, ou combinaisons, et devenir capables de prévoir des conséquences, et cela toujours en en ignorant la plupart.

La grande question du méchant virus qui envahit le monde, est celle du rapport de l'homme à la nature. On la voit briller de mille feux quand l'homme arrête de l'empoisonner. Les conséquences de nos actes ne sont font pas attendre quand on traite avec la nature. Et elle semble tenir à nous informer de la manière la plus claire prompte possible de ces conséquences. Dans un sens, oui, elle nous parle.

Cette nature n'est pas logée quand dans les feuillages et les oiseaux, le ciel bleu et l'eau claire. Elle est logée dans les groupes sociaux humains organisés de la façon qu'ils souhaitent. Et en réalité que le fameux covirus OGM soit disséminé volontairement ne change rien à la nature des choses : nous ne faisons que subir les conséquences de nos actes, y compris de nos non-actes, c'est à dire de nos manquements.

C'est "la nature" qui s'exprime. Ce n'est que de la logique. Une société aussi putréfiée ne peut engendrer que des catastrophes. Les feuillages et les oiseaux s'en moquent, ils reviendront après s'il le faut. Ce qui est réellement agissant sur les comportements humains, c'est "la pression du milieu". L'humanité ne flotte pas dans le vide de l'espace sans contact avec rien. Elle ne peut pas faire ce qu'elle veut. Elle ne peut faire que ce qui est juste. Et si elle ne le fait pas, elle en subit les conséquences, qui sont comme des leçons pour apprendre à savoir ce qui est juste.

Et même quand cette "leçon" est assénée, elle semble l'être avec une douceur et une sympathie qui frise l'ironie. Ce n'est pas Zeus qui envoie la foudre de sa colère, c'est plutôt une démonstration brillante, pleine de sens et qui nous plonge dans un abime de perplexité :

"À seulement deux mois de réduction des niveaux de pollution, il dit que cela a probablement sauvé la vie de 4 000 enfants de moins de cinq ans et 73 000 adultes de plus de 70 ans en Chine seulement."

C'est à dire qu'avec nos conneries, il s'est produit que plus de vies que jamais auparavant auront été sauvées.

Voilà qui remet les choses à leur place. Tout aussi bien, une des conséquences inattendues aurait pu être d'engendrer une multiplication phénoménale de la destruction et de la mort. Telle la montagne qui enseveli celui qui, une seconde, se croit invincible, "la nature" aurait aussi bien pu décider que cette connerie, fusse la dernière.

Au lieu de cela, elle nous dit que, sans faire exprès, nous avons découvert le poids de l'humanité.

*

Il ne s'agit nullement de "la connerie", le fond du sujet est du coup largement plus vaste, il s'agit de nous-mêmes. Elle n'a été qu'un élément déclencheur inopiné pour une prise de conscience largement plus phénoménale. Déjà depuis longtemps l'idée grouillait dans les esprits. Mais comme à chaque pallier évolutif elle se trouvait confrontée au plafond imposé par l'époque. Jusqu'au moment où ce plafond s'est brisé, et brusquement ces idées ont pu s'échapper, proliférer, et envahir tous les esprits. Elles sont devenues des évidences.

En premier, on peut remarquer que les événements ont été les prémisses de cette nouvelle époque qui s'ouvre désormais, où il est question de repenser sérieusement le modèle de société que nous avons suivi aveuglément, en ne faisant qu'ajouter du confort au confort, de la paresse à la paresse, de la facilité à la facilité, et de la puissance à la puissance. Car la façon dont "la leçon" nous a été assénée, est celle de la démonstration d'un principe pourtant fondamental, qui aurait même dû être le moteur de cette précédente époque, ce qu'elle a manqué de faire : j'ai nommé le principe de l'économie d'échelle.

Il y a des choses qui ne coûtent rien et qui constituent une immense richesse valable pour toute le monde. Dans sa définition la plus stricte, l'économie d'échelle est ce qui consiste à penser globalement, prioritairement au fait de penser à court-terme ou de façon individuelle. En effet par le principe de réplication (qui est une loi universelle) si tout le monde pense à court terme et de façon individuelle, au final plus personne ne peut le faire.

Voilà qui contredit franchement et radicalement les préceptes du capitalisme ; lui qui justement postulait, ou en fait spéculait, que "l'offre te la demande allaient s'équilibrer naturellement grâce à une main invisible du marché". Son discours était le suivant : "si chacun agit pour son propre bien, alors tout le monde ira bien". "Logique", se disaient-ils. Ben non, pas tant que cela. Ce n'était qu'une construction de la raison pour excuser des comportements objectivement immoraux.

Mais la réalité en a voulu autrement. Si on veut que chacun aille bien, il faudrait plutôt, peut-être, commencer par là.

Pourquoi s'imposer une étape intermédiaire ? Pourquoi promettre le bien de tous après avoir subi un présent défaillant, au lieu de directement planifier le bien de tous ? Pourquoi s'embêter avec une stratégie, qui ne fait que remettre son objectif à plus tard, alors que cela peut être obtenu ici et maintenant ? (Oh, il y a une raison à cette comédie, c'est que c'est comme ça que marche les choses, mais cela il faudra le découvrir de façon tangible.)

Bien sûr, cela n'était pas faisable à l'ancienne époque, pré-informatique, et non globalisée. Mais ce qui a changé est que maintenant c'est faisable. Et le simple fait que cela soit faisable, et ce sont les lois de la nature, fait que manquer de le faire constitue une faute grave. C'est l'évolution ! On ne peut y réchapper !

Je disais : "Une autre leçon reçue par la nature des faits, est de se poser collectivement la question de savoir comment opérer la satisfaction des besoins. Nous sommes à une époque, informatique, où on est sensés pouvoir faire cela. Alors, la nature tolère d'autant moins qu'on ne le fasse pas".

Reprenons Slavoj Zizekdit :

Nous devons apprendre à penser en dehors des cadres de la bourse et du profit et simplement trouver une autre façon de produire et d'allouer les ressources nécessaires.

Et voilà en peu de mot que tout est dit. La façon, la méthode, les raisons, la justification de l'allocation des ressources, c'est cela qui fait un système social. L'actuel consiste à confier cela un peu au hasard et au destin, à la concurrence, à la recherche du profit immédiat, à la corruption, etc... Mais si on se pose franchement la question du Comment, on peut trouver des réponses qui soient bien plus opérationnelles.

Si on désire la justice, équité sociale, honnêteté politique, reconnaissance des compétences, sens de l'utilité publique, alors on peut les obtenir. Il y a des méthodes pour cela, des principes, et des connaissances à acquérir et à mettre en œuvre. Tout ne sera pas facile, pas autant que de résoudre le problème en arrosant tout le monde de billets verts, mais moins périlleux, c'est sûr.

À mon sens, et je profite de l'instant pour glisser un conseil, ce dont souffre le système social actuel est une trop faible complexité, qui engendre en sorte de complexité qui n'est pas maîtrisable. Si au départ le système était mieux pensé et articulé, cela permettrait d'avoir un meilleur contrôle sur les leviers qui permettent de "régler la machine" pour qu'elle produise les effets escomptés [aujourd'hui les leviers sont les humains, dits "variable d'ajustement", qu'il faut parfois éradiquer pour économiser des retraites (8)]. Au final, ce qu'il est important de retenir, est que ces effets escomptés sont des émergences, et non pas des buts directs. Ils sont les produits de l'ensemble des sous-actions du système. Ce sont elles qui doivent être pensées et coordonnées pour produire les effets escomptés. Et au final, le système ne doit, un peu comme il l'a toujours été, pas être une source d'angoisse, mais plutôt un automatisme ; À la simple petite différence qu'il s'agit de garder un contrôle sur son fonctionnement. Et non pas "du pouvoir", mais "un contrôle" ; c'est largement plus puissant et décisif que le [ridicule] "pouvoir".

*

Je parlais d'économie d'échelle.

Parmi les richesses qui ont voulu être privatisées, il y a le savoir, la science, l'information. Même la culture et l'histoire, tombent sous la coupe de ce que veut ou pas le capitalisme. On cherche à breveter le vivant, de simples choses qui existent dans la nature, et hop, elles deviennent des propriétés privées qui engendrent des royalties si on les utilise, même par mégarde. Ils veulent privatiser l'eau, et peut-être même, après avoir tant pollué l'air, réserver celui qui est pur aux plus riches.

Des scientifiques se sont rebellés afin de s'assurer que leurs recherches "profitent à tout le monde", et non pas seulement à l'industrie dont ils relèvent. Auparavant Trump avait voulu racheter le laboratoire promis à trouver un vaccin (7) ; c'est à dire que le premier réflex de l'homme d'affaire, a d'abord été d'aller voir combien d'argent cela peut lui rapporter. Il faut comprendre que le domaine scientifique, par nature, s'adresse au bien de toute l'humanité dans son ensemble. Les traités sur l'Antarctique et sur l'Espace en font des lieux internationaux, qui sont voués à servir le bien de l'humanité (et il est bon de e rappeler au moment où on commence à militariser l'espace : c'est une violation).

La logique, les lois de la nature, les leçons de la nature des choses, sont comme je l'ai dit universels.

Et en réalité la démonstration produite par les événements est encore plus "cosmique" que ce qu'on peut croire : l'eau, l'air, la verdure et les animaux, ne sont aucunement dépendants du système social humain. Ils peuvent être impactés négativement puis se régénérer, mais n'en dépendent pas. Et pourtant, cela, comme la science, le savoir, les techniques, et la culture, sont simultanément les biens les plus précieux pour l'humanité, mais aussi ceux dont la gratuité est assurée par leur propre nature. En résumé, les choses qui ont le plus de valeur sont gratuites.

Jens Spahn, a déclaré que le rachat de CureVac par l'administration Trump était « hors de question » : CureVac ne développerait un vaccin « que pour le monde entier, pas pour les pays individuels »

Heureusement qu'il reste de vrais humains.

C''est à dire que le bénéfice pour tous surpasse les profits pour quelques uns. Cette fois-ci, c'est le Bien commun qui l'a emporté.

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Cette "croisée des chemins" a consisté à opposer un monde individualiste ayant des visées à court terme avec un monde unifié et ayant des vues à long terme. Il est logique en ce sens que leur préoccupation se porte d'abord sur ce qui produit la meilleure économie d'échelle, et en particulier sur le fait que, par un bienfaiteur hasard, ces choses relèvent de la gratuité, de l'abondance, mais aussi de celles qu'il faut soigner et protéger, et non plus considérer comme des acquis illimités. Cela nous plonge dans une certaine perplexité car comment diriger notre énergie vers ce qui ne produit pas de richesse individuelle, mesurable de façon comptable, mais seulement de façon palpable ?

On parle de communisme étymologique lorsqu'il s'agit de mettre en commun les énergies pour s'orienter collectivement vers des buts valables pour tous. Voilà comment ce mot a été galvaudé alors que son concept est pourtant vital et élémentaire. Ce n'est rien de moins que l'opposé du chaos et de la désorganisation :

Ce n'est pas une vision communiste utopique, c'est un communisme imposé par les nécessités de la simple survie. C'est malheureusement une version de ce qui, en Union soviétique en 1918, était appelé « communisme de guerre ».

D'autres auteurs en sont arrivés à la même conclusion.

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Pour conclure, vite fait, voilà comment "la nature" a donné raison aux écologistes, à ceux qui se soucient du bien commun, à l'abondance et au respect des normes morales.

Ce ne sont plus de choix politiques, tels qu'ils sont jugés comme des adversaires par les défenseurs du système injuste, ce n'est plus que du simple bon sens.

C'est à dire que le temps est révolu de pouvoir prétendre avoir été capable de le prévoir grâce à sa seule intelligence. Maintenant ce sont les faits qui le disent. Reste à savoir si tous ceux qui ont mis des bâtons dans les roues des premiers vont s'excuser et méditer sur leur comportement, ou s'il vont soudainnement se prétendre plus religieux que le pape ?

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(1)  « En matière d'information scientifique, la gestion de la crise actuelle a été un fiasco »

(2)  Manifestement, la science et la mafia politique ne poursuivent pas les mêmes objectifs

(3)  78 % des soignants déclarent manquer de masques Ffp2 la France n'a pas de stocks d'État !

(4)  Une petite entreprise textile de Lozère décide de fabriquer gratuitement des masques contre le Covid-19

(5)  La pollution cause 7 millions de morts par an dans le monde

(6)  La plus grande menace que pose l'épidémie de Covid-19 n'est pas notre régression vers la violence survivaliste, mais la barbarie à visage humain

(7)  Coronavirus: Trump a-t-il voulu faire main basse sur le projet de vaccin d'un laboratoire allemand ?

(8)  Covid-19: la stratégie de déni du Capital Atlantiste est vouée à l'échec

 telex.ovh