24/03/2020 europalestine.com  3 min #170914

Coronavirus : un Palestinien malade jeté comme un chien par l'armée israélienne

"J'ai eu l'impression de me retrouver dans un film d'horreur ». C'est en ces termes qu'Ibrahim Abou Safiya décrit l'instant où il a aperçu un homme se traînant au sol, à côté d'un check-point de l'armée israélienne à l'entrée du village de Beit Sira, un peu à l'ouest de Ramallah en Cisjordanie occupée.

"Nous nous sommes approchés de cette personne, qui était manifestement très malade", poursuit Abou Safiya, dont les propos sont rapportés par le site Middle East Eye.

"Il avait une très forte fièvre. Du mal à respirer et à faire le moindre mouvement », poursuit-il ».

Le malade en question est un ouvrier palestinien, originaire de Naplouse, qui travaille en Israël. Il raconte qu'après avoir souffert pendant 4 jours de symptômes évoquant une infection au coronavirus (covid-19), son employeur israélien a appelé l'armée, qui l'a arrêté, et balancé sans autre forme de procès du côté palestinien du check-point.

Pourtant, il y a quelques jours, Israël et l'Autorité Palestinienne ont conclu un accord, prévoyant la délivrance de permis de travail à plusieurs milliers d'ouvriers palestiniens -bien utiles à l'économie d'Israël en ces temps de coronavirus et confinements-, à la condition que ces travailleurs restent en Israël au moins un mois, ceci afin de réduire le risque épidémique dans les territoires palestiniens (bien moins affectés qu'Israël par le virus pour le moment).

Il était également entendu entre Israël et l'Autorité Palestinienne que de manière coordonnée entre les deux parties, chaque travailleur palestinien rentrant en Cisjordanie soit placé à l'isolement pendant deux semaines.

Mais le "largage" sans précaution aucune, de ce travailleur palestinien malade, par les soldats de l'apartheid, est extrêmement inquiétant, d'autant plus qu'un deuxième travailleur, selon des sources non vérifiées pour le moment de manière indiscutable, aurait été victime d'un traitement identique.

Un porte-paole de l'AP, interrogé par Middle East Eye, s'est voulu rassurant, affirmant que l'homme de Beit Sira avait été remis par Israël aux services sanitaires palestiniens dans les règles convenues. Ce qui est faux : l'homme s'est traîné au moins trois heures au sol avant l'arrivée d'une ambulance palestinienne sur les lieux de son calvaire.

"La scène à laquelle j'ai assisté était extrêmement choquante, mais quand on y réfléchit un peu, elle n'est pas étonnante ; c'est tous les jours que les forces d'occupation tuent les nôtres, coronavirus ou pas », commente Abou Safiya.

Les Palestiniens qui se portent volontaires pour aller travailler en Israël le font bien sûr en connaissance de cause, mais quel choix ont-ils ? C'est crever de faim et laisser ses proches crever de faim ou prendre le risque d'attraper la maladie.

"Aujourd'hui comme hier, les Israéliens nous traitent comme si nous étions leurs esclaves : ils nous utilisent quand ils ont besoin de nous, et quand c'est fini, ils nous jettent comme des déchets », conclut Ibrahim Abou Safyia.

 middleeasteye.net

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