25/03/2020 europalestine.com  4 min #170989

Coronavirus : Gaza appelle au secours

Les deux millions d'hommes, de femmes et d'enfants palestiniens du camp de concentration de Gaza sont totalement démunis face au risque du coronavirus, et leurs dirigeants en appellent à l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS, WHO) pour l'envoi d'urgence d'un minimum de matériels.


(Les deux fous dangereux en charge de la lutte anti-corona en Israël)

En droit, la responsabilité de la prise en charge des besoins sanitaires de cette population incombe sans discussion possible à Israël, qui reste puissance occupante de ce territoire, comme l'ont souligné de manière répétée des résolutions et déclarations de l'Organisation des Nations-Unies (ONU).

Mais l'Etat d'Israël, qui mène au contraire une campagne d'anéantissement du peuple palestinien depuis des décennies, ne fait évidemment rien.

On se demande d'ailleurs qui, au sein du gouvernement israélien, déciderait d'intervenir, quand la direction des opérations anti-coronavirus au niveau local se dispute entre deux fous dangereux : d'une part le Premier ministre Netanyahou, un politicien corrompu dont la seule motivation est de rester au pouvoir ; et d'autre part son « ministre de la Santé », Yaakov Litzman, un rabbin qui propose publiquement d'attendre sagement l'arrivée du Messie (avant la Pâque juive du 8 avril prochain, précise le saint homme !) lequel règlera tout le problème.

Et pour que les choses soient encore plus claires, l'administration militaire de l'occupation (l'organisme appelé COGAT) a carrément déclaré qu'il n'était pas question de la moindre fourniture à Gaza par des hôpitaux d'Israël (où plusieurs milliers de cas d'infections au coronavirus ont déjà été recensés, ainsi que de premiers décès).

La bande de Gaza, dont le confinement complet dure maintenant depuis plus de treize ans, a eu jusqu'à présent la chance de n'enregistrer que deux cas d'infection au covid-19. Ils concernent deux hommes rentrant chez eux après un voyage au Pakistan par le poste de Rafah (frontière avec l'Egypte), dépistés et placés en isolement.

Sans que l'on sache si le dépistage a eu lieu avant ou après l'entrée en isolément, ce qui changer la donne, vues les conditions pratiques de l'isolement.


(au passage de Rafah)

En date du mardi 24 mars, un total de 144 personnes seulement avaient été testées, faute de kits de dépistages plus nombreux : toutes négatives, sauf les deux hommes cités plus haut.

Les rares personnes entrant dans le territoire martyr, même en l'absence de tout signe de maladie, sont assignées à « quatorzaine » ((une « quarantaine » de 14 jours), comme le font les autorités sanitaires un peu partout dans le monde.

Le nombre de personnes placées à l'isolement est d'un peu plus de 3.000, dont la moitié dans des lieux dédiés -où les conditions de confinement sont médiocres, à 8 par chambre avec le risque de transmission qui va avec-, et l'autre moitié à domicile. Une centaine de ces personnes ont pu être "libérées" ces dernières 48 heures, au terme de leur « quatorzaine ».

Mais si le virus parvient néanmoins à se propager dans le territoire -et personne ne peut dire si c'est déjà le cas-, une catastrophe sanitaire d'ampleur colossale est garantie, s'accordent malheureusement à dire tous les professionnels de santé publique.

"Nous en appelons aux Nations-Unies et à la communauté internationale à nous fournir immédiatement un minimum de matériels, notamment des respirateurs et autres équipements pour les soins intensifs", a supplié mardi le porte-parole du ministère de la Santé de Gaza, le Dr Ashraf al-Oudra.

Dans l'immédiat, Gaza demande au moins 150 appareils de respiration, alors que le territoire n'en dispose que de 65, déjà largement sollicités pour le support d'autres malades.

Surtout, l'équipement général des hôpitaux est dans un état général de délabrement, du fait de sa surutilisation continue (qu'on garde en mémoire, mais ce n'est qu'un exemple, le terrible bilan de la répression israélienne des Marches du Retour, avec ses milliers de blessés). Et les soignants sont encore plus mal lotis qu'ailleurs : il n'y a tout simplement pas de stocks de masques de protection.

"Le gouvernement du Hamas tente de nous convaincre que la situation reste encore sous contrôle, et c'est vrai que nous n'avons pour le moment que deux cas déclarés, mais cela ne nous empêche évidemment pas de travailler dans la crainte du pire », déclare un médecin hospitalier.

"On a bien entendu qu'il y avait des pénuries au niveau mondial, mais l'OMS devrait quand même être capable de nous trouver quelques dizaines de machines tout de suite. C'est aussi en premier lieu de la responsabilité d'Israël, la puissance occupante, ainsi que de l'Egypte et d'autres pays arabes", déclare enfin au Haaretz un médecin de l'hôpital Shifa à Gaza-ville.

 haaretz.com

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