Alors que sa proposition de traitement à la chloroquine contre le Covid-19 suscite un débat acharné, le professeur marseillais Didier Raoult a publié une nouvelle étude menée sur 80 patients passés par son unité.
Le chef de l'Institut hospitalo-Universitaire (IHU) Méditerranée infection, Didier Raoult, a annoncé le 27 mars la publication de nouvelles données censées démontrer selon lui la «pertinence de l'association de l'hydroxychloroquine et de l'azithromycine» dans le traitement du Covid-19. Sitôt posté, le résultat de cette nouvelle étude, menée sur 80 patients passés par l'unité marseillaise, a été massivement partagé sur les réseaux sociaux.
1. L'efficacité de notre protocole, sur 80 patients.
2. La pertinence de l'association de l'hydroxychloroquine et de l'azithromycine, grâce à des recherches réalisées dans notre laboratoire de confinement P3.
«La majorité (65/80, 81,3 %) des patients avaient des résultats favorables et étaient sortis de notre unité au moment de la rédaction avec de faibles scores NEWS (61/65, 93,8 %). Seulement 15 % ont nécessité une oxygénothérapie», relate notamment un passage du nouveau document publié en anglais, traduit par La Voix du Nord. Selon l'étude, sur 80 patients (âgés de 18 à 88 ans) traités, 78 ont connu une «amélioration clinique», un homme de 74 ans était toujours en soins intensifs et une femme de 86 était décédée avant son transfert en soins intensifs au moment de la rédaction.
Mais aussitôt publiée, cette nouvelle étude a fait l'objet de critiques méthodologiques en raison de l'absence de «groupe contrôle», c'est à dire un groupe de patients non traités ou se voyant administrer un placebo.
On ne compare le traitement à... Rien.
On sait que sans aucun médicament, 80% patients guérissent tous seuls.
Cette étude montre que "15% required
oxygen therapy."
So...
What is the point ?
Une des raisons pouvant expliquer l'absence de «groupe contrôle» pourrait être la décision de l'équipe du professeur Raoult de traiter tous les patients positifs au Covid-19. «Nous pensons qu'il n'est pas moral que cette association [test systématique et traitement de tous les malades] ne soit pas inclue systématiquement dans les essais thérapeutiques concernant le traitement de l'infection à Covid-19 en France», avait justifié l'équipe de l'IHU Méditerranée dans un communiqué le 22 mars, jugeant contraire à l'éthique de ne pas tester ou traiter certains patients.
Mais l'absence de «groupe contrôle» ne permet pas, selon les détracteurs de l'étude, de comparer les données et de démontrer que le traitement est efficace. Les résultats obtenus sur ce nouvel échantillon de patients seraient d'ailleurs, selon Europe 1, peu éloignés des chiffres habituels d'évolution de la maladie.
Depuis la publication de la première étude controversée de l'IHU Méditerranée infection, menée sur une vingtaine de patients, plusieurs pays, comme le Maroc et le Venezuela ont pris la décision de traiter les malades atteints du Covid-19 à la chloroquine.
D'abord écarté, le traitement préconisé par le professeur Raoult a été intégré au vaste essai clinique européen Discovery. Mais l'espoir soulevé par les travaux du scientifique en France nuirait, selon Libération, à l'essai clinique. Le professeur Xavier Lescure, infectiologue à l'hôpital Bichat, à Paris, déplorait notamment dans les colonnes du quotidien que «certains patients refusent d'être enrôlés dans l'essai Discovery parce qu'ils ne veulent pour traitement que de l'hydroxychloroquine».
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