30/03/2020 les-crises.fr  15 min #171299

Coronavirus : au moins deux maires présents lors du premier tour des municipales sont morts

Municipales : après le scrutin, des assesseurs et présidents de bureaux de vote positifs au Covid-19

Source :  C News, Martin Fort, 23-03-2020

Une semaine après la tenue controversée du scrutin du premier tour des élections municipales, plusieurs personnes mobilisées pour tenir les bureaux de vote témoignent être malades du Covid-19.

Paul Hatte, président d'un lieu de vote dans le XVIIe arrondissement de Paris, indique avoir tous les symptômes du coronavirus depuis jeudi. «Je n'ai pas été testé mais j'ai perdu l'odorat et le goût (les premiers manifestations du coronavirus généralement, ndlr). Cela ne laisse pas de doute», juge-t-il.

Toutes les personnes que nous avons interrogées expliquent ne pas avoir été formellement testées mais ont été diagnostiquées malades par leur médecin traitant ou le SAMU.

Il y a une semaine, de nombreuses personnalités, politiques, médiatiques et scientifiques, s'étaient opposées au déroulement du scrutin et appelaient à son report en raison de la crise du coronavirus. Le dimanche, cela n'avait pas empêché des millions de Français d'aller voter.

Avec le recul, les personnes mobilisées pour tenir les bureaux de vote pointent du doigt l'absence de masques et le respect, tout relatif, du mètre de «distanciation sociale». «J'étais à la position où il fallait faire signer les électeurs donc forcément proche d'eux», regrette aujourd'hui Elodie Polaszyk, malade depuis jeudi. Assesseure dans une école dans le IIIe arrondissent de Lyon, elle a été en contact avec 300 à 400 électeurs lors du vote. Le moment du dépouillement est également souvent cité comme un moment peu respectueux des règles en vigueur.

UNE DURÉE D'INCUBATION DE CINQ JOURS

Ces déclarations et la temporalité de l'apparition des symptômes chez ces personnes, qui arrivent moins d'une semaine après la tenue des élections, coïncident en tout cas avec la durée d'incubation du virus, qui serait de 5 jours en moyenne selon l'  Institut Pasteur. Paul Hatte trouve ce hasard «très frappant».

«Je ne sais pas si j'ai été contaminé pendant le vote. J'étais déjà peut-être porteur dimanche (il a commencé à éprouver les symptômes le mercredi d'après, ndlr) et j'ai potentiellement transmis le virus», s'inquiète Romaric Moyon, président d'un bureau de vote à Melun et qui a fait voter 252 personnes.

Pourtant, ils se rappellent avoir respectés les gestes recommandés par le gouvernement. «J'ai les mains complètement abimées à force de les avoir nettoyées dimanche», raconte Paul Hatte en précisant qu'il a vu passer «606 électeurs» dans son bureau de vote. «J'ai moi-même donné procuration afin de ne pas multiplier les risques», assure Olivier P., président d'un lieu de vote dans le VIIe arrondissement de Lyon et aujourd'hui cloué au lit avec 38,4°C de fièvre.

«COMBIEN DE GENS QUI ONT TENU DES BUREAUX VONT-ILS ÊTRE MALADES ?»

Au moment d'assurer leur rôle dimanche 15 mars, certains se disaient plus inquiets que d'autres mais tous invoquent le «devoir citoyen» et leur «engagement républicain» pour justifier leur présence derrière les urnes. Aujourd'hui, ils regrettent le maintien du processus électoral : «combien de gens qui ont tenu des bureaux vont-ils être malades ? Est-ce que ca valait le coup ?», formule Paul Hatte.

Les avis divergent sur la publicité qu'il faut donner à leur maladie. Alors que les uns ne veulent pas entretenir «la psychose», les autres poussent pour faire annoncer leur état afin d'alerter ceux qui se sont rendus dans le même bureau de vote. «Depuis jeudi (et l'arrivée des premiers symptômes, ndlr), j'ai contacté la mairie, l'ARS et un député pour faire connaître ma situation», tranche Olivier P. Sans réponse pour l'instant.

Les mairies de Billom (Puy-de-Dôme),  Montmagny et  Franconville (Val d'Oise) ont, elles, choisi d'alerter leurs habitants par des messages publiés sur Facebook. Elles recommandent aux personnes qui ont fréquenté les bureaux de vote concernés par des cas de coronavirus de surveiller leur état de santé.

Source :  C News, Martin Fort, 23-03-2020


Une semaine après les municipales, des cas de coronavirus chez les assesseurs

Source :  L'Express, 23-03-2020

Dans plusieurs communes, les mairies font état de personnes présentant des symptômes du Covid-19 malgré les mesures de précaution.

Dimanche aurait dû se tenir le second tour des élections municipales.  Celui-ci a finalement été reporté, contrairement au premier tour, qui a lui bel et bien eu lieu malgré l'épidémie de coronavirus. Paul Hatte, président d'un bureau de vote dans le XVIIe arrondissement de Paris, le regrette fortement. Et pour cause : dimanche, il a affirmé être atteint du coronavirus, ayant contracté des symptômes qui « ne laissent pas de doute »  comme la perte de goût et d'odorat. Il estime avoir été contaminé pendant le vote, alors qu'il a respecté toutes les mesures de protection, rapporte  CNews. Il n'est pas seul dans ce cas.

Plusieurs communes font état du même problème. Des personnes qui ont tenu des bureaux de vote présentent des symptômes, comme à Montmagny, dans le Val d'Oise.

« Nous venons d'être informés que trois cas de coronavirus ont été détectés parmi les assesseurs des récentes élections municipales », a publié le compte Facebook de la ville.

Même situation à  Franconville dans le même département, où les autorités demandent aux « électeurs s'étant déplacés à ce bureau et aux membres du bureau, d'être particulièrement vigilants, de surveiller leur température et de respecter scrupuleusement les gestes barrières dans leur vie quotidienne. »

A  Billom dans le Puy-de-Dôme, un assesseur est aussi hospitalisé au CHU, diagnostiqué Covid19.

La question de l'annulation du premier tour des élections municipales a été un temps sur le tapis, plusieurs présidents de région et des élus de tous bords  réclamaient un report en raison de la propagation du coronavirus, mais l'exécutif avait finalement décidé de le maintenir.

Source :  L'Express, 23-03-2020



#Restecheztoi : face au coronavirus, des soignants appellent les électeurs à ne pas aller voter aux municipales

Source :  France info, 15-03-2020

Le dilemme affectera-t-il la participation au scrutin ? Le gouvernement  a maintenu l'organisation du premier tour  des élections municipales, dimanche 15 mars, malgré le passage la veille  au stade 3 de  l'épidémie de coronavirus. Mais des soignants appellent, sur Twitter, à s'abstenir.

« N'allez pas voter », écrit ainsi le médecin Rémi Salomon, président de la commission médicale d'établissement de l'AP-HP, le regroupement des hôpitaux parisiens. « Il faut dès maintenant appliquer le confinement maximum », explique-t-il.

« Ne votez pas aujourd'hui ! », invite également le Collectif inter-hôpitaux, organisation de personnels hospitaliers lancée en septembre pour « la défense de l'hôpital public ».

« Aidons les réanimations, arrêtons les contaminations », poursuit le message, qui se termine par le mot clé #restecheztoi, lancé par le collectif vendredi comme un appel plus général au confinement face à l'épidémie.

Samedi, déjà, quinze médecins demandaient « le report des élections municipales » à Emmanuel Macron  dans une tribune publiée par le site Atlantico. « Ne pas le faire reviendrait à exposer davantage les Français à ce danger », estimaient-ils.

Des mesures mises en place dans les bureaux

« Le président a pris sa décision jeudi après avoir consulté l'ensemble des responsables politiques et après avoir entendu les recommandations du comité scientifique », justifiait l'entourage d'Emmanuel Macron, interrogé par France Télévisions, au sujet du maintien de l'organisation de ces élections. « Les Français peuvent accomplir, sans risque, les gestes essentiels du quotidien. Voter est un geste important sinon essentiel au bon fonctionnent de notre démocratie. »

Le ministère de l'Intérieur recommande aux électeurs de « privilégier les heures de moindre affluence », d'« apporter son propre stylo pour émarger (bleu ou noir indélébile)« et de venir muni de « son bulletin de vote (reçu par la poste) ».

 Une circulaire envoyée aux préfets demandait également d'amménager les bureaux de vote pour éviter « les situations de promiscuité prolongée » et permettre de maintenir une distance d'un mètre entre les personnes ; de mettre à disposition un point d'eau où se laver les mains ou de gel hydroalcoolique ; et de procéder à « un nettoyage particulièrement attentif des bureaux de vote avant et après chaque tour de scrutin ».

Source :  France info, 15-03-2020


Coronavirus et municipales : « Il faut une cohérence », juge Rémi Salomon, représentant des médecins de l'AP-HP

Source :  Le JDD, 15-032020

Alors que les élections municipales se tiennent dimanche, plusieurs soignants appellent à ne pas aller voter sur les réseaux sociaux. C'est le cas de Rémi Salomon, président de la commission médicale d'établissement de l'AP-HP.

Depuis l'ouverture des bureaux de vote dimanche pour les élections municipales, les hashtags « Reste chez toi » et « Je n'irai pas voter » se multiplient. Ils sont notamment relayés par des médecins ou encore le collectif inter-hôpitaux. Ce dernier partage notamment des témoignages d'électeurs. Dans certains bureaux, des manquements aux mesures sanitaires ont été observés : ni gels hydroalcoolique, ni masques, ni gants. Des pétitions circulent également pour demander une annulation du scrutin. Rémi Salomon, président de la commission médicale d'établissement de l'AP-HP, le regroupement des hôpitaux parisiens, a appelé à ne pas aller voter pour limiter les risques de contagion.

Pourquoi avez-vous appelé à ne pas aller voter sur votre compte Twitter?
D'après les données épidémiologiques que nous avons, nous ne sommes qu'au début de cette épidémie et les projections sont inquiétantes. Le pic de contamination sera plus étalé dans le temps si nous prenons les mesures de confinement nécessaires. Les Chinois ont réussi à aplanir la courbe. Le système hospitalier n'a pas de capacités infinies. Je le vois à l'AP-HP, il y a déjà beaucoup de patients en réanimation et à un moment nous atteindrons nos limites, comme cela s'est produit en Italie, ou comme c'est en train de se produire dans le Haut-Rhin.

Il faut absolument mettre en place un confinement maximum, à la mesure de l'épidémie. Je comprends bien qu'il soit difficile d'annuler une élection 24 heures avant, je ne blâme personne. J'ai 56 ans, c'est la première fois que je n'irais pas voter. Je suis très attaché à la démocratie, et au droit de vote, mais il faut une cohérence. Je raisonne en tant que responsable d'une grande structure hospitalière, qui fait tout pour limiter le nombre de morts.

Certains témoignages relatent des consignes sanitaires non-respectées dans certains bureaux de vote. Est-ce que les mesures pour ce scrutin étaient suffisantes?
Cela ne m'étonne pas, et c'était ma crainte. Si toutes les mesures étaient prises dans les bureaux de vote, c'est-à-dire du gel hydroalcoolique, deux mètres de distance entre les personnes, des masques à l'entrée des bureaux... Pourquoi pas! Mais ce n'est pas le cas. Il était extrêmement compliqué de mettre en oeuvre les mesures de confinement dans les bureaux de vote. Déjà les quantités de masques sont limitées, les hôpitaux sont sous tension, alors les bureaux de vote... Ils ne sont pas équipés.

« Il faudra pourtant tenir des semaines, voire des mois «

Quel est l'état des hôpitaux à l'heure actuelle?
Tout est bouleversé. Nous déprogrammons toutes les interventions depuis jeudi. La moitié sont déjà annulées. Et nous allons redistribuer les tâches pour pouvoir ouvrir de nouveaux lits en réanimations. Nous sommes dans une situation de crise. Les équipes sont débordées, elles risquent de se fatiguer très rapidement. Il faudra pourtant tenir des semaines, voire des mois. Il y a tout une réorganisation à faire, notamment par la formation du personnel à la réanimation.

Quelles sont les mesures à prendre?
Il faut que tout le monde soit mobilisé, et surtout protéger les soignants. La question se pose de l'utilisation des transports en commun pour se rendre à l'hôpital. A Wuhan, le personnel hospitalier a été davantage contaminé à l'extérieur qu'à l'intérieur de l'hôpital. Nous avons déjà réussi à obtenir auprès des recteurs que les écoles restent ouvertes pour les enfants des soignants, maintenant nous allons réfléchir au moyen d'acheminer les soignants vers les hôpitaux.

Source :  Le JDD, 15-032020


AFFICHES, MARQUAGES AU SOL, GEL HYDROALCOOLIQUE... LES ÉLECTIONS MUNICIPALES S'ADAPTENT AU CORONAVIRUS

Source :  C News, 08-03-2020

Le gouvernement et les responsables politiques se veulent rassurants. A l'approche des municipales des 15 et 22 mars, et alors que l'épidémie de coronavirus ne cesse de s'étendre, les pouvoirs publics prennent des mesures pour que les élections puissent se dérouler normalement et sans risques.

Concrètement,  le jour du vote, du gel hydroalcoolique ainsi qu'une affichette sur les bons gestes à adopter, comme ne pas s'embrasser ou respecter une distance minimum dans la file, seront disponibles à l'entrée de chaque bureau.

«Nous allons également mettre en place un marquage au sol avec une distance minimale de 1 mètre entre les électeurs», a indiqué au  Journal du dimanche (JDD) François Baroin, le président de l'Association des maires de France.

Le Républicain, lui-même maire de Troyes dans l'Aube, ajoute «qu'un stock de 10.000 stylos» sera par ailleurs disponible, afin que les électeurs puissent «en utiliser un qui n'aura pas été manipulé par d'autres.» Une quantité qui pourra être augmentée si nécessaire.

Des dispositions prises ainsi pour limiter au maximum le risque de contagion au  coronavirus et calmer l'angoisse des électeurs, autour d'un scrutin que le gouvernement n'entend pas reporter.

DES CRAINTES AU NIVEAU DE L'ORGANISATION

«Il se tiendra et c'est normal», répond également  François Baroin, pour qui «si on met entre parenthèses la démocratie, c'est tout le pays qui est mis entre parenthèses.»

Reste néanmoins à savoir, si, à mesure que l'épidémie évolue, l'organisation même du scrutin n'en souffrira pas. Car, pour fonctionner, un bureau de vote a, suivant les textes, besoin en effet de trois personnes : le président du bureau de vote et deux assesseurs. Or, à mesure que les jours passent, certains pourraient manquer à l'appel.

Même chose du côté des  fonctionnaires municipaux qui, dans les grandes villes notamment, sont parfois mobilisés et pourraient être tentés de faire jouer un droit de retrait face au virus, quoiqu'en théorie non applicable dans ce cas.

A ces craintes, s'ajoute enfin celle de savoir si les scrutateurs eux-mêmes seront bien au rendez-vous et en nombre suffisant pour dépouiller les bulletins.

PALLIER LE RISQUE D'UNE ABSTENTION PLUS FORTE QUE PRÉVUE

Dernière question et non des moindres : avec l'épidémie, un nombre non négligeable d'électeurs pourraient être tentés de ne pas accomplir leur devoir électoral.

Pour pallier ce risque d'une abstention plus forte qu'elle n'aurait été, le gouvernement veut donc encourager les votes par  procuration, notamment à destination des personnes âgées qui sont les plus vulnérables face au virus.

Jeudi 5 mars, au sortir d'une réunion avec les représentants des élus locaux, le ministre de l'Intérieur,  Christophe Castaner, a ainsi promis que «des personnels de la gendarmerie ou de la police se déplaceront sur les lieux de résidence» de ces personnes «pour que les procurations soient relevées dans de bonnes conditions».

Source :  C News, 08-03-2020


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