30/03/2020 les-crises.fr  14 min #171319

Coronavirus : au moins deux maires présents lors du premier tour des municipales sont morts

Coronavirus : trois maires de Seine-Saint-Denis hospitalisés, deux élus décédés - Par Thomas Poupeau

Source :  Le Parisien, Thomas Poupeau, 26-03-2020

Les maires de Tremblay, Sevran et Epinay sont à l'hôpital, atteints du Covid-19. Deux conseillers municipaux de Drancy sont morts. Alors que le pic de l'épidémie n'est pas atteint, les politiques exercent « dans l'angoisse ».

Ils serraient main sur main et faisaient du porte-à-porte - campagne électorale oblige - il y a moins de quinze jours. Aujourd'hui,  les municipales semblent anecdotiques : face au Covid-19, l'angoisse gagne les élus de Seine-Saint-Denis. En première ligne pour assurer la gestion de leur commune, trois maires du département, testés positif au coronavirus ou présentant les symptômes, ont été hospitalisés ces derniers jours. Deux conseillers municipaux de Drancy en sont morts.

François Asensi, maire (FG) de Tremblay-en-France, Stéphane Blanchet, maire (DVG) de Sevran, et Hervé Chevreau, maire (DVD) d'Epinay-sur-Seine, sont à l'hôpital. Leur entourage, inquiet à l'idée de communiquer sur le sujet reste prudent, tout en disant que leur état n'est pas inquiétant, selon les médecins.

Le maire de Sevran suit « une rééducation des poumons »

 Premier édile du 93 à avoir été transporté à l'hôpital, jeudi dernier, François Asensi « va mieux », assure ainsi l'un de ses proches, qu'il « est en train de se remettre doucement » à l'hôpital du Vert-Galant, et « que son état évolue favorablement, selon les médecins ». Même son de cloche à Sevran, où Stéphane Blanchet a été emmené aux urgences samedi, « alors qu'il manquait d'oxygène », dit un membre de son staff. « Il suit une rééducation des poumons », précise-t-on en mairie. Enfin, dernier maire touché : Hervé Chevreau, transporté aux urgences de Stains ce mercredi soir.

Enfin, à Drancy, deux conseillers municipaux sont morts des suites du Covid-19 : Paule Beaujour, 81 ans, et Brahim Fellah, 53 ans. Leur disparition affecte « profondément »  Aude Lagarde, maire UDI, qui promet qu'un hommage municipal sera rendu « à ces élus de grande valeur » dès la fin des mesures de confinement.

« Bien sûr que j'angoisse »

Ces deux conseillers municipaux, élus en 2014 puis réélus cette année, avaient tous deux « la santé fragile ». S'ils ont participé à la tenue du scrutin le 15 mars dernier, Aude Lagarde assure que « toutes les mesures de sécurité étaient là ».

« Paule a tenu un bureau de vote, mais personne d'autre du même bureau n'est malade, et les strictes consignes sanitaires ont été respectées, explique l'édile. Quant à Brahim, je connaissais ses problèmes de santé, donc je lui ai demandé de ne procéder qu'à l'ouverture et la fermeture du bureau de vote ». Idem pour la réunion de liste post-scrutin : « Tout comme d'autres élus de ma liste, âgés ou présentant des soucis de santé, je les ai appelés pour leur demander de ne pas venir à cette réunion, ce qu'ils ont fait ».

Mais, alors que le pic de l'épidémie n'est pas atteint, les maires et leurs équipes, contraintes de sortir, exercent dans l'angoisse.

« Bien sûr que j'angoisse! Mais notre responsabilité de maire est d'effectuer nos missions, et évidemment, c'est au contact de la population - même si l'on applique les consignes sanitaires, raconte Aude Lagarde.  Dimanche dernier, je suis restée deux heures au marché pour voir si tout se passait bien. J'ai aussi livré moi-même des masques aux maisons médicales. » Une angoisse que les élus rapportent chez eux, le soir. « J'ai quatre enfants, je ne leur fais plus de bisou, plus de câlin. Je me lave les mains au gel hydroalcoolique dès que je rentre, même si je n'ai serré la main de personne! »

Des décisions prises « par un collectif de maires adjoints »

Au-delà des élus, des agents municipaux sont touchés. « Mon chef de cabinet, la secrétaire, le responsable du service éducation, son adjointe... », égrène la maire de Drancy. Idem à Sevran, où la cheffe du service de la communication présente les symptômes du Covid-19.

En France,  le dernier comptage fait état de 1 696 décès et plus de 29 000 personnes testées positives au coronavirus.

En l'absence du maire, comment fonctionnent les mairies ? « Les décisions sont prises par un collectif de maires adjoints en lien avec la direction générale des services et la préfecture, le tout en vidéo-conférence, explique-t-on en mairie de Tremblay-en-France. Du reste, la première adjointe a une délégation générale qui lui permet de suppléer le maire dans les décisions importantes. »

A Sevran, le directeur général des services, précise être « en contact » avec Stéphane Blanchet, lequel valide les décisions depuis l'hôpital « si nécessaire ». Pas simple, selon les villes concernées : « C'est un peu sportif, comme fonctionnement. Espérons que cela ne dure pas. »

Source :  Le Parisien, Thomas Poupeau, 26-03-2020


Coronavirus : à Coudekerque-Branche, 2 élus hospitalisés, 5 contaminés, 10 confinés à cause des élections municipales

Source :  France 3 Régions, Jean-Louis Manand, 26-03-2020

La moitité du Conseil municipal de Coudekerque-Branche est touché plus ou moins par le coronavirus. Y-a-t-il un lien avec les élections municipales ?

« La démocratie n'a pas de prix, mais elle a un coût. » Voilà le message posté ce matin par le maire (DVG) de Coudekerque-Branche (ville de 22 000 habitants près de Dunkerque dans le Nord), David Bailleul. La moitié des 35 nouveaux élus de son conseil municipal est frappée par l'épidémie. Deux élus - dont un âgé de plus de 70 ans - sont hospitalisés dans un état grave à Dunkerque ; cinq sont « positifs » au Covid 19 ; dix sont malades (fièvres, toux et fatigue) et sont confinés chez eux.

« Ça ne me parait pas incohérent d'affirmer que ces élus ont été contaminés durant le premier tour de l'élection municipale, explique David Bailleul. On est une dizaine de jours après le 15 mars. Tous les membres de la liste étaient présidents ou vice-présidents dans un des 17 bureaux de vote de Coudekerque. Et même en tenant compte de l'abstention, et même si beaucoup de précautions avaient été prises, chacun a vu défiler devant lui entre 400 et 500 personnes. »

Pas de polémique

David Bailleul ne veut pas polémiquer. « Ce que je souhaite, c'est rendre hommage à ces élus municipaux, aux presque 600 000 élus municipaux en France, qui ont fait leur devoir. Et qui continuent de le faire, comme les personnel de santé, les caissières des supermarchés, tous ces gens qui sont en première ligne. »

Ce jeudi matin, David Bailleul tenait une réunion en vidéo-conférence avec d'autres maires de la Communauté Urbaine de Dunkerque (20 communes, 210 000 habitants) : « On avait tous des têtes de déterrés. »

Partout en France, les bénévoles et les élus qui ont participé à la campagne électorale et au premier tour des municipales ont été sérieusement touchés par la propagation du coronavirus.

Des mesures de protection ont été prises -du gel hydroalcoolique, des gants, pas de file d'attente...- mais ça n'a pas suffi. Dix jours après le premier tour, des volontaires sont positifs au virus et leur colère ne faiblit pas contre la décision de maintenir le scrutin.

Le premier tour a mobilisé plusieurs centaines de milliers de personnes dans le pays pour organiser le scrutin. Si le lien n'est pas clairement établi entre ces contaminations et les opérations de vote, la pandémie a également fait des dégâts parmi ceux qui ont fait campagne pendant parfois plusieurs mois.

Source :  France 3 Régions, Jean-Louis Manand, 26-03-2020


« J'ai agi en kamikaze de la démocratie » : les regrets et la colère des assesseurs des municipales confrontés au coronavirus

Source :  Le Monde, Richard Schittly, 2-03-2020

De nombreuses personnes ayant participé à la tenue du scrutin du 15 mars ont, depuis, développé des symptômes. Beaucoup ne comprennent pas que les élections n'aient pas été annulées.

L'avertissement, lancé par des amis italiens peu avant le scrutin, le hante encore : « Vous êtes complètement dingues, vous ne savez pas ce que c'est ! » Candidat sur la liste de gauche Aimer Angers et président d'un bureau de vote, Bruno Goua a commencé à s'inquiéter. Quand, à la veille du premier tour, le premier ministre, Edouard Philippe, prend la parole, l'Angevin parie donc qu'il va reporter les élections. Il se trompe.

Visage sombre, le chef du gouvernement annonce la fermeture des lieux publics « non essentiels ». Mais il invite les Français à aller voter le lendemain « comme prévu ». A condition de « respecter les consignes de distanciation ».

Le dimanche 15 mars, Bruno demande aux assesseurs de porter des gants et de faire très attention, de ne pas mettre les mains au visage, notamment. Lui-même évite de toucher les papiers d'identité. Mais tous se demandent un peu ce qu'ils font là en cette drôle de journée, lourde de contradictions et de menaces. « Toute la journée, on s'est posé la question... », raconte le président du bureau.

« Kamikaze de la démocratie »

La situation devient franchement baroque au soir du dépouillement. Bruno Goua espère que les enveloppes et bulletins de vote peuvent être désinfectés, il n'en est rien. Il est surtout effaré de retrouver les présidents des 83 bureaux de vote rassemblés à la mairie d'Angers : « Nous étions agglutinés dans un couloir, aucun dispositif n'avait été mis en place. Une collation était organisée dans un espace restreint, tout le monde se serrait. J'avais envie de crier ! »

Bruno est pour l'instant chanceux, il n'a rien attrapé. Mais d'autres assesseurs ou présidents de bureau, à Angers ou ailleurs, partout en France, sont tombés malades dans la foulée du premier tour des municipales. S'ils n'ont pas tous été testés, ce sont bien les symptômes du Covid-19 que ces hommes et ces femmes ont développés ces derniers jours. Impossible de dire, cependant, s'ils ont été contaminés le jour du vote, mais certains d'entre eux le croient.

Lire la suite  ici

Source :  Le Monde, Richard Schittly, 2-03-2020


Coronavirus : le décès du maire François Lantz

Source :  DNA, Guillaume Muller, 27-03-2020

Le maire de Saint-Nabor (500 habitants), François Lantz, 74 ans, est décédé ce vendredi à l'hôpital de Hautepierre, à Strasbourg, où il était depuis plusieurs jours en réanimation.

Encore présent dimanche 15 mars au bureau de vote lors des élections municipales, auxquelles il ne se représentait pas, il aurait ressenti les premiers symptômes dès le lendemain, et avait été rapidement transporté vers l'hôpital de Sélestat. Son état s'était ensuite dégradé, nécessitant son hospitalisation en réanimation à l'hôpital de Strasbourg-Hautepierre.

Ses deux adjoints également malades

« C'est une terrible nouvelle. C'est juste incroyable. On est sous le choc. Je prie pour que le cauchemar s'arrête », a réagi, très marqué, Régis Muller, son premier adjoint, qui menait une liste aux municipales pour lui succéder. Lui-même est malade, probablement aussi du coronavirus, de même que l'autre adjoint, Hubert Schwind. « On a tous les trois ressenti des symptômes le lundi après les élections. On était déjà contaminé avant je pense. » Ils ne sont pas hospitalisés.

Un maire engagé sur de gros dossiers, comme celui de l'accès au Mont Sainte-Odile

François Lantz, maire de Saint-Nabor depuis 2008, avait décidé de ne pas se représenter aux dernières municipales, même s'il avait très envie de  s'impliquer dans le dossier sensible de l'accès au Mont Sainte-Odile via un système de télécabines ou un autre système de transport, qu'il soutenait.

De son mandat, il restera notamment le travail colossal entrepris pour donner une nouvelle vie au site des carrières de Saint-Nabor.  Dans une interview donnée aux DNA en février, c'est cette action qu'il voulait retenir de ses deux mandats.

Un maire qui avait sa commune viscéralement attachée au cœur

François Lantz était un maire qui avait sa commune viscéralement attachée au cœur, qui travaillait sans relâche, parfois au détriment de sa santé. Hyperactif.

« C'est quelqu'un qui s'est toujours battu pour ses idées et pour le territoire, se souvient le conseiller départemental Philippe Meyer, maire de Boersch, très marqué par l'annonce du décès. On n'était pas toujours d'accord, mais il était très droit et a mené le chantier des carrières, à plusieurs millions d'euros, alors qu'il était à la tête d'un petit village. Il a fait un boulot très discret, qui a porté ses fruits. Il a porté de beaux combats. »

Le député Laurent Furst lui a également rendu hommage ce vendredi soir sur sa page Facebook.

François Lantz laisse un grand vide sur le territoire et dans son village. Encore plus dans sa famille.

Source :  DNA, Guillaume Muller, 27-03-2020


Covid-19 : En Côte d'Or, le maire de Beurey-Bauguay est mort du Coronavirus 10 jours après avoir tenu le bureau de vote

Source :  France 3 Régions, S.L., 27-03-2020

Douze jours après la tenue du 1er tour des municipales, Jacques Lajeanne, le maire de Beurey-Bauguay en Côte-d'Or est décédé dans la nuit de mercredi à jeudi. Agé de 81 ans, il était hospitalisé depuis 3 jours et avait été testé positif au Covid-19.

C'est l'un des premiers élus décédés du Coronavirus en Bourgogne Franche-Comté et en France. Jacques Lajeanne était depuis 2014 le maire de la commune de Beurey-Bauguay en Côte d'Or. Il avait été hospitalisé dimanche 22 mars au CHU de Dijon en raison de problèmes respiratoires.

Le 15 mars, son adjoint, Michel Bottard, avait « tenu les urnes » avec lui à l'occasion du 1er tour des élections municipales 2020. « Je l'ai eu au téléphone deux fois mercredi. L'après-midi, il avait l'air d'aller mieux, de respirer mieux, explique Michel Bottard. On avait discuté des choses de la mairie. » Mais dans les heures qui suivent, l'état de santé de l'élu se dégrade. Il décède dans la nuit de mercredi à jeudi.

Un test positif au Covid-19

Jacques Lajeanne avait été testé positif au coronavirus peu après son hospitalisation.

Agé de 81 ans, Jacques Lejeanne avait été élu maire de la petite commune de 130 habitants en 2014. Il avait choisi de ne pas se représenter. En raison de l'épidémie et du report du conseil municipal d'installation pour élire son successeur, il était donc toujours 1er magistrat de sa commune.

Un symbole fort

« C'est beaucoup de tristesse », commente Ludovic Rochette, président de l'association des maires de Côte d'Or qui avait vu pour la dernière fois Jacques Lajeanne en février. « C'était quelqu'un de très attachant, de très attaché à sa commune. C'est un symbole très fort. C'est la preuve que les élus sont aussi en première ligne. »

Dans un tweet, François Sauvadet, président du conseil départemental de Côte d'Or (UDI) exprime sa « profonde émotion » après le décès de Jacques Lajeanne. « En ces moments douloureux, je pense à sa famille, à ses collègues élus et aux habitants de sa commune. Je leur exprime ma sympathie et ma solidarité. »

« C'est un drame et un triste symbole » estime de son coté Patrick Molinoz. Le maire de Venarey-Les Laumes (PRG) avait milité la semaine dernière pour le report de la tenue des conseils municipaux d'installation en raison du confinement. « Cela doit nous inciter, par respect pour l'engagement de cet homme, à respecter toutes les consignes de précaution. »

Source :  France 3 Régions, S.L., 27-03-2020

 les-crises.fr

 Commenter

Se réfère à :

1 article