30/03/2020 les-crises.fr  10 min #171320

Coronavirus : au moins deux maires présents lors du premier tour des municipales sont morts

Coronavirus: le lourd tribut payé par les élus locaux - Par Christine Ducros

Source :  Le Figaro, Christine Ducros, 29-03-2020

Comme Patrick Devedjian, d'autres élus -maires ou conseillers municipaux pour la plupart- sont décédés du Covid 19. Certains gèrent leur commune depuis leur chambre d'hôpital.

La mort brutale ce dimanche de  Patrick Devedjian a bouleversé la classe politique. Président du Conseil départemental des Hauts-de-Seine, ancien ministre, il était le plus connu d'une liste -déjà longue- d'élus locaux qui sont malades ou ont succombé eux aussi au coronavirus.

Dimanche est décédé  Daniel Davisse, Vice président communiste du Conseil départemental du Val-de-Marne, maire honoraire de Choisy-le-Roy qui, selon le maire actuel, Didier Guillaume, a «œuvré pendant 18 ans» et a «laissé une trace indélébile dans la ville».

La veille,  Jean-Charles Nègre, Vice-président communiste du département de Seine-Saint-Denis qui avait été élu conseiller au premier tour des municipales à Montreuil, était lui aussi victime du Covid 19. Patrick Bessac, maire de la commune, disait sa vive émotion à ses administrés: «c'était un ami, un repère, un phare dans la tempête, réconfortant et prévenant». Il venait d'être réélu dès le premier tour.

Jacques Lajeanne, maire d'une commune de 130 habitants située non loin du Morvan, 82 ans, ou François Lantz, 74 ans, maire du village de Saint-Nabor dans le Bas-Rhin, ont eux aussi trouvé la mort après avoir contracté le virus.

Candidats en campagne, ils ont serré des mains

Du jamais vu. Dans le seul département de la Seine-Saint-Denis, trois maires sont hospitalisés: François Asensi, maire de Tremblay-en-France, Stéphane Blanchet, élu de Sevran, et Hervé Chevreau, maire d'Épinay-sur-Seine.

À Drancy, deux conseillers municipaux, Paule Beaujour, 81 ans, et Brahim Fellah, 53 ans, sont décédés. Tous deux de santé fragile, ils s'étaient très investis dans la campagne. Déstabilisée et inquiète, Aude Lagarde, la maire, dont le directeur de cabinet et une bonne partie du personnel sont aussi contaminés, songe à la cérémonie de recueillement œcuménique qu'elle organisera après «car l'une était catholique et l'autre musulman». Les dons affluent en mairie pour leur rendre hommage.

La liste est longue aussi de ceux qui gèrent leur commune depuis un lit d'hôpital comme Patrick Devedjian qui manageait encore son département jusqu'en fin de semaine dernière.

Régis Pinot, le père du cycliste Thibaut Pinot, élu de Mélisey, en Haute-Saône, évoque dans l'Est Républicain, «des problèmes respiratoires forts» et confie combien «il est stressant» d'être dépisté positif. Tandis qu'à Muzillac, dans le Morbihan, Jo Brohan, le maire sortant, qui ne se représentait pas, a été hospitalisé d'urgence.

«Des élus à portée d'engueulade»

Meilleure nouvelle, en revanche, à Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine) où le maire,  Laurent Vastel, a écrit à ses administrés pour dire qu'il allait mieux. Même si les médecins demeurent vigilants sur son état de santé. Son premier adjoint est lui aussi hospitalisé. Plusieurs autres élus de la majorité et de l'opposition sont aussi touchés. A Saint-Fons dans le Rhône, une candidate aux municipales, Chafia Zehmoul veut attaquer l'Etat «pour mise en danger de la vie d'autrui» devant la Cour de justice de la République après la contamination de 5 de ses colistiers qui sont hospitalisés.

Mais pourquoi ces élus paient-ils un si lourd tribut au coronavirus? Candidats en campagne, ils ont multiplié les contacts ces dernières semaines, les serrements de mains, les accolades, les meetings, ils se sont mal ou pas protégés. Ils ont surtout organisé le premier tour des municipales sans avoir toujours eu les moyens d'avoir des masques ou du gel hydroalcoolique pour protéger tout le monde. Certains n'avaient pas encore forcément conscience de la gravité de la situation. Des assesseurs qui se sont succédé toute la journée dans les bureaux de vote ou certains des électeurs ayant participé au dépouillement ont également confié avoir été touchés.

Et, depuis le début du confinement, il y a près de 15 jours, ces élus de proximité sont bien les seuls que les citoyens peuvent interpeller, à qui ils peuvent demander de l'aide, se raccrocher, espérer, demander l'impossible et dire leurs angoisses. Ils tentent de gérer l'isolement des anciens, faire respecter les gestes barrière sur les marchés jusqu'à la fermeture de ceux-ci, veiller à la sécurité...

Gestionnaires de crise à l'échelon local, ils sont comme aime le rappeler Gérard Larcher, le président du Sénat, «à portée d'engueulade» et ne peuvent pas rester chez eux. Car en période de confinement, les coups de sang, les rencontres tumultueuses et les engueulades ne manquent pas. Sur le front au quotidien de la vie compliquée des Français confinés, ils rencontrent beaucoup de monde et subissent de plein fouet la circulation morbide et erratique du virus. Comme les soignants, les caissières, les policiers, iIs ont parfois aussi pu en être eux-mêmes vecteur de propagation.

Source :  Le Figaro, Christine Ducros, 29-03-2020


Choisy-le-Roi : figure du PCF, l'ancien maire Daniel Davisse emporté par le coronavirus

Source :  Le Parisien, Marion Kremp, 29-03-2020

S'il en avait eu le temps, l'humaniste et internationaliste qu'il était aurait souhaité que se poursuive « le combat de l'idéal communiste pour une vie plus belle pour tous ».

S'il en avait eu le temps, il nous aurait demandé à tous de ne jamais laisser s'éteindre la mémoire des déportés, de tous les martyrs, des résistants et des génocides. Pour que jamais « la bête immonde ne ressorte du ventre encore fécond qui l'a porté ».

La mémoire comme condition pour que « le printemps refleurisse ». Un engagement, un espoir et une foi en l'homme que ses enfants endeuillés nous rappellent aujourd'hui.

Chef de cabinet du ministre des Transports sous Mitterrand

Daniel Davisse est mort ce dimanche matin à l'hôpital Henri-Mondor à Créteil. Balayé en quatre jours par le Coronavirus. Il avait 82 ans.  L'ancien maire de Choisy-le-Roi de 1996 à 2014 s'était effondré devant une pharmacie jeudi dernier avant d'être hospitalisé. Ce samedi soir, il avait dit « à demain » à son épouse Annick. Il allait être arrière-grand père pour la septième fois.

Figure du parti communiste français, cadre de la section de Vitry puis de Thiais avant d'être hissé chef de cabinet du ministre des Transports Charles Fiterman sous Mitterrand de 1981 à 1984, Daniel Davisse s'était installé à Choisy-le-Roi en 1994 où il était déjà conseillé municipal depuis 1983. Il avait également été vice-président aux transports du conseil général du Val-de-Marne de 2004 à 2011.

Émus, sous le choc de la triste nouvelle apprise quelques heures plus tôt, ses camarades de lutte, ses amis ont tous les mêmes mots pour honorer et le militant et l'homme. À commencer par le maire PCF de Choisy,  Didier Guillaume, celui dont Daniel Davisse avait fait son dauphin après 18 ans à la tête de la ville. Celui auquel il soufflait encore ses conseils, prenant le pouls de la cité en vieux sage au sens politique toujours aussi aiguisé.

«Il a laissé l'emprunte d'un maire bâtisseur pour une ville ouverte vers l'extérieur»

« Nous étions proches, nous étions des amis, des camarades politiques. Il m'accompagnait dans une juste distance, nous nous faisions régulièrement des déjeuners confidence. Il était un peu paternel, avec le recul nécessaire parce que très respectueux de la responsabilité de maire. Je lui dois beaucoup, il m'a fait grandir, ça marque une vie », confie Didier Guillaume.

Il y a deux jours, il échangeait encore avec celui qui était devenu maire honoraire sur la nécessité de l'ouverture du centre ambulatoire pour le Covid-19.

Source :  Le Figaro, Christine Ducros, 29-03-2020


Montreuil : figure du PCF, Jean-Charles Nègre, atteint par le Covid-19, disparaît à 71 ans

Source :  Le Parisien, Nathalie Revenu, 28-03-2020

L'élu montreuillois Jean-Charles Nègre est décédé vendredi, à l'age de 71 ans. Il rejoint la liste des  élus du département décédés du coronavirus. «Il a été terrassé par ce foutu  Covid-19 », annonce Alexis Corbière. Le député LFI lui rend hommage par un tweet alors qu'il vient d'apprendre la nouvelle.

Un hommage qui traverse toute la classe politique francilienne, de Stéphane Troussel (président PS du Département) à Patrick Ollier (président LR de la Métropole du Grand Paris) ou Anne Hidalgo (maire PS de Paris).

Un homme «au cœur énorme»

Patrice Bessac, maire PCF de Montreuil, très affecté par le décès de son ami a déclaré :« Son engagement au service des autres, du combat communiste et du PCF, son esprit de lutte et de générosité ne nous quitte pas ». Il venait d'être réélu dès le  premier tour des municipales sur la liste conduite par Patrice Bessac.

Cette figure charismatique du communisme avait déjà un riche passé politique derrière lui. Niçois d'origine, il avait rallié l'exécutif du PCF dans les années 70 et avait cotoyé tous les secrétaires nationaux, à commencer par Georges Marchais. Il était d'ailleurs toujours membre du comité exécutif national.

Elu conseiller municipal en 1989

L'actuel chef de file du parti, Fabien Roussel, a loué un homme « au cœur énorme, généreux ». « Toujours disponible, il mettait ses connaissances au service de tous, aussi à l'aise dans les relations diplomatiques que dans les campagnes électorales.»

Il s'investira localement en Seine-Saint-Denis. A partir de 1989, il sera conseiller municipal puis conseiller général de Montreuil-Est en 2001 avant de devenir vice-président du département en 2004.

Source :  Le Parisien, Nathalie Revenu, 28-03-2020

Autres élus touchés par le covid-19 :

  • Jacques Lajeanne, maire d'une commune de 130 habitants située non loin du Morvan, 82 ans
  • François Lantz, 74 ans, maire du village de Saint-Nabor dans le Bas-Rhin
  • François Asensi, maire de Tremblay-en-France
  • Stéphane Blanchet, élu de Sevran
  • Hervé Chevreau, maire d'Épinay-sur-Seine
  • À Drancy, deux conseillers municipaux, Paule Beaujour, 81 ans, Brahim Fellah, 53 ans, sont décédés
  • Déstabilisée et inquiète, Aude Lagarde, la maire, dont le directeur de cabinet et une bonne partie du personnel sont aussi contaminés
  • Régis Pinot, le père du cycliste Thibaut Pinot, élu de Mélisey, en Haute-Saône, évoque dans l'Est Républicain
  • Muzillac, dans le Morbihan, Jo Brohan, le maire sortant, qui ne se représentait pas, a été hospitalisé d'urgence
  • Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine) où le maire,  Laurent Vastel, a écrit à ses administrés pour dire qu'il allait mieux.

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