09/04/2020 investigaction.net  22min #171976

 Selon le renseignement américain, Pékin a menti sur le nombre de victimes du coronavirus en Chine

Une propagande à l'américaine : les « milliers d'urnes de Wuhan »

09 Avr 2020

Article de :  Elisabeth Mertens

Des milliers d'urnes au crematorium de Wuhan? L'information s'est répandue comme une trainée de poudre dans les médias occidentaux pour prouver que la Chine mentait sur le nombre de décès liés au covid-19. Au diable les précautions habituelles sur les thèses complotistes lorsqu'il s'agit de diaboliser la Chine... et que l'information vient de source sûre? À l'origine de cette information justement, on retrouve Radio Free Asia, un média fondé par la CIA pour combattre le communisme, dirigé à une époque par le frère du Dalaï-Lama et historiquement impliqué dans un nœud de vipères. On trouve également la secte Falun Gong, un mouvement raciste et homophobe qui espère que les États-Unis envahiront la Chine pour faire régner les valeurs du monde libre. (IGA)

En marge des grands médias, un article de Ajit Singh fait l'effet d'une petite bombe espérons qu'elle ne soit pas à retardement ! Son article a paru sur  The Grayzone Project sous le titre « US pushes conspiracy theory on China's coronavirus death toll to deflect from Trump administration failures ». Il a été traduit et publié en français sur le site Enthelekheia :  « Des milliers d'urnes » : la dernière théorie du complot des USA sur le bilan des décès de la Chine.

L'article dément formellement que la Chine ait « dissimulé le décès de dizaines de milliers de personnes » atteintes du Covid-19 et avance que cette infox vient d'un « organe de propagande du gouvernement américain » et d'un « membre de longue date d'une secte d'extrême droite anti-Pékin ». L'organe de propagande n'est autre que Radio Free Asia (RFA) et la secte anti-Pékin est le Falun Gong.

L'infox des « milliers d'urnes de Wuhan » cachées au grand public prend sa source dans un nœud de vipères que la rédaction de tibetdoc.org connaît bien pour l'avoir rencontré à maintes reprises dans la mouvance « Free Tibet »: tant Radio Free Asia que le Falun Gong prennent une part active dans une « propagande de guerre » orchestrée par le gouvernement américain à l'encontre de la Chine, une propagande qui se chauffe de tout bois ; les dernières bûches sont virales.

Radio Free Asia et Free Tibet

Radio Free Asia (RFA) est fondée en 1950 par la CIA à travers un organisme appelé « Committee for Free Asia » (Comité pour l'Asie libre). Son but est évident : propager le discrédit sur le communisme asiatique et plus particulièrement sur le Parti Communiste Chinois (PCC) qui s'est proclamé « République populaire de Chine » un an plus tôt.

Le frère aîné du dalaï-lama, Thubten Jigme Norbu (décédé en 2008) fut impliqué dans la direction de RFA avant de devenir le représentant du dalaï-lama aux USA. Né en 1922 dans le Qinghai, Thubten Norbu est reconnu à l'âge de trois ans par le 13ème dalaï-lama comme la réincarnation de Takster Rinpoché. Il deviendra l'abbé du monastère de Kumbum en 1949, l'année même où la Chine devient une « République populaire ». Le monastère est rapidement soumis à la Réforme agraire, ses terres sont redistribuées comme ailleurs en Chine, sauf au Tibet proprement dit qui ne devra pas immédiatement répondre à la Réforme de 1950. Thubten Norbu démissionne alors de son poste.

Le dalaï-lama et son frère aîné, Thubten Norbu

Un an plus tard, en 1951, l'Armée de Libération chinoise (APL) arrive à Lhassa. Contrairement aux idées reçues, il n'y eut pas de bataille en 1951, ni à Lhassa, ni ailleurs au Tibet, ce qui a été vérifié par plusieurs historiens.1 « L'attitude pacifique des Tibétains vis-à-vis de la Chine au début des années cinquante était sans doute basée sur un point de vue réaliste de la situation », écrit Tom Grunfeld, qui fait allusion à l'immense détresse dans laquelle vivait 95% de la population tibétaine sous le régime théocratique.2 Seuls quelques dignitaires, commerçants aisés et lamas de haut rang qui se souvenaient de la prophétie du « Grand Treizième » comme quoi les Tibétains « dépossédés de leur patrimoine et de leurs propriétés, seraient mis au travail par l'ennemi, comme des esclaves », commencèrent un lent exode vers le Bhoutan, le Népal et le Sikkim.

Parmi eux se trouvaient deux frères du 14ème dalaï-lama, dont l'aîné, Thubten Norbu. L'entourage du dalaï-lama profita de ce premier exode pour emporter le « trésor lamaïste » (de grandes quantités d'or et d'argent) et le dissimuler dans les caves du maharadja du Sikkim. Le trésor fut ensuite transféré sous la haute surveillance du frère aîné du dalaï-lama dans une banque de dépôts à Calcutta en prévision de l'exil futur du dalaï-lama qui se préparait déjà avec soin par le haut clergé tibétain en connivence avec des agents de la CIA.3

À Kalimpong au Sikkim, Thubten Norbu reçut de la CIA un visa pour les USA où il collabora avec son jeune frère, Gyalo Thondup, dans le projet de la CIA d'organiser un réseau clandestin au Tibet. Il assista l'instruction des résistants tibétains devant être parachutés au Tibet pour mener une guérilla contre l'APL. Son nom figure dans des rapports sur des camps d'entraînement secrets au Colorado, dans les montagnes rocheuses, et sur l'île de Saipan dans le Pacifique. Dans les années 1950, Thubten Norbu travailla aussi comme traducteur pour la CIA et prit la direction de Radio Free Asia. Par ce biais, il répandit l'idée, à présent bien ancrée en Occident, du droit à l'indépendance pour le Tibet4, - droit revendiqué sur base du fait que, durant la première moitié du 20ème siècle, la Chine avait perdu tout contrôle sur le Tibet qui était indépendant « de facto ». Dans ses mémoires de 1990, « Au loin la liberté », le dalaï-lama confirme que c'était son frère aîné qui s'occupait des relations avec la CIA5 ; il le redit dans un « livre-interview » avec Thomas Laird.6

L'exil massif des dignitaires tibétains accompagnant la fuite du dalaï-lama en 1959 est à situer dans le contexte de la Guerre froide. Quelques mois avant la proclamation de la République Populaire en 1949, l'Office des Affaires étrangères des États-Unis déclarait : « Puisque l'indépendance du Tibet peut servir la lutte contre le communisme, il est de notre intérêt de le reconnaître comme indépendant au lieu de le considérer comme faisant partie de la Chine. »7 Washington qui comptait sur « l'influence idéologique du dalaï-lama pour porter plus loin que les frontières du Tibet »8 fut fort aise de la constitution rapide d'un « Parlement tibétain en exil » à Dharamsala. Pour honorer « l'esprit démocratique » de son Parlement, le dalaï-lama distribua les postes importants aux membres de sa famille et à ses amis proches.9 Il en restera longtemps la tête pensante et gouvernante et, même s'il a officiellement renoncé à ce poste politique en 2011, il en est encore le dirigeant implicite.10

Au début des années 1970, avec le dégel des relations sino-américaines amorcé par le président Richard Nixon, les activités de la CIA au Tibet (armement, entraînement, logistique) ont pris fin. La CIA s'est aussi retirée de son implication dans RFA qui passa alors sous la tutelle du « Board for International Broadcasting » (BIB).11 Thubten Norbu devint le représentant officiel du dalaï-lama aux États-Unis.

Dix ans plus tard, le « National Endowment for Democracy » (NED) remplace la CIA dans le soutien apporté par les États-Unis à la défense de l'indépendance du Tibet, ou mieux dit, dans sa lutte contre le PCC. Le NED, cousin germain de la CIA, fonde et finance l'International Campaign for Tibet (ICT) qui va relayer les informations d'un Tibet « meurtri, violé, envahi, etc. par les communistes chinois » propageant une contagion sinophobe sur l'Occident. Depuis lors, ces infox ont été répétées en boucle par Free Tibet, mais aussi par des organisations moins « politiquement colorées » comme Amnesty International ou Human Rights Watch. Or ces infox provenaient d'une seule et même source : Radio Free Asia. L'accusation de « génocide du peuple tibétain par les Chinois » avait d'ailleurs déjà été formulée par une organisation réactionnaire tibétaine dirigée par Thubten Norbu en 1954, longtemps avant la révolte des Khampas en 1956 et les émeutes de Lhassa en 1959 qui firent fuir le 14ème dalaï-lama vers l'Inde.12

Les infox ayant pénétré l'inconscient sociétal de l'Occident et surtout de son « élite intellectuelle » (philosophes, historiens, écrivains, artistes, etc.), RFA se fit discrète jusqu'en 1989. Avec les événements de la place Tian'anmen, ses services furent à nouveau utiles et la « radio libre » retrouva un regain d'énergie grâce à l'International Broadcasting Act (IBA), un organisme voté par le Congrès américain. Officiellement, RFA devient alors un groupe privé sans but lucratif ; officieusement, elle est financée par une subvention fédérale annuelle provenant du Broadcasting Board of Governors (BBG), un regroupement de « radios libres » qui, de 1994 à 1999, dépendait de l'agence de propagande « United States Information Agency ».13 Le BBG réalise et supervise les demandes de subventions pour RFA. À la direction de cette agence, on trouve le secrétaire d'État et huit personnes choisies par le président des États-Unis.14

Dans ses statuts, le BBG dit devoir « promouvoir et soutenir la liberté et la démocratie en émettant des nouvelles et des informations appropriées et objectives au sujet des États-Unis et du monde à des auditoires d'outremer ». C'est en ce sens que, depuis 2017, RFA s'est activement impliquée dans la propagande concernant la répression chinoise dans la province du Xinjiang.15 De « sources fiables », RFA nous apprend que la Chine a incarcéré plus d'un million de personnes dans des « camps de rééducation » - « le but des centres de rééducation est d'endoctriner et de changer une population entière », lit-on dans la presse.16 Même Amnesty International dénonce les « persécutions des Ouïghours » par le gouvernement chinois.17

Il s'avère que les « sources fiables » citées e.a. par RFA sont toutes issues du « China Human Rights Defenders », la branche chinoise de « Human Rights Watch », une ONG américaine et congénitalement anticommuniste, et du « Victims of Communism Memorial Foundation », une autre ONG américaine fondée en 1993 par des combattants de la Guerre froide. Le président de cette dernière, Lee Edwards, était membre du « Comité pour une Chine libre » de Chiang Kai-shek et fondateur de la section américaine de la « Ligue anticommuniste mondiale », une organisation internationale d'extrême droite. L'implication du gouvernement américain et de ses organes de lutte contre le communisme semble assez évidente dans les dénonciations des « atrocités menées par les Chinois au Xinjiang ».18

Le Falun Gong et « The Epoch Times »

À l'instar de Free Tibet, le Falun Gong allait aussi servir un dessein politique sous facette spirituelle, mais il s'agissait ici d'élever les Chinois contre leur propre gouvernement, le PCC. Créée par Li Hongzhi en 1992, la secte a affiché dès le départ une spiritualité mêlant bouddhisme et taoïsme, c'était un moyen habile pour rassembler un grand nombre d'adhérents chinois autour d'un objectif de déstabilisation politique. D'après des leaders de la secte, des centaines de millions de Chinois auraient déjà quitté le PCC pour se convertir à la « nouvelle religion », ce que le gouvernement dément, bien entendu.

Pourtant, rien ne semblait prédisposer Li Hongzhi à un avenir aussi brillant. Fils d'ouvrier du Nord-Est de la Chine, il fut tour à tour ouvrier agricole, joueur de trompette dans la fanfare de la police, serveur dans un hôtel, fonctionnaire pour une compagnie céréalière. À la quarantaine bien sonnée, il se dit soudainement illuminé par les enseignements de grands maîtres bouddhistes et taoïstes, et habité de pouvoirs surnaturels. Il s'autoproclama « réincarnation de Sakayamuni » (le Bouddha historique) et commença à enseigner diverses méthodes de délivrance bouddhistes (« Falun » signifie la « Roue de la Méthode »), mêlées à des techniques de méditation et à un vocabulaire empruntés au Taoïsme (« Gong » vient de « QiGong », ensemble de pratiques de santé taoïstes).

En l'espace de quelques années, il couvrit la Chine de milliers de centres spirituels où était transmise la voix du sage et où étaient enseignées ses pratiques méditatives. Quels étaient ses financements ? mystère ! « La secte n'hésite pas à s'attaquer vigoureusement à la décadence, à la drogue, à l'homosexualité et même au rock-and-roll Elle fait feu de tout bois pour vilipender le modernisme : l'art, la mode, le déchaînement des foules lors des matches de football, la prostitution sont à ses yeux autant de manifestations de la puissance démoniaque. () Depuis que les femmes se libèrent, on ne voit plus que divorces, conflits et enfants abandonnés. Quant au mélange des races, il pose un problème extrêmement grave », écrit le sinologue Antoine Paoli. 19

Li Hongzhi lors d'une conférence à New York le 14 mai 2017 (photo publiée par Epoch Times)

Selon Radio Free Asia, en 1999, de 60 à 70 millions de personnes pratiquaient le Falun Dafa (méthodes de « Falun ») en Chine. Dans les grandes villes, il y avait de nombreux sites de pratique en groupes dans les parcs rassemblant jusqu'à un millier de pratiquants.20 Le phénomène avait pris une telle ampleur que le président Jiang Zemin s'en inquiéta et lança une contre-offensive musclée que RFA ne tarda pas à dénoncer comme étant une « persécution » et une « atteinte à la liberté ».21

C'est le moment que choisit Li Hongzhi, devenu résident permanent américain depuis 1998, pour toucher les Chinois expatriés. Il créa un périodique en s'associant à un collectif de journalistes chinois dissidents vivant aux États-Unis. Basés à New York, les rédacteurs l'ont intitulé « The Epoch Times ». Sur leur site, on lit : « 'The Epoch Times' a été fondé aux États-Unis en 2000 en réponse à la répression communiste et à la censure en Chine. Nos fondateurs, des Américains d'origine chinoise qui avaient eux-mêmes fui le communisme, ont cherché à créer un média indépendant pour apporter au monde des informations véridiques et non censurées. »22

Depuis sa fondation, le périodique « The Epoch Times » est publié et distribué gratuitement, les zones habitées par les Chinois d'outre-mer étant particulièrement bien desservies. « Le journal est disponible en 21 langues et a une distribution de 1,315 million exemplaires par semaine dans 35 pays différents. En plus d'une distribution presse au niveau mondial, 'The Epoch Times' est également disponible en 21 langues sur l'Internet pour un cumul total de 49,7 millions de pages vues par mois, 7,797 millions de visites par mois et 4,737 millions de visiteurs uniques », selon Wikipédia.23 Même question : quel financement pour organiser une propagande d'une telle envergure ? Avec son salaire d'ouvrier et de trompettiste à la gendarmerie? Convertir des centaines de millions de personnes et distribuer gratuitement des millions de périodiques, ce n'est plus un défi personnel, c'est toute une organisation qui travaille derrière Li Hongzhi.

Un début de réponse à la question du financement du Falun Gong et de « The Epoch Times », se trouve dans la version chinoise du périodique qui, en 2004, a publié une série d'éditoriaux intitulée les « Neuf commentaires sur le Parti communiste ». Dans l'introduction de ce texte qui fut traduit en trente langues et diffusé dans le monde entier, on lit ceci : « Une dizaine d'années après l'effondrement de l'ex-Union Soviétique et des régimes communistes de l'Europe de l'Est, le mouvement communiste international est aujourd'hui rejeté dans le monde entier, et la fin du Parti communiste chinois (PCC) n'est qu'une question de temps. »

Voici les titres des « Neuf commentaires sur le Parti communiste »:

1. Qu'est-ce que le Parti communiste?

2. Les débuts du Parti communiste chinois

3. La tyrannie du Parti communiste chinois

4. Le Parti communiste est une force qui s'oppose à l'univers

5. La connivence de Jiang Zemin et du Parti communiste chinois : s'utiliser mutuellement pour persécuter le Falun Gong

6. Comment le Parti communiste chinois a détruit la culture traditionnelle

7. L'histoire de tueries du Parti communiste chinois

8. En quoi le Parti communiste chinois est une secte perverse

9. Sur la nature sans scrupules du Parti communiste chinois

En 2006, le Vice-président du Parlement européen, Edward McMillan-Scott, a signé plusieurs articles dans « The Epoch Times ». On peut y lire ceci : « Ce n'est probablement plus qu'une question de temps pour que le régime s'effondre. Les contradictions économiques massives, la corruption administrative manifeste, la dissidence largement répandue dans le milieu rural, le courage toujours croissant des groupes religieux ainsi que l'habileté des jeunes gens à contourner les restrictions Internet sont tous des signes précurseurs de changement. » Il ajoute que « le monde civilisé devrait désormais éviter la Chine ».24 Étaient en cause : les « Droits de l'Homme » bafoués par l'incarcération de milliers de prisonniers du Falun Gong. Ce fut ensuite le tour de Chris Smith, chairman aux Affaires étrangères des USA, chargé de l'Afrique, de la Santé, des Droits de l'homme et de l'Aide humanitaire internationale, de critiquer l'attitude du PCC vis-à-vis des membres du Falun Gong, des « innocents injustement torturés ».25 Des articles d'autres personnalités bien en vue ont suivi rendant les visées politiques du Falun Gong et de « The Epoch Times » limpides. En 2019 et 2020, plusieurs médias notent la ligne éditoriale pro-Trump du journal, l'utilisation de fake news et de théories du complot, et le financement de publicité politique en faveur de Trump et d'idées conservatrices.26

Le mouvement « Tuidang » est apparu peu de temps après la publication des « Neuf commentaires sur le Parti communiste » dans « The Epoch Times » en 2005. « Tuidang » signifie en chinois « se retirer du Parti » et indique concrètement l'acte de renoncer publiquement au Parti communiste chinois (PCC) et à ses organisations affiliées : les Jeunes pionniers communistes et la Ligue de la jeunesse communiste. Les discours de Li HongZhi montraient la voie aux nouveaux convertis, voici un court extrait de celui de 2012 : « Le but est de se débarrasser des mensonges de la perversité, de rendre les gens capables de voir le vrai visage du PCC, de nettoyer les péchés commis par les gens contre les divinités et les bouddhas, et ainsi sauver les gens de ce monde. » En janvier 2019, le mouvement « Tuidang » était fier de pouvoir annoncer que les « Neuf commentaires » avaient déjà incité plus de trois cents millions de personnes à se retirer du PCC, ce que Pékin dément formellement : fin de 2018, le Département de l'Organisation du Comité central annonçait que le PCC comptait 90,59 millions de membres.27

Depuis les débuts de Li Hongzhi sur la scène « spirituelle » chinoise en 1992, le Falun Gong, « The Epoch Times », puis le mouvement Tuidang, mènent de front une guerre ouverte contre le PCC, une guerre qui à l'instar de celle menée par Free Tibet et par les mouvements dalaïstes, est financée et orchestrée par les États-Unis. Mais à la différence des mouvements Free Tibet et apparentés qui visent l'instauration d'une sinophobie latente parmi les populations occidentales, le Falun Gong et ses annexes se focalisent sur les populations chinoises afin de toucher le PCC de l'intérieur. Le lamaïsme à l'occidentale et le Falun Gong à al chinoise sont deux exemples de mouvements anti-Chine dont la propagande est diffusée par le biais de pratiques spirituelles et est soutenue logistiquement et financièrement par les Etats-Unis.

Que les religions n'aient pas une place de choix dans le plan quinquennal de la République Populaire de Chine n'étonnera personne. Toutes les religions présentes en Chine sont pratiquées librement, bien qu'il s'agisse d'une « liberté surveillée ». Ceci n'a rien de nouveau: depuis le début de notre ère (époque des Han, 206 av. J.-C. à 220 apr. J.-Chr.), le gouvernement chinois a institutionnalisé les religions dans le but de les contrôler. Il estimait que le pouvoir de fascination des religions présentait un danger pour la stabilité de la Bureaucratie céleste. La Chine communiste, si elle n'est plus céleste, est restée bureaucratique, et elle n'a pas changé son fusil d'épaule. Le PCC autorise les diverses pratiques religieuses, mais il sévit dès qu'une institution religieuse se sert de discours spirituels pour faire passer un message politique. Arrestation et incarcération sont le sort des semeurs de troubles, ce qui fait automatiquement frétiller les médias des « pays démocratiques ».

En guise de conclusion

Que le Falun Gong et la RFA soient impliqués dans une nouvelle attaque contre le PCC, cette fois concernant un problème sanitaire international, n'est pas vraiment surprenant. Ces deux organes de propagande antichinois s'éveillent à la moindre occasion, celle du Coronavirus était trop belle pour la laisser s'échapper. « La déclaration de dizaines de milliers de morts cachées semble avoir été rapportée pour la première fois par Radio Free Asia (RFA), une agence de presse du gouvernement américain créée pendant la Guerre froide dans le cadre d'un 'réseau mondial de propagande' construit par la CIA », écrit Ajit Singh qui cite le « New York Times ».28 Ce fake news sur les morts cachées proviennent d'un tweet de Jennifer Zeng, une Chinoise née au Sichuan en 1966 et affiliée au Falun Gong depuis 1997, elle dénonce régulièrement les « crématoires occultes » en Chine, ainsi que le « trafic d'organes prélevés sur ses membres et sur les Ouïghours », et autres histoires d'horreur perpétrés par les dirigeants de Pékin.

L'OMS a, quant à elle, remercié le gouvernement chinois pour sa réactivité. Le Dr Michael Ryan, directeur exécutif du Programme des urgences sanitaires de l'OMS, a parlé d'une réponse épidémique d'un niveau jamais rencontré et a déclaré que la Chine « prenait des mesures extraordinaires face à un défi extraordinaire ». Bien qu'il y ait eu des erreurs et des lacunes dans la gestion du Coronavirus, le PCC a sorti la population chinoise d'un marasme sanitaire qui aurait pu, sans son intervention rapide et efficace, devenir une catastrophe humaine sans précédent. Que Trump en fasse des cauchemars et tente de rectifier le tir en activant ses organes de propagande, genre RFA et Falu Gong, rien de plus normal en temps de guerre. Les « Principes élémentaires de propagande de guerre » d'Anne Morelli sont à relire d'urgence pour décoder les fake news dont nos médias pullulent.29

Source:  TibetDoc

Notes :

1Tom Grunfeld, « The Making of Modern Tibet », Zed Books, 1987; Melvyn C. Goldstein, « A History of Modern Tibet, vol.1: 1913-1951 », UCP, 1989; Wang Lixiong, Tsering Shakya, « The struggle for Tibet », Verso, 2009; « Tashi tsering, « Mon combat pour un Tibet moderne, Récit de vie », Golias, 2010; Maréchal Bernard, « Combat pour la vérité, contre la désinformation », Livre Actualité, 2017; Albert Ettinger, « Batailles tibétaines », CIP, 2018; André Lacroix, « Dharamsalades, les masques tombent », Amalthée, 2019

2Tom Grunfeld, « The Making of Modern Tibet », Zed Books, 1987

3 Tashi Tsering, « Mon combat pour un Tibet moderne », éd. Golias, p. 72-73

4Conboy K., Morrison J., « The Cia's Secret War in Tibet », University Press of Kansas 2002

5Dalaï-lama, « Au loin la liberté » pages 177, 184, 202

6 « Une histoire du Tibet, Conversations avec le Dalaï-lama Lama » Éd. Plon, 2006, pp. 304, 340

7Citation du FRUS:  history.state.gov

8Citation du FRUS:  history.state.gov

9J-P Desimpelaere, « Démocratique, le gouvernement tibétain en exil ? » sur  tibetdoc.org

10J-P Desimpelaere, « Le dalaï-lama annonce sa retraite » sur  tibetdoc.org

11  Laville et Wilford 1996, p. 215 ;  Engelhart 1998, p. 120  1 [ archive] « The other brother traveled untold secret miles, addressing global audiances through a media all his own-CIA-funded operations like Radio Free Europe, Radio Free Asia, and Radio Liberation, which claimed to be « private, nongovernmental » services. Meanwhile, from Guatemala and Iran to Albania, he pursued « rollback » in private. » ; ( Thussu 2000, p. 37) sur fr.wikipedia.org

12  tibetdoc.org

13  «  22 U.S. Code 1464a - Broadcasting Board of Governors satellite and television  » [ archive], sur law.cornell.edu

14  «  22 U.S. Code 6203 - Establishment of Broadcasting Board of Governors  » [ archive], sur law.cornell.edu

15  rfa.org

16  tibet.fr

17 amnesty.org

18  investigaction.net

19 « Falungong: la secte qui fait peur à Pékin » de Antoine Paoli, Sinologue, spécialiste de la période contemporaine sur  politiqueinternationale.com

20  fr.clearharmony.net

21 « Falungong: la secte qui fait peur à Pékin » de Antoine Paoli, Sinologue, spécialiste de la période contemporaine sur  politiqueinternationale.com

22  fr.theepochtimes.com

23 fr.wikipedia.org

24  theepochtimes.com

25  theepochtimes.com

26  «  Epoch times et populisme : les liaisons dangereuses  », publié sur Widoobiz le 5 mars 2020

27  french.xinhuanet.com

28  entelekheia.fr

29Anne Morelli, « Principes élémentaires de propagande de guerre », Aden, 2010

 investigaction.net