14/05/2020 telex.ovh  5 min #173886

Comment lutter contre une pandémie ?

Si on m'avait posé la question, j'aurais répondu dès le premier jour par ce qui suit, en tenant compte de l'ensemble des dispositifs possibles et existants, et en utilisant la méthode qui consiste à délimiter pour chacun d'eux leur périmètre d'utilité.

Pensez donc que le docteur Macron, qui se croit meilleur que les autres docteurs, n'a utilisé qu'une seule méthode, qu'il a appliquée de façon indiscriminée à tout le monde. Dans le cadre d'une pièce de Molière, on aurait pu en faire des scènes drôles, mettant en exergue la paresse mentale qui préside à ce genre d'autoritarisme.

Et finalement cela m'a même aidé à définir la dictature comme étant un summum d'imbécilité.

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La première chose à faire, selon toute évidence, est de faire reposer la fiabilité du système de prévention-détection sur les citoyens eux-mêmes. Et la première de toutes les règles, évidemment aussi, est de faire usage de la liberté individuelle comme d'une force créatrice.

Ainsi on pouvait mettre en place un site web, en deux heures de travail payé 10 euros de l'heure, sur un serveur à 15 euros par mois (c'est très suffisant) demandant à chacun de remplir un questionnaire de quelques questions, afin de localiser les malades. Les citoyens auraient eu à mettre à jour leurs déclarations chaque fois qu'ils avaient quelque chose de nouveau à signaler. Cela aurait été la principale source de données sur la contamination.

Les personnes non-concernées auraient été laissées libres de leurs mouvemets, mais munis de précautions d'usage contre d'éventuels porteurs sains.

On n'interdit surtout pas d'abandonner les vieux ou d'aller se promener au soleil dans la nature, sachant à quel point la dimension psychologique est opérationnelle pour le fonctionnement du système immunitaire. À tel point qu'on aurait fondé la lutte contre le virus sur une perception positive des choses, mettant en action l'esprit d'initiative et la dédramatisation.

Le fait de rester cloîtré chez soi, sans aucune stimulation immunitaire, dans le froid des immeubles sous-chauffés (il faisait 12° chez moi), est carrément le meilleur moyen de se préparer à attraper un rhume dès qu'on met ensuite le nez dehors.

En maximisant le télétravail on dégage une certaine quantité de risques, mais il faut laisser aux travailleurs le soin de décider, selon chaque cas, s'il veut se mettre en chômage technique. La plupart des emplois sont parfaitement sécurisés, c'est donc inutile de les stopper. Au contraire s'ils sont forcés de travailler dans une trop grande proximité (comme chez Amazon), ils doivent avoir un droit légal de se retirer, avec des compensations.

Bien sûr l'arrêt des voyages, des transports publics (principaux véhicules du virus) aurait été proclamé, du moins le temps de s'assurer que des véhicules soient complètement décontaminés chaque jour.

Il aurait fallu également mobiliser les cliniques privées plutôt que de déplacer les malades dans d'autres pays, et même au besoin, construire dans l'urgence de nouveaux hôpitaux, même s'ils sont provisoires, ou s'ils réutilisent des bâtiments désaffectés. Il fallait s'assurer d'avoir toujours un nombre de lits supérieur à la demande.

Au niveau alimentaire, c'était l'occasion de promouvoir les denrées produites localement, les circuits-courts, et l'arrêt de consommation de viande. Pour cela il suffisait de faire assumer par les services techniques municipaux la distribution des denrées allant directement du producteur au consommateur, sans passer par les distributeurs, ce qui augmente le prix de vente pour le producteur et diminue le prix d'achat pour le consommateur. De nombreux biens de première nécessités auraient dû être détaxés, avec une TVA à 0%. On aurait aussi pu augmenter celle des biens de seconde nécessité.

Évidemment, il fallait produire dans l'urgence des masques adaptés, et les distribuer gratuitement, quitte à rouvrir des usines qu'on avait laissées sur le carreau.

Il aurait été bienvenu d'accorder aux personnels de santé une prime de risque doublant leur salaire habituel, ainsi qu'une liberté complète de refuser le travail, doublé d'une campagne de recrutement intensif pour suppléer aux activités annexes qui leur consomment inutilement leur temps (plutôt que de laisser cela reposer sur un bénévolat géré tant bien que mal).

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Toute la stratégie aurait dû reposer sur le fait de localiser précisément les personnes atteintes et de les soigner le plus tôt possible avec de simples antibiotiques, puisqu'on a vite compris que c'était cette partie-là des soins habituels qui était efficace.

Des tests à large spectre auraient dû être distribués gratuitement, et analysés avec soin, sans tirer de conclusion hâtive, en mettant juste les gens sous surveillance pendant dix jours s'ils sont positifs.

Enfin, une étude logicielle aurait dû permettre, quitte à interroger les personnes au cas par cas sur avec qui elles ont été en contact, localiser les probabilité de transmission du virus. Il faut savoir que des régions entières sont restées totalement à l'abri, il était donc inutile de les cloîtrer. Il n'est pas vain de procéder ainsi, même si cela paraît démesuré. C'est la meilleure méthode ; bien meilleure que de ne rien faire.

L'ensemble des données, celles du site, celles des enquêtes, des hôpitaux, aurait permit d'avoir une carte des contaminations et d'y exercer des approches spécifiques afin de les endiguer. Quand on s'attaque à un virus, on s'attaque à un problème multimodal, et le but du jeu est d'être présent partout à chaque instant, jusqu'à en éliminer toute trace.

Peut-être que pendant le pic il y aurait eu un confinement généralisé, mais seulement de quelques jours.

Le problème du virus, ce qui fait toute la difficulté de la gestion de la crise, était qu'il pouvait siéger jusqu'à dix jours dans le corps, se transmettre, sans être détecté. C'est vraiment un épineux problème. Mais combiné avec une étude sérieuse sur la propagation, de la même manière qu'un enquêteur est sur la trace d'un criminel, il aurait été possible, plutôt que d'agir vaguement uniformément, de concentrer son action sur les théâtres d'opérations les plus évidents.

Bref comme je l'ai dit, quitte à se déclarer "en guerre", il vaut mieux mettre les moyens humains et techniques en action, plutôt que de tous aller se cloîtrer à la maison en attendant que le fléau passe, comme si on était tous des Macron.

 telex.ovh

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