28 Mai 2020
Article de : Gabrielle Lefèvre
Le 10 avril, nous vous parlions d'une possible attaque menée par les Etats-Unis contre le Venezuela de Maduro coupable d'être de gauche dans une Amérique latine virant à droite toute. C'est ce qui a eu lieu mais cela a raté. Et cela démontre l'absurdité de la gouvernance actuelle des Etats-Unis, incapables de lutter contre un virus mais déstabilisant sans cesse les équilibres politiques dans le monde entier. Pour l'instant, le président Trump attaque frontalement la Chine qu'il accuse d'être à l'origine de la pandémie, au lieu de se joindre aux efforts communs afin de vaincre la maladie.
Echec au Venezuela
Une douzaine de paramilitaires ont été capturés entre le dimanche 3 mai et le lundi 4 mai 2020 dans la région côtière de La Guaira et Chuao avec le concours de pêcheurs, explique InfoAmericas. Il y a parmi eux des déserteurs des forces armées et de la police du Venezuela, ainsi que d'anciens militaires des Etats-Unis. Huit de ces mercenaires ont été tués par les forces de sécurité du pays. A présent, le gouvernement vénézuélien dispose de preuves irréfutables de ce complot visant à destituer Maduro. Rappelons que Juan Guaido, président de l'Assemblée nationale s'est autoproclamé président de la République bolivarienne du Venezuela le 23 janvier 2019. Depuis, il mène une opposition musclée contre le régime de Nicolas Maduro soutenu, lui, par l'armée, le tribunal suprême et l'assemblée nationale constituante. Guaido a été reconnu président par une cinquantaine de pays, Etats-Unis et Canada en tête et par la plupart des pays de l'Union européenne (dont la Belgique) qui s'alignent ainsi sur la politique américaine de déstabilisation de régimes démocratiques de gauche en vue d'assurer une mainmise sur le pétrole vénézuélien.
Juan Guaido avait déjà raté une opération de soulèvement militaire et ses manifestations de masse rencontrent de moins en moins de succès populaire. Puis, il se serait allié « à l'insu de son plein gré » à des narcotrafiquants paramilitaires colombiens censés superviser un convoi d'aide humanitaire au Venezuela. Et voilà que, malgré les millions de dollars mis à sa disposition par le gouvernement des Etats-Unis, Guaido échoue dans cette tentative de coup d'Etat dont on retrouve les preuves comme des contrats de recrutement de mercenaires signés de sa main. Il est possible que les Etats-Unis ne soutiendront plus ce président autoproclamé et maladroit et que la diplomatie internationale soutienne l'opposition dite « modérée » à l'autre président Nicolas Maduro qui, pendant ce temps, essaie de gagner la seule bataille qui importe : la santé de sa population menacée par la pandémie du Covid-19.
La bonne santé des industries de guerre
Il est effarant en effet de constater le nombre de milliards de dollars et d'euros dépensés dans les industries de guerre. Et la hausse est record ! L'institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI) vient de livrer son dernier rapport annuel : « Tarja Cronberg, membre associée au SIPRI, interprète cette hausse, et tout particulièrement dans les dépenses des Etats-Unis, de la Chine et de la Russie, tous trois dans le top 5, comme une preuve de la rivalité croissante entre ces trois grandes puissances. Les Etats-Unis couvrent à eux seuls 38% des dépenses militaires mondiales. Amela Skiljan, coordinatrice au Bureau International de la Paix, contribue à mieux décomposer et comprendre le montant de 1.917 milliards de dollars dépensés en 2019 dans l'armement : 1.917.000.000.000 dollars par an, cela signifie une dépense mondiale de 60.800 dollars par seconde ! »
Toujours selon ce rapport, « L'Allemagne se place en huitième position avec une hausse du budget de 10% par rapport à 2018, derrière la France et le Royaume-Uni. Les 29 Etats membres de l'OTAN comptent pour près de la moitié des dépenses militaires mondiales, avec un montant de 1.305 milliards de dollars. Les autres puissances économiques se positionnent en tête et enregistrent presque toutes une augmentation de leurs dépenses. Les pays africains et quelques pays du Proche Orient enregistrent les baisses les plus significatives alors même que les conflits armés persistent. »
Dernier scandale récent : l'Union européenne envisage de s'équiper en drones tueurs Hermes 900 fournis par la société d'armes israélienne Elbit System (pourtant complice de crimes contre l'humanité par sa participation à la répression des Palestiniens dans les territoires occupés par Israël). Et cela afin de contrer les migrants qui se pressent à nos portes, fuyant les guerres, les maladies, la famine, la pauvreté extrême...
Au moment où des sommes considérables sont demandées pour sauver des vies fauchées par la pandémie, où des centaines de millions de travailleurs perdent tout revenu, où encore plus de personnes sont victimes de famine et que le Programme Alimentaire Mondial des Nations Unies appelle à l'aide d'urgence, ce gaspillage d'argent visant à l'industrie de la mort est absurde, indécent, criminel. « Avec 13.5% des dépenses militaires mondiales, chaque individu sur terre pourrait avoir quelque chose à manger tous les jours » souligne Karin Vogler, députée de la Gauche allemande (Die Linke).
Et en Belgique ?
Ces dernières semaines, la plateforme « Pas d'avions de chasse » a diffusé une carte blanche signée par de nombreuses associations pacifistes, progressistes, sociales et culturelles. On y rappelle notamment que « En 2017 pourtant, alors que la Ministre du budget Sophie Wilmès annonçait un budget pour la sécurité sociale ponctionné de près d'un milliard (902 millions) d'euros, le gouvernement dégageait 9,3 milliards d'euros pour l'achat de matériel pour l'armée belge : deux frégates, des chasseurs de mines, 450 véhicules blindés, des drones... et 34 avions de combat pour lesquels le gouvernement Michel a signé un contrat d'achat d'une valeur de plus de 4 milliards d'euros en octobre 2018. Sur la totalité de leur durée de vie, ces avions couteront 12,5 milliards aux contribuables belges... sans compter leur utilisation qui chiffre à 40.000 euros l'heure de vol. D'énormes investissements qui ne sont pas destinés à notre sécurité mais qui répondent à la pression de l'OTAN et des États-Unis pour augmenter à 2% du PIB, nos dépenses de défense. »
Appel est donc lancé afin que tous nous exigions du futur gouvernement l'arrêt de ces dépenses militaires et l'investissement de ces sommes considérables dans les soins de santé et la sécurité sociale.
Nombre d'hommes et femmes politiques, d'ONG, de scientifiques, d'intellectuels, de citoyens en appellent à un changement de cap urgent, à concilier les objectifs du développement durable, la lutte pour le changement climatique, la santé, l'alimentation l'eau potable pour tous. La bataille sera rude car des personnes influentes dans le monde des affaires et des entreprises font pression sur nos représentants politiques pour qu'une reprise se fasse à l'identique, donc selon le modèle néolibéral mondialisé, en remettant aux calendes grecques l'indispensable changement de paradigme économique.
Source: Entre les lignes
Notes :