Par Ramona Wadi
En avril, l'administration civile israélienne a déclaré qu'elle mettrait un terme à la démolition et à la destruction des habitations palestiniennes pendant la pandémie de coronavirus. Cette décision, communiquée comme une victoire par l'Autorité palestinienne, a tenté de dépeindre Israël comme étant préoccupé par les conséquences humanitaires de la pandémie pour une population déplacée.
La police israélienne arrête des Palestiniens à Jérusalem le 24 mai 2020
[Mostafa Alkharouf/Anadolu Agency].
Cependant, les "préoccupations sécuritaires" ont fourni une brèche à Israël pour qu'il puisse se livrer à des démolitions même pendant cette période. De plus, les infrastructures palestiniennes n'ont pas été épargnées par la violence routinière et délibérée. Les démolitions de maisons n'ont pas cessé, pas plus que la destruction des biens palestiniens et le ciblage des produits de première nécessité, comme l'approvisionnement en eau.
L'ONG israélienne B'Tselem a rapporté qu'Israël a endommagé 24 réservoirs d'eau dans le village palestinien de Kafr Qadum depuis le début du mois d'avril. La destruction, selon B'Tselem, est effectuée en représailles aux protestations hebdomadaires contre le blocage par Israël des voies de sortie du village. Les Palestiniens participent à ces protestations depuis 2011.
"Plutôt que l'initiative aléatoire d'un soldat particulier", a noté l'ONG, "cette conduite est au moins tolérée par les commandants sur le terrain, au mépris flagrant de la vie et des biens des résidents". Les soldats israéliens ont tiré à plusieurs reprises sur des réservoirs d'eau, épuisant une ressource qui fait partie du vol colonial que l'État voyou inflige aux Palestiniens.
Les réservoirs d'eau visés par les tirs de l'armée d'occupation sur la maison de la famille Shteiwi, Kurf Qaddum. (photo Btselem)
Les témoignages donnés par les Palestiniens à B'Tselem montrent une corrélation entre les protestations et le ciblage israélien des approvisionnements en eau des Palestiniens. "Peut-être que les soldats pensent que cela fera cesser les protestations hebdomadaires", a déclaré un Palestinien à l'ONG, "mais si c'est le cas, ils se trompent et se font des illusions".
Les Palestiniens qui étaient chez eux lorsque les soldats israéliens ont commencé leur attaque se souviennent avoir dû attendre la fin des manifestations pour inspecter les dégâts causés aux réservoirs d'eau. "Un moment après, j'ai entendu l'eau couler du toit dans la cour par les tuyaux d'évacuation. Comme les soldats étaient encore sur la colline, j'avais peur de monter sur le toit". En cette seule occasion, 450 litres d'eau ont été gaspillés à cause de la violence israélienne (vidéo ci-dessous).
La pandémie a encore restreint les options des Palestiniens en termes de récupération de leur approvisionnement en eau. L'achat de nouveaux réservoirs d'eau est une entreprise coûteuse pour une population qui connaît des difficultés financières en raison des restrictions de mouvement et d'emploi imposées par Israël. En outre, les soldats israéliens ont banalisé cette violation, de la même manière qu'ils ont normalisé d'autres violences. La seule option qui reste pour les Palestiniens est de procéder à des réparations fréquentes et temporaires du réservoir d'eau. "Je ne peux pas payer 500 shekels chaque fois qu'ils tirent sur un réservoir d'eau. Donc, chaque fois qu'ils commencent à tirer, je ferme le robinet principal et je répare temporairement le réservoir avec des vis et de la colle".
Non content de voler l'eau aux Palestiniens, Israël cherche également à épuiser le maigre approvisionnement qu'il autorise. Le silence de la communauté internationale nous dit que l'eau, essentielle à la survie, n'est qu'un mot de plus quand il s'agit des violations des droits de l'homme commises par les Israéliens. Lorsqu'Israël intensifie ses attaques contre les Palestiniens, loin d'accepter collectivement de demander des comptes à l'État d'occupation en lui imposant des mesures punitives, l'ONU réagit en créant un niveau supplémentaire de normalisation de la violence coloniale.
Source : Middle East Monitor
Traduction : MR pour ISM