M. Klaus Schwaab qui fut le grand architecte de la mondialisation puis de la globalisation annonce le grand reset. Pour nous, il s'agira de faire entrer le projet néolibéral de restructuration de la planète dans sa phase ultime. De fait, l'effondrement monétaire de l'Ancien Monde laissera la place à un Nouveau 100% digitalisé. Il ne faut pourtant pas se tromper. Sous des allures de nouveauté, le tout digital est mis en place par les fidèles et loyaux acteurs de l'Ancien Monde qui acceptent que l'humain de base (bien sûr pas les gagnants) mute en une ressource humaine toute dédiée à sa « communauté » locale, tout en étant capable de migrer pour rendre service à la communauté globale. Le bénévolat devrait fleurir, le salariat disparaître, le salaire unique s'imposer, le principe de ration alimentaire se multiplier, etc. Quid des personnes fragiles? - LHK
« La pandémie nous offre une rare occasion de remettre notre monde à zéro. En bref, nous avons besoin d'un Grand Reset. Nous ne devons pas rater cette opportunité unique. » (Prof. Klaus Schwab, président-fondateur du Forum de Davos, 3 juin 2020)
Le terme de « Grand Reset » a été rendu célèbre en 2014 par Christine Lagarde, alors à la tête du FMI, pour désigner la prochaine crise financière. Celle-ci devant être suffisamment violente pour « remettre l'économie à zéro ». Or, voilà que cette prédiction apocalyptique est en train d'acquérir une connotation positive !
De fait, le Forum de Davos insiste sur l'idée selon laquelle « toute crise présente une opportunité ». En l'occurrence, il s'agira de mettre à profit l'effondrement financier et monétaire qui s'annonce pour imposer un projet de société radical, que le World Economic Forum partage, en particulier, avec l'ONU et le FMI.
La discrimination positive est au cœur des préoccupations d'UN Global Compact, la plateforme d'affaires de l'ONU, qui regroupe des multinationales telles que Coca-Cola, Nestlé, McDonald's, Microsoft, etc. La discrimination positive comme priorité du capitalisme transnational
Le 3 juin dernier, le Forum mondial de Davos lançait, conjointement avec l'ONU et le FMI, la « Global Reset Initiative ». Outre l'inévitable « lutte contre le changement climatique », les dirigeants de ces organisations y appelaient à un « nouveau contrat social », afin de créer une « société globale » plus « inclusive ».
Des thématiques qui avaient déjà été abordés un mois plus tôt - à Genève également - par la « Covid Response Alliance ». Un groupe de travail du World Economic Forum composés « d'entrepreneurs sociaux » (dont IKEA) et chapeauté par l'ONG américaine B Lab. Or, tout le travail de cette organisation « sans but lucratif », qui n'en bénéficie pas moins du soutien actif de diverses multinationales (McDonald's, Unilever, Danone, Adidas), est bel et bien axé sur la discrimination positive.
« Assurez-vous d'avoir un groupe de propriétaires, de cadres et de directeurs issus de la diversité. Remplissez les postes vacants de femmes, de personnes de couleur, de LGBTQ Une étude a démontré que les subordonnés de cadres gays tendent à avoir 35% de satisfaction [sic] et d'engagement professionnel en plus. » ( The B Corp Handbook, 2014)
Un argumentaire un peu particulier qui n'en a pas moins été repris dans la foulée par le grand cabinet de conseil transnational McKinsey (cette société présentant depuis 2015 la « diversité » et « l'inclusion » comme des facteurs de productivité essentiels). Le fait que B Lab ait été intégrée aux préparatifs du « Grand Reset » révèle ainsi les intentions des élites mondialisées. La prochaine crise financière représentera une « opportunité unique » d'imposer des changements sociétaux majeurs - en particulier dans le monde de l'entreprise.
Or, même si le World Economic Forum assure le spectacle avec son « initiative » pour le « Grand Reset », c'est en réalité l'ONU qui est au cœur de ce projet de reprise en main de la société.
Lieu officiel des rencontres du World Economic Forum dans le cadre de la »Global Reset Initiative », la Ville de Genève veut se mettre en harmonie avec le projet de « société globale inclusive » porté par les milieux d'affaires transnationaux. Quitte à flirter par moment avec le ridicule Un reporting global pour superviser la transformation sociétale
Depuis 2015 et l'adoption par l'ONU de son « Agenda 2030 », les États-membres doivent produire chaque année un rapport détaillé, en vue de mesurer leurs progrès en termes de « développement durable ».
Or, pour mettre en œuvre son « Grand Reset » sociétal, le Forum de Davos propose aujourd'hui d'étendre cette même logique aux entreprises :
« Ça devrait être un must pour les entreprises de produire des rapports non seulement sur leurs succès financiers, mais également sur l'exercice d'une bonne gouvernance. » (Klaus Schwab, 3 juin 2020)
En 2019, l'ONU et B Lab ont développé une plateforme commune pour « mesurer l'impact social » des entreprises. Comme on peut s'en douter, la discrimination positive y occupe une place centrale, sous couvert de contribution à « l'égalité de genre » (qui concerne tout autant les femmes que les LGBT). Un reporting qui s'inscrit dans le cadre des « objectifs de développement durable » de l'ONU.
Toutefois, contrairement à ce qu'affirmait récemment encore le responsable de son antenne suisse, B Lab est bien consciente du fait que la systématisation des discriminations (positives) en entreprise n'entraîne pas nécessairement de meilleures « performances financières » :
« Il n'y a pas de convergence magique entre le succès financier et les préoccupations plus larges. Parfois, une entreprise devra simplement accepter de sacrifier de la rentabilité financière »
En d'autres termes, les entreprises doivent être prêtes à perdre de l'argent, notamment pour recruter et promouvoir massivement des représentants de la « diversité ». Sauf que voilà, même les multinationales les plus « engagées » en faveur du politiquement correct tiennent à leurs rendements
Pour pouvoir généraliser - et intensifier - les discriminations en faveur des femmes, des LGBT, etc., il s'agira donc d'inciter financièrement les entreprises à se plier aux exigences idéologiques des élites mondialisées.
C'est là que les GAFAM entrent en jeu.
Les GAFAM n'ont pas attendu les recommandations du World Economic Forum pour produire des rapports annuels sur « la diversité et l'inclusion » c'est leur grand dada depuis plusieurs années déjà !
même si elles ne sont pas encore elles-mêmes tout à fait prêtes à mettre n'importe qui à n'importe quel poste.
Un nouveau système monétaire et financier est en train de naître ! Mais faut-il réellement s'en réjouir ? Les GAFAM au cœur du nouveau système financier occidental
« Depuis quelques semaines, toute l'attention se porte sur le projet Libra annoncé dans l'entourage de Facebook. Dans un avenir peut-être pas si lointain, vous pourrez payer à l'aide d'un jeton numérique. »
En septembre dernier, le président de la Banque nationale suisse (BNS) avait annoncé l'arrivée prochaine d'un nouveau système financier, basé sur les « monnaies numériques ». Les banques commerciales allaient bientôt être soumises à la concurrence directe de nouveaux acteurs tels que Facebook :
« Les émetteurs [de monnaie numérique] doivent respecter les mêmes règles du jeu que les banques. Il faut appliquer ici le principe de la réglementation en fonction de l'activité, et non de la technologie: 'same business, same risks, same rules'. »
Dès juillet 2019, le président de la Banque fédérale d'Allemagne avait lui aussi exprimé son soutien à la 'monnaie de Facebook'. Et quelques mois plus tard, c'est la Commission européenne qui affichait son engagement en faveur de ce projet basé à Genève.
Or, en plus d'être ouvertement favorable à la discrimination positive (tout comme les autres GAFAM), Facebook collabore au « Partenariat global pour les données » de l'ONU. Elle y est d'ailleurs en bonne compagnie, puisque le FMI, la Banque mondiale, l'OCDE et le gouvernement français (!) y participent également.
En tant qu'acteur financier majeur en devenir, Facebook devrait bientôt pouvoir jouer un rôle-clé dans la mise en œuvre des discriminations positives souhaitées par l'ONU.
Le système de reporting digital de B Lab fait partie intégrante de la « Tech for Good », comme le confirme par exemple le grand cabinet de conseil PricewaterhouseCoopers (PwC). Et si la note « d'impact social » des entreprises était utilisée pour décider de leur accès - ou non - au marché du crédit ?
Paris - mai 2018 : si toute l'attention était focalisée sur Mark Zuckerberg, Google, Microsoft et Apple étaient, elles aussi, bien présentes
La monnaie traditionnelle va donc être remplacée par des « jetons numériques », ce qui va permettre aux GAFAM de s'imposer sur les marchés financiers. Ceci non seulement parce qu'elles disposent de montagnes de capitaux, mais encore plus parce que leurs immenses réseaux d'utilisateurs (particuliers et entreprises !) vont leur permettre de collecter des fonds de façon très large à travers toute la société pour les redistribuer ensuite à leur guise. On peut ainsi raisonnablement s'attendre à ce que les GAFAM tuent la banque traditionnelle et s'approprient le gros du marché du crédit.
Amazon se profile comme l'autre grande gagnante de la nouvelle donne monétaire. Son réseau de partenaires a en effet vocation à s'étendre considérablement - et rien ne l'empêchera, quand elle le souhaitera, de créer ses propres « jetons numériques » (ou de rejoindre l'Association Libra, au choix). Tout ceci pourrait d'ailleurs expliquer en bonne partie sa valorisation boursière stratosphérique. Et là encore, la discrimination positive (alias « Tech for good ») promet d'être au rendez-vous !
Si vous entendez beaucoup parler de « crowdfunding » depuis quelque temps, c'est normal. Il est prévu que ce mode de fonctionnement soit la pierre angulaire du système financier 2.0. Aujourd'hui, des plateformes de crowdfunding sont développées même pour financer les collectivités publiques !
Oui, le marché du crédit promet de se resserrer considérablement. Et les considérations « écologiques » risquent bien de servir de prétexte à une réduction considérable des libertés économiques qui restent encore au citoyen (ou à l'entrepreneur) de base.
Le site de crowdfunding suisse Cashare.ch, qui s'adresse tant aux particuliers qu'aux PME, attribue aux utilisateurs une notation « en utilisant le Big Data ». Mais d'où proviennent ces données ? Et se pourrait-il que le site décide de favoriser certaines catégories de personnes - ou d'entreprises - par rapport à d'autres ? Au-delà des entreprises, la discrimination positive en faveur des individus est réclamée par la Commission européenne à chaque fois que « l'intelligence artificielle » est utilisée dans un processus de décision. Avec comme objectif affiché d'avantager en particulier les femmes et les LGBT
On voit ainsi que l'obsession médiatico-politique tournant autour de « l'égalité de genre » et autres « droits des LGBT » ne sort pas de nulle part. Ces revendications, souvent passablement abstraites, figurent en effet au sommet des priorités des grands réseaux d'affaires transnationaux.
Les multinationales financiarisées savent ce qui est « bon » pour nous (Image: B Lab)
Il reste par ailleurs à déterminer si le changement de système monétaire qui s'annonce n'offrira pas l'opportunité d'introduire un système de « notation sociale » à la chinoise, avec des répercussions potentiellement considérables sur la vie de tout un chacun. Dès mars 2018, un rapport du Parlement français supervisé par le mathématicien (et député de la majorité présidentielle) Cédric Villani, avait lancé l'alerte :
« L'intelligence artificielle va être amenée à jouer un rôle essentiel dans des domaines aussi variés que cruciaux (santé, banque, logement...) Sans possibilité d'expliquer les décisions prises par [l'intelligence artificielle], il apparaît difficile de les justifier. Or, comment accepter l'injustifiable dans des domaines aussi décisifs pour la vie d'un individu que l'accès au crédit, à l'emploi, au logement, à la justice ou à la santé ?« 1
Une analyse dont on peut aujourd'hui mesurer la pertinence.
Par Vincent Held, auteur du Crépuscule de la Banque nationale suisse, d' Après la crise et d' Une civilisation en crise, Éd. Réorganisation du Monde, janvier 2020.