22/06/2020 nationalgeographic.fr  4 min #175778

Le Gobelin, la nouvelle planète naine de notre système solaire


Une illustration de la Planète Neuf, qui pourrait façonner les orbites de plus petits objets extrêmement distants comme 2015 TG387.

Photographie de CARNEGIE INSTITUTION FOR SCIENCE, DTM, ROBERTO MOLAR CANDANOSA/SCOTT SHEPPARD

Le « gobelin », ou 2015 TG387, est le troisième objet transneptunien extrême avec Sedna et 2012 VP113 à avoir été découvert au sein du système solaire externe, région où règnent les géantes gazeuses. Longtemps perçue comme étant froide et vide, cette zone étendue au-delà de la ceinture d'astéroïdes intrigue de plus en plus les astronomes.

UNE CARTOGRAPHIE INCOMPLÈTE

« Nous commençons à peine à découvrir ce à quoi ressemble la zone externe de notre système solaire, et ce qui pourrait s'y trouver » affirme Scott Sheppard, de la Carnegie Institution for Science à Washington DC. « Nous croyons qu'il existe des milliers de planètes naines dans le système solaire. »

Observer directement ces corps relève en effet d'une mission complexe. Dans le cas du « gobelin » et ses 300 km de diamètre, son orbite elliptique peut l'emmener jusqu'à  2 300 unités astronomiques (UA) du Soleil. Sachant qu'1 UA équivaut la distance séparant la Terre et le Soleil (environ 150 millions de kilomètres), c'est 60 fois la distance entre le Soleil et Pluton. De plus, il lui faut 40 000 années pour faire une révolution complète autour de notre étoile.


Les orbites de la planète naine 2015 TG387 et ses compagnons Inner Oort Cloud 2012 VP113 et Sedna, par rapport au reste du système solaire.

Photographie de CARNEGIE INSTITUTION FOR SCIENCE, DTM, ROBERTO MOLAR CANDANOSA/SCOTT SHEPPARD

La découverte a été faite grâce au télescope japonais Subaru-8, installé à Hawaï. Il est le seul au monde à être suffisamment précis pour explorer les limites de notre système solaire et à disposer d'un champ de vision assez large pour découvrir de nouveaux objets spatiaux. « Avec d'autres télescopes, cela donne l'impression de regarder à travers une paille, et ils sont donc utiles pour observer des objets dont vous connaissez l'emplacement mais pas pour en découvrir de nouveaux » précise Scott Sheppard.

LE GOBELIN, PIÈCE MANQUANTE DU PUZZLE ?

Les chercheurs estiment que l'orbite en forme d'ellipse très aplatie de la planète naine indique l'influence gravitationnelle d'un corps massif. Sedna et 2012 VP113 semblent eux aussi influencés par la gravité d'un corps qui doit encore être découvert. «  Ces objets lointains sont des miettes sur la piste de la Planète Neuf. Plus on en trouve, mieux on comprend la frontière du système solaire et l'influence d'une éventuelle planète qui, on le pense, façonne leur orbite » affirme Scott Sheppard. Ces planètes ne semblent pas influencées par les plus grands corps connus de notre système solaire, comme Jupiter ou Saturne. Il se pourrait donc, même il ne s'agit encore que de suppositions, que la Planète Neuf soit à l'origine de ces interactions dans la région du Nuage d'Oört.

Cette découverte constitue une avancée vers la découverte ou la démystification de l'hypothétique Planète Neuf. L'équipe de recherche commencera une nouvelle série d'observations en novembre dans l'espoir de trouver d'autres indices de son existence et ainsi réduire le terrain de chasse. La quête continue.

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