26/06/2020 les-crises.fr  17 min #175980

états-Unis : Surmonter la violence d'état pour rétablir le contrat social

Manifestants armés contre le confinement du Covid-19 au capitole de l'état du Michigan, 1er mai 2020, (copie d'écran YouTube)

Manifestations en hommage à Georges Floyd et contre les violences policières, Minneapolis, 28 mai 2020. (Fibonacci Blue, Flickr)

Source :  Consortium News, Jonathan Cook
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Pour qui et pourquoi l'État garde t-il son territoire en sûreté ? La réponse est devenue difficile à dissimuler au fil du temps, écrit Jonathan Cook

Il y a une chose que je peux écrire avec un inhabituel degré de certitude et de confiance : l'officier de police Derek Chauvin n'aurait pas été inculpé du meurtre de Georges Floyd si les États-Unis ne se trouvaient sur le fil du rasoir d'une révolte générale.

Que les manifestants n'aient pas été aussi nombreux dans les rues refusant de rester chez eux par crainte des violences policières et le système judiciaire américain aurait simplement fermé les yeux sur l'acte de violence extrême de Derek Chavin, comme il l'a fait à de nombreuses reprises auparavant sur nombre d'actes similaires.

Sans les manifestations de masse, la capture sur vidéo du meurtre de Georges Floyd n'aurait fait aucune différence, ce qu'il avait lui même prédit dans son agonie aux cris de « je ne peux pas respirer » tandis que Chauvin pressait son genou contre sa nuque durant neuf minutes, la situation paraissant évidente pour les témoins de la scène alertant le policier pendant que Floyd perdait connaissance.

Sans cette actuelle rage dirigée vers la police et s'étendant à travers tout le pays, Chauvin se serait trouvé dédouané de ses responsabilités ou immunisé face à n'importe quelle poursuite comme beaucoup de policiers avant lui qui ont soit abattu soit lynché des citoyens noirs.

Au lieu de ça, il est le tout premier policier blanc de l'état du Minnesota à être inculpé du meurtre d'un Noir. Après avoir initialement argumenté sur les facteurs à considérer durant l'interpellation, les procureurs ont très vite changé de version en déclarant l'inculpation de Chauvin, inculpation la plus rapide qu'ils aient jamais opérée.

Confrontation, pas conciliation

Si l'acte d'accusation contre Chauvin - sur la base de la charge la moins grave qu'ils aient pu imposer, elle même basée sur la preuve irréfutable qu'ils n'auraient de toute manière pas pu se permettre de rejeter - équivaut à un succès, c'est alors seulement un peu moins déprimant qu'un échec.

Mais c'est toujours mauvais, malgré la constance des manifestants à rester non violents, beaucoup de policiers semblent bien plus disposés à la confrontation qu'à la conciliation durant les manifestations. Les violentes charges de la police sur des manifestants, incluant l'usage de véhicules fonçant dans la foule, suggèrent que c'est l'accusation de meurtre de Chauvin - et non pas le lent et barbare assassinat de Georges Floyd par l'un d'entre eux - qui a courroucé ses collègues officiers.

Oh mon Dieu, que font encore les flics de  @NYPD ?

De façon similaire, le traitement indigne des journalistes des grandes chaînes par la police simplement pour avoir rapporté les derniers développements, depuis l'arrestation en direct d'une équipe de CNN à l'agression physique d'une autre équipe de la BBC, souligne le ressentiment arboré par beaucoup de policiers quand leur culture de la violence est exposée au vu et au su de tous. Ils ne se laissent pas abattre, il élargissent simplement leur cercle « d'ennemis. »

C'était avant le couvre-feu et notre cameraman  @p_murt clairement identifié commme membre de la presse, à un pâté de maison de la Maison-Blanche ce soir...

Néanmoins, il est totalement faux de suggérer, comme l'éditorial New York times le fait, que l'impunité de la police peut être largement attribuée à des « syndicats puissants » qui protègent les officiers des enquêtes et des sanctions. Les directeurs éditoriaux doivent retourner en école de journalisme. Les questions actuellement sous les feux des projecteurs parlent du cœur de ce que les états modernes ont pour mission de réaliser - questions rarement discutées en dehors des cours de théorie politique.

Droit de possession d'arme à feu

Le succès de l'état moderne, comme les anciennes monarchies, repose sur le consentement du public, explicite ou non, à son monopole de la violence. En tant que citoyens, nous renonçons à ce qui était autrefois considéré comme un droit inhérent ou « naturel » de commettre nous-mêmes des actes de violence et nous le remplaçons par un contrat social dans lequel nos représentants édictent des lois supposément neutres et justes, en notre nom. L'état s'arroge le pouvoir de faire respecter ces lois grâce une police supposée être bienveillante et disciplinée - là pour « protéger et servir » - tandis qu'un système judiciaire impartial juge les contrevenants présumés à ces lois.

Ceci est la théorie en tout cas.

Pour le cas des États-Unis, le monopole de la violence de l'État a été brouillé par un constitutionnel « droit de porter des armes », bien que, bien sûr, le but historique de ce droit fût de s'assurer que les propriétaires de terres et d'esclaves puissent protéger leur « propriété. » Seuls les hommes blancs étaient supposés avoir le droit de porter des armes.

Aujourd'hui, les choses ont changé radicalement, comme cela devrait être évident si on considère ce qui aurait pu se passer si des hommes d'une milice noire avaient récemment protesté contre le confinement dû au Covid-19 en prenant d'assaut le capitole de l'État du Michigan, tout en criant leur indignation à la face des policiers blancs.

Manifestants armés contre le confinement du Covid-19 au capitole de l'état du Michigan, 1er mai 2020, (copie d'écran YouTube)

(En fait, la réaction des autorités américaines face au mouvement Black Panthers à la fin des années 60 et dans les années 70 est suffisante pour quiconque souhaitant comprendre la dangerosité pour un noir de porter une arme face à la violence des blancs.)

C'était avant le couvre-feu et notre cameraman  @p_murt clairement identifié comme membre de la presse, à un pâté de maison de la Maison-Blanche ce soir...

Une violence brutale

Le monopole de la violence par l'état est justifié car la plupart d'entre nous y avons consenti soit-disant dans une tentative d'éviter un monde Hobbesien [Référence à Thomas Hobbes, NdT] de violence brutale où les individus, les familles et les tribus appliquent leurs propres versions, moins désintéressées, de la justice.

Mais bien sûr, l'État n'est pas aussi neutre ou impartial qu'il le prétend, ou comme la majorité d'entre nous le suppose. Jusqu'à ce que la lutte pour le suffrage universel aboutisse - une pratique qui peut être mesurée dans tous les États occidentaux en décennies et non en siècles - l'État était explicitement au service d'une riche élite, une classe de nobles propriétaires terriens et de nouveaux industriels émergeant, ainsi que d'une classe professionnelle qui a assuré le bon fonctionnement de la société au bénéfice de cette élite.

Ce qui a été concédé à la classe ouvrière était le le strict minimum pour l'empêcher de s'élever contre les privilèges dont jouissait le reste de la société.

C'est pourquoi, par exemple, la Grande Bretagne n'a pas eu de système de soins universel - le système de santé national - jusqu'après la seconde guerre mondiale, 30 ans après que les hommes obtiennent le droit de vote et 20 ans après que les femmes l'obtiennent également. Ce n'est qu'après la guerre que l'establishment britannique a commencé à craindre qu'une classe ouvrière nouvellement habilitée - composée de soldats de retour de la guerre sachant manier des armes, appuyés par des femmes libérées de leur foyer pour travailler dans les usines de munitions - pourrait ne plus accepter longtemps le manque de soins de santé de base pour eux-mêmes et leurs proches.

C'est dans cette atmosphère de montée en puissance en organisation et en pouvoir des mouvement ouvriers - renforcés par le besoin de concevoir des sociétés plus consuméristes au profit de nouvelles entreprises émergentes - que la social-démocratie européenne est née. (Paradoxalement, le plan Marshall d'après guerre américain a aidé à financer l'émergence des grandes sociales-démocraties d'Europe, incluant leurs systèmes de santé public, même si les même bénéfices ont été refusés aux ménages américains.)

Interprétations juridiques

Pour maintenir la légitimité du monopole de l'État sur la violence, l'establishment juridique a dû suivre le même exercice d'équilibre minimaliste que l'establishment politique.

Les tribunaux ne peuvent se contenter de rationaliser et de justifier le recours implicite et parfois explicite à la violence dans l'application de la loi sans tenir compte de l'opinion publique. Les lois sont modifiées, mais il est tout aussi important qu'elles soient interprétées de manière créative par les juges afin qu'elles correspondent aux modes et aux préjugés idéologiques et moraux du moment, pour que le public ait le sentiment que justice est faite.

Dans l'ensemble, nous, le public, avons une idée très conservatrice du bien et du mal, de la justice et de l'injustice, qui a été modélisée pour nous par des médias dominants qui simultanément créent ces modes et tendances et y répondent de façon à s'assurer que le système actuel ne soit pas perturbé, autorisant une accumulation de richesse toujours plus grande par une élite.

C'est pourquoi tant de gens parmi nous sont viscéralement consternés par les pillages dans les rues opérés par les pauvres, mais acceptent à contrecœur un plus gros pillage de nos impôts, de nos banques, de nos maisons par l'État pour renflouer une élite entrepreneuriale incapable de gérer l'économie qu'elle a créée.

Encore une fois, la soumission du public au système est entretenue pour s'assurer qu'il ne s'élève pas.

Des muscles dans la rue

Mais le système judiciaire n'a pas que l'esprit, il a les muscles aussi. Ses exécutants de première ligne, dehors dans les rues, décident qui est un criminel suspect, qui est dangereux ou subversif, qui nécessite une privation de liberté et qui va se voir infliger des violences. C'est la police qui au départ détermine qui passera du temps en cellule et qui comparait devant une cour. Et dans certains cas, comme Georges Floyd, c'est la police qui décide qui va être sommairement exécuté sans procès ni jury.

L'État préfèrerait, évidement, que les officiers de police ne tuent pas des citoyens désarmés dans la rue - et encore plus qu'elle ne commette pas de tels faits devant témoins et enregistrés sur vidéo, comme Chauvin l'a fait. Les objections de l'État ne sont pas éthiques au premier ordre. Les bureaucraties étatiques ne sont pas trop investies dans des questions qui dépassent la nécessité de maintenir la sécurité extérieure et intérieure : défendre les fontières des menaces extérieures, et s'assurer une légitimité intérieure à travers l'entretien du consentement des citoyens.

Mais la question de savoir pour qui et pour quoi l'État assure la sécurité de son territoire est devenue plus difficile à dissimuler au fil du temps. De nos jours, les processus politiques de l'État et ses structures ont été presque entièrement captés par les entreprises. Résultat, le maintien d'une sécurité interne et externe est moins d'avoir à assurer une existence stable et sûre pour les citoyens que de créer une plateforme territoriale stable pour un marché globalisé pour piller les ressources locales, exploiter les ouvriers locaux et générer de plus gros profits en transformant les travailleurs en consommateurs.

De plus en plus, l'État est devenu une coquille vide, un vassal à travers lequel les grandes entreprises conduisent leurs agendas économiques. La priorité des états est maintenant de se faire la compétition dans la bataille de l'affaissement de tous les obstacles à la maximisation des profits des multinationales sur leurs territoires. Le rôle de l'État est d'éviter d'entraver les entreprises lorsqu'elles extraient des ressources (déréglementation) ou, lorsque ce modèle capitaliste s'effondre régulièrement, de venir en aide aux entreprises grâce à des plans de sauvetage plus généreux que ceux des États rivaux.

Un meurtre peut être une étincelle

Ceci est le contexte politique pour comprendre pourquoi Chauvin est un très rare exemple d'un policier blanc faisant face à une accusation pour avoir tué un homme noir.

Le meurtre gratuit et incendiaire de Georges Floyd - vu par n'importe quel américain équipé d'un écran, et avec l'écho d'autant de récentes affaires de brutalités policières injustifiées contre des hommes, femmes et enfants noirs - est la dernière étincelle risquant de conduire à une conflagration.

Dans le calcul immoral et sans cœur de l'État, le timing de l'acte de barbarie de Chauvin n'aurait pas pu être pire. Il y avait déjà les grondements mécontents sur la gestion du nouveau virus par les autorités fédérales et étatiques ; les peurs sur les conséquences catastrophiques de l'économie U.S ; l'indignation face aux inégalités - encore une fois - des renflouements massifs de grandes entreprises comparés à l'aide dérisoire aux travailleurs ordinaires ; et la frustration sociale et personnelle du confinement.

Il y a également un sentiment grandissant que la classe politique, Républicains et Démocrates, est devenue sclérosée et sourde à la détresse des Américains ordinaires - impression que ne font que souligner les retombées de la pandémie de Covid-19.

Pour toutes ces raisons, et beaucoup d'autres, la population était prête à prendre la rue. Le meurtre de Floyd leur a donné l'impulsion.

Manifestations en hommage à Georges Floyd et contre les violences policières, Minneapolis, 28 mai 2020. (Fibonacci Blue, Flickr)

Besoin d'une police loyale

Dans ces circonstances, Chauvin devait être inculpé, même si c'est seulement dans l'espoir d'apaiser la colère, de fournir une soupape de sécurité libérant une partie du mécontentement.

Mais inculper Chauvin n'est pas simple par ailleurs. Pour assurer sa survie, l'État à besoin d'un monopole de la violence et de la sécurité intérieure, pour garantir son exclusive définition de ce qui constitue l'ordre, et pour maintenir un État, en tant qu'entité territoriale, sûr pour les affaires. L'alternative serait l'érosion de l'autorité de l'État-nation et la possibilité de son effondrement.

C'est ce qui a motivé le célèbre tweet de Donald Trump la semaine dernière - censuré par Twitter pour « apologie de la violence » - qui prévenait « Quand les pillages commencent, les tirs commencent ». Sans surprise, il citait les mots du chef raciste de la police de Miami, Weather Headley, qui menaçait de violence les afro-américains à la fin des années 60. A cette époque, Headley déclarait en plus « Il n'y a pas de communication avec eux sauf par la force. »

Trump rappelle peut-être l'affreuse période qu'on appelait autrefois « relations de race », mais ce sentiment repose au cœur de la mission de l'État.

L'État a besoin de sa police loyale et prête à utiliser la violence. Il ne peut se permettre de mécontentements dans les rangs, ou que des sections du corps de la police ne trouvent plus leur intérêt dans ceux de l'État. L'État n'ose pas s'aliéner les forces de police de peur qu'au moment où elles sont les plus utiles, dans des périodes d'extrême dissidence comme maintenant, elles ne répondraient pas présentes - ou pire, où elles rejoindraient les dissidents.

Comme indiqué, certains éléments de la police ont déjà démontré leur réprobation dans l'inculpation de Chauvin ainsi que leurs griefs envers les médias - encouragés par les assauts verbaux réguliers de Donald Trump sur les journalistes. Ce sentiment contribue à expliquer les attaques sans précédent de la police contre les grands médias qui ont couvert les manifestations.

La police du Minnesota arrête un reporter de CNN ainsi que son équipe durant la couverture des manifestations à Minneapolis

Idéologies jumelles

Ce besoin de maintenir la loyauté des forces de sécurité est la raison pour laquelle l'État favorise une certaine séparation entre la police et ces parties de la population qu'il définit comme étant une menace pour l'ordre, réunissant ainsi des segments plus privilégiés de la société dans la peur et l'hostilité.

L'État cultive dans la police et des sections du public une certaine idée que la violence policière est légitime par définition et qu'elle vise des individus ou des groupes qu'il dépeint comme menaçants ou subversifs. Il encourage l'idée que la police jouit d'une impunité a priori dans tel ou tel cas parce qu'elle est capable, seule, de décider ce qui constitue une menace pour la société (le tout façonné, bien sûr, par les discours populaires promus par l'état et les médias dominants).

La « menace » est définie par toute dissidence à l'ordre établi, que ce soit un Noir répondant et démontrant une « attitude », ou des manifestations de masse contre le système, y compris contre les violences policières. Par ce biais, la police et l'État ont des idéologies jumelles. L'État approuve tout ce que la police fait ; tandis que la police réprime tout ce que l'état définit comme une menace.

Jeter un os aux manifestants

Inculper Chauvin risque de faire capoter ce système, créer une ligne de faille entre l'État et sa police, l'une des agences les plus essentielles pour l'État. Ce qui en l'état fait de l'inculpation d'un officier de police dans ces circonstances un évènement tout à fait exceptionnel, et dicté par le déferlement de colère actuel.

Les procureurs essayent de trouver un délicat compromis entre deux demandes conflictuelles : entre le besoin de rassurer la police à propos de la violence toujours légitime (exercée « dans l'exercice de ses fonctions ») et le besoin d'endiguer la vague de colère de la population grossissant à un potentiel point de rupture de l'ordre existant. Dans ces circonstances, Chauvin doit être inculpé mais de charges les moins graves possibles - étant donné les preuves présentées en vidéo - dans l'espoir que, une fois la colère retombée, il puisse être déclaré non coupable ; ou s'il l'est, la condamnation soit clémente ; ou gracié si la condamnation est plus forte.

L'inculpation de Chauvin ressemble à un os à ronger jeté à un chien affamé, du point de vue des autorités. C'est un acte parcimonieux d'apaisement, destiné à endiguer la violence non étatique ou la menace d'une telle violence.

L'inculpation n'est pas là pour changer une certaine culture de la police - ou celle de l'establishment - qui présente les Noirs comme une menace inhérente à l'ordre. Elle ne perturbera pas le système politico-judiciaire qui est attaché à l'idée (blanche, conservatrice) que la police est en première ligne dans la défense des valeurs de la civilisation contre des « hors-la-loi » (noirs ou à gauche).

Un changement inévitable

Un État en bonne santé - attaché au contrat social - saurait trouver les moyen d'accommoder les foules avant que le mécontentement n'atteigne les niveaux d'une révolte populaire. Les scènes de manifestations se jouant à travers les États-Unis sont une preuve que les institutions d'État, accaparées par l'argent, sont de plus en plus incapables de répondre aux demandes de changement. La coquille vide de l'État ne représente pas ses citoyens, qui sont capables de compromis, mais les intérêts de forces globalisées du capital pour qui les évènements des rues du Minnesota ou de New York importent peu tant que les multinationales continuent d'accumuler pouvoir et richesses.

Pourquoi s'attendre à ce que ces forces globalisées soient sensibles aux agitations populaires aux U.S quand elles ont prouvé leur entière insensibilité aux signaux émergents de détresse de la planète, pendant que son écosystème se recalibre face à un tel pillage des ressources que nous allons devoir lutter pour survivre en tant qu'espèce ?

Pourquoi l'État ne bloquerait t-il pas la voie d'un changement pacifique, sachant qu'il excelle dans l'usage de la violence, quand il bloque les réformes qui pourraient réduire l'impact des assauts des multinationales sur l'environnement ?

Ces politiciens et fonctionnaires captifs - à « gauche » et à droite - continueront d'attiser les flammes, d'alimenter les feux, comme l'a fait cette semaine Susan Rice, ancienne conseillère à la sécurité nationale de Barack Obama. Elle a nié les preuves de la violence policière montrée sur YouTube et la détresse très réelle d'une classe marginale abandonnée par la classe politique lorsqu'elle a laissé entendre que les manifestations étaient dirigées depuis le Kremlin.

Apparemment Susan Rice vient de dire sur CNN que les Russes pourrait soutenir ou financer les manifestations de ces semaines aux US. Si c'est vrai et que quelqu'un dispose de la vidéo, merci de me l'envoyer.

Susan Rice sur les troubles et la violence lors des manifestations pour George Floyd : « C'est tout à fait dans les coutumes russes »

Ce type de déni de la réalité bipartisan ne fait que souligner la rapidité avec laquelle nous entrons dans une période de crises et de révoltes. Depuis les manifestations du G8, au mouvement Occupy, à Extinction et rébellion, au manifestations étudiantes, aux Gilets jaunes, à la fureur actuelle dans les rues américaines, il y a des preuves partout que le pouvoir lutte pour maintenir son emprise. Le projet impérial américain est surchargé, l'élite mondiale des entreprises est débordée, elle vit à crédit, les ressources s'épuisent, la planète se recalibre. Quelque chose devra céder.

Le défi pour les manifestants - ceux qui sont dans la rue maintenant ou ceux qui suivent dans leur sillage - est de savoir comment surmonter la violence de l'État et comment offrir une vision d'un avenir différent, plus prometteur, qui rétablisse le contrat social.

Les leçons seront apprises à travers les manifestations, la remise en cause et la désobéissance civile, pas dans une salle d'audience où un policier est jugé, quand tout un système politique et économique est autorisé à poursuivre ses crimes.

Jonathan Cook est un journaliste freelance basé à Nazareth.

Cet article provient du blog de Jonathan Cook.net.

Les opinions exprimées sont uniquement celles de l'auteur et peuvent ou non refléter celles de Consortium News.

Source :  Consortium News, Jonathan Cook

 les-crises.fr

 Commenter