Ahmed Dawabsheh, dont les parents Sa'ad et Riham, ainsi que le petit frère Ali, avaient péri dans l'incendie de leur logement près de Naplouse (Cisjordanie occupée) par le colon Amiram Ben-Uliel en 2015, a été convoqué à la dernière minute par le tribunal israélien chargé de déterminer la peine de l'assassin.
Ben-Uliel, qui reste populaire dans de larges secteurs de la population coloniale, a déjà été reconnu coupable en mai dernier du triple assassinat des Dawabsheh, ainsi que de deux tentatives d'assassinat, dont celle d'Ahmed, âgé de 5 ans au moment du crime, et horriblement défiguré par les brûlures subies. Seuls des soins médicaux extrêmement sophistiqués ont ensuite permis la reconstitution du visage de l'enfant.
Mais comme dans le système judiciaire d'un certain nombre de pays, la déclaration de culpabilité et le prononcé de la peine font l'objet en Israël d'audiences séparées dans le temps. Cette audience finale devait avoir lieu le 12 juillet.
Cependant, au dernier moment, l'avocat du terroriste a exigé que le petit Ahmed, âgé aujourd'hui de 10 ans, soit entendu par le tribunal, au motif que des déclarations récentes de l'enfant publiées (en hébreu) par un quotidien israélien, ne cadraient pas exactement avec la description de la nuit d'épouvante qu'il avait subie au lendemain de l'attaque.
Et la cour, toujours expéditive quand il s'agit de juger des Palestiniens, a eu l'obscénité de faire droit dans un premier temps à une telle requête.
L'avocat de la famille Dawabsheh s'est vigoureusement opposé à la convocation, et a produit une attestation, signée par 30 professionnels de santé, qui soulignaient le risque évident de traumatisme psychologique pour le jeune Ahmed s'il devait comparaître. En outre, le tribunal disposait de deux articles parus dans la presse arabe, où les descriptions faites par le garçonnet étaient cohérentes en tous points avec les autres éléments de l'enquête.
Ahmed Dawabsheh a donc été dispensé de la douloureuse épreuve, mais le verdict concernant Ben-Uliel n'a toujours pas été prononcé.
Comme le souligne à juste titre Ramzy Baroud sur son site Palestine Chronicle, l'arrestation de Ben-Uliel et le procès qui a suivi est bien l'arbre qui cache la forêt de l'impunité dont bénéficie le terrorisme des colons et celui de l'armée contre le peuple de la Palestine occupée.
Ce n'est pas un hasard, explique-t-il, si la justice israélienne a finalement décidé de renvoyer Ben Uliel devant un tribunal, après des années d'atermoiements, au moment même où la procureure de la Cour Pénale Internationale (CPI), Fatou Bensouda, annonçait sa volonté d'ouvrir une enquête sur les crimes israéliens non seulement à Gaza, mais également en Cisjordanie.
Ainsi, le régime d'apartheid peut-il plaider qu'il est un Etat de droit, capable de juger ses propres citoyens lorsqu'ils commettent des infractions pénales, et qu'il n'y a donc pas besoin d'une juridiction internationale. Etant entendu, selon les mêmes, qu'Amiram Ben-Uliel, s'il peut être qualifié de « terroriste juif », reste un « loup solitaire ».
CAPJPO-EuroPalestine