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Trump et les républicains exigent une réduction des allocations chômage de 400 dollars par semaine

Par Patrick Martin
29 juillet 2020

Les Républicains du Sénat ont dévoilé lundi des plans qui visent à réduire de 400 dollars par semaine - soit une réduction des deux tiers - les indemnités complémentaires de chômage fédérales, dans une attaque sauvage contre la bouée de sauvetage sur laquelle 20 millions de travailleurs à travers les États-Unis comptent pour survivre depuis quatre mois.

La loi CARES, adoptée en mars, a établi l'allocation de 600 dollars par semaine pour les travailleurs licenciés en raison de la crise du coronavirus. Sa date d'expiration officielle est le 31 juillet, mais elle a effectivement pris fin ce week-end, étant donné la manière dont les systèmes d'indemnisation du chômage gérés par l'État calculent la semaine d'indemnisation.

Le sénateur Charles Grassley de l'Iowa a présenté le plan d'indemnisation du chômage tout en dénonçant l'allocation de 600 dollars par semaine comme une incitation à l'oisiveté. Il a affirmé que cela avait poussé de nombreuses personnes à refuser un emploi. «Nous avons appris une dure leçon», a-t-il déclaré. «Si vous payez les gens pour qu'ils ne travaillent pas, à quoi vous attendez-vous?» Il a ensuite salué le projet de loi qui prévoit «un allégement fiscal supplémentaire pour les entreprises afin qu'elles embauchent voire réembauchent.»

Le projet de loi Républicain est une provocation politique contre la classe ouvrière. Dans la loi CARES, les Démocrates et les Républicains ont combiné des subventions limitées aux chômeurs avec des billions pour les entreprises et les banques. Effectivement, ils ont utilisé l'augmentation des indemnités de chômage comme un écran pour masquer la véritable nature de la loi CARES comme une aumône aux multimillionnaires.

Dévoilée lundi, cette nouvelle législation éliminerait ce déguisement. Elle prévoit de nouvelles subventions pour les riches et les entreprises américaines. Mais aussi, la réduction de 400 dollars par semaine des prestations pour des millions de personnes qui n'ont même pas accès aux minima disponibles aux chômeurs en Europe (tels que des allocations familiales, l'aide au logement, etc.). Les chômeurs aux États-Unis peinent déjà à payer des factures urgentes et pressantes malgré l'extension des prestations fédérales ces dernières semaines. Quelque 12 millions de personnes n'ont pas pu payer leur loyer avant le 1er juillet, et 23 millions ont déclaré craindre de ne pas pouvoir payer leur loyer le 1er août.

Les bénéficiaires font la queue pour obtenir de la nourriture à la banque alimentaire de Giving Hope lors d'une distribution de nourriture, à La Nouvelle-Orléans, le mardi21juillet 2020. (AP Photo/Gerald Herbert)

Ce week-end, le moratoire sur les expulsions et les saisies de biens assurés ou autrement souscrits par des agences fédérales vient d'expirer. Le week-end dernier, les responsables de la Maison-Blanche avaient laissé entendre que la mesure sera renouvellé et prolongé jusqu'à la fin de l'année. Mais les Républicains du Sénat n'ont fait aucune mention des expulsions et semblaient prêts à les laissé résumé à toute vitesse. Cela se peut que les Républicains veuillent prendre en otage les personnes menacées d'expulsion, qui sont maintenant plus de 20 millions. Leur but serait d'obtenir de nouvelles concessions de la part des Démocrates dans le cadre des négociations en cours.

Toutefois, ils n'ont guère besoin d'un tel levier supplémentaire. Les dirigeants Démocrates ont déjà indiqué leur volonté de «compromis», ce qui signifie accepter un niveau bien inférieur de prestations fédérales supplémentaires, ainsi que céder à d'autres demandes de McConnell et de la Maison-Blanche. La présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, et le chef de la minorité au Sénat, Chuck Schumer, souhaitent se poser en défenseurs des chômeurs et des travailleurs mal payés, à des fins électorales. Mais, ils défendent les mêmes intérêts de classe que les Républicains: Wall Street et l'aristocratie financière.

Les Républicains ont dépeint même les 200 dollars par semaine pour les chômeurs comme une concession généreuse, rendue inévitable parce que les systèmes d'indemnisation du chômage de l'État seraient incapables, pour des raisons techniques, de mettre rapidement en œuvre la politique réellement préconisée par McConnell & cie: établir un plafond de 70 pour cent du salaire antérieur pour tout travailleur percevant des allocations de chômage, de sources étatiques et fédérales confondues.

Une telle limite visait à empêcher l'abomination - telle que la voient les sénateurs millionnaires - que les travailleurs faiblement rémunérés reçoivent plus d'argent des indemnités de chômage que de leur ancien salaire dans les fast-foods, les entrepôts, les usines d'ateliers clandestins et les points de vente au détail.

Ou, comme l'a dit le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin, «Ce ne serait pas juste d'utiliser l'argent des contribuables pour payer les gens plus cher pour rester chez eux que pour travailler et trouver un emploi.» Mnuchin, bien sûr, ne voit rien de mal à distribuer des milliards de subventions fédérales à des PDG millionnaires, des banquiers et des patrons de fonds spéculatifs. Notez que, ces gens gagnent déjà plus en un jour que les travailleurs qu'ils exploitent en plusieurs années.

En l'état actuel des choses, dans des États comme le Tennessee où le montant moyen des indemnités de chômage n'est que de 144 dollars, les 200 dollars fédéraux supplémentaires porteraient le total à 344 dollars par semaine. Soit environ 8,50 dollars de l'heure, ce qui est inférieur au salaire minimum dans de nombreuses villes et États.

Parmi les autres dispositions du paquet présenté par un groupe de sénateurs républicains lundi après-midi, on peut citer:

• Un chèque unique de «relance économique» de 1200 dollars par personne, envoyé par le Trésor à chaque travailleur, plus 500 dollars pour chaque personne à charge. Une unité familiale de deux adultes et deux enfants recevrait 3400 dollars, soit le même montant que celui versé en vertu de la loi CARES en mars et avril. Le coût total est estimé à 300 milliards de dollars.

• 105 milliards de dollars de financement pour les écoles, dont 35 milliards pour les collèges et 70 milliards pour l'enseignement de la maternelle à la terminale selon une formule qui réserve deux tiers de l'argent aux écoles qui reprennent les cours en personne pendant au moins la moitié de la semaine scolaire.

• Près de 200 milliards de dollars de subventions pour les entreprises, grandes et «petites». Bien que, la deuxième catégorie s'est fait truquer pour permettre aux entreprises de demander des prêts et des subventions aux petites entreprises pour toute installation ou filiale qui emploie moins de 500 travailleurs.

• Un bouclier de responsabilité de cinq ans existe pour les entreprises, les organisations à but non lucratif, les écoles et autres employeurs. Ce bouclier les exempte de poursuites judiciaires intentées par les travailleurs qui contractent COVID-19 à la suite d'un retour au travail. La seule exception est si les travailleurs peuvent démontrer que l'employeur a violé les directives de santé publique en vigueur dans leur localité.

• Diverses dépenses spécifiques, dont 16 milliards de dollars pour l'extension des tests de dépistage du coronavirus - une goutte d'eau dans la mer; 26 milliards de dollars pour le développement et la distribution de vaccins et de produits thérapeutiques; 20 milliards de dollars pour les agriculteurs et les éleveurs; 30 milliards de dollars pour aider les entrepreneurs militaires américains à conserver leurs principaux travailleurs qualifiés; et une somme non spécifiée, mais assez modeste pour reporter les paiements des prêts étudiants pour les personnes laissées sans revenu par la crise du coronavirus.

Même dans le meilleur des cas, il y aura un décalage de plusieurs semaines entre la fin du supplément de 600 dollars par semaine et la reprise des prestations, quel qu'en soit le niveau. Cela dépendra d'un accord négocié entre le Sénat américain contrôlé par les Républicains et la Chambre des représentants contrôlée par les Démocrates. Le leader de la majorité au Sénat, Mitch McConnell, a suggéré qu'un accord serait conclu d'ici les vacances d'août du Congrès, maintenant fixées au 7 août.

Cela signifie que tout travailleur qui reçoit des prestations complémentaires fédérales perdra au moins deux semaines de prestations. Soit 1200 dollars - un montant exactement égal au chèque de «stimulation économique». Avant que, les prestations ne reprennent à un niveau inférieur. En d'autres termes, en retardant une prolongation et en créant un écart d'au moins deux semaines, McConnell a contribué à priver des dizaines de millions de travailleurs de cette minuscule subvention.

L'une des caractéristiques les plus inquiétantes du plan républicain est son adoption de la loi «Trust». C'est une loi parrainée au Sénat par le républicain, Mitt Romney, candidat à la présidence en 2012, et le Démocrate, Joe Manchin, de Virginie occidentale, le membre le plus à droite du caucus Démocrate. Ce projet de loi mettrait en place une procédure accélérée pour le traitement des lois de l'année prochaine qui videraient de leur substance la sécurité sociale et l'assurance maladie.

Le projet de loi exige que le Trésor public fournisse une évaluation de la solvabilité des fonds fiduciaires de la sécurité sociale et de l'assurance maladie. La date limite est les 45 jours qui suivent l'assemblée du nouveau Congrès en janvier 2021. Le Congrès établirait un «comité de sauvetage» pour chaque fonds fiduciaire afin de proposer une législation qui «restaure la solvabilité». Tout projet de loi devrait avoir le soutien des membres des deux partis. Cela signifie qu'il exclurait les augmentations d'impôts sur les riches et stabiliserait entièrement les finances des fonds par des réductions des prestations et des conditions d'éligibilité. La législation proposée par la commission ferait l'objet d'un examen accéléré sans qu'aucun amendement ne soit autorisé.

Cinq sénateurs démocrates ont déjà soutenu le projet de loi :Kyrsten Sinema de l'Arizona, Doug Jones de l'Alabama, Angus King du Maine et Mark Warner de Virginie, ainsi que Manchin. À la Chambre des Représentants, un groupe de 60 membres, 30 républicains et 30 démocrates, a envoyé une lettre commune aux dirigeants du Congrès pour demander instamment l'intégration de la loi «Trust» dans le dernier paquet de mesures d'aide contre le coronavirus.

Même si les attaques contre la classe ouvrière résultant de la crise du COVID-19 sont toujours en plein essor, les représentants des grandes entreprises des deux partis se préparent pour le prochain cycle. Cela démontre que le nouveau gouvernement démocrate, si Biden devait remplacer Trump à la Maison Blanche, serait engagé dans des politiques d'austérité bien plus sévères que tout ce que Trump et les républicains ont pu accomplir.

(Article paru d'abord en anglais 28 juillet 2020)

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