14/09/2020 les-crises.fr  16 min #179230

George Orwell : le journalisme appliqué à la littérature

Source :  Le Comptoir, Ludivine Bénard

Si George Orwell est principalement connu en France pour « 1984 » et « La ferme des animaux », il paraît impossible, au vu de la diversité et de la qualité de ses autres écrits, de le réduire au statut de romancier. Car c'est une somme d'articles en tout genre que l'homme nous aura laissés à sa mort, le 21 janvier 1950. Des reportages, des chroniques, des analyses politiques... Toute cette production journalistique a nourri les romans et essais du socialiste mais ne semble pas avoir passionné ses biographes, Bernard Crick ou Simon Leys par exemple, qui ont eu plus largement à cœur - et on les comprend - de rendre compte des combats politiques de l'écrivain, contre l'impérialisme et le totalitarisme, pour le socialisme et l'avènement d'une société décente. Pourtant, la carrière journalistique d'Orwell, véritable témoin de son époque, qui a vécu l'impérialisme anglais en Birmanie, la guerre d'Espagne et la Libération de Paris, se révèle un outil précieux pour comprendre, au plus près, l'homme et sa pensée.

« D'après tout ce que je sais, il se peut que, lorsque ce livre [Animal Farm] sera publié, mon jugement sur le régime soviétique soit devenu l'opinion généralement admise. Mais à quoi cela servirait-il ? Le remplacement d'une orthodoxie par une autre n'est pas nécessairement un progrès. Le véritable ennemi, c'est l'esprit réduit à l'état de gramophone, et cela reste vrai qu'on soit d'accord ou non avec le disque qui passe à un certain moment. » Orwell, 1945

L'œuvre orwellienne est impressionnante. En cumulant les carrières d'écrivain et de journaliste dans une sorte de paranoïa artistique, Orwell s'est livré, comme foule de monstres sacrés de la littérature avant et après lui, du comte de Mirabeau à Romain Gary, en passant par Émile Zola, Antoine de Saint-Exupéry ou Albert Camus, à un exercice périlleux.

Si la mission du journaliste,  dans une définition très péguyste, doit se limiter à « dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité, dire bêtement la vérité bête, ennuyeusement la vérité ennuyeuse, tristement la vérité triste », la littérature ne saurait se subordonner à telles considérations et peut, à tout loisir, explorer l'imaginaire et en faire ressortir les plus grandes fantaisies. Deux missions que tout oppose, a priori. Pourtant, le plus grand écrivain du XXe siècle, comme il est qualifié au Royaume-Uni, sut se faire l'un et l'autre, à chaque fois brillamment.

Et bien que son biographe le plus célèbre, Bernard Crick, voie en lui un romancier et un essayiste hors pair mais un journaliste quelconque, certains, à l'instar du journaliste Marc Mentré, qui a largement inspiré cet article, estiment que c'est le travail colossal sur chacun de ses articles qui a permis au socialiste d'affiner son style mais aussi ses idées. Le journaliste Eric Blair et le romancier George Orwell n'ont donc rien d'un docteur Jekyll et M. Hyde.

Mieux, Blair veut être Orwell, comme le souligne Bernard Crick : « Cette part d'Orwell de lui-même était pour Blair une image idéale qu'il devait essayer d'atteindre : une image faite d'intégrité, d'honnêteté, de simplicité, de conviction égalitaire, de vie frugale, d'écriture dépouillée et de franc-parler ; en un mot, l'idéal d'un homme déterminé à tout prix à énoncer des vérités pas bonnes à dire. »

« Orwell était foncièrement vrai et propre ; chez lui, l'écrivain et l'homme ne faisaient qu'un - et dans ce sens, il était l'exact opposé d'un homme de lettres »

De l'amour de la langue anglaise à la théorie de la « vitre transparente »

Orwell a toujours su qu'il serait écrivain. Mais, pendant longtemps, non seulement il ne sut pas COMMENT écrire mais pire, il ne sut même pas QUOI écrire. Il apprit donc, comme on apprend à jouer d'un instrument. Inlassablement, il écrivait et réécrivait, revenant sans cesse sur chaque mot, chaque phrase.

Il apprit avec les autres écrivains, se forçant à apprendre par cœur des passages entiers qu'il recopiait. Avec, toujours, un seul but : parvenir à un style d'écriture limpide, clair, précis, débarassé de toute fioriture inutile. Orwell, l'amoureux de la langue anglaise, a vite compris que la simplicité de cette langue, qui a peu de conjugaisons et pas de déclinaisons, est à double tranchant.

Voilà pourquoi Orwell se fera le chantre d'une écriture aseptisée, luttant « sans cesse contre l'approximation, contre l'obscurité, contre le leurre des adjectifs décoratifs, contre l'invasion des racines latines et grecques et, surtout, contre les expressions toutes faites et les métaphores éculées qui encombrent la langue ». Il a longuement abordé ces problèmes dans Pourquoi j'écris (1946), à l'époque où il commence la rédaction de 1984 et où l'idée de novlangue germe en lui.

Le langage, vecteur de la pensée, ne peut être abîmé sans que celle-ci n'en pâtisse. Maltraiter la langue, c'est tuer la pensée. Dans Two Cheers for Democracy, l'écrivain E. M. Forster rappelle à quel point Orwell est attaché à un usage correct de la langue : « Orwell avait une passion pour la pureté de la prose.... Si la prose se dégrade, la pensée se dégrade, et toutes les formes de communication les plus délicates se trouvent rompues. La liberté, disait-il, est liée à la qualité du langage, et les bureaucrates qui veulent détruire la liberté ont tous tendance à mal écrire et à mal parler, à se servir d'expressions pompeuses ou confuses, à user de clichés qui occultent ou oblitèrent le sens. » Des propos qui ne sont pas sans rappeler le fameux « mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde » d'Albert Camus.

« Une chose particulièrement frappante dans l'article du Pr Bernal, c'est l'anglais à la fois pompeux et avachi dans lequel il est écrit. Ce n'est pas par pédantisme que je le signale : les relations qu'il y a entre les habitudes de pensée totalitaires et la corruption du langage constituent une question importante qui n'a pas été suffisamment étudiée. »

L'écriture orwellienne visera donc, dans une éthique très journalistique au fond, la simplicité, la force, la vérité et la clarté. « Bannir le pittoresque au profit de l'exactitude.... La bonne prose est comme une vitre transparente », assène-t-il. L'art de l'auteur culmine dans son propre effacement, le style orwellien s'oublie : ne reste que le propos, froid comme l'acier.

Ce style naît avec son premier roman, Dans la dèche à Paris et à Londres (1933), témoignage de ses expériences dans la misère sociale et la précarité du sous-prolétariat. Pour Simon Leys, « Orwell a créé là une forme neuve qu'il devait dans la suite porter à sa perfection... et qui demeure, dans l'ordre purement littéraire, sa contribution stylistique la plus originale : la transmutation du journalisme en art, la recréation du réel sous le déguisement d'un reportage objectif, minutieusement attaché aux faits. »

Il poursuit, dans ce qui s'avère être les plus belles pages de sa biographie : « Ce que l'art invisible et si efficace d'Orwell illustre, c'est que la « vérité des faits » ne saurait exister à l'état pur. Les faits par eux-mêmes ne forment jamais qu'un chaos dénué de sens : seule la création artistique peut les investir de signification, en leur conférant force et rythme. L'imagination n'a pas seulement une fonction esthétique, mais aussi éthique. Littéralement, il faut inventer la vérité. »

Orwell, critique littéraire qui dégaine plus vite que son ombre

En 1928, George Orwell, rentre de Birmanie, où il s'était engagé dans la police impériale des Indes - une expérience qui fera de lui un anticolonialiste convaincu. C'est le début de son activité de critique littéraire, qui le mènera entre autres à la BBC, où il diffuse des émissions culturelles, puis à la direction des pages littéraires de l'hebdomadaire de gauche travailliste The Tribune.

Si certains écrits l'enthousiasment, ceux de Henry Miller lui donnant par exemple « envie de tirer une salve d'honneur de vingt-et-un coups de canon », d'autres au contraire l'exaspèrent au plus haut point, jusqu'à tirer, à balles réelles, sur certaines revues. « Il l'accrochait à un arbre et vidait le chargeur de son pistolet sur cette cible improvisée jusqu'à ce qu'il n'en restât plus rien. » Et les coups n'étaient pas moins forts quand le critique trempait la plume dans la plaie. En témoigne par exemple cet extrait : « A Hind Let Loose est, comme tous les livres de Montague, ennuyeux et creux.

Encore une de ces auteurs « pétillants d'esprit » - tout en bulles et rien en goût, comme l'eau de Seltz. » Ou celui-ci, à propos d'Angel Pavement, un roman de J.B. Priestley, écrivain connu, primé et adulé à l'époque : « Il suffit de comparer ces six cent pages honnêtement ficelées aux autres romans de Londres pour se demander aussitôt avec incrédulité s'il est vrai que quelqu'un a réellement pu prendre un jour M. Priestley pour un maître. Si rien dans son œuvre n'est rédhibitoire, on cherche en vain la lueur de beauté, le moindre semblant de profondeur de beauté, le moindre semblant de profondeur de pensée, le brin d'esprit, capable de laisser une trace dans la mémoire. »

Orwell, contrairement à foule de ses confrères, ne mâche pas ses mots. Une franchise qu'il expliquera une dizaine d'années plus tard, à la BBC. Pour lui, durant les années 1930, la « critique vraiment judicieuse, scrupuleuse, honnête, traitant l'œuvre d'art comme une valeur en tant que telle, a vu son exercice devenir à peu près impossible ».

Et Orwell de pointer une seule raison à cette déroute : l'écrasement de la littérature par la propagande. « Dans un monde où fascisme et socialisme se livraient un combat sans merci, tout individu conscient devait choisir son camp, et ses convictions devaient inévitablement se refléter dans ses écrits mais aussi dans ses jugements littéraires. » En ressort une mise en garde, plus qu'actuelle si on en croit les réactions après la sortie de Soumission, de Michel Houellebecq : « Nos jugements esthétiques sont toujours affectés par nos croyances et nos préjugés. »

Tout homme qui voudra émettre un jugement sur une oeuvre devra au préalable s'affranchir de tous ses poncifs. Et c'est parce que l'honnêteté d'Orwell est d'abord intellectuelle que l'écrivain pourra affirmer sans crainte : « Le péché mortel, c'est de dire : « X est un ennemi politique donc c'est un mauvais écrivain » ».

Conscient (et donc libéré) de ses préjugés, Orwell expliquera ainsi, dans Politique contre littérature, qu'entre « l'approbation des opinions d'un écrivain et le plaisir que procure son œuvre », il faut savoir raison garder :

« Si l'on est capable de détachement intellectuel, on peut apprécier les mérites d'un écrivain avec lequel on est en profond désaccord, mais cela est tout autre chose que d'éprouver du plaisir.... Si un livre vous irrite, vous heurte ou vous alarme, vous n'y trouverez aucun plaisir, quels qu'en soient les mérites. S'il vous semble réellement pernicieux, susceptible d'exercer une quelconque influence dangereuse, vous serez probablement porté à élaborer une théorie esthétique lui déniant tout mérite. La critique littéraire actuelle consiste dans un large va-et-vient frauduleux entre deux systèmes de valeurs. Et cependant le phénomène opposé peut également se produire : le plaisir peut l'emporter sur la désapprobation, même si l'on reste parfaitement conscient de son désaccord avec ce qui le procure. »

Orwell reporter : la nécessité de la vérité

Si l'écriture d'Orwell est sans cesse tiraillée entre l'exercice politique et l'exercice stylistique, l'homme est plus prompt à l'action dès que l'urgence se fait sentir. Ainsi, en 1937, il rejoint les milices du POUM (Parti ouvrier d'unification marxiste) pour combattre les nationalistes de Franco. S'il y était en simple citoyen et qu'il n'a absolument rien écrit sur place, c'est son retour en Angleterre, où la désinformation circule éhontément, qui le poussera à témoigner.

Aucun mot, aucune parole ne circule en effet pour expliquer à quel point les soviétiques ont trahi la cause républicaine en Espagne, les commissaires politiques du Komintern ayant été sur le front pour assurer la répression au sein des forces communistes dissidentes, telles que les trotskistes et les militants du POUM. Orwell, qui aura été grièvement blessé par une balle fasciste, manqua ensuite de peu la répression soviétique. Celle-ci le poursuit à Londres, où les publications progressistes bien-pensantes censurent ses commentaires, participant de la réécriture de l'Histoire. Pour la première fois, Orwell est directement confronté au mensonge totalitaire, qui lui fera dire ces mots : « L'Histoire s'est arrêtée en 1936. »

Comme François Bordes le décrit dans les pages qui lui sont consacrées dans Radicalité : 20 penseurs vraiment critiques, Orwell est « animé par la volonté d'écrire et de raconter, de témoigner et de dénoncer ». Qu'étaient ces plongées dans les bas-fonds du prolétariat sinon les prémices d'enquêtes diverses, de reportages ? Comment ne pas rapprocher cette volonté de savoir, de connaître et de dénoncer avec la volonté des reporters de guerre, entre autres, dont le métier, souvent vécu comme une passion, consiste à informer ceux qui justement n'y sont pas, de donner à voir et à comprendre ? En mai 1945, l'occasion fait le larron : il devient envoyé spécial de l'Observer et couvre la Libération de la France et l'avancée des troupes alliées en Allemagne.

Son travail, excellent, est méticuleux et argumenté, ses reportages, dix-neuf au total, sont poussés et prolongés par des essais et des tribunes. Le journaliste Marc Mentré rapporte, très justement, l'avis du biographe d'Orwell, Bernard Crick, quant à son activité de reporter. Un avis plus que mitigé : « Écrire des reportages et écrire des essais sont deux choses très différentes. Il est curieux que les journaux fissent appel à lui plutôt pour les pages d'actualité que pour des articles moins fréquents mais de facture plus longue. Orwell accomplit ce travail avec sérieux, mais sans mettre en jeu sa propre personnalité... le résultat final était une colonne qui, bien qu'écrite avec professionnalisme, aurait tout aussi bien pu être faite par beaucoup d'autres. Il mérita son salaire mais ne fut pas particulièrement brillant. » Un avis que Mentré remet en cause avec moult arguments, et on ne saurait que lui donner raison.

De l'enquête journalistique au roman

« Lorsqu'on lit les reportages d'Orwell sur la France, on est frappé par l'excellente connaissance qu'il avait du contexte politique français, et des enjeux qui se posent au pays à la Libération, ainsi que sa capacité à expliquer une situation complexe à ses compatriotes.... Il s'avère être un excellent reporter. Il sait raconter, mais aussi distancier et contextualiser, comme dans cet étonnant article Les paysans bavarois ne connaissent pas la guerre où il décrit d'abord un paysage rural et tranquille... avant d'enchaîner : « une question se pose encore et encore. Dans quelle mesure ces paysans, de toute évidence simples et doux, qui se rassemblent à l'église le dimanche matin habillés sobrement de noir, sont-ils responsables des horreurs des Nazis ? » »

De la destruction des villes par les bombardements aux problèmes logistiques entraînés par l'accumulation des prisonniers de guerre, Orwell se montre lucide et visionnaire. Allant jusqu'à envisager la future division de l'Allemagne.

« Aujourd'hui, l'idée que la Russie, la France et les Anglo-Américains sont plus ou moins hostiles les uns envers les autres et veulent des politiques différentes semble largement répandue. Il est très dangereux de laisser cette idée s'ancrer, et l'échec dans le fait de définir à l'avance les zones d'occupations, ainsi que la pratique des différentes armées de lever leur drapeau national dans les zones qu'ils occupent, l'a encouragée. »

Si Crick estime que « jouer au correspondant de guerre fut... dangereux pour sa santé et d'aucune aide véritable pour son œuvre », Mentré note avec justesse que toutes ces expériences ont forcément eu un impact sur son œuvre, allant jusqu'à rapprocher la description du corps de Winston Smith, après ses interrogatoires dans 1984 - « Ce qui était vraiment effrayant, c'était la maigreur de son corps. Le cylindre des côtes était aussi étroit que celui d'un squelette. Les jambes s'étaient tellement amincies que les genoux étaient plus gros que les cuisses. » - à ceux des rescapés des camps.

Ou encore, cet exemple d'article, Vers l'unité européenne, paru dans le numéro de juillet-août 1947 de Partisan Review, où il analyse ce que serait, selon lui, le monde avec des superpuissances dotées de l'arme atomique, un monde qui ressemble trait pour trait à celui dépeint dans 1984, où Oceania, Eurasia et Estania ne peuvent se vaincre.

« Le monde partagé entre deux ou trois super-États, dont aucun ne pourrait l'emporter sur les autres et qu'aucune rébellion interne ne saurait renverser. Selon toute probabilité, leur structure serait hiérarchisée, avec une caste de demi-dieux au sommet et des esclaves à la base ; l'anéantissement complet des libertés dépasserait tout ce que le monde a connu jusqu'ici. Au sein de chaque État, on créerait le conditionnement psychologique approprié en coupant toutes les relations avec le monde extérieur et en simulant une guerre permanente avec les États rivaux. Des civilisations de ce type pourraient rester statiques pendant des milliers d'années. »

« Un pays a les journaux qu'il mérite »

On a vite fait de dire qu'Orwell est d'actualité. Simon Leys, en commençant sa biographie, estime que « ce mort continue à nous parler avec plus de force et de clarté que la plupart des commentateurs et politiciens dont nous pouvons lire la prose dans le journal de ce matin ». S'il est un domaine où l'homme s'est particulièrement montré visionnaire, et pour rester dans la droite ligne de cet article, c'est celui de la presse, et plus particulièrement sur la liberté d'expression.

Déjà, il remarque que la presse de qualité est beaucoup moins lue que les tabloïds et autre presse racoleuse. Comment ne pas penser à toutes les aides à la presse déversées chaque année lorsqu'on lit ces lignes, vieilles pourtant d'il y a plus d'un demi-siècle : « Aucune commission royale ne parviendra à améliorer sensiblement la presse à gros tirage, quels que soient les moyens de contrôle dont elle se dote. Nous aurons une presse populaire et sérieuse et véridique le jour où l'opinion publique l'exigera activement. » ?

L'écrivain en arrive à cette conclusion, implacable : « Ce qu'on ne dit pas assez souvent, c'est qu'un pays a les journaux qu'il mérite. » Un véritable appel, plus qu'actuel, à pousser les gens à aller s'informer pour de vrai, sans jamais se laisser aller à la facilité du prêt-à-penser que certaines rédactions servent aux lecteurs sur une assiette.

Déjà, il note que la liberté d'expression sera protégée par le peuple, et non par la loi. Comment ne pas penser à tous ces chiens de garde du système, détenteurs (et cumulards) des titres de presse français ? « Le fait que la presse soit aux mains d'un petit nombre de personnes a des effets très semblables à ceux d'une censure étatique. »

Comment oublier que les lois d'après 1945 interdisant la concentration des titres de presse ont toutes été bafouées et oubliées en moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire ? Quelle presse aujourd'hui peut affirmer être totalement indépendante et ne pas être totalement soumise aux difficultés économiques ?

Et pour conclure, ces quelques lignes, où chacun y verra l'actualité qu'il voudra. Orwell revient sur l'arrestation et la condamnation de cinq vendeurs de journaux et de revues de gauche pour entrave à la circulation. Ce qui lui fait dire ces quelques mots : « Aucun vendeur de journaux et de brochures ne devrait en aucun cas être inquiété. Que telle ou telle minorité soit en cause - qu'il s'agisse des pacifistes, des communistes, des anarchistes, des Témoins de Jéhovah ou de la Légion des réformateurs chrétiens, qui a récemment déclaré que Hitler était Jésus-Christ - est une question secondaire. »

Source :  Le Comptoir, Ludivine Bénard

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