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Trump réitère les menaces de répression militaire postélectorale, tandis que Barr exige que les manifestants soient accusés de «sédition»

Par Patrick Martin
18 septembre 2020

Lors d'un point de presse à la Maison-Blanche mercredi soir, le président Trump a réitéré ses menaces de faire appel à l'armée et de réprimer les manifestations qui pourraient éclater le soir des élections s'il déclarait avoir remporté la victoire.

Un journaliste a cité la déclaration du procureur général William Barr selon laquelle il voulait accuser de sédition les manifestants anti-Trump et les propres commentaires de Trump sur l'invocation de l'Insurrection Act. Puis il lui a demandé: «Pourquoi voulez-vous utiliser cette rhétorique?»

Trump a répondu: «On m'a posé la question dans la situation où il y aurait des manifestations violentes. Oui, nous allons les réprimer rapidement s'il y en a. Et je pense que le public américain veut voir cela».

Le président Donald Trump s'exprime lors d'une conférence de presse à la Maison-Blanche, le mercredi 16 septembre 2020, à Washington. (AP Photo/Evan Vucci)

Il a poursuivi: «Écoutez, s'il y a une quelconque manifestation ou violence, rien ne va interférer avec ce résultat, ce vote. Rien».

La question au sujet de Barr était basée sur un reportage du Wall Street Journal selon lequel le procureur général avait dit aux procureurs fédéraux lors d'une conférence téléphonique la semaine dernière qu'ils devraient porter des accusations fédérales d'insurrection contre ceux qu'on avait arrêtés pour des actions violentes lors de la vague de protestations de masse contre la violence policière déclenchée par le meurtre de George Floyd le 25 mai.

Selon ce reportage, Barr est allé plus loin, suggérant qu'il fallait trouver le moyen de porter des accusations criminelles contre le maire de Seattle, Jenny Durkan, une démocrate, parce qu'elle n'avait pas immédiatement réprimé une zone de protestation sans police dans le centre-ville de la ville pendant plusieurs semaines en juin.

Après avoir effectivement soutenu les actions de Barr, Trump s'est ensuite lancé dans une longue diatribe contre les bulletins de vote par correspondance. Il a essayé, comme il l'a fait à plusieurs autres occasions, de faire la distinction entre 1) le vote par correspondance, qu'il a lui-même reconnu faire régulièrement. Et 2) le vote basé sur un système de courrier où les gouvernements des États envoient des bulletins de vote à tous les électeurs inscrits.

En pratique, il n'y a pas de différence entre le vote anticipé et le vote par correspondance, car, dans les deux cas, les gouvernements des États vérifient les bulletins retournés par rapport aux signatures qui figurent dans les dossiers. Trump a prétendu à tort que les États dirigés par les démocrates abandonnaient la vérification des signatures afin de fabriquer un grand nombre de votes illégaux à son encontre.

Il a affirmé à plusieurs reprises ces derniers jours que la seule façon qu'il pourrait perdre l'élection est par le truquage des votes. Les remarques de mercredi sur le vote par correspondance ont été ses commentaires les plus détaillés et les plus incendiaires sur cette question. Il a déclaré: «Notre plus grande menace pour cette élection est le contrôle des bulletins de vote par les gouverneurs des partis d'opposition, des millions de bulletins de vote».

Il a poursuivi en présentant un tableau apocalyptique du déroulement de l'élection du 3 novembre: «Les bulletins de vote seront volés. Qui sait où ils iront? Qui sait d'où ils viendront? Ce n'est pas seulement le comptage des bulletins de vote, qui, soit dit en passant, prendra une éternité».

L'aspect le plus remarquable de l'apparition de Trump pendant 30 minutes est la facilité avec laquelle les médias lui ont permis d'éviter de discuter des menaces de violence effrontées de ses propres partisans. Une heure avant que Trump ne prenne la parole dans la salle de presse de la Maison-Blanche, le principal responsable de la communication du ministère de la Santé et des Services sociaux, Michael Caputo, a révélé qu'il prenait un congé de 60 jours, tandis que, son principal assistant, Paul Alexander, quitterait l'agence définitivement.

Caputo avait publié dimanche soir une tirade fasciste sur Facebook dans laquelle il accusait les scientifiques des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) de se livrer à une «sédition» contre Trump. Il a également dénoncé de prétendus plans d'insurrection de gauche contre la réélection de Trump, a exhorté les partisans de droite de Trump à stocker des munitions pour le jour de l'investiture, et a appelé ses partisans à contacter et à rejoindre les Watchmen de New York.

Alexander a été fortement critiqué la semaine dernière lorsqu'on a révélé qu'il avait joué un rôle majeur dans la censure ou la falsification des déclarations du CDC sur le coronavirus afin de mieux faire paraître la gestion de la pandémie par Trump.

Mais à part une allusion à l'absence de Caputo - qui le mettrait hors de portée des projecteurs politiques jusqu'après l'élection - il n'y a pas eu de discussion lors de la conférence de presse sur les incitations à la violence de la part de divers collaborateurs et partisans de Trump.

Cela inclut les remarques de Roger Stone, un ami politique de longue date, qui a déclaré la semaine dernière au diffuseur fasciste Alex Jones que Trump devrait déclarer la loi martiale après l'élection. De surcroit, Stone a dit que Trump devrait faire une rafle générale de ses ennemis politiques, y compris «les Clinton», ainsi que les PDG des principales entreprises de la Silicon Valley. Aucun journaliste n'a même mentionné le nom de Stone mercredi.

Alors que Trump et ses conseillers politiques parlent ouvertement de guerre civile, de loi martiale et d'attaques armées contre leurs adversaires politiques, les démocrates ignorent et couvrent largement les appels à la violence fasciste. Les démocrates du Congrès ont demandé l'éviction de Michael Caputo et de son patron, le secrétaire à la Santé et aux Services sociaux Alex Azar, mais ils n'ont rien dit des menaces de violence postélectorale.

Mardi, interrogé en Floride sur les commentaires de Stone, Caputo et Trump lui-même, le candidat démocrate à la présidence, Joe Biden, a déclaré dans une interview à Telemundo: «Ce qui est inquiétant, c'est la façon dont il parle d'"insurrection" et de gens qui prennent les armes. Avez-vous déjà entendu un président démocrate des États-Unis parler ainsi?»

Dans des commentaires ultérieurs, Biden a bizarrement comparé Trump à Fidel Castro en tant que futur dirigeant autoritaire, dans un effort pour faire appel au sentiment fasciste anticastriste cubain dans le sud de la Floride, où les Cubano-Américains sont le plus grand groupe d'électeurs hispaniques.

La publicité en langue espagnole de la campagne Biden en Floride a frappé une note ouvertement anticommuniste, présentant Trump comme «laxiste» envers Vladimir Poutine de la Russie, le Chinois Xi Jinping, et le Vénézuélien Nicolas Maduro, afin de récupérer les électeurs traditionnellement républicains parmi les Américains d'origine cubaine et vénézuélienne.

Les événements de Biden en Floride comprenaient également une apparition devant un groupe d'anciens combattants au Hillsborough County Community College dans la région de Tampa. Biden a attaqué Trump pour avoir traité de «pigeons» et de «perdants» les soldats tués ou capturés lors des guerres américaines au Moyen-Orient.

C'était la première visite de Biden dans cet État clé crucial depuis 2019. En plus de faire appel au vote des militaires et des Cubains-Américains, l'ancien vice-président mise sur le soutien du milliardaire Michael Bloomberg. Ce dernier a promis la semaine dernière de dépenser 100 millions de dollars rien que sur les marchés des médias de Floride afin d'amener l'État et ses 29 grands électeurs au ticket démocrate.

(Article paru en anglais le 17 septembre 2020)

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