07/11/2020 francais.rt.com  5 min #181362

Etats-Unis : les Latinos, avenir du parti républicain ?

Alors que le président américain est souvent décrit comme le candidat des «petits Blancs», le scrutin du 3 novembre a montré que, loin des idées reçues, Donald Trump avait su séduire une part conséquente des minorités, particulièrement les Latinos.

Le 3 novembre, l' élection présidentielle américaine a livré bien des surprises. Les très bons résultats obtenus par Donald Trump, dans un Etat comme la Floride - que certains voyaient basculer côté démocrate - en sont une notable. La victoire du président sur son adversaire démocrate Joe Biden y a été particulièrement marquée. Un succès rendu possible par l'appui du vote latino, pourtant considéré par beaucoup comme naturellement acquis à la gauche américaine. Une part non négligeable des Latinos semble ainsi avoir basculé du côté conservateur.

 Le site d'informations espagnol El Diario évoque même un «mystère électoral» à propos d'une des circonscriptions du comté de Starr. Cette localité, presque exclusivement composée de Latinos, a vu le vote en faveur de Trump y passer de 20% en 2016 à 47% aujourd'hui, selon les premiers résultats. Cette progression de 27 points suggère une réelle adhésion à la politique de Donald Trump.

On repère de nombreux exemples similaires ailleurs dans le pays, et plus particulièrement dans des lieux où le vote des minorités a progressé en faveur des républicains.  C'est ce que constate aussi le quotidien américain El Nuevo Herald. Pour ce journal hispanophone, en Floride, Trump est parvenu à consolider sa base auprès de la communauté cubaine, traditionnellement plus proche des républicains en raison de sa fermeté face au gouvernement communiste de Cuba, mais aussi à «[gagner] en popularité parmi les électeurs hispaniques originaires d'autres pays d'Amérique latine, comme le Venezuela et la Colombie, en faisant campagne constamment contre le spectre du socialisme».

Trump gagne des électeurs chez toutes les minorités

Selon un sondage  à la sortie des urnes réalisé par CNN, deux électeurs latinos sur cinq auraient voté pour Trump, ce qui ne manque pas de susciter l'incompréhension dans les rangs du parti démocrate, traditionnellement considéré comme le parti des minorités. Un  autre sondage de l'institut Edison Research exit polls souligne aussi que Trump gagne des électeurs chez toutes les minorités et n'en perd qu'auprès de l'électorat blanc, pourtant socle puissant de son succès en 2016.

En guise d'explication, certains mettent en exergue des erreurs stratégiques dans la campagne de Joe Biden pour justifier l'érosion du soutien de cette catégorie d'électeurs. Joe Biden, contrairement à Hillary Clinton, n'aurait selon eux pas suffisamment centré son discours sur les préoccupations de ces minorités afin de récupérer une partie du vote de la classe moyenne blanche, plus adepte du «Make America Great Again» trumpiste que du «Build back better» démocrate. D'autres soulignent que la population latino, plus pauvre, fragilisée par la crise économique liée à la pandémie, a pu aussi être sensible au discours critique vis-à-vis des mesures restrictives tenu par le président.

Une autre étude,  cette fois, de l'institut Pew, montre ainsi que Trump arrive en tête auprès des électeurs préoccupés avant tout par l'économie. Or, cette préoccupation  est particulièrement prégnante chez les minorités.

Autre élément d'analyse,  à relativiser toutefois selon les sondeurs : la fibre conservatrice de la population latino, plus sensible au discours tenu par le parti républicain, dans un contexte où la gauche américaine s'affirme de plus en plus favorable à la défense de causes sociétales progressistes tels que les droits des transsexuels et la cause LGBT, sujets qui divisent aussi profondément le pays. Ainsi, cette évolution pourrait détourner une partie de la population latino vers le camp conservateur, plus en accord avec ses fortes convictions chrétiennes et traditionnelles.

Il est néanmoins à noter que certains commentateurs jugent la notion même d'électorat latino sujette à débat et  considèrent cette appellation comme artificielle. Cette catégorie regroupe des populations aussi diverses que des Cubains blancs, des Amérindiens du Mexique ou bien encore des Noirs portoricains. Seule la langue unit parfois toutes ces populations venues d'horizons très divers.

L'avenir dira si cette élection aura donné le coup d'envoi d'une transformation majeure de l'électorat républicain, même si l'on peut rappeler que le phénomène n'est pas unique dans l'histoire politique américaine : 37% des Latinos votèrent pour Ronald Reagan en 1984 et 40% pour George W. Bush en 2004. Alors que la population blanche  ne devrait plus être majoritaire dans le pays dans les années 2040, nul doute que cette mue est probablement nécessaire pour un parti dont le candidat n'est autre que le promoteur du fameux mur de séparation entre le Mexique et les Etats-Unis.

Benjamin Fayet

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