11/11/2020 logic.ovh  7 min #181500

Éloge de la concurrence libre et non faussée

Il existe des moyens simples, rationnels, concrets et scientifiquement très fondés (théorie des réseaux) de constituer en quelques années à peine un système social rationnel et non-fondé sur l'argent, ou l'évaluation mentale des bien, ni la propriété, et objectivée par la recherche d'une économie d'échelle.

Bon.

J'ai déjà écris ce livre qui donne le mode d'emploi pour fabriquer cela (en prévenant qu'il allait falloir bûcher un peu quand même).

Mais voilà ce qui se passe : l'évolution ça doit venir du cœur, et d'abord il faut les toucher pour ensuite s'attendre à ce que l'oreille soit attentive à ce qu'on raconte.

En général, les velléités de rénovation systémiques, sont traitées de la même manière et sans vraiment de distinction entre l'idée la plus absurde du monde et le projet le plus fondé possible : par le dédain. Pire encore, il y a des camps idéologiques qui s'affrontent de façon traditionnelle depuis des générations. Pour la plupart des gens, avec une ferveur qui se situe entre la résignation et le fondamentalisme, le système du doux billet vert est indépassable. C'est dans leur ADN, en plus de dans leur tête, et en plus du fait de la structure sociale soit injuste, que les humains sont emprisonnés.

Dans ce même livre je traitais d'une idée particulière que je n'ai pas dénoncée comme étant détachable du projet global que je présentais. Si bien que cette idée est restée en l'air. Le but de cet écrit rapide du matin est de réconcilier le maximum de clans idéologiques et de niveau de ferveur autour d'une idée simple et indispensable. Le fait que l'harmonie fonctionnelle soit ensuite atteignable par le système que j'ai préalablement décris est secondaire. Pour l'instant il s'agit seulement de répondre à des urgences.

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Alors oui, soyons follement pour la libre concurrence, non faussée, telle que prescrite dans les textes directeurs des nations. Lutter contre cela c'est comme vouloir soulever une montagne avec le verbe.

Je suis pour l'ouverture de la concurrence entre le secteur privé et le secteur public. (Et on verra bien qui rira le dernier.)

Au lieu de subventionner des industries qui cherchent l'uniformisation et la baisse de qualité pour augmenter leurs profits, il faudrait créer des entreprises d'état qui permettent d'unifier les énergies des personnes qui cherchent un travail, et en option un monde meilleur.

Une entreprise d'état serait comme une cellule de production autogérée qui dépend directement des investissements publics. Ceux-ci doivent être attribués en toute confiance sur ce qu'on en attend.

De cette manière les employés seraient des fonctionnaires, avec des revenus normalisés, garantis sans risque, jusqu'à ce que l'industrie soit stoppée. Elle peut l'être si son intérêt est jugé trop faible, comme par exemple dans le cas de la fabrication de boissons sucrées avec des bulles.

Cet intérêt, peut être estimé au-delà des profits, sur des plans qui soient rigoureusement légaux, telles que les contraintes écologiques, le calcul des conséquences, les déchets produits et matières premières consommées, mises en rapport avec l'utilité, les chaînes de conséquences ou même simplement l'appréciation populaire.

Le fait que ces industries soient possible à créer et arrêter facilement augmentera de façon providentielle ce que je nomme la souplesse structurelle, c'est à dire la capacité d'adapter l'effort global vers ce qui est le plus efficace.

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Pourquoi ces industries seraient-elles concurrentielles ?

Premièrement il n'y a pas de salaires mirobolants ou d'actionnaires, ce qui constitue une brèche de moins dans la baignoire. C'est l'état, qui garantie la continuité de la production, donc les employés et initiateurs n'ont rien à perdre ou à risquer.

Deuxièmement les biens produits pourraient directement constituer des paiement en nature pour des services sociaux. Et en terme général, le prix de vente serait sans but lucratif, c'est à dire en couvrant seulement les coûts. Le paiement en nature peut également intéresser les employés eux-mêmes.

Troisièmement, les biens et services de première nécessité, les médicaments et les véhicules, seraient vendus à des prix dix fois inférieurs à ceux du marché. La production serait relocalisée pour de simples raisons de coûts.

Quatrièmement, en marque blanche, les biens fabriqués n'auraient besoin d'aucune promotion commerciale ou tactique marketing. Les biens d'état seraient intégralement listés dans un seul catalogue consultable en ligne où on peut passer commande.

Cinquièmement, le client aura la certitude claire et nette que les biens d'état respectent toutes les législations en vigueur, n'est pas responsable de déforestation ou de travail des enfants, et sont les moins possible polluants, aussi bien en tant que déchet qu'au cours de la chaîne de fabrication.

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Le fonctionnement de ces entreprises d'état permettrait d'innover dans de nombreux domaines.

Par exemple les emballages pourraient rester la propriété de l'état qui en garantie la collecte et le recyclage. C'est déjà ce qu'elle fait gratuitement pour le service des entreprises privées à but lucratif. Sauf qu'ici, ce traitement est inclus dans les coûts.

Le principe du paiement en nature peut inaugurer un système de crédit de valeur applicable à des biens publics, octroyé comme un salaire ou un complément de salaire. Ce système de crédit peut, et va vite devenir utile lorsqu'il va s'agir de rationner les biens insuffisants en fonction de quotes-parts.

Un autre secteur d'innovation serait celui du rapport au travail, et plus généralement du "bien-vivre". Collectivement, et philosophiquement, les entreprises d'état seraient plutôt comme des coopératives interdisciplinaires, où chacun peut exprimer son opinion sur le travail des autres, et s'instruire mutuellement.

La façon d'établir les niveaux de revenus peut aussi être l'objet d'innovation. Habituellement il est décidé par le niveau hiérarchique, produisant l'effet étrange que les niveaux les plus techniques et indispensables soient tout en bas de l'échelle (je dis cela pour moi en tant que développeur). Il n'y a aucune raison initialement qu'il y ait des différences de salaires. Si on y pense, la compétence ne se résume pas à la hauteur des diplômes ; Le fait de soigner son travail au niveau qui est le sien, peut être une base de variation du revenu. De cette manière le référentiel, autour duquel se fixe le revenu, ne serait pas absolu mais individuel. Chacun serait libre d'obtenir le salaire maximal.

Cela permettrait de faire circuler librement les employés entre divers secteurs selon leurs aptitudes. De cette manière la gouvernance ne serait pas verrouillée, corrompue ou inexpugnable. Cette horizontalité est aussi le fondement d'une prise de décision collective, dont la vertu est de faire que les travailleurs se sentent impliqués dans ce qu'ils font, car responsables, de ce qu'ils produisent. En atteignant ce point on ajoute un argument en faveur des entreprises d'état, qui est de l'ordre de la stratégie de guerre : une armée motivée en vaut dix d'esclaves ahuris.

Cette philosophie est celle qui permet d'être créatifs et innovants, et de chercher la perfection et la qualité.

Dans une entreprise d'état les revenus sont dissociés des produits. C'est de façon macroscopique et statistique que les coûts sont répercutés, et non en enlevant un employé pour y mettre un robot pour le même coût. Ici, on peut avoir les deux. Mieux encore, la recherche en robotique ne peut que profiter à l'augmentation de la productivité. Ce se traduit par une diminution des coûts et donc du score d'utilité de l'entreprise. Dans ce cadre, une chose positive a un effet positif, ce que tout le monde trouvera normal !

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Bien que cette idée ne soit pas encore suffisante pour régler toutes les contradictions du marché, telle que l'obsolescence programmée, la non-interopérativité des composants, ou la disqualification du superflu, elle constitue sans aucun doute une gestion efficace de l'énergie humaine, utilisée pour ganger en compétences et relocaliser des industries.

Le fait que les états se considèrent comme des propriétés privées à but lucratif en concurrence les uns avec les autres, en reprenant à leur compte des préceptes initialement établis à l'échelle humaine, telle que la propriété privée et la marchandisation, ainsi que la liberté individuelle "pure et complète", confisque aux humains ces préceptes dérobés. À l'échelle globale il faut des règles pensées pour l'échelle globale. Mais pour acquérir une expérience dans l'édification de ces règles il faut commencer à penser le système social comme un ensemble lié, comme un tout, un réseau, un système, un logiciel.

Une fois brimées et dénudées, les multinationales irresponsables qui conduisent le monde à sa perte au prétexte que ce n'est pas à eux de faire la loi, et qu'en même temps ils l'empêchent de se faire, n'auront qu'à blâmer la fameuse loi de la libre concurrence dont ils ont tant vanté les mérites.

 logic.ovh

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