Noa Landau נועה לנדאו نوا لانداو
Les administrations usaméricaines précédentes voulaient étendre la paix secrète entre le Maroc et Israël et la faire sortir du placard. Elles ne voulaient tout simplement pas payer le prix fort que Trump a payé pour cela sans ciller
Le Maroc a remporté un prix évident suite à son accord de normalisation des relations avec Israël - la reconnaissance usaméricaine de sa souveraineté sur le Sahara occidental. La reconnaissance officielle de l'annexion israélienne [de la Cisjordanie] n'était plus d'actualité, mais l'annexion marocaine est approuvée. La nouvelle relation avec Israël comprendra une coopération économique et culturelle, des vols directs et un échange de missions diplomatiques, mais pas d'ambassades pour le moment.
Il y a eu des décennies de conflit sur le territoire entre le Maroc et la nation sahraouie locale, qui réclame l'indépendance. Le président sortant Donald Trump a de nouveau opté pour une initiative unilatérale qui met fin à des années de politique usaméricaine à l'égard du Sahara occidental.
En fait, il y a quelques semaines seulement, les USA ont soutenu la reprise du mandat des forces de l'ONU au Sahara occidental. Maintenant, dans un geste contraire au droit international et aux décisions de la communauté internationale, Trump a marchandé cette reconnaissance précieuse pour le Maroc en échange de vols directs pour les Israéliens, qui se sont déjà rendus librement au Maroc sans son aide.
Netanyahou a déclaré que les accords avec les EAU équivalaient à « la paix en échange de la paix ». Mais dans ce cas-ci, c'est l'occupation en échange de l'occupation.
Ce n'est pas que les administrations précédentes ne voulaient pas étendre la paix secrète entre le Maroc et Israël et la faire sortir du placard. Elles ne voulaient tout simplement pas payer le prix fort que Trump a payé pour cela sans ciller. Reuters a rapporté jeudi soir que les USA vont également vendre des drones avancés au Maroc. Tout comme l'accord avec le Soudan, conclu en échange de son retrait de la liste des États qui parrainent le terrorisme et les accords d'armement avec les États du Golfe, nous constatons une fois de plus qu'il n'y a pas de repas gratuits. Seulement cette fois, ce ne sont pas seulement les Israéliens, les Palestiniens et les USA qui en paient le prix, mais une autre nation au Sahara.
La chance que quiconque en Israël se soucie du droit des Sahraouis à l'autodétermination est bien sûr inférieure à zéro. Les gros titres seront sans doute remplis dans les prochains jours d'histoires sur les nouveaux forfaits touristiques disponibles et le prix du deal pour les Sahraouis ne sera mentionné, si tant est qu'il le soit, qu'en marge de ces reportages. Mais l'important ce ne sont pas les Sahraouis, mais le fait qu'Israël, un jeune État qui a lui-même été fondé sur la base de la reconnaissance internationale de son droit à l'autodétermination, rejoint à nouveau le mouvement historique de ceux qui souhaitent subvertir et démanteler le système multilatéral.
Dans cette décision de dernière minute de changer la politique usaméricaine sur le Sahara occidental, Trump a non seulement mis en œuvre sa politique de mépris envers la communauté internationale, mais il a ajouté un autre acte d'opportunisme sournois à la liste des mesures de dernière minute qu'il a prises pour saboter et piéger son successeur, Joe Biden, dans un bourbier diplomatique.
Entretemps, les responsables usaméricains ont admis jeudi que c'est la Maison Blanche qui a informé le ministre de la Défense Benny Gantz et le ministre des Affaires étrangères Gabi Ashkenazi de l'accord. Après des années de médiation entre Israël et divers acteurs, Washington s'est soudainement retrouvé dans le rôle d'intermédiaire entre le Premier ministre d'Israël et de ses ministres de haut rang, une nouveauté étrange et embarrassante.
Des sources diplomatiques en Israël ont également déclaré jeudi soir que des pourparlers pour parvenir à une normalisation avec d'autres pays étaient en cours, et pourraient aboutir avant la fin du mandat de Trump. Selon les estimations, il s'agit de nations musulmanes en Asie. On ne peut qu'espérer que le rapport coût-bénéfice de ces accords sera meilleur que celui que le « Faiseur de deals » de Washington a obtenu jusqu'à présent.
Courtesy of Tlaxcala
Source: haaretz.com
Publication date of original article: 11/12/2020