06/01/2021 tlaxcala-int.org  6 min #183851

Le gouvernement de Pedro Sánchez et les droits humains : des mots, rien que des mots Chronique des événements courants de décembre 2020 au Sahara occidental occupé

 Alfonso Lafarga

Le gouvernement espagnol a déclaré qu'il était profondément engagé en faveur des droits humains, mais n'a pas dénoncé les violations commises au Sahara occidental occupé par le Maroc.

Depuis la reprise de la guerre entre le Front POLISARIO et le Maroc, la répression contre les civils sahraouis dans les territoires occupés de l'ancienne colonie espagnole a augmenté.

Le gouvernement présidé par Pedro Sánchez « a la bouche pleine »- pour parler à plusieurs reprises de quelque chose et ensuite ne pas agir de manière cohérente avec ce qui a été dit - avec les mots Droits de l'Homme, qui ne sont pas pris en compte lorsqu'il s'agit du Sahara Occidental occupé par le Maroc.

L'année qui s'achève a été particulièrement dure pour les droits humains au Sahara occidental, le territoire que le Maroc a envahi il y a 45 ans après la reddition honteuse de l'Espagne qui n'a pas rempli son obligation de décolonisation.

Comme les années précédentes, les humains ont été violés à plusieurs reprises dans le Sahara occupé en 2020, mais plus encore depuis le 13 novembre, lorsque le Front POLISARIO a repris la guerre avec le Maroc après que l'armée marocaine a rompu le cessez-le-feu de septembre 1991 en attaquant des civils sahraouis qui protestaient pacifiquement contre l'ouverture du passage illégal de Guerguerat.

Depuis ce jour, la population civile sahraouie dans les territoires occupés subit un harcèlement continu, avec des sièges et des raids sur leurs maisons, des arrestations, des disparitions, des tortures..., ce qui a été dénoncé par le ministère sahraoui des Territoires occupés, et des organisations telles que l'Instance sahraouie contre l'occupation marocaine (ISACOM), qui appelle à la présence urgente d'organismes internationaux comme la Croix-Rouge internationale pour la protection de la population civile en temps de guerre.

Et pendant ce temps, que fait le gouvernement espagnol ? Il parle le moins possible du Sahara occidental, même si la décision du président Donald Trump de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental a conduit la ministre des Affaires étrangères, Arancha Gonzalez Laya, à déclarer que l'avenir de l'ancienne colonie espagnole ne dépend pas « de la volonté d'un pays si grand soit-il » et à demander que les résolutions des Nations unies sur ce conflit soient respectées.

Le gouvernement de Pedro Sánchez ne cesse de se payer de mots sur les droits de l'homme : sur le site ouèbe du ministère des Affaires étrangères, un vaste chapitre est consacré à ce sujet, qui précise que « l'Espagne est un pays profondément engagé en faveur des droits de l'homme », et que leur protection et leur promotion constituent « un axe prioritaire de la politique étrangère » et « une exigence de la société espagnole ».

À l'occasion de l'adhésion de l'Espagne au Conseil des droits de l'homme pour la période 2018-2020, il a été proposé de revendiquer « le rôle des défenseurs des droits de l'homme » et d'œuvrer pour leur protection. À cette fin, le ministère des Affaires étrangères dispose d'un bureau des droits de l'homme (ODH) qui gère le programme de protection et d'accueil temporaire de défenseurs des droits humains menacés.

Le même chapitre précise que les droits de l'homme continuent d'être violés par les gouvernements « qui privent leurs citoyens de leur liberté sans procès, emprisonnent des journalistes ou empêchent la tenue d'élections libres et équitables ».

Les violations des droits humains des Sahraouis ne sont pas condamnées

Tout ce qui précède est précisément ce qui se passe dans le Sahara occidental occupé par le Maroc, comme l'ont dénoncé les principales organisations internationales des droits humains : le référendum sur l'autodétermination, pour lequel une mission des Nations unies, la MINURSO, est déployée sur le territoire, n'a pas lieu ; des disparitions se produisent et des militants des droits humains sont persécutés et arrêtés ; des journalistes sont recherchés et emprisonnés (sept reporters sont emprisonnés et purgent de lourdes peines), et les prisonniers politiques sahraouis, dans des prisons marocaines éloignées de leurs villes, subissent de dures conditions de détention. Même les plus jeunes sont arrêtés, comme ce fut le cas en novembre avec Hayat Moulay, 12 ans, qui a subi des tortures psychologiques et physiques, et a été forcée d'embrasser à genoux une image du roi du Maroc, tout cela pour avoir dessiné sur sa blouse d'écolière un petit drapeau sahraoui.

Le gouvernement de Pedro Sánchez ne s'est jamais prononcé ni n'a condamné les violations des droits humains au Sahara occidental, - ce qu'il fait lorsqu'elles se produisent dans d'autres parties du monde - malgré le fait que l'Espagne est de droit la puissance administrante du Sahara occidental, comme l'a établi l'ONU. Non seulement elle ne les condamne pas, mais en janvier 2019, le ministère dirigé par Fernando Grande-Marlaska - le même qui, en tant que juge, présidait la chambre de l'Audiencia Nacional qui a précisé que l'Espagne continue d'être la puissance administrante du Sahara - a remis au Maroc l'étudiant sahraoui Hussein Bachir quelques jours après son arrivée à Lanzarote sur un bateau, en quête d'asile politique. Il purge actuellement une peine de 12 ans dans une prison de Marrakech.

L'exécutif ne se prononce pas sur les violations des droits humains au Sahara occidental, bien qu'il ait déclaré, en se référant cette fois au Sahara occidental, qu'« en matière de droits de l'homme, le gouvernement espagnol a un souci constant de leur promotion et de leur défense, puisque cette question est l'un des principes directeurs de la politique étrangère espagnole ».

Cette affirmation a été faite par le gouvernement le 18 décembre 2020, en réponse à une question du sénateur Carles Mulet García (Compromís) pour savoir si l'exécutif avait l'intention d'adopter des mesures visant à promouvoir une solution définitive pour la reconnaissance officielle de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) et pour « mettre fin aux attaques contre la souveraineté du peuple sahraoui et contre les droits humains par le régime autoritaire du Maroc ».

Le gouvernement a déclaré que l'Espagne ne reconnaît pas la RASD et qu'elle "défend une solution politique, juste, durable et mutuellement acceptable, comme le prévoient les résolutions du Conseil de sécurité et dans le cadre de dispositions conformes aux principes et aux buts de la Charte des Nations unies". La réponse n'incluait pas l'autodétermination du peuple sahraoui, à laquelle le président Pedro Sánchez a fait référence en septembre 2018 devant l'Assemblée générale des Nations unies, et a ensuite disparu des expressions du gouvernement.

Un mois de plus, en décembre 2020, au Sahara occidental occupé, la répression et les violations des droits de l'homme se poursuivent, ainsi que dans les villes du sud du Maroc avec une population sahraouie et dans les prisons marocaines avec des prisonniers politiques sahraouis, comme le montre la liste approximative suivante, selon les organisations sociales et les médias sahraouis et espagnols.

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Courtesy of  Tlaxcala
Source:  contramutis.wordpress.com
Publication date of original article: 04/01/2021

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