17/01/2021 tlaxcala-int.org  4 min #184336

L'Ong israélienne B'Tselem qualifie Israël d'Etat d'apartheid

Ne parlez pas d' « apartheid en Cisjordanie », mais d'apartheid tout court

 Gideon Levy جدعون ليفي גדעון לוי

Pendant ses 73 années d'existence, Israël n'a été une démocratie que pendant six mois. Six mois, et pas un jour de plus. Ce fait choquant, que la plupart des Israéliens et une bonne partie du monde répriment et que les chercheurs de vérité n'ont aucun moyen de nier, doit résonner dans chaque leçon d'instruction civique et dans chaque débat en Israël.

Toutes les absurdités sur le fait que « Bibi détruit la démocratie » ignorent ce fait éternel : ce n'est que pendant six mois que l'État a traité tout le peuple sous son pouvoir de manière démocratique, au moins pour sauver les apparences. Tout au long de ses décennies d'existence, Israël a traité une partie de ses sujets de manière tyrannique. C'est pourquoi il n'a rien à voir avec la démocratie.

Le 21 octobre 1948, Israël a placé ses citoyens arabes sous un gouvernement militaire. Le 1er décembre 1966, le Premier ministre Levi Eshkol a levé cette disgrâce. Six mois plus tard, en juin 1967, la tyrannie militaire est revenue définir Israël lorsque ses territoires nouvellement occupés ont été placés sous un régime militaire.

Cette situation s'est poursuivie jusqu'à ce jour et sa fin n'est nulle part en vue. Il ne reste plus que le costume. Aujourd'hui, celui-ci commence lui aussi à s'effilocher : c'est un long processus. Les racines du mensonge de la démocratie sont profondes.

Le groupe de défense des droits B'Tselem a publié la semaine dernière un  document de position révolutionnaire, franchissant le Rubicon : il affirme que le régime de suprématie juive n'existe pas seulement dans les territoires occupés, où B'Tselem documente les crimes depuis la fondation du groupe, mais dans tout le pays, de la Méditerranée au Jourdain.

Quelques jours auparavant, l'écrivain usaméricain Nathan Thrall, qui vit à Jérusalem, avait publié un article éclairant et stimulant dans la London Review of Books, intitulé «  The Separate Regimes Delusion » [Le délire des régimes séparés]. Thrall n'hésite pas à critiquer les organisations soi-disant sionistes-libérales et de gauche, de Meretz et Peace Now à Yesh Din et Haaretz. Toutes croient qu'Israël est une démocratie et s'opposent à l'annexion [de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est, NdT] parce qu'elle pourrait saper leur fausse croyance que l'occupation a lieu quelque part ailleurs, en dehors d'Israël, et n'est que temporaire. La séparation entre territoires sous occupation et Israël est toujours valable à leurs yeux, donc ils mènent les gens en bateau.

La conclusion des deux documents est la même : il est impossible de parler plus longtemps de « l'apartheid dans les territoires ». Il est impossible de séparer les territoires et Israël, et il est impossible de considérer l'occupation comme temporaire. La conclusion : Israël est un État d'apartheid. Tout comme en Afrique du Sud, il était ridicule de parler de démocratie, même si des élections y avaient lieu, il est ridicule de considérer Israël comme une démocratie.

Si une partie est une tyrannie, le tout est une tyrannie. Il est impossible de contester le fait que dans les territoires occupés, il existe deux systèmes de droits et de lois basés sur la séparation des nationalités. Aucun fait n'est plus certain.

Le caractère temporaire de l'occupation est également un argument périmé. C'est pourquoi nous devons arrêter de vouloir terrifier les gens et de prétendre que la droite nous mène à l'apartheid. L'apartheid règne ici depuis 1948. Ce n'est qu'alors que nous pourrons reconnaître que c'est l'occupation qui définit le régime israélien - pas la Haute Cour de justice, pas les élections et pas les libertés pour les Juifs, et aussi un peu pour les citoyens non juifs. La suprématie juive est dans tout, comme le dit B'Tselem. Il est impossible de séparer le « bon » Israël de la « mauvaise » occupation, comme l'affirme Thrall.

Apprenez à le connaître : l'apartheid. Un État d'apartheid. Nous vivons dans un tel État, nous en faisons partie, nous y sommes associés. C'est notre pays.

Courtesy of  Tlaxcala
Source:  haaretz.com
Publication date of original article: 16/01/2021

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