26/02/2021 ism-france.org  4 min #186131

Un « optimisme prudent » ne masque pas les dépossessions imposées aux Palestiniens

Par Ramona Wadi
25.02.2021 - Le dernier rapport (23.02.2021) du coordinateur spécial des Nations unies pour le processus de paix au Moyen-Orient a brossé un tableau sombre de la Palestine. L'époque où les représentants de l'ONU tentaient de confondre les négociations diplomatiques avec la coopération de l'Autorité palestinienne sur la pandémie de coronavirus est révolue. En 2020, l'économie palestinienne a subi une contraction de 10 à 12 % ; c'est « l'une des plus fortes contractions annuelles depuis la création de l'Autorité palestinienne en 1994 ».

Une maison démolie à Jérusalem pour punir un gardien de l'Esplanade des Mosquées
Article sur  Capjpo-Europalestine et vidéo sur  Quds News Network.
Si le Covid-19 a certainement exacerbé la crise économique pour les Palestiniens, il n'est en aucun cas le facteur le plus prégnant, comme l'indiquent les recommandations. Une observation saisissante est que la moitié de la population palestinienne a maintenant besoin d'  aide humanitaire, et pourtant l'ONU n'arrive toujours pas à faire le lien entre la précarité et la violence coloniale et l'expansion d'Israël.

Le rapport commence par une section intitulée « Motifs d'un optimisme prudent » bien que cet « optimisme » repose principalement sur la baisse des infections à Covid-19, la légère possibilité de reprendre les négociations diplomatiques, la nouvelle administration américaine et la reprise des relations de l'AP avec Israël. Aucune initiative diplomatique n'a jamais mis fin au colonialisme et à la violence des colons israéliens dans le passé, et il n'y a aucune raison de croire que 2021 sera différent en termes de restauration des droits légitimes du peuple palestinien. Ce qui ressort, c'est la pression exercée sur la communauté internationale pour qu'elle continue à financer l'aide humanitaire, alors que pas une seule recommandation ne traite de l'obligation des Nations unies d'éradiquer le colonialisme, de demander des comptes à Israël et de veiller à ce que les Palestiniens puissent passer de la dépendance à l'égard de l'aide humanitaire à l'autosuffisance, dans le cadre de la voie vers l'indépendance.

L'équivalence entre le colonisateur et le colonisé, même dans le cadre d'un rapport qui met en évidence un tel scénario précaire, nuit encore plus aux perspectives palestiniennes. Bien entendu, les accords d'Abraham (1) font également leur apparition dans ce document, en particulier la clause relative aux « efforts pour parvenir à un règlement juste, global et durable du conflit israélo-palestinien ». L'annexion n'a été mentionnée qu'en toile de fond de la décision de l'AP de mettre fin à la coordination de la sécurité et de souligner comment cette décision « a entravé les réponses sanitaires et humanitaires à la pandémie ». Israël est décrit comme « le partenaire commercial le plus proche des Palestiniens » et pourtant d'autres termes existent, plus précis, pour décrire l'État colonial tout en mettant en avant le concept de commerce sous occupation coloniale.

Le rapport dit qu'une « solution » à deux États est encore réalisable. Le fait de colporter le mensonge selon lequel un tel scénario « basé sur les lignes de 1967, les accords précédents, les résolutions de l'ONU et le droit international » est encore possible exclut les progrès infâmes réalisés par Israël en termes d'annexion de facto. Il ignore également les déplacements à venir qui obligeront la communauté internationale complice à gronder Israël sur la construction de colonies plutôt que de prendre des mesures pour stopper le processus colonial lui-même. Il ne fait aucun doute que les Nations unies attendent des Palestiniens qu'ils respectent le droit international et acceptent leur perte, tandis qu'Israël cultive d'autres opportunités pour prolonger le cycle de l'aide humanitaire et les privations imposées aux Palestiniens. Un « optimisme prudent » ne cache pas ce fait.

(1) Les accords d'Abraham sont les deux traités de collaboration signés entre Israël et les Émirats arabes unis d'une part, et entre Israël et Bahreïn d'autre part, en 2020, sous le parrainage de l'administration Trump (note ISM-France).

Source :  Middle East Monitor

Traduction : MR pour ISM

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