par Finn Andreen.
La lutte pour la préservation de ce qui reste de liberté en Occident doit continuer. Nous devons rejeter les tendances liberticides de l'État, notamment avec le pass sanitaire.
Les rumeurs à propos de l'arrivée d'un pass sanitaire pour la Covid-19 deviennent de plus en plus concrètes. De nombreux signes rendent probable son introduction en France et ailleurs. Il s'agirait d'une sorte de laissez-passer qui permettrait uniquement à ceux qui le détiendraient d'accéder à des lieux tels que les restaurants, les cafés, les musées, les expositions, etc.
Le pass sanitaire sur le plan pratique
La première critique d'un pass sanitaire doit se faire sur le plan pratique. Pour qu'il fonctionne, il doit garantir qu'une personne ne soit pas en mesure de contaminer autrui. Mais si une vaccination est suffisante pour obtenir un pass sanitaire, qu'en est-il de cette personne sur dix environ pour laquelle le vaccin est inefficace ? Qu'en est-il de la possibilité que des personnes vaccinées puissent encore transmettre la maladie ?
Si un test PCR négatif permet également d'obtenir un pass sanitaire, alors avec quelle fréquence faudrait-il devoir se faire insérer une tige dans le nez pour continuer à avoir le droit d'aller au restaurant ? De telles questions, et bien d'autres, suggèrent les difficultés à en faire une barrière efficace à la propagation du virus.
Et que dire de tous ces jeunes qui seront les derniers à recevoir le vaccin ou qui tout simplement le refuseront ? On voit bien qu'un pass sanitaire obligatoire pourrait entrainer une inégalité de traitement et un manque de respect de la vie privée (données médicales).
De plus, l'inefficacité et l'incompétence avec lesquelles le gouvernement français a géré la pandémie ont été tout simplement scandaleuses. Il ne serait donc pas impensable qu'il rate aussi l'introduction de ce pass, initiative aussi complexe sur le plan logistique que controversée sur le plan éthique. Mais l'orgueil du pouvoir politique ne connaît pas de limites, de sorte que les échecs passés n'empêcheront pas les échecs futurs.
Le danger sur le plan des libertés
Hormis ces obstacles pratiques, il ne faut pas sous-estimer l'atteinte à la liberté personnelle que constituerait un tel pass sanitaire.
Cependant, ce serait une erreur de considérer un pass sanitaire comme une mesure sans précédent qui détruira la liberté dans une société par ailleurs libre. Au contraire, cette mesure ne serait qu'un petit pas de plus sur le long chemin d'expansion de l'État qui a commencé avec la Première Guerre mondiale.
Comme le rappelle si brillamment Stefan Zweig, avant 1914 en Europe on voyageait habituellement sans passeport. Il était soi-disant nécessaire de généraliser (temporairement, bien sûr) l'usage des passeports, afin de contrôler l'identité des voyageurs en temps de guerre. Comme chacun sait, les passeports n'ont jamais été supprimés. Ce rappel historique est pertinent dans le contexte actuel, car on préconise maintenant un passeport Covid-19 basé sur des données biométriques.
D'une manière générale, les périodes de crise ont toujours offert à l'État des opportunités supplémentaires d'interventions, qu'il s'agisse de guerres, de dépressions, de pandémies ou autres types de crise. Alors que les dernières décennies ont vu des libéralisations économiques dans plusieurs secteurs, en même temps, cette période a aussi connu le développement de l'État-providence.
Celui-ci a justifié des restrictions de la liberté individuelle, sous forme d'une augmentation constante des niveaux d'imposition, une dépendance accrue envers l'État, et une réduction du choix dans des domaines clés, tels que la santé et l'éducation.
Les discussions autour d'un pass sanitaire s'inscrivent parfaitement dans ces deux tendances : une crise sanitaire d'une part, et un État providence omniprésent de l'autre.
Malheureusement, cette lente évolution étatiste n'est pas évidente si l'on ne s'y intéresse pas. La distinction entre le rôle de l'État et celui du propriétaire privé est claire en théorie mais reste floue dans la pratique. Le droit du propriétaire de décider qui peut accéder à sa propriété est généralement reconnu comme une liberté individuelle fondamentale.
Pourtant, on s'oppose peu aux innombrables réglementations qui entravent le quotidien des restaurateurs par exemple, et les empêchent de discriminer leur clientèle. Maintenant, avec l'introduction d'un pass sanitaire, l'État pourra se mêler aussi de qui pourra faire partie de cette clientèle.
Les raisons d'une mise en place probable d'un pass sanitaire ne sont certainement pas liées à la santé. Rappelons que l'âge moyen de décès par Covid-19 est de 82 ans, l'âge médian étant de 85 ans. La surmortalité due à la Covid-19 est négligeable pour les personnes de moins de 65 ans.
Depuis le début de la pandémie, des recommandations ciblées vers les personnes à risque, plutôt que des décrets généralisés concernant toute la population, auraient dû constituer la seule approche des gouvernements, non seulement d'un point de vue libéral mais aussi d'un point de vue sanitaire.
L'introduction d'une identité numérique universelle a été discutée dans les sphères d'influence les plus élevées, bien avant la pandémie actuelle. Cela fait partie de la Grande Réinitialisation, programme qui est actuellement promu par le Forum économique mondial qui se réunit annuellement à Davos. L'objectif affiché est « la possibilité de revendiquer en toute sécurité qui nous sommes », comme si c'était une demande émanant de la population... La crise de la pandémie a offert aux États une opportunité exceptionnelle pour pousser les majorités occidentales vers une acceptation de ce type d'identité numérique sans précédent.
Il est évident que dans le domaine de la santé, une telle identité numérique pourrait ne pas se limiter à confirmer l'absence de Covid-19. Il ne semble pas exagéré de penser qu'elle pourrait être utilisée dans le futur pour indiquer à quelqu'un la liste exhaustive et personnalisée de biens et de services auxquels il aura droit, considérant à chaque instant son état de santé.
De nombreux arguments ont été avancés ici contre un pass sanitaire. Il appartient à chacun de faire ce qui est possible pour empêcher son introduction. La lutte pour la préservation de ce qui reste de liberté en Occident doit continuer. Nous devons rejeter les tendances liberticides de l'État.
source : contrepoints.org