Maintenant que j'ai attiré votre attention, je peux tenter une démonstration pour essayer de m'en sortir avec dignité, ce qui na va pas être facile, mais c'est ça qui est drôle.
Le constat initial est que nous n'avons pas de culture, de jour de fête, de point de rassemblement populaire, de forum public où être écouté. Nous n'avons pas de parole, pas d'avis à donner, nous n'avons qu'à subir la culture, les jours de fête, les points de rassemblement populaires, les forums publics qui ont été orchestré par des gens autorisés par la bien-pensance, l'éloge des dogmes, les médias et les politiciens, les gens de pouvoir. Et finalement on se sent un peu seuls et abandonnés face à une société qui impose une animation sociale qui en réalité n'est que factice.
La réalité est que cette animation est construite dans le but de renforcer la posture de ces élites, les règles de ce système, et d'écraser toute forme de contradiction, de façon festive et consentie. Les élites ont acquit un grand savoir-faire dans l'art et la manière de rester au pouvoir qui, en toutes occasion, ne manque jamais de dénoncer ses propres procédures, que sont l'usage de la bien-pensance, le fait de "se draper de vertu", de telle sorte que cela finisse même par excuser leur animalité, leur sauvagerie, leur antisocialisme, et leurs techniques mafieuses de préservation de leur statut et de leur pouvoir.
La question qui est au fond du faux-problème du racisme (et de son antiracisme associé) érigé en leitmotiv politique pour assumer des procédés injustes, est bien connue, il s'agit de considérer les humains, et les choses, comme étant des définitions d'elles-mêmes, suffisantes pour vouloir tout signifier. Il s'agit toujours de considérer toute chose, y compris l'humain qui est pourtant le dernier concerné par cela, comme un objet dont l'opinion qu'on se fait sur lui est statique, "décidée par la première impression", et suffisante pour justifier toutes les déductions qui en découlent.
Que cela soit le point de vue du raciste ou de celui qui accuse l'autre de l'être, il s'agit toujours de cette même procédure qui consiste à persévérer dans la croyance que les choses sont ainsi, et que les gens, et toutes les choses en général, la science, la loi, l'économie, sont définies par leur étiquette. Si ce procédé a pour effet de faciliter et de simplifier la réflexion, il a l'inconvénient de la fausser de façon très dommageable. Mais surtout, c'est un procédé dont les élites sont les premières à profiter, puisqu'en ce qui concerne leur stature, leur condition, leur apparente noblesse, elle aussi se prétendra tout autant inamovible et éternelle, pour les mêmes raisons.
Ainsi, partant de l'un ou de l'autre de ces prémisses, toutes les observations faites n'auront pour seul finalité prédéfinie que de les expliquer. Et on pourra gesticuler autant qu'on voudra pour prétendre que ceci ou cela est faux, dans la tête de celui dont l'esprit est figé et statique, rien ne changera.
Ces procédés sont faciles à reconnaître, puisqu'ils consistent à lutter contre le racisme tout en pratiquant les principes du racisme. L'anti-racisme binaire est exactement cela, il consiste à accuser les gens d'être ce qu'ils sont de manière irrémédiable et à les envoyer au bûcher pour cela, sans la moindre pitié et sans la moindre nuance, ni la moindre humanité.
La question n'est pas que celle du racisme, qui n'est qu'un topique symbolique qui rend la démonstration plus facile à comprendre, c'est celle de la pratique générale qui consiste à considérer l'humain, et toute théorie, tout dogme (et tout pouvoir dont ils profitent) comme quelque chose d'indépassable, de constant et de déterminé.
Or ce n'est pas comme cela que sont les choses. Elles sont dynamiques, elles se déplacent le long d'un ligne évolutive, qui est finalement à peu près la même pour tous, mais tous, de différents âges, de différentes cultures, n'en sont pas au même stade de cette évolution.
Le plus regrettable est que cette société qui "racise", ou "phobise" le discours, tend à produire des êtres qui arrêtent d'évoluer, une fois arrivés à un stade promu comme étant terminal s'ils veulent s'identifier à un groupe de pensée ou idéologique, culturel, ou sociétal ou politique. Car dès lors qu'on appartient à un groupe, ils arrêtent naturellement d'évoluer pour rester en harmonie avec ce groupe. Mais la nature est tenace et souvent il s'observe qu'avec le temps, les années et les décennies qui passent, on se sente un peu honteux d'avoir appartenu à tel ou tel groupe idéologique ou politique, culturel ou sociétal. Avec le recul, tout cela nous paraît dérisoire et ridiculement insuffisant. Et si pourtant la définition qui devait vous coller à la peau restait inamovible ? C'est bien sur cela que comptent nos élites, elles dont l'étiquette est si luisante.
Pourquoi ne pas considérer que les mouvances qui font la mode d'aujourd'hui ne seront pas elles-mêmes soumises à cette même évolution, et que dans quelques années ou décennies on ne trouvera pas honteusement ridicules les pratiques et les discours d'aujourd'hui ? Pourquoi ne pas considérer nos élites comme les simples humains parfaitement égaux qu'ils sont, instables, irrationnels, et possibles à contredire par la raison ?
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Ce qui est pérenne dans la vie de l'humain, ce qui est durable, ce qui a vraiment de la valeur et fait de vous vraiment des humains, ce sont seulement les petites choses qui ne vieillissent pas. Toujours, il faut poser des questions, toujours, il faut chercher les raisons, et toujours, il faut étudier pour essayer, avec l'esprit ouvert, de comprendre les autres.
Ce n'est qu'en ayant accédé à la compréhension, au sens latin de ce terme qui signifie la capacité de voir les choses dans leur globalité, de sorte à produire une émotion neutre, à éteindre les pulsions animales, à conserver calmement son équilibre psychique, et à laisser encore la connaissance infuser tout en restant insensible à ce qui nuit à la maîtrise de soi, ce n'est que de cette manière, disais-je, qu'on peut faire le premier pas qui fonde une civilisation, celui dont on croyait qu'il était déjà accompli, et qu'on pouvais compter dessus, sauf qu'il faut quand même aussi le faire soi-même : excuser les autres, et les expliquer.
Oh oui bien sûr, les techniques avancées de conservation du pouvoir savent très bien jouer la comédie de celui qui a tout compris et qui a une très grande maîtrise de soi et qui est insensible aux déséquilibres psychiques, alors pourtant que ce ne sont que de petits enfants avec un esprit très étriqué et sclérosé, sans aucune imagination ni aucune capacité à absorber l'information, ni à savoir la traiter correctement. Oui, il savant très bien jouer cette comédie qui consiste à passer pour des grands, et la plupart du temps cela suffit à produire l'effet désiré, qui est de soumettre les autres à leurs caprices et leur idiotie. Leur stature est figée comme ils voudraient que le monde soit statique.
À partir de là, comment distinguer ce qui est vraiment sincère et naturel, de ce qui procède de la technique d'usurpation d'identité, propre au plus stupide des fous d'un asile qui se prend pour Napoléon ?
Et si, cette pratique d'illusionniste se répand dans la société comme un mime du pouvoir, et que cela continue de faire son effet étage après étage, en allant du haut vers le bas de la société, jusqu'au point où les esclavagistes incultes et effarant de bas-étages continuent de reproduire ces techniques théâtrales de persuasion aux plus faibles des hommes, comment distinguer le sage du fou ?
Car s'il y a bien une conséquence à la façon dont se répand le virus de l'assurance maladive (elle est marrante celle-là, je la ressortirai) c'est précisément que les gens de raison, les sages et les personnes qui pourraient avoir un effet positif sur leur société, sont occultés, réduits au silence, et même on peut le dire, qu'ils sont "maîtrisés", ligotés, bannis, ridiculisés, etc.
On peut le dire, réciproquement, si dans une société vous ne trouvez personne qui semble être à la hauteur pour prendre sur ses épaules les défis historiques auxquels la civilisation est confrontée, c'est sans doute que cette personne est à vos yeux la plus minable du monde, une sous-merde ternie par de nombreuses tares, dont une seule suffit, quand on la cherche bien et qu'on en fait la publicité, à la définir entièrement et à la condamner au bagne et au silence de celui dont on ne veut même pas entendre les excuses.
C'est sur cela que compte le pouvoir frivole en place pour conserver sa si soyeuse stature, au nom de laquelle les serviteurs se mettent aux petits soins pour eux en échange de quelques piécettes, alors qu'eux-mêmes donnent des coups de tatane sur la tête de ceux qui pourraient les sortir de leur esclavage et de leur hideuse servitude.
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On peut voir sur internet de façon transparente aux yeux de l'histoire la prolifération de trolls qui, comme dans des ruelles obscures où se vendent les corps, cherchent à alpaguer les clients en faisant appel à leurs instincts animaux, reproduisant dans un but lucratif et presque culturel, les pratiques qui ont été mises en place par les élites à leur propre encontre, cette fois d'une manière tellement plus évident et notable, que tout l'édifice de la domination de l'homme par l'homme en est rendu clairement visible, même aux yeux des plus innocents incultes. Il s'agit toujours de placer dans ce qui est implicite dans le discours, des raisons qui n'en sont pas mais qui font mine d'être puissantes.
Les techniques dont ils font usage, puisque c'est notre thème, consistent, il n'y a rien de nouveau, à se prétendre en possession d'un savoir et d'une expérience de la vie qui dépasse même celle de leurs proies. Il s'agit de fonder sur l'évidence un discours qui n'apporte aucune explication, aucune preuve, aucune raison logique, et se défend par la superbe d'avoir besoin de le faire, au prétexte que sa proie, sa cible, son public, se trouve, lui, à un stade inférieur de ce niveau évolutif, et qu'il vaut mieux le laisser comprendre par lui-même, avec les coups de tatane s'il le faut, à quel point la vie est dégueulasse et que c'est parfaitement justifié de se comporter comme un gros connard.
Et si par malheur le jeune emprunte cette voie, si le virus de "l'assurance maladive" arrive à se répandre, alors il se produit que cela crée la justification dont avait besoin le raisonnement du tyran pour justifier ses actes.
Et c'est ainsi que sont stimulées, dans la société, tous les actes de violence, les crises de nerfs, la folie humaine, au prétexte de s'en défendre, mais en réalité pour éviter d'avoir à justifier des raisons d'agir qui en réalité sont de l'ordre de l'animalité et de la sauvagerie. Et c'est ainsi que des manifestations pacifiques sont mises en dérapage, pour que la colère gronde et que la répression augmente d'autant, au point que les gens arrivent pour manifester sans plus trop savoir pourquoi, et qu'on se retrouve dans une situation de guerre civile. Tout cela est désiré par les tenants du pouvoir, et ils se répètent de cette situation qui les confortent, ils s'en nourrissent, et cela les rend plus puissants.
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Pour en revenir au thème initial, la question est posée, que faire face à la sauvagerie, pour laquelle la raison et la logique ne sont que des opérations intellectuelles servant à la justifier, la réponse est, elle aussi, très banale, elle consiste à ne pas entrer dans le jeu avec les règles qui sont imposées. C'est à dire qu'il est parfaitement inutile, comme le font les économistes, les analystes en tous genre, de chercher à se frayer un chemin dans les fonctionnements admis comme évidents, ce qu'ils nomme "la réalité", si on se contente de ce cadre d'analyse qui est imposé par la force des choses, de chercher à découvrir quelles sont ces fameuses règles dont nos élites semblent se prétendre les détenteurs exclusifs, comme s'il s'agissait de percer leur secret. Leur secret est qu'ils n'en ont pas et qu'ils improvisent encore et toujours de la même manière, en jouant uniquement sur les attitudes, et sur la matraque.
Ce qu'il faut pour rivaliser contre la barbarie et l'arriération, puisque c'est de cela qu'il s'agit, c'est arriver avec la dignité d'un humain cultivé qui a déjà développé ses propres principes, sa pratique de la morale, et son sens de la logique. De rester serein, et d'opposer des termes qui sont inconnus aux barbares, dont la prestance ne peut que les désarmer, et faire tomber leur masque de vertu. Car sur ce point, cela aussi c'est connu, ces élites n'ont que le pouvoir que leur confère notre ignorance, et dès lors qu'on leur oppose quelque chose qui leur est "étranger", (dès lors qu'on pose des questions) ils disparaissent subitement en un nuage de poussière à travers laquelle la lumière finit toujours par percer.
Et pour en revenir au thème du début, le racisme, qui n'est qu'un topique permettant de mieux visualiser la procédure qui consiste à imposer des règles qui protègent le pouvoir, ce qu'il faut pour s'y opposer c'est, non pas d'imposer, mais de pratiquer d'autres règles, bien plus humaines, et compatibles avec les lois évolutives. Car personne parmi les accusateurs bénévoles ne s'est jamais posé la question de l'affliction de celui qui est rejeté sans raison, sensé croire lui-même qu'il est ce qu'il paraît être dans l'esprit d'un imbécile. Finalement ils font subir ce qu'il ont peur de subir.
Et la réponse à la grande question c'est de dire : "oui, il est légitime d'être raciste", stupide, ignorant, ou même un simple petit tyran, tant que cela n'est pas considéré comme la fin de tout chose et qu'il reste encore un espoir de changer cela, en faisant usage d'écoute, de dialogue, et en laissant les gens exprimer leur nullité si cela peut les aider à s'entendre eux-mêmes. Mais en tout état de cause, une fois qu'on a admit cela, on n'a plus aucun besoin de croire sur parole ceux qui prétendent ne pas avoir besoin de se justifier.