Par Zarefah Baroud
« Mort aux Arabes », ou comment la violence raciale a toujours défini Israël.
Lors des émeutes racistes anti-palestiniennes qui se sont enchaînées à Jérusalem la semaine dernière, une manifestante a été 𝕏 questionnée par un journaliste sur les motivations, et en particulier sur le langage utilisé par les foules enragées.
Le journaliste a demandé à la jeune manifestante si les phrases employées par les manifestants, des expressions comme « Brûlez les villages arabes » et « Mort aux Arabes » les représentaient, et étaient en cohérence avec leur présence à la manifestation.
Elle a répondu : « Je le dis d'une manière maniérée et correcte. Je ne dis pas 'brûlons leurs villages', je dis 'qu'ils devraient partir et que nous prenions possession de leurs terres', dit-elle avec un sourire ironique, 'exactement ce que nous faisons dans la vieille ville'. »
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Il y a beaucoup à apprendre dans cette réponse tout à fait révélatrice - en premier, les attitudes colonialistes qui existent dans toutes les secteurs de la société israélienne, et pas simplement le gouvernement ou l'armée. Mais également, la manière dont les groupes de colons ont normalisé la violence raciste et le nettoyage ethnique continu - ce que certains appellent la Nakba en cours - que leurs colonies de plus en plus nombreuses ont exigées.
La violence des colons est tout aussi ancienne qu'Israël. Elle représente une menace de chaque instant pour les Palestiniens, et est enracinée dans le l'incrustation des colons européens sur la terre palestinienne. En fait, pendant la Nakba, l'expulsion massive initiale de 750 000 Palestiniens pour faire place à l'État juif a été matérialisée non seulement par les forces sionistes, mais par les colons qui ont rapidement remplacé la population autochtone.
De nouvelles habitations ont été construites sur les ruines de celles ayant appartenu aux exilés, protégées par le régime sioniste qui se développait et le gouvernement britannique avant lui.
Aujourd'hui, au moins 600 000 colons israéliens vivent dans des colonies - totalement illégales au regard du droit international - en Cisjordanie palestinienne occupée ainsi qu'à Jérusalem-Est.
Indépendamment de leur présence illégale en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, la violence débridée et criminelle que beaucoup de ces colons pratiquent est non seulement fortement protégée par l'État et les forces israéliennes d'occupation, mais l'État compte sur la présence de ces colons pour indirectement et impunément voler encore plus de terres en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est.
De nombreux rapports révèlent que les sbires de l'armée ou de la police protège et aide les colons dans leurs attaques contre les Palestiniens. De nombreux Palestiniens, y compris des enfants en train de jouer, ont été arrêtés et emprisonnés par les forces israéliennes afin de répondre aux exigences de ceux qui s'installent dans ces avant-postes illégaux.
L'organisation israélienne de défense des droits de l'homme, Yish Den, a enregistré 1293 cas de violence par les colons entre 2005 et 2019. Parmi ces incidents, à peine 8% des enquêtes ont abouti à des accusations criminelles contre le colon responsable des violences.
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Quelques jours à peine après les émeutes de la foule fascisante à Jérusalem, un groupe de trois colons juifs ultra-violents a attaqué et envoyé à l'hôpital le berger Ibrahim Hamdoun, âgé de 66 ans, alors qu'il faisait paître son troupeau sur ses terres à Jénine, en Cisjordanie.
Si cela doit nous enseigner quelque chose, c'est que la violence des colons, et celle de l'État, font partie intégrante de la société israélienne dans son ensemble. Cette uniformité dans la société israélienne concernant la violence sioniste, est vérifiée dans un sondage d'opinion réalisé en 2019 par l'Institute for National Security Studies, concluant que 70% des Israéliens interrogés estiment que les valeurs des Forces de défense israéliennes (FDI) s'alignent effectivement sur les valeurs de la société israélienne dans sa totalité.
Même si les Israéliens choisissent une approche moins voyante pour leur extension coloniale, ils continueront de participer et de bénéficier du nettoyage ethnique de Jérusalem et du reste de la Palestine historique, à travers les expulsions, les démolitions de maisons, le refus raciste des permis de construire, et comme nous l'avons vu la semaine dernière, la violence physique et l'intimidation directe.
* Zarefah Baroud est titulaire d'une maîtrise en études politiques de l'Université de Washington, où elle a effectué des recherches sur les programmes d'aide américains à l'armée israélienne. Baroud a publié divers articles sur CounterPunch, Common Dreams, Socialist Worker et d'autres. Son compte Twitter.
3 mai 2021 - Middle East Monitor - Traduction : Chronique de Palestine - Lotfallah