14/06/2021 francesoir.fr  6 min #190905

Le Pr Eric Caumes pris en charge en hôpital psychiatrique

BFM

Il ne se passe pas un jour sans que l'AP-HP ne délivre son lot de surprises. Une de ses figures, le professeur Éric Caumes, chef de service à l'hôpital de La Pitié-Salpêtrière, docteur en pathologie infectieuse et tropicale, clinique et biologique a été hospitalisé pour décompensation psychiatrique. Les sources proches du dossier nous déclarent qu'il est arrêté pour trois mois à ce jour.

Eric Caumes, 63 ans, est infectiologue, chef du service de maladies infectieuses et tropicales à l'hôpital de La Pitié-Salpêtrière, à Paris. Il est également professeur à la faculté de médecine de Sorbonne, à Paris, et a été membre du Conseil d'administration de l'International Society of Travel Medicine (2007-2011).

Le professeur Caumes est aussi connu pour être un des plus acharnés adversaires de la maladie de Lyme sous sa forme dite chronique : il affirme volontiers aux patients qui en souffrent qu'ils subissaient en réalité d'autres pathologies, voire des troubles psychiatriques. Une analyse que ne partagent pas certains médecins, parmi lesquels d'éminents spécialistes comme le professeur Perronne.

Voir aussi :  "Foutez la paix aux médecins!" Christian Perronne revient sur la maladie de Lyme

Des apparitions médiatiques très importantes

Eric Caumes, qui fut l'un des premiers médecins "médiatiques" à avoir fait part de son inquiétude, en février 2020, a multiplié les apparitions sur toutes les chaînes de télévision mainstream pendant la crise. Il est dans le top 10 des médecins les plus cités dans les médias audiovisuels, selon un décompte Tagaday-JDD de janvier 2021.

Des prises de position controversées

L'infectiologue souffle le chaud et le froid parmi le monde médical. Nombre de ses confrères l'ont fustigé pour avoir proposé l'été dernier de laisser les jeunes "se contaminer entre eux" pour "participer à l'immunité collective". Dépourvu de conflit d'intérêt avec l'industrie pharmaceutique, selon ses propres dires dans une interview à l'Express, il est un adversaire farouche de la démarche du professeur Raoult, même s'il n'a pas adopté le scientisme confinant au nihilisme de certains de ses pairs, souvent parisiens - il rappelait en effet que la médecine n'est pas, ne peut pas être, "une science", même si elle s'appuie sur l'état de la science - il s'est également montré capable d'un peu de nuance dans cette bataille rangée : " le pire, c'est que Didier Raoult dit beaucoup de choses vraies".

Quelque peu difficile à suivre, entre scepticisme affiché sur les vaccins à leurs débuts, suivi d'un rétropédalage express, entre "confinisme" affolé et "rassurisme" surprenant, le professeur Caumes a parfois semblé suivre davantage "ses humeurs que les connaissances scientifiques", nous confiait une personnalité de l'AP-HP il y a quelques semaines.

Dans  "Maladie de Lyme, réalité ou imposture", le Pr Caumes entendait montrer comment "Lyme" a servi de laboratoire au complotisme et théories alternatives. L'Express titrait même « quand la maladie de Lyme rend fou », une formule qui prend aujourd'hui une résonance amère.

Venu présenter son livre, réaffirmant qu'on soignait assez facilement cette maladie, en trois semaines d'antibiotiques, et qu'au-delà on souffrait généralement d'une autre pathologie, le professeur Caumes avait déclaré au micro de Jean-Jacques Bourdin qu'il allait "certainement recevoir des menaces de mort après cette interview".

Un malade de Lyme, amer : « on a l'intuition à la lumière de ce qui vient de lui arriver de l'état de confusion qui devait être le sien lorsqu'il a écrit son livre, un tantinet conspirationniste, accusant les patients de faire semblant d'être malade et les associations d'œuvrer pour d'obscurs desseins, sous prétexte d'une lutte contre la maladie de Lyme. »

Une ancienne patiente abonde : « Quand j'ai été admise dans son service suite à une morsure de tique avec érythème migrant et un test Elisa positif, il a envoyé un mec dans ma chambre en pleine nuit qui m'a demandé si j'avais été violée... Il a affirmé que la majorité des femmes qui prétendaient avoir la maladie de Lyme étaient des femmes qui avaient été violées et qui avaient des problèmes psys...»

Alors qu'un médecin généraliste spécialiste de Lyme s'interroge : « qu'est ce qui peut bien entraîner ce grand professeur de médecine à nier des évidences scientifiques, le poussant à écrire un livre niant l'existence de la maladie de Lyme chronique, et à faire ensuite une campagne de presse sur ce sujet ? Une jalousie de la notoriété du professeur Perronne ?» Et de poursuivre :

"il y a de très nombreux articles scientifiques référencés prouvant l'existence de cette maladie chez l'animal et chez l'homme. Borrelia (bactérie responsable de la maladie), c'est prouvé, peut persister dans l'organisme même après plusieurs mois de traitement antibiotique."
"on connaît même les mécanismes de persistance : biofilms (carapace dont s'affublent les bactéries pour se protéger), transformation formes rondes résistantes, et différents façons d'échappement au système immunitaire."
"y avait t-il confusion ou intentionnalité malveillante de sa part pour faire l'amalgame entre les médecins qui pratiquent sagement, usant de un ou deux médicaments, précisément et régulièrement évalués, et les ordonnances produites dans le livre associant plus d'une quinzaine de molécules ?"
"les ordonnances abusives qui abusent de médicaments sont le fait d'une poignée de médecins non représentatifs des vrais médecins Lyme qui, sauvant chaque jour des milliers de malades, font honneur à la médecine, à leur serment d'Hippocrate et sont des héros face aux attaques calomnieuses et non fondées scientifiquement du Conseil de l'Ordre des Médecins."

Ce même médecin, au-delà des divergences, souhaite confraternellement « force, courage, bon rétablissement » au professeur Caumes, « et que la lumière lui revienne ».

La crise du covid a exposé nombre de médecins à une intense pression, professionnelle, sociale, parfois additionnée d'exposition médiatique... L'hospitalisation du Pr Caumes, quelle qu'en soit la raison, rappelle inévitablement la très forte tension endurée par les soignants, qui s'est répercutée à la société française tout entière.

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