10/07/2021 francais.rt.com  4 min #191961

Les acteurs palestiniens boycottent le Festival de Cannes, leur film étant présenté comme israélien

Cannes : les 12 acteurs palestiniens d'un film «étiqueté israélien» boycottent le festival

Les 12 acteurs palestiniens de Let There Be Morning, un film réalisé par l'Israélien Eran Kolirin, ont décidé dans un «acte politique» de ne pas participer au Festival de Cannes, alors que l'œuvre y est présentée en avant-première ce 10 juillet. Les acteurs, qui sont des citoyens palestiniens d'Israël, ont expliqué dans une déclaration collective sur les réseaux sociaux qu'ils agissaient pour protester contre l'effacement culturel des Palestiniens par Israël, le film ayant été «étiqueté israélien» par le festival. Pour trancher la complexité d'attribuer une nationalité à un film qui aurait, par exemple, des financements et des acteurs de différents pays, le Festival de Cannes  a en effet pour coutume de désigner la nationalité d'un film par celle de son réalisateur.

Great statement by Juna Suleiman on the decision taken by the cast and crew of LET IT BE MORNING (Elan Kolirin) to not attend Cannes while the festival chooses to present it as an Israeli film
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«Nous ne pouvons ignorer la contradiction de l'entrée du film à Cannes sous l'étiquette de "film israélien" alors qu'Israël continue de mener sa campagne coloniale de plusieurs décennies de nettoyage ethnique, d'expulsion et d'apartheid contre nous, le peuple palestinien», ont déclaré les acteurs principaux dans leur communiqué.

Nous résistons à toutes les formes d'oppression coloniale israélienne contre le droit du peuple palestinien à vivre, être et créer

La déclaration, signée par les acteurs Alex Bakri, Juna Suleiman, Ehab Elias Salameh, Salim Daw, Izabel Ramadan, Samer Bisharat, Yara Jarrar, Marwan Hamdan, Duraid Liddawi, Areen Saba, Adib Safadi et Sobhi Hosary, déplore «l'effacement préjudiciable qui est fait aux Palestiniens» lorsque leur travail est catégorisé comme «israélien» dans les médias.

Le réalisateur israélien dit soutenir la décision des acteurs

«A chaque fois que l'industrie cinématographique suppose que nous et notre travail tombons sous l'étiquette ethno-nationale d'"israélien", cela perpétue davantage une réalité inacceptable qui nous assigne à nous, artistes palestiniens de citoyenneté israélienne, une identité imposée par la colonisation sioniste pour maintenir l'oppression continue des Palestiniens à l'intérieur de la Palestine historique, le déni de notre langue, de notre histoire et de notre identité», ont notamment écrit ces acteurs. «Attendre que nous restions les bras croisés et acceptions l'étiquette... non seulement normalise l'apartheid, mais continue également de permettre le déni et le blanchiment de la violence et des crimes infligés aux Palestiniens», ajoutent-ils.

Ils rappellent à cet égard que leur film Let There Be Morning, basé sur un livre du journaliste, scénariste et auteur palestinien Sayed Kashua, raconte justement l'oppression dont se plaignent les Palestiniens, et soulignent la contradiction d'autant plus surprenante de choisir d'estampiller ce film comme israélien. «Le film, qui est le fruit de notre travail créatif collectif, parle de "L'état de siège", une expression inventée par le vénéré poète palestinien Mahmoud Darwich», écrivent-ils. «C'est précisément cet état de siège que ce film tente de refléter», ajoutent-ils. Cet «état de siège» qui «se manifeste par des murs, des postes de contrôle, des barrières physiques et psychologiques, et la subordination et la violation de l'identité, de la culture, des mouvements et des droits humains fondamentaux des Palestiniens».

Les acteurs ont conclu leur déclaration en appelant les institutions artistiques et culturelles internationales à «amplifier la voix des artistes et créateurs palestiniens, car nous résistons à toutes les formes d'oppression coloniale israélienne contre le droit du peuple palestinien à vivre, être et créer».

Le réalisateur du film, l'Israélien Eran Kolirin, a exprimé son soutien à son équipe d'acteurs tout en regrettant leur absence. «Je comprends [la raison de leur action] et je soutiens chacune de leurs décisions... Cela me fait mal qu'ils ne soient pas là pour leur travail époustouflant, mais je respecte leur position», a-t-il déclaré au quotidien israélien  Haaretz.

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