29/07/2021 francais.rt.com  5min #192904

 Nouvelle mobilisation nationale contre l'extension du pass sanitaire

Mouvement anti-pass sanitaire : redite des Gilets jaunes ou nouvelle manière de manifester ?

Une note du renseignement territorial avait fuité le 19 juillet en direction des rédactions du Parisien et de BFMTV qui livrait un rapport sur le mouvement de contestation contre le passe sanitaire et la vaccination anti-Covid. Le même scénario s'est reproduit le 27 juillet dans les colonnes du  Parisien.

Le quotidien francilien explique que dans cette note confidentielle datée du 26 juillet, les agents du renseignement territorial observent que ce nouveau mouvement social est encore plus hétérogène que celui des Gilets jaunes et que la mobilisation ne faiblit pas... au contraire, elle prend de l'ampleur, avec 36 communes supplémentaires concernées d'une semaine à l'autre.

«Contrairement au mouvement des Gilets jaunes, qui avait connu une baisse de participation dès son acte II, la mobilisation contre les nouvelles mesures sanitaires gouvernementales, en pleine saison estivale, s'est étoffée», peut-on ainsi lire dans l'article du Parisien.

La première note qui avait notamment été éventée par une journaliste de BFMTV sur Twitter le 19 juillet faisait état d'un risque de radicalisation : «A l'instar de ce qui s'est produit pour les Gilets jaunes, plus le conflit durera, plus le risque est grand que les plus déterminés, puis les plus radicaux, parviennent à en prendre le contrôle.»

En revanche, un risque de radicalisation existe, notent les auteurs de cet écrit. "A l'instar de ce qui s'est produit pour les Gilets jaunes, plus le conflit durera, plus le risque est grand que les plus déterminés, puis les plus radicaux, parviennent à en prendre le contrôle".

Mais dans la note la plus récente, selon Le Parisien, le service central du renseignement territorial s'attache surtout à analyser les similitudes et les différences entre ce mouvement et celui des Gilets jaunes. Le SCRT aurait notamment relevé la présence de 1 500 Gilets jaunes identifiés au sein de ces nouveaux cortèges dans plus de 50 localités à travers le territoire, ce qui constitue un petit pourcent de la totalité des manifestants comptés par le ministère de l'Intérieur.

Par ailleurs, le renseignement territorial souligne, toujours selon cette même source, que les modes de communication (réseaux sociaux, messageries) sont similaires à ceux des Gilets jaunes, ainsi que l'absence de structure organisationnelle clairement définie : «La majorité des cortèges est constituée de citoyens non habitués à manifester, qui se sont mobilisés pour défendre une cause, la défense de la liberté.»

Du côté des différences, le renseignement territorial attire l'attention sur le fait que les anti-pass susciteraient moins d'adhésion de la part du public que les Gilets jaunes en 2018 : «49% de la population française y sont fortement opposés, 16% demeurent indifférents.» Par ailleurs, le profil rural des Gilets jaunes ne se retrouve pas dans ce nouveau mouvement qui serait plus urbain et plus hétérogène dans ses revendications.

«Il y a de tout, c'est monsieur et madame tout le monde», confirme un policier

Contacté par RT France, un fonctionnaire de police des Bouches-du-Rhône qui a participé aux opérations de maintien de l'ordre dans la région lors de la manifestation contre le pass sanitaire le 24 juillet a confirmé le caractère banal des profils croisés ce jour-là : «Il y a bien sûr quelques radicaux qui ont bloqué l'autoroute et c'était dangereux. Mais sinon, il y a de tout, c'est monsieur et madame tout le monde. Même les quelques Gilets jaunes que j'ai vus étaient là parce qu'ils s'ennuient le samedi. Mais c'était surtout des primo-manifestants, sans message politique particulier. Quelques casseurs se grefferont toujours par opportunisme, mais c'était, en gros, le Français moyen qui venait râler parce qu'il ne voulait pas se trouver acculé à la vaccination par un gouvernement qu'il désapprouve.»

Une autre source policière contactée par RT France complète : «Il y a un manque de confiance avec ce gouvernement aussi ! Ils ont dit tout et n'importe quoi, surtout au début de l'épidémie. Ce que certains manifestants supportent le moins, à mon sens, c'est le style du président de la République lui-même et de certains ministres dans leur communication. Quant à nous, les flics, nous ne sommes pas dupes non plus sur l'absence d'obligation de pass sanitaire aux forces de sécurité dans le cadre du travail. C'est une manière de faire du charme aux syndicats de police, mais le policier de terrain sait bien qu'il aura besoin du pass dans sa vie quotidienne, évidemment. C'est juste que le gouvernement sait qu'il va avoir besoin de nous !»

Et pour cause, selon la note du renseignement territorial reprise par Le Parisien, le mouvement pourrait s'installer tout l'été : «La mobilisation durera vraisemblablement tout l'été, même s'il est difficile d'apprécier si le niveau de participation restera aussi élevé. Il y aura toutefois une frange d'irréductibles qui camperont sur leur position et qui participeront à de nouvelles actions.»

Les flics ne sont pas dupes sur l'absence d'obligation de pass. C'est juste que le gouvernement sait qu'il va avoir besoin de nous !

En tout état de cause, alors que la loi sur le pass sanitaire suit son chemin législatif après son adoption par les assemblées, le rendez-vous du 31 juillet, en plein chassé-croisé entre juilletistes et aoûtiens sera décisif selon la note en question qui considère que cette date permettra d'évaluer la «détermination des divers manifestants».

Le mouvement ira-t-il jusqu'à l'automne avant d'entrer en résonance avec d'autres mouvements sociaux ? Le mystère reste entier, mais force est de constater que, depuis le mouvement des Gilets jaunes, une nouvelle manière de manifester est apparue sur le territoire national et l'analyse de ces contestations se fait dorénavant à l'aune de ce mouvement inédit né en 2018.

Antoine Boitel

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