Nouveau rebondissement dans la demande d'extradition de Julian Assange par les Etats-Unis. Après s'être vu accorder un droit d'appel limité contre la décision de la justice britannique refusant d'extrader le journaliste en raison d'un risque élevé de suicide, les Etats-Unis ont obtenu ce 11 août de pouvoir faire appel de cet argument, pourtant établi par des experts psychiatriques lors du procès.
C'est donc une victoire d'étape pour le gouvernement américain dont le président Joseph Biden poursuit l'acharnement judiciaire de Donald Trump et Barack Obama contre la liberté de la presse. L'audience sur le fond de l'affaire a été fixée au 27 et 28 octobre.
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Assange : Amnesty International appelle Biden à abandonner les charges à «motivation politique»A la veille d'une audience pour statuer sur l'appel du gouvernement américain contre le refus d'extradition de Julian Assange, Amnesty International a une nouvelle fois exhorté le président américain à abandonner les poursuites contre le journaliste.
Alors qu'une audience préliminaire doit avoir lieu le 11 août pour examiner l'appel des Etats-Unis contre la déc...
Lors d'une audience préliminaire, les avocats du gouvernement américain se sont ainsi évertués à tenter de décrédibiliser le témoignage-clé d'un expert psychiatrique, Michael Kopelman, qui avait été le principal argument de la juge Vanessa Baraitser pour refuser l'extradition le 4 janvier dernier.
La fiabilité de l'expert psychiatrique contestée
Les représentants américains ont contesté la fiabilité de cet expert et l'une des avocates américaines, Clair Dobbin, a plaidé que la magistrate Vanessa Baraitser n'avait «pas apprécié le poids» des éléments produits par un autre expert qui concluait que Julian Assange ne présentait pas de risque de suicide.
Au lieu de cela, Vanessa Baraitser s'est fiée à des éléments présentés par l'expert psychiatre d'Assange, Michael Kopelman, qui, selon elle, a reconnu avoir «trompé» la justice en «dissimulant» que son patient était devenu père alors qu'il était cloîtré à l'ambassade d'Equateur à Londres.
Mais selon l'avocat d'Assange, Edward Fitzgerald, le professeur Kopelman n'avait pas révélé la véritable nature des relations de Julian Assange avec son avocate Stella Moris, devenue sa compagne et mère de ses deux derniers enfants, en raison de la «situation humaine» dans laquelle elle se trouvait à l'époque. S'y ajoutaient des craintes quant à la sécurité des deux enfants et de Julian Assange, a-t-il ajouté.
Que ce cauchemar se termine une bonne fois pour toutes
Le juge britannique Timothy Holroyde a pour sa part déclaré qu'il était inhabituel pour une cour d'appel de reconsidérer la preuve d'un témoin expert lorsque celle-ci avait été acceptée par une juridiction inférieure, mais il a concédé au gouvernement américain qu'il était envisageable que la cour d'appel puisse faire une évaluation différente, étant donné que l'expert Michael Kopelman avait en effet omis de divulguer ce qu'il savait de la relation d'Assange avec sa partenaire Stella Moris et le fait qu'ils ont conçu leurs deux enfants dans l'ambassade d'Equateur où il était réfugié sept ans durant. Il a estimé en conséquence «défendable qu'une considération plus détaillée et critique aurait dû être donnée à la raison pour laquelle la réaction humaine compréhensible [du professeur] avait donné lieu à un rapport trompeur».
A l'issue de l'audience, Stella Moris, en larmes, a souligné que la vie de Julian Assange se trouvait «menacée de manière permanente» depuis 10 ans : «C'est notre vie, nous avons le droit d'exister», a-t-elle dit. «Que ce cauchemar se termine une bonne fois pour toutes». Des dizaines de partisans d'Assange, munis de pancartes «Dix ans, ça suffit !», «Libérez Assange», s'étaient rassemblés ce 11 août devant la Haute Cour de Londres, dont l'ancien leader de l'opposition travailliste Jeremy Corbyn. «J'espère que la Cour enverra aujourd'hui le signal très clair qu'elle n'autorisera pas l'appel des Etats-Unis et que Julian Assange pourra être libéré», a déclaré l'ancien dirigeant du Labour, dénonçant «l'obsession» des Etats-Unis «pour les personnes qui dévoilent la vérité sur la présence militaire américaine dans le monde».
L'Australien, soutenu par nombre d'organisations de défense de la liberté de la presse et d'ONG de défense des droits humains, risque aux Etats-Unis 175 ans de prison pour avoir diffusé, à partir de 2010, plus de 700 000 documents classifiés sur les activités militaires et diplomatiques américaines, notamment en Irak et en Afghanistan, impliquant des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité. Ses soutiens invitent les Etats-Unis à poursuivre les criminels de guerre plutôt que le journaliste qui a révélé leurs méfaits.
Meriem Laribi
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